Passes », « fair-play », « solidarité », « esprit d’équipe », « confiance réciproque »... Le président de la République s’est carrément approprié le jargon footballistique dans son adresse, hier, aux Eléphants, vainqueurs de la 30ème édition de la Can. Il faut espérer qu’on n’en reste pas là. Il faut croire que la classe politique, dans son ensemble, saisira la balle au bond, en prenant davantage de hauteur pour donner un nouveau souffle à la réconciliation, dans l’élan sacré de cette victoire hautement nationale. Les Ivoiriens verraient d’un bon œil leur élite politique, à l’image des Eléphants, faire preuve de fair-play, jouant en équipe autour des questions nationales telles que les élections à venir, se faisant confiance, à défaut de se faire la passe. Ce serait réduire la portée de l’acte des jeunes héros de Malabo que de s’arrêter aux décorations des acteurs. Ils ont joué leur partition. A nous, la nôtre ! Organiser une caravane de réconciliation dans tout le pays avec le trophée ? L’intention est déjà bonne. En tout cas, il faudra pousser de l’avant la caravane de la réconciliation nationale, surtout sur le flanc du dialogue gouvernement-opposition afin de convertir en cohésion nationale, le trophée de Yaya Touré et de sa bande. Pourquoi ne pas prendre le chef de l’Etat au mot, en lui demandant de faire la passe à son opposition ? Pourquoi ne rencontrerait-il, par exemple, la direction du Fpi et sa branche dissidente et aider ainsi le principal parti de l’opposition à sortir du piège honteux de ses querelles byzantines ? Sans empiéter sur le pouvoir souverain des juges, il est souhaitable aussi que cette victoire nationale puisse éclabousser positivement le processus judicaire en cours, dans la cadre de la crise postélectorale de 2010. Là-dessus, tout le monde sait, du moins les Ivoiriens de bonne foi, que le président Alassane Ouattara a toujours montré des bonnes dispositions d’esprit à aller dans le sens de fraternité, de rassemblement autour de la mère patrie. Aussi, se souvient-on de ses caravanes de sensibilisation au Ghana, au Togo, en Guinée et au Liberia pour convaincre les exilés ivoiriens de la crise postélectorale à retourner au bercail et « participer à la reconstruction nationale ». En cela, on peut dire qu’il avait devancé l’acte d’unité que l’équipe nationale vient de donner à la Nation tout entière. Certes, dans le rôle qui est le sien, l’on ne demandera jamais assez au chef de l’Etat. Mais au-delà, c’est toute la Côte d’Ivoire qui doit saisir au bond le bel esprit d’équipe que donnent les jeunes Pachydermes, 23 ans de moyenne d’âge.
Par Benoit HILI
Par Benoit HILI