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Editorial Publié le vendredi 31 octobre 2014 | Ivoire-Presse

André Silver Konan, Journaliste, spécialiste du Burkina: « Ma proposition pour une sortie de crise pacifique au Burkina Faso »

© Ivoire-Presse
André Silver Konan, journaliste-écrivain


La situation est de plus en plus confuse au Burkina Faso, entre autres parce que nous sommes dans un cas exceptionnel de vide constitutionnel. En effet, l’article 43 de la Loi fondamentale dans son premier alinéa stipule que « lorsque le Président du Faso est empêché de façon temporaire de remplir ses fonctions, ses pouvoirs sont provisoirement exercés par le Premier ministre ». Dans le cas présent, le gouvernement a été dissous et il n’est pas sûr que Blaise Compaoré veuille céder le pouvoir à Luc Adolphe Tiao, les manifestants encore moins.
Le deuxième alinéa de l’article 43 qui règle la question de la « vacance de la Présidence du Faso, pour quelque cause que ce soit, ou d’empêchement absolu ou définitif constaté par le Conseil constitutionnel saisi par le Gouvernement », stipule que « les fonctions du Président du Faso sont exercées par le Président du Sénat ». Problème : il n'y a pas de Sénat au Faso.

Ma proposition
Elle relève de ma volonté de voir ce pays où je compte tellement d’amis que quand je suis à Ouagadougou, j’ai l’impression d’être à Bouaké où j’ai fait mes études secondaires ; sortir pacifiquement de cette spirale de violence. On parle déjà de plusieurs dizaines de morts.
Ma proposition a le mérite de respecter la constitution et de tenir compte de la volonté des manifestants (remarquez que je n’utilise pas le terme « peuple »). A mon avis donc, Mohamed Ibn Chambas, l’envoyé spécial de l’Onu (notez que l’UA a une fois de plus manqué de prendre un leadership sérieux sur une crise sérieuse en Afrique), qui devrait être arrivé à Ouagadougou, à l’heure où j’écris ces lignes ; devra nécessairement obtenir la démission de Blaise Compaoré dans les meilleurs délais, et l’amener à s’exiler dans un pays hors de l’espace Cedeao. Auparavant, je propose qu’il parvienne à faire nommer par celui-ci, un nouveau Premier ministre.
Et qui vois-je ? Le Général Kouamé Lougué ! Ce général à la retraite, révolutionnaire des années Sankara, est populaire au sein des troupes et jouit de la confiance des manifestants (pas forcément de tous les opposants).
Après tout, la constitution ne dit-elle pas, dans son article 46, que « le Président du Faso nomme le Premier ministre au sein de la majorité à l’Assemblée nationale » ? Le Général à la retraite est après tout, issu du système Compaoré. Et justement cette disposition constitutionnelle fait qu’il apparaîtrait illégale, la nomination d’un Premier ministre issu de l’opposition.
Ceci évidemment, n’est qu’une proposition idéaliste dont l’objectif est d’éviter absolument une prise de pouvoir non constitutionnelle. La réalité elle, se trouve dans les rues de Ouagadougou. Les évènements pourraient se précipiter aujourd’hui vendredi, après le « jeudi noir » d’hier, survenu précisément vingt-sept ans et deux semaines après le « jeudi noir » du 15 octobre 1987 qui a vu la « mort naturelle » de Thomas Sankara.
L’histoire est un recommencement, mais elle n’enseigne jamais les esprits entêtés. Qui vivra verra !

André Silver Konan,
Journaliste-écrivain
Spécialiste du Burkina Faso
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