Les lampions se sont éteints sur la 20ème édition de la Coupe du Monde FIFA avec l’accession sur le trône du football mondial d’un nouveau roi.
La carte du football mondial va assurément lors des prochaines éditions se redessiner avec l’émergence de nouvelles nations après les fantastiques prestations des équipes du Costa Rica, de la Colombie, de l’Algérie et du Nigéria pour ne citer que ces équipes.
Mais nous, où serons-nous en 2022, en 2026 ou même en 2030 ? Bien malin sera celui qui osera se risquer à un tel pari.
L’auteur de ces lignes malgré sa démission du Comité Exécutif de la FIF le 2 Mai 2014 assume pleinement sa co-responsabilité avec l’équipe fédérale en place suite aux résultats insatisfaisants obtenus. Il partage votre immense déception et comprend aussi vos sérieux doutes. Néanmoins, souffrez qu’il s’autorise quelques réflexions sur l’avenir.
En effet, les débats qui ont suivi notre non-qualification pour le second tour du Mondial semblent s’orienter essentiellement vers la question du choix du nouveau sélectionneur de l’équipe nationale A. Bien entendu, il n’a échappé à personne la légitime exigence du public sportif de « recevoir des comptes » de l’organe fédéral sur cette non-performance. Enfin, pour un certain nombre d’observateurs, la solution première serait d’abord la démission du président de la FIF.
A notre humble avis, l’exercice d’un mandat électif par un dirigeant exige de sa part un permanent et sincère examen de conscience pour répondre à la double question suivante : suis-je crédible et à la hauteur de la mission confiée ?
La réponse appartient au Président de la FIF. Au demeurant, face à des problématiques multiples qui se posent à la suite de cet échec, les remèdes à apporter aux maux de notre football ne sauraient uniquement résider dans le départ d’un président de fédération après celui d’un sélectionneur national.
En attendant, 2022 ou 2026 c’est déjà demain. Que pouvons-nous ?
Pour notre football, nous pouvons d’abord demander à l’Etat une implication plus forte vu les enjeux. En France par exemple, s’inquiétant du recul du football français dans les compétitions internationales, le Gouvernement avait commandé une réflexion qui avait donné lieu au rapport Besson remis en 2008 au Premier Ministre de l’époque. Chez nous, les ressources de l’Etat, fruit des sacrifices des contribuables, devraient désormais s’inscrire, pour leur usage futur, dans le cadre d’une politique publique de développement et de promotion du football destinée à le rendre plus compétitif. Né au 19ème siècle en Angleterre, le football n’est plus simplement un jeu. Il est devenu à la fois un formidable outil de cohésion sociale, mais aussi un puissant instrument de promotion d’un pays dans la compétition multiforme que se livrent les nations. L’Etat doit certes respecter le principe cher à la FIFA de non-immixtion dans les affaires fédérales, mais il a aussi le devoir de fixer le cap, ce à travers des objectifs à long-terme clairs assignés à la fédération qui est sous sa tutelle. La compétitivité de notre football passe donc d’abord par la redéfinition d’une politique publique de football ambitieuse, lisible et vigilante avec la construction d’infrastructures sportives à la dimension de nos ambitions. Sur ce volet précis des infrastructures, nous avons un retard important à combler si nous voulons réellement aller à la conquête du monde.
Pour notre football, nous pouvons aussi nous permettre de rêver d’une fédération à l’esprit rénové qui inscrive davantage son action dans les sillons de notre devise nationale : Union, Discipline, Travail.
Union, car il d’agit de réaliser que rien de grand ne s’accomplira sans le ciment de l’unité sincère de toutes les femmes et les hommes de la grande famille du football avec le soutien de la presse sportive par ses critiques constructives. Union aussi pour toujours soutenir la promotion à l’international des compétences du football ivoirien en saluant au passage la brillante prestation au Mondial de notre compatriote, l’arbitre DOUE.
Discipline, car tant que la discipline en matière de gouvernance de l’organe fédéral et celle dans la conduite individuelle de nos athlètes ne seront pas empreintes d’exemplarité, les succès s’éloigneront de nos chemins.
Enfin, Travail. Lorsqu’on nourrit de grandes ambitions, le travail ingrédient fondamental du succès, devra commencer d’abord par des réunions régulières de l’équipe dirigeante. Travail collectif permanent, pour solliciter toutes les expertises disponibles en matière de prospective, de veille sur les expériences réussies ailleurs, mais surtout, pour traiter tous les maux de notre football notamment les faiblesses fréquemment reprochées à nos joueurs au niveau du mental, du « fighting spirit ».
Et nos clubs, quelle serait leur contribution ?
