Avec Alassane Ouattara, la Côte d’Ivoire a abordé le virage de l’émergence. Les automatismes sont en train d’être atteints, mais les mauvais reflexes persistent. Des efforts s’imposent, afin que le pays avance à pas sûrs vers son développement.
Lors de la campagne présidentielle de 2010, le candidat Alassane Ouattara avait promis ses ‘’ Solutions’’ pour sortir la Côte d’Ivoire du marasme, pour la conduire à l’émergence à l’horizon 2020. A l’instar de ses adversaires, il a sillonné le pays, afin que les électeurs lui accordent leurs suffrages. Devenu président, c’est donc fort logiquement qu’il s’est mis au travail, afin de justifier la confiance en lui placée par ses compatriotes. A mi-parcours de son mandat et malgré ses bons points, son action est diversement apprécié, de nombreux citoyens pensant qu’il peut faire mieux. Certes, des efforts ont été faits par le N° 1 ivoirien, qui arbore un bilan globalement positif à mi-chemin. Mais ces efforts doivent se multiplier, dans le sens d’une réelle reforme des mentalités. Afin que dans leurs actes au quotidien, les citoyens ne persistent pas dans les mauvais reflexes, véritables freins au développement. Malgré les grandes réalisations d’Alassane Ouattara, ses concitoyens restent (dans la majorité) sur leur faim. Une franche remise en cause s’impose donc du coté des autorités, afin de ‘’solutionner’’ ces griefs qui fusent, et dont il faut tenir compte. Ces griefs qui font dire que rien n’a changé, malgré le changement de régime. L’affaire Awa Fadiga, de fraîche mémoire, a fait éclater au grand jour les lacunes du système sanitaire ivoirien. Or donc ce qui est quotidiennement dit à la télévision est faux, les patients continuant d’être ignorés, sinon maltraités dans les hôpitaux publics. Or donc les hôpitaux ivoiriens sont des mouroirs pour pauvres, malgré les promesses de soins gratuits, jamais appliquées sur le terrain. Idem pour les maternités, où l’on est plus prompt à orienter les parturientes vers la césarienne, qu’à les aider à accoucher. Les administrations continuent d’être minées par la corruption à grande échelle, au grand bonheur des intermédiaires appelés ’’margouillat’’.
Ces ministres qui aiment trop la télé
L’on se demande si certains ministres existent encore, dans la mesure où l’action gouvernementale semble ne se dérouler que sur les écrans de la télévision nationale. Rares sont ainsi les Ivoiriens capables de citer dans l’ordre, cinq membres du gouvernement ivoirien. «On ne les connait pas, parce qu’on ne les voit jamais parmi nous», nous ont affirmé des résidents de certains quartiers populaires d’Abidjan. Dans ces zones de grande agglomération, l’on ne perçoit que vaguement l’action gouvernementale. Dans la mesure où l’on n’a pas assez de temps à consacrer à l’information télévisée, à cause des occupations quotidiennes. C’est sur les écrans de la télé que la majorité des ministres ivoiriens exercent leurs activités, au lieu d’être sur le terrain, au sein des populations pour relayer l’information émanant du gouvernement. Ce qui éloigne malheureusement l’administration du peuple, toute chose étant à la base des rumeurs. La scolarisation obligatoire des enfants ; la lutte contre l’insalubrité et l’allaitement artificiel ; la sensibilisation au suivi des mesures sanitaires, telle la vaccination des enfants ; la sensibilisation à la bonne gouvernance et au respect des règles de bon voisinage etc. Les arguments sont ainsi nombreux, qui devraient permettre aux membres du gouvernement d’être au contact des populations, afin que celles-ci soient au fait de leurs actions.
