Hélène Lee, auteure du film documentaire «Premier rasta» était une des invités de la première édition du Festival international de reggae d’Abidjan (Abi reggae). «Quand j’ai été invitée, a-t-elle confié le 11 avril, je n’y croyais pas. Je me suis dit : Ça va être les horaires CFA». Se disant proche de ceux qui la considèrent «comme étant quelqu’un de la famille», la Côte d’Ivoire est, selon Hélène Lee, «un peu» sa famille et «un peu» son pays.
«La première fois que je suis venu en Côte d’Ivoire, c’était en 1972», a-t-elle rappelé. Elle habitait en zone 4 et travaillait au Plateau. Depuis vingt ans, elle n’y était pas revenue. «Il y a énormément de progrès», a constaté Hélène Lee.
«J’ai été très impressionnée par la qualité de l’accueil, de l’organisation et de la technique. Même s’il y a de petites choses, c’est un premier événement. On ne peut pas tout avoir d’un seul coup», dit-elle d’Abi reggae.
«En 50 ans, le pays est passé à un cap de développement et d’ouverture. Je suis contente de le constater. C’est pareil avec le reggae. Je n’en reviens pas de la qualité des musiciens, la qualité des rythmiques, la qualité du son et la qualité du festival. Cela me touche», a-t-elle témoigné. Ayant permis à l’image d’Alpha Blondy (en Côte d’Ivoire) l’éclosion et l’ouverture de beaucoup d’artistes reggae sur la scène mondiale, Hélène Lee a livré ses confidences sur Blondy, tête de file de la musique reggae en Côte d’Ivoire. «Il a un énorme talent, reconnait-elle. En plus, il peut être très drôle et très malin. J’ai passé des années à l’écouter, à rigoler et à réfléchir. En plus d’être un super artiste, c’est une tête mais à long terme personne ne tient le coup».
Saluant le «courage» des autorités ivoiriennes a promouvoir le reggae et «montrer que c’est un mouvement sérieux et non pour juste s’amuser avec», Hélène Lee a tenu «à soutenir l’effort des gens qui ont organisé ce festival». «C’est la première fois, soutient-elle, que je vois un gouvernement, un Etat et des politiques mettre de l’argent dans le reggae pour le valoriser. Il faut du courage pour un gouvernement d’encourager le reggae. C’est courageux. C’est ce que je veux soutenir».
Pour Hélène Lee, l’initiative des autorités d’Abidjan par l’entremise du ministre Dosso Moussa, le président d’honneur dudit festival, encourage «la jeunesse à réfléchir, à s’exprimer» et aidera «les jeunes ivoiriens à vivre mieux leur avenir». Aussi espère-t-elle que l’unité et la paix soient une réalité en Côte d’Ivoire et qu’Abi reggae en soit un moteur.
«J’espère que cela ne leur reviendra pas dans la figure et qu’il y aura cette unité qu’ils espèrent. Parce que toute cette jeunesse qui écoute le reggae, si on la dévalorise toujours, ce n’est pas bon pour le pays. Ils ont besoin d’être encouragé, d’être magnifié. Je pense que c’est aussi ce qu’ils espèrent. Qu’il n’y ait pas à l’avenir des massacres parce que le reggae devrait avoir ce rôle de faire passer le message d’unité, de fraternité. J’espère que leur calcul est bon et que ça va marcher», a indiqué Hélène Lee.
Du reggae, l’auteure du «Premier rasta» dira que c’est une musique non ethnique. «Ce n’est pas, précise-t-elle, une religion. C’est juste un mouvement de pensée. Toutes les ethnies et toutes les religions peuvent se retrouver dans le reggae».
A la question de savoir pourquoi dans le reggae il y a «énormément de métis et d’hommes sans père», Hélène Lee a partagé sa lecture des faits : «Pour toute sorte de raisons, nous sommes des gens déchirés parce que la famille l’est ; parce qu’on a été exilé ; parce qu’on a quitté son village pour venir à la ville ; parce que les parents sont de deux ethnies qui ne s’entendent pas, etc. Ces personnes-là sont des gens que la vie a maltraités. Je suis un peu dans ce cas».
