La nouvelle est bonne. A l’instar des fonctionnaires qui, une fois à la retraite bénéficient d’une pension mensuelle ou trimestrielle, fruit de longues années de cotisations, certains artistes ivoiriens ayant marqué la vie de la nation par leurs créations vont dans les semaines à venir commencer à percevoir une pension mensuelle dont le montant pourrait avoisiner les 300 000 fcfa par mois. Ainsi, en a décidé le président de la République Alassane Ouattara si l’on en croit Maurice Bandaman, ministre de la culture et de la francophonie qui l’a rendue publique, à l’ouverture de la fête de la musique célébrée le 21 Juin dernier à l’esplanade de la Tour E de la cité administrative dans la commune du Plateau. Cette nouvelle pourrait paraître invraisemblable eu égard à son caractère inédit en Côte d’Ivoire, mais elle est certainement à prendre au sérieux dans la mesure où, elle émane d’un ministre de la République, de surcroît le premier défenseur des artistes. De prime abord, une telle mesure ne peut qu’être saluée. Certainement que les artistes auront l’occasion de remercier leur ministre de tutelle et le Président Ouattara, parce que ce geste, s’il est effectif, soulagera nombre d’artistes qui croupissent aujourd’hui dans la misère après de longues et glorieuses années passées à faire plaisir aux mélomanes à travers leurs chansons. Les Eba Aka Jerôme, Kéké Kassiry, Johnny la Fleur et bien d’autres pourraient peut-être en bénéficier. Ce qui leur permettrait d’améliorer leurs conditions de vie et d’existence.Mais, il faut craindre que cette décision ne vienne alimenter, accentuer et amplifier des querelles déjà existantes. Car, il est certain qu’une telle décision ne touchera pas tous les artistes. Dans ce cas, il faut se demander sur quels critères vont se baser les services du ministère de la culture et de la francophonie pour choisir ceux qui bénéficieront de ces fonds. Est-ce en fonction de la notoriété de l’artiste? Ou sur le nombre d’albums sortis et/ou vendus? Ou encore la longévité sur la scène musicale? En tout cas, si certains se réjouissent déjà de cette décision, d’autres s’en inquiètent. Car, ils craignent que ces pensions ne soient octroyées sur des critères peu objectifs et que cela ne serve finalement qu’à des règlements de compte dans un milieu où les querelles de clochers ne sont pas rares. De fait, il appartient au ministère de la culture et de la francophonie de manœuvrer habilement pour éviter d’autres polémiques. Le ministre Bandaman en est certainement conscient, lui qui considère que la « musique étant un art, un métier et une industrie, Etat, autorité, devront administrer, structurer et réglementer ce secteur afin que le pays et les acteurs puissent en tirer profit ».
Francis K.
Francis K.