Le Père de la nation ne manquait pas dire dans l’intimité, que deux choses détruisent un pays. Tout comme dans la tradition orale, ces propos rapportés ne sont pas forcément historiques. En tenant compte du contexte occidental l’oralité n’est pas une source d’authenticité. Ainsi, en Occident les propos de ce genre permettent de les nier. L’homme politique, devant des journalistes ou des amis, dit certaines choses qui peuvent créer des conflits. Et comme cela n’a pas été écrit ou enregistré, le risque est sans aucun effet. Toutefois, quand la phrase est reportée par plusieurs personnes et selon plusieurs sources on peut l’authentifier. C’est pourquoi, en Afrique, on accorde beaucoup de crédit à la source orale. Comment nier des propos de l’Empereur Soundiata Kéita, quand des milliers de griots n’ont cessé de les rapporter au fur et à mesure que les siècles s’égrenaient. En plus, dans le cas de cet Empereur, de nombreux historiens ont publié des ouvrages sortant ses propos de l’oralité. Depuis les débuts de nos indépendances, il a été demandé aux intellectuels et aux jeunes de noter les faits et gestes des anciens de la société. Des propos qui sont source de sagesse et d’instruction. Si Hampaté Ba n’avait pas retranscrit Kaidara, quelle perte immense on aurait enregistré dans la connaissance et le savoir. Cet enseignement initiatique, à la portée de tous, doit être médité par chacun de nous de notre existence. Cela fera rire des économistes ou des financiers, mais la vérité est comme un croissant de lune. C’est-à-dire que chacun détient une parcelle de vérité et ne peut détenir à lui seul la science infuse. Le Père de la nation a donc dit que la drogue et la fausse monnaie tuent un pays. Comment nier ses propos sous le scanner de la réalité ? Tout le monde est conscient du fait que la drogue et le trafic de monnaie sont des dangers mortels pour un pays. Mais ce qu’on ne dit pas, c’est qu’un fait est encore plus mortel que ces deux fléaux. Et cela a été chanté, écrit et affirmé par tous les saints, les souverains, les observateurs de la société. La course au pouvoir est un facteur de mésentente, de manque de cohésion, de conflits et de guerre dans un pays. « Quitte-toi pour que je m’y mette » sera toujours à l’origine de toutes les crises dans tous les pays dans le monde. Notamment en Afrique. Pourquoi lui à ce poste et pourquoi pas moi ? Cette question est le début de tous les palabres. Dans le cas de l’Afrique, la question est accompagnée du fait ethnique faisant de la course au pouvoir l’une des causes de notre retard dans l’allumage au développement. Que faire pour que chacun se contente du poste qui lui a été attribué et ne pas menacer celui d’un autre ? On sait comment l’attaque est menée contre la direction, le ministère ou le poste de chauffeur d’un autre. Il faut mener sans relâche le dénigrement. Dire sans cesse que tel responsable est inefficace, incompétent, pas au niveau. Et surtout imaginer son bilan financier négatif, mis sous le compte de la corruption et de la gabegie. Ces racontars sont toujours pris pour argent comptant. On sait que tout homme insatisfait de sa vie et de sa situation ne trouve un peu de bonheur dans sa vie, en écoutant que les critiques négatives sur quelqu’un autre. La joie qui se construit sur le malheur d’une autre, montre on ne peut plus, le climat vicieux que peut traverser un pays. On ne peut comprendre l’attitude des noirs sud-africains que par la jalousie, la haine de l’autre. Faire tomber sur l’autre ses frustrations. Détruire les biens, blesser ou tuer l’autre ne peut que rendre le complexé, malheureux, le raté de la vie heureux. Croire qu’il y a une solution à la haine est un leurre. On se rappelle que dans certaines guerres, des religieux ont pris fait et cause pour les destructeurs et sans aucun regret. Combien de fois n’a-t-on pas affirmé qu’il n’y a pas de solution à : « Ote-toi pour que je m’y mette. » Néanmoins, la conscience de chacun doit pouvoir lui permettre de contribuer au développement du pays en se débarrassant du vieil homme qui habite en lui. Car c’est dans l’intérêt du pays, de ses descendants et de la cohésion du pays. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
Par Isaïe Biton Koulibaly
Par Isaïe Biton Koulibaly