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Société Publié le lundi 7 juillet 2014 | Le Nouveau Consommateur Hebdo

Songon/Saison des pluies : L’activité économique perturbée

Les pluies diluviennes qui s’abattent sur certaines régions du pays depuis quelques semaines ne causent pas que des dégâts dans les habitations. A Songon-Kassemblé, dans la sous-préfecture de Songon situé à environ 34 Km d’Abidjan, l’activité économique est presque paralysée. L’unité de transformation de manioc en attiéké frais de la localité tourne au ralenti, en raison des difficultés d’approvisionnement en manioc. Une situation liée à la coupure des routes provoquée par les intempéries.


C’est sous une pluie battante que nous arrivons à Songon- Kassemblé, ce 1er juillet. Il est 10 heures 15 et notre intention est de constater l’impact de l’installation de l’usine de transformation du manioc en attiéké frais sur la lutte contre la pauvreté. Aussi dès que nous mettons pied à terre, notre premier réflexe est-il de nous diriger vers l’unité industrielle offerte le 7 mai par le district d’Abidjan à l’association des femmes du village, dénommée ‘’Ahifin’’ qui signifie en langue Ébrié, « nous nous débrouillons ».

Une usine très propre
Sur place, nous découvrons une bâtisse neuve comprenant des machines de production de l’attiéké. Il s’agit entre autres d’une broyeuse, de marmites modernes installées pour la préparation du manioc, d’un séchoir moderne, d’une citerne pour recueillir l’eau. La propreté du site saute aux yeux. D’ailleurs, quelques femmes s’affairent au ménage. Elles balaient les coins et recoins avant de procéder à un nettoyage à l’eau de javel.

Point de femmes occupées à éplucher le manioc
Passé ce moment d’émerveillement, un fait attire notre attention. Point de femmes occupées à éplucher et à découper le manioc. Nous cherchons à savoir ce qui se passe. En l’absence de la présidente, c’est une dame qui, après nous avoir souhaité la bienvenue, nous apprend que l’usine ne fonctionne plus à temps plein en raison des difficultés des fournisseurs à l’approvisionner en manioc. Elle s’en tient à cette explication et envoie chercher la première responsable du site. Dehors, la pluie s’estompe peu à peu. Au bout de quelques minutes, la présidente de la coopérative « Ahifin » nous rejoint.

«La route de Dabou est coupée»
Après les salutations d’usage, Mme Dogbo Florence qui arbore un sourire masquant à peine son inquiétude, revient sur les raisons de l’arrêt momentané du travail dans l’unité. « Depuis plusieurs jours, notre travail est fortement perturbé. Nous n’arrivons plus à avoir du manioc parce que nos fournisseurs ont du mal à nous le livrer. Cela est dû aux fortes pluies qui ont dégradé les routes. Les camions loués par les fournisseurs du village pour convoyer le manioc des champs au village sont confrontés au même problème. Ils s’embourbent à cause du mauvais état des routes », déclare-t-elle. Elle nous apprend que la route menant à Dabou à partir de Songon « est coupée au niveau de la rivière ‘’Layo’’ ».
Les fournisseurs en provenance d’Abidjan ne donnent pas non plus signe de vie. Une situation bien embarrassante pour la coopérative. Le manque à gagner commence à devenir énorme. « Il y a deux clients en partance pour l’Europe qui ont passé chacun une commande de 50 000 FCFA. Ils doivent en principe venir chercher la marchandise aujourd’hui. Mais à cause du manque de manioc, nous n’avons pas pu produire les quantités demandées. Nous avons juste une petite quantité. Je ne sais où donner de la tête », ajoute la présidente de ‘’ Ahifin’’, embêtée. Pour éviter de laisser l’unité sans activité, elle décide d’envoyer l’une de ses collaboratrices acheter du manioc à Abidjan. Mais notre interlocutrice n’a pas l’esprit tranquille.
Elle demande en langue Ebrié à son émissaire de se hâter.
Dehors, le beau temps est de retour. Quelques femmes se mettent à la tâche pour sécher une partie de la pâte de manioc encore mouillée.

200 à 300 kg produits par jour
« Pour un début, nous nous en sortons bien. C’est bon à prendre. Nous produisons 200 à 300 kilogrammes d’attiéké par jour à partir d’une tonne de manioc et commercialisons le kilogramme à 500 FCFA. Nous n’avons pas encore de grandes commandes. Au nombre de nos clients, nous pouvons citer des ambassadeurs, surtout ceux de l’Europe, des ressortissants de la sous-région ouest-africaine et quelques commandes au plan national », raconte Dogbo Florence.
Avec fierté, elle affirme qu’au regard de la forte sollicitation de la broyeuse de l’unité, l’association en a commandé une seconde. En effet, des femmes du village n’appartenant pas à l’association ont recours à la broyeuse de ‘’Ahifin’’ pour faire broyer leur manioc. « Avant la fin du mois de juillet, nous aurons notre deuxième broyeuse », se réjouit-elle.

Impact positif sur la vie des femmes
Le projet d’ouverture de l’unité de production d’attiéké a eu un impact positif sur la vie des femmes de l’association et même du village. « Nous sommes organisées en trois groupes de trente femmes. Nous travaillons de manière cyclique à raison de trois jours par semaine. Les femmes de l’association gagnent de l’argent avec l’unité et continuent leur activité à leur temps libre », déclare-t-elle.
Cependant, la présidente avoue être confrontée à un problème : « les femmes tardent à remettre les recettes quand elles travaillent. Cela n’est pas de nature à favoriser la bonne marche de l’unité et même de l’association. Elles gardent par devers elles l’argent qu’elles obtiennent quand elles travaillent ». Aussi a-t-elle décidé de prendre son bâton de pèlerin pour sensibiliser les récalcitrantes.

Jérémy Junior
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