Ces cadres qui n’investissent qu’à Abidjan
Depuis toujours, les périodes électorales sont pour les populations, l’unique occasion de voir leurs fils devenus des cadres. Une fois élus (à coup de promesses mensongères et de distribution de billets de banque), ils disparaissent jusqu’aux élections suivantes. Ils n’investissent qu’à Abidjan, au lieu d’attirer vers leurs régions d’origine, ces projets de développement indispensables à une bonne décentralisation. Ils possèdent pourtant les relations à même d’apporter un mieux-être aux populations des campagnes. Mais pour eux, celles-ci ne sont malheureusement qu’un bétail électoral. Malgré les belles promesses d’Alassane Ouattara, cette méchanceté persiste, ce qui maintient et aggrave le fossé séparant les classes sociales ivoiriennes. Et pourtant, lors de la campagne, Ouattara avait promis ‘’solutionner’’ tous ces dysfonctionnements. «Et si l’on assujettissait les nominations aux investissements réalisés par ces cadres dans leurs régions d’origines, surtout dans l’agriculture », proposent certains, dans la mesure où cela obligerait ces cadres à retourner vers les leurs. Depuis l’élection d’Alassane Ouattara, les militants de son parti (le RDR) se plaignent de ne plus pouvoir joindre leurs élus, ces cadres constituant le carré immédiat du président. Comment peut-on prôner le développement du pays, le partage équitable des ressources à travers la création d’emploi, et accepter que ses propres collaborateurs se barricadent ? Telle est la question à laquelle devra répondre le chef de l’Etat, dans la mesure où celle-ci constitue un frein à l’émergence à l’horizon 2020.
Un Etat au train de vie trop élevé
L’émergence à l’horizon 2020 passe obligatoirement par la bonne gestion des ressources et la bonne gouvernance dans tous les domaines. En somme, par la réduction du train de vie de l’Etat. De gros 4x4 continuent hélas d’être utilisés comme véhicules de fonction, toute chose entrainant des gaspillages en frais de carburant et d’entretien. Une gabegie à l’état pure. Dans les services administratifs, l’on continue d’utiliser abusivement l’eau et l’électricité, avec des ampoules allumées en permanence, même la nuit. Dans les marchés, aux alentours des espaces de plaisir et partout ailleurs, les véhicules estampillés ‘DCI’’ sont de nouveaux omniprésents, en dehors des heures de service. Au frais des contribuables, mais au dam de l’image même d’Alassane Ouattara, une personnalité caractérisée par la bonne gouvernance. Depuis trois années, l’on remarque un ramassage régulier des ordures, à la grande joie des populations. Salutaire mais couteuse, cette opération est vraisemblablement, un coup d’épée dans l’eau par rapport à la lutte contre l’insalubrité. Et pour cause, la propension d’une frange de la population, à salir sciemment les rues, en jetant les saletés où bon lui semble. Par manque de mesures coercitives, le gouvernement rend caduque cette opération de salubrité, indispensable à l’émergence à l’horizon 2020. Au fur et à mesure que l’on avance vers cette échéance, les mauvais réflexes s’accumulent. Au point où de plus en plus, l’on est en droit d’affirmer que malgré les chantiers, la Côte d’Ivoire redevient comme avant. C’est-à-dire un pays, où chacun fait ce qu’il veut, sans balises, sans retenue et sans crainte d’être sanctionné.
Une Côte d’Ivoire totalement opposée à celle promise par Alassane Ouattara, lors de la campagne présidentielle de 2010. L’octroi des marchés publics est devenu le grand ‘’n’importe quoi’’, chacun voulant s’enrichir au plus vite. Conséquence, la Banque mondiale vient de lancer un audit de ce secteur. Afin d’aller vite dans la réalisation du terminal a conteneurs, Alassane Ouattara a concédé un marché gré à gré en faveur de l’entreprise française Bouygues. Lui, peut se le permettre, dans la mesure où il est le président de la République. Il n’en fallait pas plus pour que le gré à gré se transforme en règle d’octroi des marchés publics, l’appel d’offres constituant désormais l’exception. Profitant de leur proximité ethnique, religieuse ou politique d’avec Ouattara, des personnalités se sont rapidement transformées en ‘’grilleurs d’arachides’’, jetant du coup le discrédit sur la gestion du président. Tous ces dysfonctionnements sont de nature à bloquer Alassane Ouattara, dans son souhait de faire de la Côte d’Ivoire, un pays émergent à l’horizon 2020. Il est temps pour lui d’agir, afin que ses collaborateurs aillent dans le même sens que lui, tout en épousant totalement ses idéaux de bonne gestion et de bonne gouvernance. ?
