Après avoir sorti à Abidjan son album «Maturité» en 2014, et célébré son mariage civil, Waipa Saberty est retourné à Grenoble en France où il vit depuis cinq ans. Dans cette interview téléphonique, il manifeste son désir de revenir prendre la tête du Bureau ivoirien des droits d’auteur (Burida) dont il décrit la gestion.
Que devient Waipa Saberty ?
Je suis actuellement à Grenoble en France où je vis depuis cinq ans avec ma famille. Mais je reviens bientôt en tant qu’administrateur du Burida. On doit prendre la tête de cette structure aux prochaines élections. Nous sommes une équipe et nous présentons une liste. En tête de liste, il y a Jack Delly. Nous voulons combattre cette gestion provisoire qui dure depuis trois ans maintenant.
Des sociétaires semblent se complaire presque dans cette situation …
Il faut tout simplement manifester le besoin urgent d’organiser une AG élective, pour la restitution de cette gestion aux sociétaires qui sont les seuls générateurs des fonds de cette société. Par la suite, comme nos textes le précisent, passer à la création d'une autre société de gestion des droits des artistes interprètes. Vu que le Burida est limité à la gestion des auteurs. Je souligne que tous les auteurs et compositeurs sont très souvent les interprètes de leurs propres œuvres et des œuvres des autres. Vu qu’ils sont les plus nombreux, la question que je me pose c’est où partent leurs rémunérations ? Il y a que les répartitions parafiscales venant du ministère des Finances via le ministère de la Culture sont confisquées et répartis entre le ministère et la direction du Burida.
La solution est-elle dans la rupture ?
Les défaillances viennent plutôt de la mauvaise gestion des aventuriers qu'on nous impose. Dans tous les pays, la gestion des droits se gèrent différemment. Le Burida a déjà des difficultés à gérer les auteurs compositeurs. Si on y rajoute les interprètes qu'est-ce que cela va être ?
Ces aventuriers comme vous le dites rehaussent tant bien que mal l’image écornée du Burida …
Oui, mais si le fait de rehausser se limite à restaurer les locaux et se donner un salaire conséquent, pendant que les artistes eux-mêmes manquent de moyens pour survivre, il y a problème. L’année dernière, nous avons assisté à plusieurs décès dans nos rangs.
Déjà le poste de DG est soumis à un appel à candidatures proposé par le conseil qui décide du choix correspondant à ses aspirations. Le cas de l'actuelle direction doit nous interpeller. Comment est-elle aux commandes de cette gestion ?
Ne serait-ce pas plutôt les sociétaires qui doivent être interpellés sur leurs responsabilités surtout que vous pensez déjà aller en assemblée générale élective ?
Une Assemblée générale s'impose à nous dans tous les cas. Son organisation et sa réussite dépend et du ministère qui a un rôle régalien et de la direction du Burida qui, il me semble, n'est pas pressée. On s'enlise dans le provisoire et c'est inquiétant.
Vu que la tutelle a un rôle régalien, n'est-ce pas déjà mal parti pour la création d'une autre société de gestion? Surtout que malgré les difficultés le Burida a récemment reparti pour la première fois aux écrivains, dramaturges, cinéastes et autres près de 800 millions de droits d’auteurs ?
Non, puisque des dispositions sont dans nos textes pour la création d'une autre société. Le ministère devrait même encourager cela. La question qui m'interpelle c'est combien touche la directrice ? D'autre part, je ne crois pas que les chiffres soient exacts parce que si je prends des artistes dont Magic System, Tiken Jah, Alpha Blondy et autres Dj, sans oublier certains groupes zouglous connus, je m’indigne face à ces chiffres annoncés. Car Magic System à lui seul récolte les 800 millions Fcfa. Je veux plutôt que pour l'ensemble des chiffres l’on nous parle de milliards de Fcfa.
C'est une aberration. Aussi faut-il savoir que le Burida n'est pas là pour gérer les corporations. Il s'occupe de gérer la perception, la répartition et la protection des droits des auteurs et compositeurs, sociétaires de la structure. Donc un dramaturge, un écrivain ou un musicien peut être auteur-compositeur et interprète. Selon nos textes, on ne peut faire des réparations qu'aux sociétaires, auteurs-compositeurs et interprètes et éditeurs producteurs. Mais, on ne repartira pas selon que l'on soit guitariste, chanteur ou pianiste. Irène Vieira ne comprend pas grand-chose à l'affaire, qu'elle aille en stage et arrête de distraire les gens.
Qu'aurait décidé un conseil d'administration face à ces droits audiovisuels que paient les (certaines) radios ?
Vu qu'on n’établit plus une liste de diffusion, la répartition doit être équitable. Dans le cas où la liste est établie alors la répartition s’orienterait vers les ayants droits.
Vos droits sont-ils repartis comme cela devrait être par le Burida ?
Comme les miens, ceux des autres artistes aussi me semblent hypothéqués vu les chiffres inexacts qu'on nous annonce. Un exemple : nous avons fait une tournée dite de la caravane de la réconciliation nationale, le Burida a été incapable de rentrer en possession des droits d'exécution publique. Encore une fois, son incapacité à prendre les choses en main est prouvée.