Pendant dix ans, Hélène Lee a fait des recherches sur Leonard P. Owell, le fondateur du mouvement rasta en Jamaïque. Au départ, Hélène ne nourrit pas «l’idée de faire un film» car c’était un livre de recherche qu’elle voulait écrire. D’ailleurs, faire un film sur le reggae, elle le déconseilla à un jeune qui l’avait approché parce que «quand il s’agit des rastas, il n’y a pas d’argent».
«Il y a une malédiction sur le reggae», pensa-t-elle décourager le jeune homme qui n’y croit pas. Deux ans plus tard, se souvient-elle, «il a été obligé de vendre son appartement pour payer les techniciens». Quand beaucoup lui demandent «pourquoi une petite blanche du fond de la campagne française s’occupe du reggae», c’est une réponse de Jamaïcains que donne Hélène Lee.
«C’est Leonard Owell qui est venu te chercher», révèle-t-elle-même si elle «n’y croit peut-être pas».
«Comme par hasard en 1979», quand Hélène arrive en Jamaïque, elle n’a pas eu besoin qu’on lui explique «ce que ces gens avaient à dire». «Tout de suite j’ai compris», dit Hélène Lee qui fera sur l’île la découverte «des gens de la première communauté rasta d’où est parti le mouvement» et décide de les interviewer. Elle trouve grâce «au mouvement» la force d’écrire parce qu’elle voulait «montrer aux gens ce qui se passe en Jamaïque».
Quand elle décidera de faire du livre de recherche un film documentaire, Hélène Lee ne profitera d’aucune aide. «On a eu aucune aide alors qu’en France, on y a droit. On nous l’a promis pendant deux ans, on ne nous l’a pas donné. C’est le reggae. La seule chose qu’ils m’ont dit, c’est pourquoi faire un film sur quelqu’un qui n’est pas connu ?», a-t-elle confié. Le Premier rasta est une recherche sur Leonard P. Owell.
Dans le film, Hélène Lee décide de «montrer que l’histoire du mouvement rasta n’est pas celle de l’herbe». Le reggae qui est le véhicule de ce mouvement, «est, selon Hélène, un médicament». «Le monde est déchiré. C’est un médicament qui permet de recoller les morceaux», explique-t-elle.
S’identifiant aux «gens que la vie a maltraités», Hélène Lee est issue «d’une famille de rebelles» qui au 18è siècle quitte la ville «pour vivre sa liberté dans les collines à l’écart de Babylone». Aujourd’hui, son attachement au reggae trouve son sens et son histoire.
Koné Saydoo
«La première fois que je suis venu en Côte d’Ivoire, c’était en 1972», a-t-elle rappelé. Elle habitait en zone 4 et travaillait au Plateau. Depuis vingt ans, elle n’y était pas revenue. «Il y a énormément de progrès», a constaté Hélène Lee.
«J’ai été très impressionnée par la qualité de l’accueil, de l’organisation et de la technique. Même s’il y a de petites choses, c’est un premier événement. On ne peut pas tout avoir d’un seul coup», dit-elle d’Abi reggae.
«En 50 ans, le pays est passé à un cap de développement et d’ouverture. Je suis contente de le constater. C’est pareil avec le reggae. Je n’en reviens pas de la qualité des musiciens, la qualité des rythmiques, la qualité du son et la qualité du festival. Cela me touche», a-t-elle témoigné. Ayant permis à l’image d’Alpha Blondy (en Côte d’Ivoire) l’éclosion et l’ouverture de beaucoup d’artistes reggae sur la scène mondiale, Hélène Lee a livré ses confidences sur Blondy, tête de file de la musique reggae en Côte d’Ivoire. «Il a un énorme talent, reconnait-elle. En plus, il peut être très drôle et très malin. J’ai passé des années à l’écouter, à rigoler et à réfléchir. En plus d’être un super artiste, c’est une tête mais à long terme personne ne tient le coup».
Saluant le «courage» des autorités ivoiriennes a promouvoir le reggae et «montrer que c’est un mouvement sérieux et non pour juste s’amuser avec», Hélène Lee a tenu «à soutenir l’effort des gens qui ont organisé ce festival». «C’est la première fois, soutient-elle, que je vois un gouvernement, un Etat et des politiques mettre de l’argent dans le reggae pour le valoriser. Il faut du courage pour un gouvernement d’encourager le reggae. C’est courageux. C’est ce que je veux soutenir».
