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Politique Publié le lundi 7 avril 2014 | Le Patriote

Dégel des avoirs des pro-Gbagbo : Pourquoi il ne faut pas faire le lit de l’impunité

Entre surréalisme et surenchère. Le monde à l’envers, pourrait-on dire. Le FPI réclame, et exige même, du gouvernement qu’il dégèle l’ensemble des comptes bancaires de ses partisans. Au nom de la réconciliation nationale et au mépris des règles élémentaires de la bonne gouvernance. En effet, au lendemain de la chute du régime Gbagbo, la justice ivoirienne a entrepris d’enquêter sur la gestion des pontes au pouvoir. Ministres, Directeurs généraux ou simples militants, sont devenus, sinon des milliardaires, du moins des millionnaires. A priori, rien, sauf le vol, ne peut expliquer ces montants faramineux découverts sur leurs comptes bancaires. Selon une source judiciaire, le FPI, en moins de dix ans de pouvoir, s’est constitué une ploutocratie plus imposante que ne l’ont été certains partis uniques de l’Afrique, pendant 30 années de gestion au pouvoir. En première position, se trouvent Laurent Gbagbo et son épouse. Dans un article paru le 1er janvier 2011, un journal suisse avait révélé des mouvements qui se faisaient sur leurs comptes . Le journal a révélé que la fortune de l’ancien couple présidentiel s’élèvait à 6,5 milliards de francs suisses. Soit plus de 3550,23 milliards de FCFA. Dans cette cagnotte, le Matin Dimanche révélait que Laurent Gbagbo détenait 4,35 milliards de francs suisses et Simone Gbagbo 3,23 milliards. Soit respectivement 2184,52 milliards de f cfa et 1638,61 milliards de f cfa. Ces faramineuses sommes d’argent ont été transférées au Liban, en Afrique du Sud, en Inde, en Iran et au Portugal au plus fort de la crise postélectorale, au moment où les pressions internationales se faisaient de plus en plus fortes. Ce, d’autant que l’Union européenne et les Etats Unis avaient pris une interdiction de séjour et le gel des avoirs d’une soixantaine de personnes du clan de l’ancien président.
Recemment, en l’espace d’un an la Suisse a «débloqué» la somme de 37 milliards CFA appartenant à des personnes proches de Gbagbo. Les quatre derniers comptes débloqués, qui contenaient 11 milliards, se repartissent entre Philippe Attey ( ex DG de la SOTRA), Ibrahim Ezzedine (homme d’affaires), Danièle Boni Claverie (LMP) et Alphonse Mangly (ex DG des Douanes). En plus, l’on sait que sous la réfondation, les ministres se sont fortement enrichis. Il y a eu le scandale de la filière café-cacao pour corroborer les accusations de soupçon d’enrichissement illicite. Le symbole, ce fut la vente de l’usine de cacao de Fulton aux Etats-Unis. Une vraie magouille en réalité pour blanchir des milliards de CFA. Que dire des directeurs généraux des sociétés d’Etat ? Ils s’étaient attribués eux-mêmes des salaires en dehors de toute orthodoxie managériale. Un exemple : le Directeur du Port Autonome d’Abidjan, selon son bulletin de salaire dont nous avons obtenu copie, touchait mensuellement 29 millions de Fcfa.
Au plan politique, ce fut la véritable course à l’enrichissement. Charles Blé Goudé, membre de la galaxie patriotique, sans avoir officiellement travaillé, donc sans bulletin de salaire, a été propriétaire d’hôtels de luxe, de stations d’essence, de maison et de sociétés de communication. Ses amis de la galaxie patriotique ne se plaignaient pas. Eux aussi, se sont enrichis. On ne peut pas énumérer les opérations d’enrichissement illicite sans évoquer l’affaire Katinan du nom de ce porte-parole de Laurent Gbagbo qui a soustrait de la BCEAO plus de 600 milliards de FCFA et dont la destination reste inconnue jusqu’alors. Cet ancien cadre du ministère des Finances fait l’objet d’un mandat d’arrêt et est aujourd’hui exilé au Ghana. Nos sources indiquent que pas moins de dix milliards de Fcfa auraient été soustraits frauduleusement du Trésor public ivoirien.

Le gouvernement est certes engagé dans un processus de réconciliation, mais doit-il faire l’impasse sur ces montants volés et qui dorment dans des comptes ? Une bonne procédure judiciaire pourrait permettre à l’Etat de mobiliser des fonds afin d’accompagner le processus de reconstruction à l’issu de la procédure comme cela s’est passé ailleurs avec les opérations mains propres l’argent public reviendrait à l’Etat et les fonds privés seront restitués aux individus. Les universités, les écoles, les hôpitaux, les routes et les gros investissements attendent, faute de moyens. Les pillards de l’économie ivoirienne, donnent de la voix, narguent et menacent, parce qu’ils ont l’impression que l’Etat a décidé de leur dresser le tapis rouge sur le chemin de l’impunité. Réconciliation d’accord, mais justice d’abord.

CS
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