Diabaté Franck
Lors de la campagne présidentielle de 2010, le candidat Alassane Ouattara avait promis ses ‘’ Solutions’’ pour sortir la Côte d’Ivoire du marasme, pour la conduire à l’émergence à l’horizon 2020. A l’instar de ses adversaires, il a sillonné le pays, afin que les électeurs lui accordent leurs suffrages. Devenu président, c’est donc fort logiquement qu’il s’est mis au travail, afin de justifier la confiance en lui placée par ses compatriotes. A mi-parcours de son mandat et malgré ses bons points, son action est diversement apprécié, de nombreux citoyens pensant qu’il peut faire mieux. Certes, des efforts ont été faits par le N° 1 ivoirien, qui arbore un bilan globalement positif à mi-chemin. Mais ces efforts doivent se multiplier, dans le sens d’une réelle reforme des mentalités. Afin que dans leurs actes au quotidien, les citoyens ne persistent pas dans les mauvais reflexes, véritables freins au développement. Malgré les grandes réalisations d’Alassane Ouattara, ses concitoyens restent (dans la majorité) sur leur faim. Une franche remise en cause s’impose donc du coté des autorités, afin de ‘’solutionner’’ ces griefs qui fusent, et dont il faut tenir compte. Ces griefs qui font dire que rien n’a changé, malgré le changement de régime. L’affaire Awa Fadiga, de fraîche mémoire, a fait éclater au grand jour les lacunes du système sanitaire ivoirien. Or donc ce qui est quotidiennement dit à la télévision est faux, les patients continuant d’être ignorés, sinon maltraités dans les hôpitaux publics. Or donc les hôpitaux ivoiriens sont des mouroirs pour pauvres, malgré les promesses de soins gratuits, jamais appliquées sur le terrain. Idem pour les maternités, où l’on est plus prompt à orienter les parturientes vers la césarienne, qu’à les aider à accoucher. Les administrations continuent d’être minées par la corruption à grande échelle, au grand bonheur des intermédiaires appelés ’’margouillat’’.
Ces ministres qui aiment trop la télé
L’on se demande si certains ministres existent encore, dans la mesure où l’action gouvernementale semble ne se dérouler que sur les écrans de la télévision nationale. Rares sont ainsi les Ivoiriens capables de citer dans l’ordre, cinq membres du gouvernement ivoirien. «On ne les connait pas, parce qu’on ne les voit jamais parmi nous», nous ont affirmé des résidents de certains quartiers populaires d’Abidjan. Dans ces zones de grande agglomération, l’on ne perçoit que vaguement l’action gouvernementale. Dans la mesure où l’on n’a pas assez de temps à consacrer à l’information télévisée, à cause des occupations quotidiennes. C’est sur les écrans de la télé que la majorité des ministres ivoiriens exercent leurs activités, au lieu d’être sur le terrain, au sein des populations pour relayer l’information émanant du gouvernement. Ce qui éloigne malheureusement l’administration du peuple, toute chose étant à la base des rumeurs. La scolarisation obligatoire des enfants ; la lutte contre l’insalubrité et l’allaitement artificiel ; la sensibilisation au suivi des mesures sanitaires, telle la vaccination des enfants ; la sensibilisation à la bonne gouvernance et au respect des règles de bon voisinage etc. Les arguments sont ainsi nombreux, qui devraient permettre aux membres du gouvernement d’être au contact des populations, afin que celles-ci soient au fait de leurs actions.
