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Économie Publié le vendredi 27 juin 2014 | Nord-Sud

Lamine Cissé, Sg du Synamaeci : “On ne peut pas faire le permis D sans avoir fait le B”

Le secrétaire général du Syndicat national des moniteurs d’auto-écoles (Synamaeci), Lamine Cissé, par ailleurs, Sg de la Fédération des syndicats d’auto-écoles regroupant trois organisations (Synamaeci, Syneaci, Synasol) continue de protester contre la réforme initiée par Gaoussou Touré. Il estime que les coûts du permis seront plus élevés.

Selon le ministre, les frais administratifs ont baissé. Il estime que les frais d’auto-école ne dépendent pas du ministère et qu’ils peuvent varier d’une auto-école à une autre. Au total, il affirme qu’il y aura une baisse du prix du permis. Que répondez-vous ?
A ce jour, à la Starten, pour le permis ABCDE, toutes catégories, on paie les frais des prestataires à 27.500 F, contrairement à ce qui est écrit dans le document du ministère qui est de 30.532 F. Les coûts que le ministre a alignés et qu’il a brandis dans certains médias, ne sont pas ceux qui sont pratiqués. Je persiste et vous pouvez aller le vérifier puisque Starten, structure éditrice du permis, est encore en place ; le candidat débourse 27.500 F. Désormais, le ministre catégorise les permis. Cela veut dire que le candidat doit faire les permis A1, A2, A3, B, C et D. Chaque permis étant différent, celui qui a un besoin, avec cette donne, c’est évident qu’en cumulant les coûts, on paie plus cher.

Selon le ministre, celui qui fait directement le permis D n’a plus besoin de faire les catégories B et le C. Quelle réaction ?
On ne peut pas faire le permis D sans avoir fait le B, car, c’est un tronc commun. Tu ne peux pas sauter le B. C’est lorsque vous avez fait le permis B que vous pourrez passer les C et D.

Vous a-t-il dit formellement qu’un nouveau demandeur ne peut pas passer directement le permis D ?
Sur le terrain, on nous a expliqué qu’il faut passer au permis catégorie par catégorie. Désormais, il n’y a plus de permis toutes catégories. Il faut un permis en fonction du type de véhicule.

N’est-ce pas le début de l’opération qui va permettre de connaître la réalité ?
La réalité, c’est que les coûts seront élevés. Nous ne pouvons pas nous engager avant de réagir. Nous dénonçons la réforme depuis longtemps. Nous ne sommes ni contre le président de la République, ni contre son ministre des Transports, mais plutôt contre la politique de ce dernier. S’il détient la vérité, pourquoi, il refuse les séminaires ? Trois fois, nous avons demandé un séminaire pour décortiquer sa proposition, il a refusé. Il a demandé qu’on lui apporte les résultats de nos réflexions. Cela est inadmissible pour une telle réforme. En outre, les médias d’Etat, notamment la télévision, nous censurent. Nous n’avons pas la possibilité d’expliquer la vérité au peuple.

La vérité, n’est-ce pas l’application effective de la réforme?
Nous sommes d’accord pour la réforme. Mais, elle doit commencer par la base. On parle de permis à point, je ne sais pas ce que c’est. Il en est de même pour plusieurs autres formateurs. Par ailleurs, la Côte d’Ivoire étant liée par la Convention de Vienne, toute réforme sur le permis doit passer devant les députés. Pour passer du permis à trois volets au permis à carte en vigueur actuellement, le ministre de l’époque, Mabri Toikeusse, s’est expliqué devant les élus du peuple. Il y a eu un débat national à l’Assemblée nationale. Pourquoi veut-on contourner les textes et sauter toutes les étapes ? Il faut que les auto-écoles s’adaptent aux outils. Une réforme ne s’impose pas. Il faut commencer à préparer l’esprit des Ivoiriens au changement en allant pas à pas.

La question fondamentale c’est le prix. N’y aura-t-il pas effectivement une baisse du coût total?
Avec la catégorisation, en partant des frais les plus bas à l’auto-école, les coûts du permis seront plus chers. En effet, pour le permis A1, les auto-écoles vont exiger 50.000 F pour la formation. Pour A2, ce sera également 50.000 F. Pour A3, il faut débourser la même somme. Pour les trois catégories de la moto, cela fait au minimum 150.000 F dont le candidat devra s’acquitter. Pour le permis B, ce sera 100.000 F. Pour pouvoir faire les permis professionnels C et D, les auto-écoles sont contraintes d’acheter une remorque et un car. Du coût, pour ce type de permis, le minimum après ces investissements, c’est 200.000 F. Ce qui fait que pour les frais d’auto-école au plus bas prix, ce sont 650.000 F à débourser pour toutes les catégories. Si à cela, tu ajoutes les frais administratifs qui sont de 227.000 F, le permis revient à plus de 867.500 F. Il n’y a pas de surenchère. Si le ministre estime que je mens, qu’on nous mette face-à-face à la télévision pour qu’on s’explique. Nous sommes les acteurs, c’est nous qui pouvons mieux clarifier.

Est-ce que vous avez demandé à passer à la télévision ?
Nous invitons la télévision dans nos conférences de presse, nous avons écrit plusieurs fois au directeur général. Mais nos informations ne sont jamais diffusées. On a l’impression qu’on veut nous obliger à accepter une réforme sans au préalable discuter. Plus de 60.000 permis restent bloqués actuellement. Le ministre n’aborde même pas cette question. Cette situation met les candidats en conflit avec leurs différents moniteurs. Il faut les sauver. C’est pourquoi, nous interpellons le ministre.

Réalisé par Cissé Sindou et Ahua K.
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