Pour Hélène Lee, l’initiative des autorités d’Abidjan par l’entremise du ministre Dosso Moussa, le président d’honneur dudit festival, encourage «la jeunesse à réfléchir, à s’exprimer» et aidera «les jeunes ivoiriens à vivre mieux leur avenir». Aussi espère-t-elle que l’unité et la paix soient une réalité en Côte d’Ivoire et qu’Abi reggae en soit un moteur.
«J’espère que cela ne leur reviendra pas dans la figure et qu’il y aura cette unité qu’ils espèrent. Parce que toute cette jeunesse qui écoute le reggae, si on la dévalorise toujours, ce n’est pas bon pour le pays. Ils ont besoin d’être encouragé, d’être magnifié. Je pense que c’est aussi ce qu’ils espèrent. Qu’il n’y ait pas à l’avenir des massacres parce que le reggae devrait avoir ce rôle de faire passer le message d’unité, de fraternité. J’espère que leur calcul est bon et que ça va marcher», a indiqué Hélène Lee.
Du reggae, l’auteure du «Premier rasta» dira que c’est une musique non ethnique. «Ce n’est pas, précise-t-elle, une religion. C’est juste un mouvement de pensée. Toutes les ethnies et toutes les religions peuvent se retrouver dans le reggae».
A la question de savoir pourquoi dans le reggae il y a «énormément de métis et d’hommes sans père», Hélène Lee a partagé sa lecture des faits : «Pour toute sorte de raisons, nous sommes des gens déchirés parce que la famille l’est ; parce qu’on a été exilé ; parce qu’on a quitté son village pour venir à la ville ; parce que les parents sont de deux ethnies qui ne s’entendent pas, etc. Ces personnes-là sont des gens que la vie a maltraités. Je suis un peu dans ce cas».
Pendant dix ans, Hélène Lee a fait des recherches sur Leonard P. Owell, le fondateur du mouvement rasta en Jamaïque. Au départ, Hélène ne nourrit pas «l’idée de faire un film» car c’était un livre de recherche qu’elle voulait écrire. D’ailleurs, faire un film sur le reggae, elle le déconseilla à un jeune qui l’avait approché parce que «quand il s’agit des rastas, il n’y a pas d’argent».
«Il y a une malédiction sur le reggae», pensa-t-elle décourager le jeune homme qui n’y croit pas. Deux ans plus tard, se souvient-elle, «il a été obligé de vendre son appartement pour payer les techniciens». Quand beaucoup lui demandent «pourquoi une petite blanche du fond de la campagne française s’occupe du reggae», c’est une réponse de Jamaïcains que donne Hélène Lee.
«C’est Leonard Owell qui est venu te chercher», révèle-t-elle-même si elle «n’y croit peut-être pas».
«Comme par hasard en 1979», quand Hélène arrive en Jamaïque, elle n’a pas eu besoin qu’on lui explique «ce que ces gens avaient à dire». «Tout de suite j’ai compris», dit Hélène Lee qui fera sur l’île la découverte «des gens de la première communauté rasta d’où est parti le mouvement» et décide de les interviewer. Elle trouve grâce «au mouvement» la force d’écrire parce qu’elle voulait «montrer aux gens ce qui se passe en Jamaïque».
Quand elle décidera de faire du livre de recherche un film documentaire, Hélène Lee ne profitera d’aucune aide. «On a eu aucune aide alors qu’en France, on y a droit. On nous l’a promis pendant deux ans, on ne nous l’a pas donné. C’est le reggae. La seule chose qu’ils m’ont dit, c’est pourquoi faire un film sur quelqu’un qui n’est pas connu ?», a-t-elle confié. Le Premier rasta est une recherche sur Leonard P. Owell.
Dans le film, Hélène Lee décide de «montrer que l’histoire du mouvement rasta n’est pas celle de l’herbe». Le reggae qui est le véhicule de ce mouvement, «est, selon Hélène, un médicament». «Le monde est déchiré. C’est un médicament qui permet de recoller les morceaux», explique-t-elle.
S’identifiant aux «gens que la vie a maltraités», Hélène Lee est issue «d’une famille de rebelles» qui au 18è siècle quitte la ville «pour vivre sa liberté dans les collines à l’écart de Babylone». Aujourd’hui, son attachement au reggae trouve son sens et son histoire.
Koné Saydoo
