Manou Gallo, artiste-musicienne, ex-membre du groupe Woya, était en concert les 21, 22, et 23 mai 2015 au Parker Place, à Abidjan. Devenue une bassiste chevronnée, elle dit être une femme à part.
Après plusieurs années passées sur les scènes du monde, vous effectuez un retour sur la scène ivoirienne en 2015. Pourquoi maintenant ?
Je ne sais pas. Mais, ce qui est important pour moi, c’est d’être venue avec mes musiciens et voir que les Ivoiriens aiment ce que je fais. On dit qu’on n’est jamais prophète chez soi. J’étais convaincue d’une chose, je savais que les Ivoiriens pouvaient aimer ma musique. Il fallait que je me donne les moyens de pouvoir venir jouer en Côte d’Ivoire. C’est ce que j’ai fait avec Désiré Aloka du Parker Place qui m’accueillie. Nous avons coproduit le projet. Car, produire un spectacle coûte énormément cher. C’est toute une organisation et j’avais besoin d’un partenaire. La personne qui a répondu favorablement à cet appel c’est Désiré, avec tous les partenaires qui ont soutenu ledit projet. Je veux jouer tous les jours et tous les soirs à Abidjan car je suis chez moi.
Ce projet se poursuivra-t-il ou se limitera aux concerts donnés les 21, 22 et 23 mai 2015?
J’espère que cela va poursuivre. Je ne lâcherai pas le morceau. J’ai envie que chaque année, ce type de projet se reproduise. Parce qu’il est temps pour moi de revenir et de faire découvrir autre chose. Les Ivoiriens adorent le jazz, le blues, le rock. Beaucoup de groupes font du rock et Manou Gallo c’est du jazz, du funk, de la musique traditionnelle, des rythmes et de la percussion. Je suis émue et heureuse d’avoir répondu présente. Ce n’était pas quelque chose de grand, mais nous avons atteint notre objectif. Cela me fait plaisir que les Ivoiriens soient venus me soutenir pendant ces trois jours.
Cette musique qui allie jazz, funk, musique traditionnelle, rythmes et percussion, comment la définissez-vous ?
La musique n’a pas de couleurs. Elle n’a pas de race. Elle n’a ni peau ni ethnies. La musique, c’est la musique. Elle s’apprécie. Il faut l’apprécier le musicien qui joue. Quand Bob Marley chantait en anglais, très peu de personnes en Côte d’Ivoire comprenaient la langue. Mais, ils ont chanté Bob Marley. Mon rôle aujourd’hui, c’est de montrer qu’il y a autre chose. Il y a plusieurs sortes de musiques dont la musique commerciale. Nous proposons autre chose et en Côte d’Ivoire, il y a la place pour cette musique. La musique n’a ni frontière ni couleur et moi, je n’en ai pas. Je joue avec qui je veux.
Vous chantiez avec Dobet Gnahoré «Ma Côte d’Ivoire» ; quels étaient les objectifs de ce chant ?
Je suis Ivoirienne tout comme Dobet Gnahoré. Nous tournions dans le monde entier pendant que le pays brûlait. On ne pouvait pas rester indifférentes et continuer de tourner. Tu as mal parce que ton pays, ton peuple et tes parents ont mal. C’est un cri du cœur que ma petite sœur et moi avions décidé de lancer. Nous l’avons fait sans aucune aide. Des personnes qui aiment la Côte d’Ivoire y ont participé et celle qui a écrit le chant est une Belge. Elle vit en Côte d’Ivoire depuis trente-cinq (35) ans. Nous pleurions ensemble. Ce n’est pas une chanson politique, c’est un message de paix. Un artiste véhicule aussi la notion de paix. C’est simplement ce que Dobet et moi voulions faire pour notre pays.
Depuis Lowlin sorti en 2010, pourquoi vous avez fait un break ?
J’ai décidé de ne plus sortir d’album depuis cinq ans. J’ai décidé de jouer de la basse. Savez-vous, quand on tourne en Europe, on est stressé. Il faut sortir des albums et le planning est super chargé. Après Lowlin que j’ai sorti depuis 2010, j’ai stoppé. Je voulais jouer de la basse parce que je veux mourir avec elle. C’est mon instrument. Les tambours, c’est moi. J’ai donc décidé de ne faire d’album d’ici à deux voire trois ans. Mais, ma carrière ne s’arrêtera pas à ces œuvres produites. Elle s’arrêtera à cinquante, deux cent voire trois cent albums. Manu Dibango m’a dit : ‘’ Une longue carrière, il faut savoir faire des pauses. Il faut se donner un moment de replis pour faire quelque chose ‘’. Je ne fais pas de la musique commerciale. Je ne suis donc pas obligée, chaque année, de sortir des albums. Je peux me dire : Je me donne cinq ans. Je joue ma basse, je passe à autre chose et c’est ce que j’ai décidé de faire. J’ai passé cinq ans dans ma cave et vous avez pu constater ce soir (ndlr, 22 mai). Je sens que je suis plus à l’aise au niveau de la basse et de la technique. J’ai envie de faire ‘’parler’’ ma basse comme je le fais pour mon tambour. C’est une technique qui prend assez de temps. Je ne cours plus. Je marche.