Pensez-vous que le Burida dispose d’instruments requis ou est-ce que la faille vient des hommes ?
Je crois qu'il y a une volonté manifeste de dupes. Sinon il suffit de respecter l'application stricte des textes fondamentaux. Maintenant, si le ministère se sent débordé, on doit alors aller vers la création d'un comité de contrôle. Cela requiert des personnes incorruptibles.
Retrouve-t-on ces qualités en Jack Delly et son équipe qui veulent siéger au conseil d’administration ?
Les qualités se trouvent dans le respect des textes. Ce n’est pas le nom qui est important, mais la capacité de tous les membres du conseil à respecter textes les fondamentaux de notre société. Pour la question des textes, chaque sociétaire devait obligatoirement recevoir une copie des règlements intérieurs et les statuts en tant que sociétaire.
Si l'on suit les textes, il n'y aura pas de complexité pour les répartitions. Le tout est de savoir qui est auteur-compositeur, interprète, producteur discographique, audiovisuel ou éditeur.
Si l'occasion vous est donnée d'évaluer la Directrice générale, quelle sera votre appréciation depuis son retour à la tête du Burida?
Je pense qu'il y a un certain laxisme dans sa gestion vu qu'elle ne maîtrise pas le sujet. Ce n’est pas parce qu'on est juriste qu'on a une compétence dans la gestion des droits d'auteurs. Le droit à plusieurs spécialisations, nous voulons plutôt avoir affaire à un Directeur spécialisé dans le domaine et non des aventuriers qui affichent arrogance et mépris. Dans toute organisation de gestion de droits collectifs, c’est chose obligatoire que rendre publique son salaire.
L'essentiel serait-il dans la justification du salaire ?
Non, mais la transparence dans la gestion d'une société de ressources collectives l'exige avant toute chose. Sinon on se trouve en face d'une situation où l'employé se croît obligé de se fixer un salaire sans le contrôle de son employeur que nous sommes.
Pourquoi le Festival de lutte contre la piraterie (Festilutte) que vous avez initié fin 2014 à Abidjan n’a-t-il pas eu le soutien escompté de la grande famille des créateurs ?
Ceux que j'avais invités ont répondu présent en deux jours de spectacles. Chacun a joué sa partition. Rassurez-vous ; ils sont solidaires de la lutte contre la piraterie des œuvres de l'esprit. Pour la première édition, le Festilutte a été une réussite pour moi et mes partenaires. L’année prochaine, on essaiera d'associer plusieurs groupes et faire en sorte que tout le monde puisse jouer sur trois jours.
Réalisé par Koné Saydoo
Que devient Waipa Saberty ?
Je suis actuellement à Grenoble en France où je vis depuis cinq ans avec ma famille. Mais je reviens bientôt en tant qu’administrateur du Burida. On doit prendre la tête de cette structure aux prochaines élections. Nous sommes une équipe et nous présentons une liste. En tête de liste, il y a Jack Delly. Nous voulons combattre cette gestion provisoire qui dure depuis trois ans maintenant.
Des sociétaires semblent se complaire presque dans cette situation …
Il faut tout simplement manifester le besoin urgent d’organiser une AG élective, pour la restitution de cette gestion aux sociétaires qui sont les seuls générateurs des fonds de cette société. Par la suite, comme nos textes le précisent, passer à la création d'une autre société de gestion des droits des artistes interprètes. Vu que le Burida est limité à la gestion des auteurs. Je souligne que tous les auteurs et compositeurs sont très souvent les interprètes de leurs propres œuvres et des œuvres des autres. Vu qu’ils sont les plus nombreux, la question que je me pose c’est où partent leurs rémunérations ? Il y a que les répartitions parafiscales venant du ministère des Finances via le ministère de la Culture sont confisquées et répartis entre le ministère et la direction du Burida.
La solution est-elle dans la rupture ?
Les défaillances viennent plutôt de la mauvaise gestion des aventuriers qu'on nous impose. Dans tous les pays, la gestion des droits se gèrent différemment. Le Burida a déjà des difficultés à gérer les auteurs compositeurs. Si on y rajoute les interprètes qu'est-ce que cela va être ?
Ces aventuriers comme vous le dites rehaussent tant bien que mal l’image écornée du Burida …
Oui, mais si le fait de rehausser se limite à restaurer les locaux et se donner un salaire conséquent, pendant que les artistes eux-mêmes manquent de moyens pour survivre, il y a problème. L’année dernière, nous avons assisté à plusieurs décès dans nos rangs.
Déjà le poste de DG est soumis à un appel à candidatures proposé par le conseil qui décide du choix correspondant à ses aspirations. Le cas de l'actuelle direction doit nous interpeller. Comment est-elle aux commandes de cette gestion ?
Ne serait-ce pas plutôt les sociétaires qui doivent être interpellés sur leurs responsabilités surtout que vous pensez déjà aller en assemblée générale élective ?
