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Société Publié le mardi 1 avril 2014 | Nord-Sud

Obsèques de Awa Fadiga : De vives émotions à son dernier «défilé»

© Nord-Sud Par Mike Yao
Obsèques du mannequin Awa Fatiga
Lundi 31 Mars 2014. Commune de Williamsville. Amis, collègues, parents et autorités ont conduit la dépouille mortelle du mannequin Awa Fadiga au cimetière de Williamsville après la prière à la mosquée de ladite commune.
Le mannequin Awa Fadiga repose au cimetière municipal de Williamsville depuis hier.


Le soleil brille au-dessus de la morgue du Centre hospitalier universitaire (Chu) de Cocody, ce lundi midi. Sur le parvis, cyber-activistes, parents, amis et connaissances du mannequin Awa Fadiga accourent vers l’entrée du bâtiment. Ils se bousculent pour dire leurs adieux à la résidente du quartier Williamsville. Dans quelques instants, la dépouille du de la jeune fille sera conduite dans le corbillard. Nul ne veut rater ce moment émouvant. Les visages livides et les mauvaises mines des proches de la défunte dévoilent leur mélancolie. «  Prions pour le repos de l’âme de notre sœur. Cela n’exclut pas la poursuite des enquêtes, mais faisons en sorte que la terre lui soit légère », implore la voix grave de Bambadja Bamba, désigné porte-parole de la famille éplorée. Il adresse également ses civilités à la délégation du ministère de la Santé conduite par Pierre Douhou, directeur de cabinet et son adjoint, Mamadou Koné. Ils avaient à leurs côtés Prof Claude Kouassi, directeur du Chu. On aperçoit également le député Alphonse Soro et autres personalités.

«Hé Dieu ! Elle est partie comme ça !»

Pendant les prières et les bénédictions, on remarque au premier rang du parterre des proches, la mère adoptive de la défunte contenir avec peine ses larmes. Vêtue d’un boubou blanc, démaquillée et abattue, ses réponses aux prières se confondent aux sanglots. Puis, arrive le moment de conduire le corps emballé dans une natte, comme le veut la tradition musulmane, en direction du camion funeste. C’est l’amertume. Des cris stridents déchirent le silence de cimetière qui régnait dans la foule, juste après la prière. Les femmes se trainent par terre, inconsolables. « Hé Dieu ! Elle est partie comme ça !», gémit de toutes ses forces une amie de la disparue, en s’accrochant au véhicule. « Il m’a tuée. Il m’a tuée », pleure la mère adoptive de la jeune fille de vingt trois ans, morte dans des conditions non encore élucidées par la justice. « C’est une musulmane qui est partie. Elle est partie dans la gloire. Regarde comment toute la Côte d’Ivoire se mobilise pour elle. Calme-toi. Il faut prier pour le repos de son âme », la console une femme qui tente de la maintenir débout, en la prenant par l’épaule. Nelly Yavo, initiateur de la mobilisation sur les réseaux sociaux et Ouattara Bemitian, porte-parole du Collectif Awa Fadiga (Caf)  sont affligés. Mais ils sont aussi heureux d’avoir réussi le pari de la mobilisation. Depuis neuf heures du matin, les cyber-activistes affluent dans l’enceinte de la morgue, à leur appel. Ils portent un tee-shirt à l’effigie de la demoiselle sur lequel est inscrit : « le taximan l’a agressée. Le Chu de Cocody l’a assassinée ». Ces internautes sont également presents dans le cortège funèbre en direction de la mosquée de Williamsville avec pour mot d’ordre, la discipline. Parmi eux, la célèbre cyber-militante Aminata 24, de son vrai nom, Aminata Ouattara. Cette dernière avait eu l’idée de la confection d’un pagne pour accueillir le chef de l’Etat à la suite de son opération chirurgicale en France. Une fois à la mosquée, les accompagnateurs du mannequin sacrifient à la prière de treize heures. Ensuite, on procède à la prière mortuaire. Après des incantations en langue malinké, l’imam s’adresse à la foule, dans laquelle se distingue Mamadou Coulibaly, le président du parti Liberté pour la démocratie et la République (Lider). « Si d’aventure Awa devait de l’argent à quelqu’un, que cette personne se manifeste. Si c’est plutôt quelqu’un qui lui doit de l’argent, c’est le moment de lui rembourser. » Personne ne s’exécutera sur place. Awa Fadiga est donc conduite au cimetière municipal de Williamsville où elle repose à jamais.

Un chef de service au Chu de Cocody accuse sa tutelle
Bende Kouadio, chef du service autonome du contrôle et de l’évaluation du Chu de Cocody accable sa tutelle, dans un mail qui nous est parvenu, hier. « Il y a une négligence notoire de la part de la première autorité de l’institution, car non seulement les malades et leurs parents ou accompagnants sont rackettés, mais en plus, rien n’est fait pour la maintenance des matériels », accuse-t-il. Le chef de service dans cet établissement sanitaire regrette que de nombreux appareils soient tombés en panne et mis hors de service. « Chaque semaine, chaque mois, c’est au moins un appareil qui est mis hors circuit d’activité. C’est une situation si aggravante que même le petit matériel pour les premiers soins n’existe presque plus. J’avais averti qu’à cette allure, sous peu, aucun examen ne se fera plus au Chu», se désole-t-il. « Nous ne pouvons pas quitter nos maisons pour venir tuer des gens ici. Nous faisons chaque jour l’impossaible pour sauver des vies », avait, pour sa part, précisé le professeur Jean-Claude Kouassi, directeur du Chu, dans nos colonnes, jeudi dernier. Pour rappel, le procureur a ouvert une enquête sur la mort du mannequin à la demande de la ministre de la Santé, Raymonde Goudou Coffie.


Nesmon De Laure
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