Bonjour le Brésil. Dans quelques jours débute la plus grande messe du monde au Brésil. Un pays très lié à l’Afrique par l’esclavage. Presque tous les noirs de ce grand pays (hommes de couleurs) ont pour origine l’Afrique noire. La chanteuse béninoise dit avoir eu des larmes couler de ses yeux en suivant à Bahia, des prêtresses du vaudou prier en fon même si elles ne comprenaient pas le sens des mots. Cet héritage venu de leurs ancêtres persistaient. A voir de nombreux noirs du Brésil on devine aisément leurs pays d’origine africaine. A regarder le père du Roi Pelé (Je ne sais pas s’il vit toujours) c’est le physique yoruba qui se dégage incontestablement. Pas besoin de test ADN pour le prouver. Malgré un grand métissage de millions de Brésiliens ne peuvent effacer leur appartenance à notre continent, particulièrement la sous région de l’ouest de l’Afrique. Le Brésil, particulièrement l’Etat de Salvador de Bahia, doit faire partie de la CEDEAO. Il n’est donc pas étonnant, depuis de nombreuses années, voir les noirs d’Afrique supporter le Brésil à toutes les coupes du monde. Le Brésil c’est aussi l’Afrique. Si ce pays latino-américain a émergé, en devenant la sixième économie du monde, l’Afrique saura aussi se hisser au premier plan. Mais cette coupe du monde sera de grandes vacances pour les hommes politiques en Afrique. Leurs oreilles ne vont plus bourdonner de critiques ou d’exaspération des peuples. Toutes les énergies seront tendues vers les compétitions de la coupe du monde. Le football est le plus grand royaume du monde. Son attrait dépasse les clivages politiques, idéologiques et religieux. Un pays africain éliminé dès le premier tour ne brisera aucunement l’enthousiasme des populations. Seul le football sera le lien fort. Mais pour le Brésil, les choses peuvent se compliquer. La défaite est interdite pour ce pays. Tout, sauf la défaite. Une chose a ne pas souhaiter dont profiteront des blessés en amour propre de la société brésilienne pour faire éclater leur colère encore latente. Malgré une forte croissance, une grande partie de la population brésilienne vit dans des conditions de vie difficiles et précaires, notamment en matière des logements et de transport. Tous les efforts faits par l’ancien Président Lula, de déverser beaucoup d’argent sur les plus pauvres semble n’avoir produit aucun effet. Alors, le Brésil, n’a pas le droit de décevoir sa population. Tous craignent le syndrome de la première coupe du monde organisée au Brésil. Souvenez-vous. C’était en 1950. Je venais d’avoir 1 an. A l’époque la population était docile. On n’imaginait pas encore les réseaux sociaux. La dictature faisait rage dans tous les pays du tiers-monde qui venaient d’acquérir leurs indépendances. Les colonisés subissaient encore la loi de la chicotte. On avait un monde apaisé qui ne connaissait pas encore les grandes chaines de radio et de télévision pour allumer le feu et l’attiser comme on le constate aujourd’hui. Pour recevoir cette première coupe du monde, après la deuxième guerre du monde, le Brésil se lança dans des dépenses gigantesques avec le fameux stade Maracana de cent mille places. Du jamais vu. A l’époque, le peuple brésilien jubilait. Sa passion du football était sans limite. Le Brésil, malgré une foi catholique chevillée au corps, aurait choisi, à cette époque là, le football à Dieu. Le 10 Juillet 1950, voici le Brésil en finale. Contre qui ? Un petit poucet. Le tout petit voisin Uruguay tout de même champion du monde avant la deuxième guerre mondiale. Un petit poucet où tout le monde, la quasi-totalité des habitants, a une licence de football et le pratique. A la fin du match, le Brésil est battu par 2 buts contre 1. Impossible de remettre la coupe au vainqueur. L’hostilité de la foule est immense. C’est l’humiliation. Une tragédie nationale. Tous les pays pouvaient gagner sauf ce tout petit voisin. C’est presque incognito que l’Uruguay prendra sa coupe et se réfugiera dans les vestiaires où les joueurs Uruguayens n’en sortiront qu’à minuit pour rejoindre au pas de course, rapide leur pays situé tout juste à côté. Le Brésil vivra le plus grand drame de son histoire. Des suicides en cascades eurent lieu avec. Des pleurs et des lamentations incompressibles, la colère dirigée contre le destin. En ce jour de la finale, un enfant qui suivait le match à la radio ave son père. Il pleura pendant des heures. Une seule phrase sortait de sa bouche : «Je dois venger le Brésil. Je vais venger le Brésil. » A cœur vaillant rien d’impossible. Celui que le monde entier connaitra sous le nom de Roi Pelé va venger son pays au-delà de ses espérances. Les quatre coupes du monde ont été gagnées en dehors du pays. Comme quoi, nul n’est prophète dans son pays. Et revoilà la même Coupe du Monde revenue au pays. Ce n’est plus le Brésil de 1950. Le Brésil est devenu un pays démocratique avec une société civile puissante et un peuple qui a droit à la parole. La défaite est absolument interdite. La pression n’est plus sur les joueurs ou sur la puissante fédération de football brésilienne mais sur la Présidente Dilma Rousseff, la superstitieuse en football comme elle le proclame. Cette fois-ci, contrairement à leur première coupe du monde en 1958, le sang d’un bœuf immolé frotté au crampon ne pourra pas les faire gagner. Il faudra que les sélectionnés brésiliens développent d’autres ressources physiques techniques et tactiques pour venir à bout de leurs adversaires. Ils ont le destin de tout un pays dans leurs pieds. Bonnes vacances chers politiciens. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
Par Isaïe Biton Koulibaly
Par Isaïe Biton Koulibaly