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Editorial Publié le samedi 3 mai 2014 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Biton : la tragédie de la pauvreté

Au cours d’un baptême traditionnel et religieux, en présence d’une foule nombreuses, des hommes religieux ont fait des enseignements, exhorté à la prière et à la méditation. J’ai retenu particulièrement les propos de l’un d’entre eux sur l’éducation des enfants de la communauté. Il regrettait de les voir devenir délinquants, consommateurs de stupéfiants et d’alcool. Il s’écria : « pourquoi ? » Autrefois, les enfants n’adoptaient pas de comportements si néfastes. Pour lui, l’une des grandes causes de leur dépravation était liée à la consommation effrénée de la télévision, notamment des séries et des films de gangsters. Dans tous les pays du monde la télévision est mise en cause dans la décadence des mœurs. Aucun parent ne peut l’interdire. Encore moins l’Etat comme le suggère de nombreux parents. La liberté est une notion très forte dans nos sociétés modernes. On ne peut pas, et on ne doit pas interdire à sa progéniture de regarder un film ravageur. La télé est comme un couteau tranchant dans les mains de chacun. Seule son utilisation fait la différence. Chacun va s’en servir comme il l’entend. Elle est comme la parole. On peut ouvrir sa bouche pour bénir comme pour maudire. C’est au choix. Il est incontestable que la télévision a introduit la violence dans chaque pays et dans le monde entier. Comme l’écrit Dr Wayne W Dyer dans son livre : « Inspiration. » Je le cite :
« En moyenne, un enfant américain aura vu 12 000 meurtres simulés à la télévision, avant d’avoir atteint l’âge de 14 ans. Et pratiquement tous les films sont destinés à un jeune public et comportent des tueries, des explosions, des chasses à l’homme insérées dans la trame de l’histoire. Celle-ci d’ailleurs semble le plus souvent n’être qu’une succession de « pan ! Pan ! Pan ! Tue-le ! » Accompagnée d’une orgie de détails morbides. » Inutile de se leurrer, les séries télévisées et non la télévision, en particulier la violence, est ainsi la première maladie télé visuellement transmissible. Aucune chaine, dans le monde, n’y échappe, car les enjeux économiques, financiers et commerciaux sont immenses. Un film qui semble anodin est une série de tableaux pour forger une idéologie, pousser à des achats, faire peur et rendre malade. Sur ce point le guide religieux a donc raison. Mais pourquoi ces séries vont pousser des enfants à la violence ? La pauvreté. La délinquance naît sur le terrain de la pauvreté. Mais d’emblée, disons que tous les enfants issus de parents pauvres ne seront pas abonnés à la violence. D’ailleurs, il en aura très peu. Sans doute pas plus de vingt pour cent mais, c’est cette minorité agissante qui va mobiliser les services de police. Pourquoi eux et pas les autre ? Au départ, ce sont des enfants intelligents, dont la pauvreté des parents, ne leur a pas permis de suivre des études et se faire une place au soleil. Ils deviennent des aigris contre la société. Désœuvrés et sans espoir de réussite dans la vie. Ils noient leur amertume en regardant la télé. Et c’est ainsi qu’ils reçoivent leur pédagogie du mal. Dans tous les pays du monde la quasi-totalité des grands bandits et des prisonniers sont issus de familles pauvres. Plusieurs statistiques le prouvent. Tous les gouvernements du monde le savent, et créent des centres de formation aux métiers manuels pour les enfants à la scolarité limitée et issue de familles pauvres. Malheureusement ceux d’entre eux qui sont envieux, n’accepteront pas de se contenter d’un métier où voir la queue du diable est déjà un délit à fortiori tirer sa queue. Certains diront comment ne pas vivre comme les nantis qui nous narguent tous les jours avec les instruments de leur richesse que sont les belles voitures, les belles femmes, les belles maisons ? Pourquoi eux et pourquoi pas nous ? Remarquez que les bandits à col blanc font la même réflexion. Une vie de cadre moyen ne leur suffit plus. Ils veulent monter d’un cran supérieur dans le confort et vivre la ‘’dolce Vita’’. Alors, ce seront les détournements et la corruption multiformes. La pauvreté est un vrai défi à la société. Comment sortir cette catégorie de son sous sol, le rendre travailleur, sans envie, ce contentant de ce qu’il a ou de ce qu’il possède en mettant sa confiance en Dieu pour des jours meilleurs ? Une tâche pratiquement impossible et insoluble pour tout gouvernement. Former et armer des forces de sécurité pour traquer les délinquants, paraît nettement plus facile. Pour éradiquer les « microbes » ce sont toutes les composantes de la société qui doivent se réunir et proposer leurs solutions qui, seront une base de travail. Notamment les religieux. Leurs messages mal perçus, est l’une des causes du drame de la pauvreté. Ici, l’Etat, à l’instar de certains pays, a trouvé une bonne solution par la construction de logements sociaux pour sortir les uns et les autres d’une certaine promiscuité, en ôtant la culture de pauvreté de leur environnement. Il serait encore mieux de proposer une architecture adapté dans les quartiers précaires pour ne pas les contraindre à s’inscrire dans des opérations dont ils ne pourront jamais honorer les échéances. Le vrai combat contre la pauvreté doit se mener dans les quartiers précaires avec la participation de tous les habitants qui apporteront leurs propositions. Un gouvernement a-t-il ce temps ? Tout est urgent, or les moyens ne suffirons jamais. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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