Une Assemblée générale s'impose à nous dans tous les cas. Son organisation et sa réussite dépend et du ministère qui a un rôle régalien et de la direction du Burida qui, il me semble, n'est pas pressée. On s'enlise dans le provisoire et c'est inquiétant.
Vu que la tutelle a un rôle régalien, n'est-ce pas déjà mal parti pour la création d'une autre société de gestion? Surtout que malgré les difficultés le Burida a récemment reparti pour la première fois aux écrivains, dramaturges, cinéastes et autres près de 800 millions de droits d’auteurs ?
Non, puisque des dispositions sont dans nos textes pour la création d'une autre société. Le ministère devrait même encourager cela. La question qui m'interpelle c'est combien touche la directrice ? D'autre part, je ne crois pas que les chiffres soient exacts parce que si je prends des artistes dont Magic System, Tiken Jah, Alpha Blondy et autres Dj, sans oublier certains groupes zouglous connus, je m’indigne face à ces chiffres annoncés. Car Magic System à lui seul récolte les 800 millions Fcfa. Je veux plutôt que pour l'ensemble des chiffres l’on nous parle de milliards de Fcfa.
C'est une aberration. Aussi faut-il savoir que le Burida n'est pas là pour gérer les corporations. Il s'occupe de gérer la perception, la répartition et la protection des droits des auteurs et compositeurs, sociétaires de la structure. Donc un dramaturge, un écrivain ou un musicien peut être auteur-compositeur et interprète. Selon nos textes, on ne peut faire des réparations qu'aux sociétaires, auteurs-compositeurs et interprètes et éditeurs producteurs. Mais, on ne repartira pas selon que l'on soit guitariste, chanteur ou pianiste. Irène Vieira ne comprend pas grand-chose à l'affaire, qu'elle aille en stage et arrête de distraire les gens.
Qu'aurait décidé un conseil d'administration face à ces droits audiovisuels que paient les (certaines) radios ?
Vu qu'on n’établit plus une liste de diffusion, la répartition doit être équitable. Dans le cas où la liste est établie alors la répartition s’orienterait vers les ayants droits.
Vos droits sont-ils repartis comme cela devrait être par le Burida ?
Comme les miens, ceux des autres artistes aussi me semblent hypothéqués vu les chiffres inexacts qu'on nous annonce. Un exemple : nous avons fait une tournée dite de la caravane de la réconciliation nationale, le Burida a été incapable de rentrer en possession des droits d'exécution publique. Encore une fois, son incapacité à prendre les choses en main est prouvée.
Pensez-vous que le Burida dispose d’instruments requis ou est-ce que la faille vient des hommes ?
Je crois qu'il y a une volonté manifeste de dupes. Sinon il suffit de respecter l'application stricte des textes fondamentaux. Maintenant, si le ministère se sent débordé, on doit alors aller vers la création d'un comité de contrôle. Cela requiert des personnes incorruptibles.
Retrouve-t-on ces qualités en Jack Delly et son équipe qui veulent siéger au conseil d’administration ?
Les qualités se trouvent dans le respect des textes. Ce n’est pas le nom qui est important, mais la capacité de tous les membres du conseil à respecter textes les fondamentaux de notre société. Pour la question des textes, chaque sociétaire devait obligatoirement recevoir une copie des règlements intérieurs et les statuts en tant que sociétaire.
Si l'on suit les textes, il n'y aura pas de complexité pour les répartitions. Le tout est de savoir qui est auteur-compositeur, interprète, producteur discographique, audiovisuel ou éditeur.
Si l'occasion vous est donnée d'évaluer la Directrice générale, quelle sera votre appréciation depuis son retour à la tête du Burida?
Je pense qu'il y a un certain laxisme dans sa gestion vu qu'elle ne maîtrise pas le sujet. Ce n’est pas parce qu'on est juriste qu'on a une compétence dans la gestion des droits d'auteurs. Le droit à plusieurs spécialisations, nous voulons plutôt avoir affaire à un Directeur spécialisé dans le domaine et non des aventuriers qui affichent arrogance et mépris. Dans toute organisation de gestion de droits collectifs, c’est chose obligatoire que rendre publique son salaire.
L'essentiel serait-il dans la justification du salaire ?
Non, mais la transparence dans la gestion d'une société de ressources collectives l'exige avant toute chose. Sinon on se trouve en face d'une situation où l'employé se croît obligé de se fixer un salaire sans le contrôle de son employeur que nous sommes.
Pourquoi le Festival de lutte contre la piraterie (Festilutte) que vous avez initié fin 2014 à Abidjan n’a-t-il pas eu le soutien escompté de la grande famille des créateurs ?
Ceux que j'avais invités ont répondu présent en deux jours de spectacles. Chacun a joué sa partition. Rassurez-vous ; ils sont solidaires de la lutte contre la piraterie des œuvres de l'esprit. Pour la première édition, le Festilutte a été une réussite pour moi et mes partenaires. L’année prochaine, on essaiera d'associer plusieurs groupes et faire en sorte que tout le monde puisse jouer sur trois jours.
Réalisé par Koné Saydoo