Malgré les difficultés de tous ordres qui les assaillent et surtout leur paupérisation qu’un haut dirigeant fédéral s’est aveuglément refusé à admettre lors d’une conférence de presse avant le Mondial, ils doivent maintenir dans nos quartiers, nos villes, nos régions et nos villages la flamme de l’espoir qui éclaire le quotidien de ces jeunes et futurs prodiges ayant fait du football leur vie. Constitués souvent d’une poignée de passionnés, les clubs ivoiriens doivent d’abord au plan de leur organisation, épouser les exigences de la modernité et de la nouvelle économie du football. Ensuite, la seconde équation qu’ils ont à résoudre au quotidien est celle de la mobilisation des ressources pour attirer les meilleurs talents afin de compétir valablement au plan national et à l’international.
La réalité est triste mais tenace : la viabilité de nos clubs est aujourd’hui très dépendante de la hauteur de la subvention fédérale, qui elle d’ailleurs, n’est pas éternelle.
A cet égard, les sponsors tant recherchés aux fins de financer les activités de clubs, c’est bien connu, ne répondent qu’aux appels de projets sportifs crédibles, ambitieux et qui vendront positivement un jour l’image d’une marque ou d’une entreprise. Quant au capital humain nécessaire pour obtenir des succès sportifs durables, il faut composer avec une donne qui sera constante. Les jeunes talents de notre football seront toujours prioritairement attirés par les sirènes des clubs européens. Dans ce contexte et en l’absence de moyens de rétention efficaces sur notre sol, le défi majeur sera d’arriver à faire émerger dans notre pays, plusieurs grands clubs dont la qualité de l’organisation, des infrastructures, de l’encadrement technique et de l’effectif permettra de produire le beau football qui ramènera les foules dans nos stades.
Si cette bataille titanesque est gagnée, si de nouveaux ZINSOU, OUEGNIN et DIOMANDE, pour ne citer que ceux-là, naissent pour donner à nos clubs une dimension comparable à celle des célèbres clubs étrangers que nous admirons, alors nos sélections nationales auront, tant au plan local qu’avec nos professionnels évoluant à l’étranger, les atouts nécessaires pour figurer parmi les meilleures lors des prochaines compétitions continentales et mondiales.
Un rêve direz-vous ? Tout cela est possible.
Telle est notre espérance. Tel devrait être aussi notre challenge collectif à relever. Oui, pour notre football, nous pouvons imaginer un autre destin.
Michel Kizito BRIZOUA-BI Avocat
La carte du football mondial va assurément lors des prochaines éditions se redessiner avec l’émergence de nouvelles nations après les fantastiques prestations des équipes du Costa Rica, de la Colombie, de l’Algérie et du Nigéria pour ne citer que ces équipes.
Mais nous, où serons-nous en 2022, en 2026 ou même en 2030 ? Bien malin sera celui qui osera se risquer à un tel pari.
L’auteur de ces lignes malgré sa démission du Comité Exécutif de la FIF le 2 Mai 2014 assume pleinement sa co-responsabilité avec l’équipe fédérale en place suite aux résultats insatisfaisants obtenus. Il partage votre immense déception et comprend aussi vos sérieux doutes. Néanmoins, souffrez qu’il s’autorise quelques réflexions sur l’avenir.
En effet, les débats qui ont suivi notre non-qualification pour le second tour du Mondial semblent s’orienter essentiellement vers la question du choix du nouveau sélectionneur de l’équipe nationale A. Bien entendu, il n’a échappé à personne la légitime exigence du public sportif de « recevoir des comptes » de l’organe fédéral sur cette non-performance. Enfin, pour un certain nombre d’observateurs, la solution première serait d’abord la démission du président de la FIF.
A notre humble avis, l’exercice d’un mandat électif par un dirigeant exige de sa part un permanent et sincère examen de conscience pour répondre à la double question suivante : suis-je crédible et à la hauteur de la mission confiée ?
La réponse appartient au Président de la FIF. Au demeurant, face à des problématiques multiples qui se posent à la suite de cet échec, les remèdes à apporter aux maux de notre football ne sauraient uniquement résider dans le départ d’un président de fédération après celui d’un sélectionneur national.
En attendant, 2022 ou 2026 c’est déjà demain. Que pouvons-nous ?
