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Société Publié le vendredi 19 décembre 2014 | Nord-Sud

Polygamie, deuxième bureau: L’Imam Cissé Djiguiba propose un débat national

© Nord-Sud Par DR
Cissé Djiguiba Abdallah, Imam de la mosquée du Plateau
De plus en plus de jeunes fem­mes atteignent aujourd’hui un âge avancé sans être mariées. Une situation qui n’est pas sans susciter des tensions entre elles et leurs parents, chez qui elles continuent de vivre. C’est une question sociale qu’il faut aborder dans toutes ses dimensions. Pourquoi le mariage était-il plus facile hier, qu’il ne l’est aujourd’hui ? Avant, un père pouvait demander la main d’une fillette qu’il trouvait bien pour son jeune fils. Et quand les fiancés étaient en âge de se marier, l’union était scellée et cela fonctionnait bien. Aux enfants à bas âge, on attachait une petite corde au pied comme signe de réservation. Ce sont des choses qui ne se faisaient pas au hasard. Les parents, à l’époque, avaient des critères de choix. On voyait déjà un signe d’espérance sur une personne et on se disait qu’elle pouvait être le mari de notre fille ou la femme de notre fils. Ce sont les qualités morales qui permettaient de faire ces choix. Mais aujourd’hui qu’est-ce qu’on cons­tate ? Tous les parents veulent que leurs enfants achèvent d’abord les études scolaires avant de penser au mariage. Je n’accuse pas l’école. C’est une approche qui peut être juste. Car rien ne dit que si elle est mariée, la jeune fille pourra poursuivre ses études. C’est pourquoi je pense qu’il faut ouvrir un forum sur la question. Oui, il faut un débat national sur ce sujet. Nous avons des questions qui restent incontournables: c’est une musulmane mais les hommes musulmans ne la demandent pas en mariage. Elle a fini ses études et elle a les moyens, mais les hommes ont peur de l’approcher, justement pour ces raisons. Je crois qu’il faut ouvrir un débat franc et sérieux pour libérer nos sœurs afin que les jeunes gens aient le courage de les épouser. Je ne le dis pas pour inciter à la polygamie, mais si ça peut être une solution, tant mieux. Parlant de ce sujet, les femmes qui sont mariées se voient toujours indexées. Elles se disent qu’on veut perturber leur foyer. Si l’on observe les cadres, je ne dis pas tous les cadres, mais ceux qui ont officiellement une épouse à la maison, et officieusement plusieurs femmes dehors… il vaut mieux que cela soit formalisé, pour que Dieu soit satisfait. C’est mieux que de laisser l’épouse croire qu’elle forme un beau couple avec son époux, alors que ce dernier s’adonne à des pratiques qui vont l’envoyer en enfer. Aujourd’hui, des femmes acceptent la polygamie. C’est moins mauvais d’accepter une coépouse que de prétendre être dans une monogamie alors que ce n’est pas forcément le cas. Il y en a qui disent: advienne que pourra, moi je préfère mourir que d’avoir une coépouse. Il y a ces inconditionnelles de l’unicité, de la monogamie superficielle. C’est pourquoi il faut ouvrir un débat, en y impliquant les femmes elles-mêmes. Parce que monogamie, bigamie ou trigamie, c’est d’abord les femmes qui sont concernées! Certaines d’en­tre elles diront: oui j’accepte, mais à quelles conditions ? Si on ouvre un débat, cela pourra sensibiliser les hommes à l’officialisation de leurs liaisons cachées, et aider aussi nos filles à avoir des maris pour enfin sortir des situations qui ne leur plaisent pas. L’être humain est tel que nous n’avons pas la conviction que tout le monde peut avoir cette éducation angélique de façon à vivre dans la solitude absolue. Nous nous sommes compris.
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