Ces cadres qui n’investissent qu’à Abidjan
Depuis toujours, les périodes électorales sont pour les populations, l’unique occasion de voir leurs fils devenus des cadres. Une fois élus (à coup de promesses mensongères et de distribution de billets de banque), ils disparaissent jusqu’aux élections suivantes. Ils n’investissent qu’à Abidjan, au lieu d’attirer vers leurs régions d’origine, ces projets de développement indispensables à une bonne décentralisation. Ils possèdent pourtant les relations à même d’apporter un mieux-être aux populations des campagnes. Mais pour eux, celles-ci ne sont malheureusement qu’un bétail électoral. Malgré les belles promesses d’Alassane Ouattara, cette méchanceté persiste, ce qui maintient et aggrave le fossé séparant les classes sociales ivoiriennes. Et pourtant, lors de la campagne, Ouattara avait promis ‘’solutionner’’ tous ces dysfonctionnements. «Et si l’on assujettissait les nominations aux investissements réalisés par ces cadres dans leurs régions d’origines, surtout dans l’agriculture », proposent certains, dans la mesure où cela obligerait ces cadres à retourner vers les leurs. Depuis l’élection d’Alassane Ouattara, les militants de son parti (le RDR) se plaignent de ne plus pouvoir joindre leurs élus, ces cadres constituant le carré immédiat du président. Comment peut-on prôner le développement du pays, le partage équitable des ressources à travers la création d’emploi, et accepter que ses propres collaborateurs se barricadent ? Telle est la question à laquelle devra répondre le chef de l’Etat, dans la mesure où celle-ci constitue un frein à l’émergence à l’horizon 2020.
Un Etat au train de vie trop élevé
L’émergence à l’horizon 2020 passe obligatoirement par la bonne gestion des ressources et la bonne gouvernance dans tous les domaines. En somme, par la réduction du train de vie de l’Etat. De gros 4x4 continuent hélas d’être utilisés comme véhicules de fonction, toute chose entrainant des gaspillages en frais de carburant et d’entretien. Une gabegie à l’état pure. Dans les services administratifs, l’on continue d’utiliser abusivement l’eau et l’électricité, avec des ampoules allumées en permanence, même la nuit. Dans les marchés, aux alentours des espaces de plaisir et partout ailleurs, les véhicules estampillés ‘DCI’’ sont de nouveaux omniprésents, en dehors des heures de service. Au frais des contribuables, mais au dam de l’image même d’Alassane Ouattara, une personnalité caractérisée par la bonne gouvernance. Depuis trois années, l’on remarque un ramassage régulier des ordures, à la grande joie des populations. Salutaire mais couteuse, cette opération est vraisemblablement, un coup d’épée dans l’eau par rapport à la lutte contre l’insalubrité. Et pour cause, la propension d’une frange de la population, à salir sciemment les rues, en jetant les saletés où bon lui semble. Par manque de mesures coercitives, le gouvernement rend caduque cette opération de salubrité, indispensable à l’émergence à l’horizon 2020. Au fur et à mesure que l’on avance vers cette échéance, les mauvais réflexes s’accumulent. Au point où de plus en plus, l’on est en droit d’affirmer que malgré les chantiers, la Côte d’Ivoire redevient comme avant. C’est-à-dire un pays, où chacun fait ce qu’il veut, sans balises, sans retenue et sans crainte d’être sanctionné.
Une Côte d’Ivoire totalement opposée à celle promise par Alassane Ouattara, lors de la campagne présidentielle de 2010. L’octroi des marchés publics est devenu le grand ‘’n’importe quoi’’, chacun voulant s’enrichir au plus vite. Conséquence, la Banque mondiale vient de lancer un audit de ce secteur. Afin d’aller vite dans la réalisation du terminal a conteneurs, Alassane Ouattara a concédé un marché gré à gré en faveur de l’entreprise française Bouygues. Lui, peut se le permettre, dans la mesure où il est le président de la République. Il n’en fallait pas plus pour que le gré à gré se transforme en règle d’octroi des marchés publics, l’appel d’offres constituant désormais l’exception. Profitant de leur proximité ethnique, religieuse ou politique d’avec Ouattara, des personnalités se sont rapidement transformées en ‘’grilleurs d’arachides’’, jetant du coup le discrédit sur la gestion du président. Tous ces dysfonctionnements sont de nature à bloquer Alassane Ouattara, dans son souhait de faire de la Côte d’Ivoire, un pays émergent à l’horizon 2020. Il est temps pour lui d’agir, afin que ses collaborateurs aillent dans le même sens que lui, tout en épousant totalement ses idéaux de bonne gestion et de bonne gouvernance. ?
Diabaté Franck