Pour notre football, nous pouvons d’abord demander à l’Etat une implication plus forte vu les enjeux. En France par exemple, s’inquiétant du recul du football français dans les compétitions internationales, le Gouvernement avait commandé une réflexion qui avait donné lieu au rapport Besson remis en 2008 au Premier Ministre de l’époque. Chez nous, les ressources de l’Etat, fruit des sacrifices des contribuables, devraient désormais s’inscrire, pour leur usage futur, dans le cadre d’une politique publique de développement et de promotion du football destinée à le rendre plus compétitif. Né au 19ème siècle en Angleterre, le football n’est plus simplement un jeu. Il est devenu à la fois un formidable outil de cohésion sociale, mais aussi un puissant instrument de promotion d’un pays dans la compétition multiforme que se livrent les nations. L’Etat doit certes respecter le principe cher à la FIFA de non-immixtion dans les affaires fédérales, mais il a aussi le devoir de fixer le cap, ce à travers des objectifs à long-terme clairs assignés à la fédération qui est sous sa tutelle. La compétitivité de notre football passe donc d’abord par la redéfinition d’une politique publique de football ambitieuse, lisible et vigilante avec la construction d’infrastructures sportives à la dimension de nos ambitions. Sur ce volet précis des infrastructures, nous avons un retard important à combler si nous voulons réellement aller à la conquête du monde.
Pour notre football, nous pouvons aussi nous permettre de rêver d’une fédération à l’esprit rénové qui inscrive davantage son action dans les sillons de notre devise nationale : Union, Discipline, Travail.
Union, car il d’agit de réaliser que rien de grand ne s’accomplira sans le ciment de l’unité sincère de toutes les femmes et les hommes de la grande famille du football avec le soutien de la presse sportive par ses critiques constructives. Union aussi pour toujours soutenir la promotion à l’international des compétences du football ivoirien en saluant au passage la brillante prestation au Mondial de notre compatriote, l’arbitre DOUE.
Discipline, car tant que la discipline en matière de gouvernance de l’organe fédéral et celle dans la conduite individuelle de nos athlètes ne seront pas empreintes d’exemplarité, les succès s’éloigneront de nos chemins.
Enfin, Travail. Lorsqu’on nourrit de grandes ambitions, le travail ingrédient fondamental du succès, devra commencer d’abord par des réunions régulières de l’équipe dirigeante. Travail collectif permanent, pour solliciter toutes les expertises disponibles en matière de prospective, de veille sur les expériences réussies ailleurs, mais surtout, pour traiter tous les maux de notre football notamment les faiblesses fréquemment reprochées à nos joueurs au niveau du mental, du « fighting spirit ».
Et nos clubs, quelle serait leur contribution ?
Malgré les difficultés de tous ordres qui les assaillent et surtout leur paupérisation qu’un haut dirigeant fédéral s’est aveuglément refusé à admettre lors d’une conférence de presse avant le Mondial, ils doivent maintenir dans nos quartiers, nos villes, nos régions et nos villages la flamme de l’espoir qui éclaire le quotidien de ces jeunes et futurs prodiges ayant fait du football leur vie. Constitués souvent d’une poignée de passionnés, les clubs ivoiriens doivent d’abord au plan de leur organisation, épouser les exigences de la modernité et de la nouvelle économie du football. Ensuite, la seconde équation qu’ils ont à résoudre au quotidien est celle de la mobilisation des ressources pour attirer les meilleurs talents afin de compétir valablement au plan national et à l’international.
La réalité est triste mais tenace : la viabilité de nos clubs est aujourd’hui très dépendante de la hauteur de la subvention fédérale, qui elle d’ailleurs, n’est pas éternelle.
A cet égard, les sponsors tant recherchés aux fins de financer les activités de clubs, c’est bien connu, ne répondent qu’aux appels de projets sportifs crédibles, ambitieux et qui vendront positivement un jour l’image d’une marque ou d’une entreprise. Quant au capital humain nécessaire pour obtenir des succès sportifs durables, il faut composer avec une donne qui sera constante. Les jeunes talents de notre football seront toujours prioritairement attirés par les sirènes des clubs européens. Dans ce contexte et en l’absence de moyens de rétention efficaces sur notre sol, le défi majeur sera d’arriver à faire émerger dans notre pays, plusieurs grands clubs dont la qualité de l’organisation, des infrastructures, de l’encadrement technique et de l’effectif permettra de produire le beau football qui ramènera les foules dans nos stades.
Si cette bataille titanesque est gagnée, si de nouveaux ZINSOU, OUEGNIN et DIOMANDE, pour ne citer que ceux-là, naissent pour donner à nos clubs une dimension comparable à celle des célèbres clubs étrangers que nous admirons, alors nos sélections nationales auront, tant au plan local qu’avec nos professionnels évoluant à l’étranger, les atouts nécessaires pour figurer parmi les meilleures lors des prochaines compétitions continentales et mondiales.
Un rêve direz-vous ? Tout cela est possible.
Telle est notre espérance. Tel devrait être aussi notre challenge collectif à relever. Oui, pour notre football, nous pouvons imaginer un autre destin.
Michel Kizito BRIZOUA-BI Avocat