Au sein du groupe Woya, vous commenciez par le tambour et la batterie, est-ce la basse qui vous a le plus parlé musicalement ?
La basse et la batterie sont des instruments rythmiques. Manou Gallo pense la musique rythmique. J’ai eu la chance d’avoir un don, celui du tam-tam. Pour ceux qui ont vu le concert que j’ai donné, c’est un concert de rythme. Le public a chanté rythmiquement. C’est cela ma force et je veux y mettre de l’accent et continuer.
Sur scène, vous sentiez, selon vos propos, la présence de Marcellin Yacé et Marino. C’est ainsi souvent ?
Marcellin était là. Il a toujours été là. Il m’a toujours soutenue depuis que j’étais petite. Il y a des moments de doute et de blues. Il faut être passionné pour faire la musique. C’est ce que me disait Marcellin Yacé. Nous ne faisons pas de la musique commerciale qui peut faire gagner de l’argent. Nous aimons et sentons ce que nous faisons, sans calcul. Pendant que je travaille dans ma cave, je ne me dis pas que je ferai cela pour être riche. Je suis passionnée, c’est ce que m’a appris Marcellin Yacé.
Comment est née votre collaboration sur «Acoustic Africa» avec les Dobet Gnahoré, Ali Kéita au balafon, Fotso Kareyce du Cameroun, Habib Koité et bien d’autres artistes ?
Avec Acoustic Africa, on n’a pu malheureusement venir jouer à Abidjan. C’était un super projet initié par Michel Debore. Nous avons tourné pendant un an avec Acoustic Africa qui a été une bonne expérience pour moi. Toute expérience est bonne à prendre. J’ai plusieurs projets. Je joue avec un groupe hollandais, un autre suédois. Partout où nous allons, nous sommes des musiciens. Quand tu es musicien, ta vie c’est de jouer avec tout le monde.
Avec du recul, la petite Manou que tout le monde coachait au sein du groupe Woya, est aujourd’hui la seule, outre David Tayorault, à avoir une carrière internationale et une fréquence sur scène. Comment l’expliquez-vous ?
Il n’y a pas d’explication. Quand on pose la question par rapport au groupe Woya, mon souhait, c’est qu’on puisse un jour reprendre. Je suis la plus petite, je ne peux pas prendre cette décision. Parce qu’il y a Tiane, David Tayorault. Dernièrement, David Tayorault m’a demandée de venir avec lui. Je sens qu’il a envie qu’on fasse renaître les Woya. J’ai aussi cette envie. Woya, c’est une histoire. C’est ma vie, c’est mon école. Nous allons en parler. Au moment opportun, on le fera. Je sais qu’on va le faire. Il est temps de se mettre ensemble. Ce n’est pas parce que j’ai une carrière internationale que je vais commencer à tout bousculer. Nous sommes en Afrique. Il faut respecter les règles.
A partir de quel moment vous vous êtes résolu à faire carrière solo ?
J’ai joué pendant six ans avec le groupe Zap Mama. J’ai commencé à travailler ma musique et les choses se sont faites toute seule. Il ne faut pas précipiter les choses. Voici mon message pour les jeunes : ‘’ Ne soyez pas trop pressés. Il faut d’abord travailler. Il faut savoir ce qu’on veut. Il y a tellement de musiciens et de choses qui se passent. Le plus important, c’est d’être original. Cette originalité fera de vous quelqu’un de différent. Je suis une femme à part. J’assume ce rôle ’’.
Que retenir de l’échange musical que vous avez eu pendant votre séjour avec les étudiants de l’Ecole nationale de musique de l’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (Insaac) ?
C’étaient des questions que je me posais avec Marcellin. Il me parlait, je ne comprenais pas. C’est ce qui se passe avec les jeunes de l’Insaac. Comment travailler son instrument ? Il est très difficile de répondre à cette question. Je leur ai dit de consacrer tous les jours, une heure pour jouer Do, Ré, Mi, Fa, So, La, Si, Do. Quand Marcellin me le disais, je ne comprenais pas. A un moment donné, je me suis assise pour le faire. Que cela est fait tous les jours, le son est parfait comme il a été parfait ce soir (Ndlr, 22 mai). Tous les jours, il faut consacrer une heure voire deux heures. Quand il y a des doutes, il faut le faire. Je prends mon exemple. Avant de jouer, j’ai douté au point que j’ai dormi avec ma basse. Parce que j’avais besoin de visionner tout ce que j’allais faire. Quand je joue, je suis stress aussi. Quand le doute vient, je peux perdre mon équilibre. Pour ne pas l’être, je suis obligée, tout le temps, de répéter les mêmes choses. Et, de façon spontanée, les choses viennent d’elles-mêmes.
Ecrire Abidjan-Bruxelles qui figure sur l’album qui porte votre nom, vous tenait à cœur…
Bien sûr. Je suis Ivoirienne et je vis en Belgique. C’est aussi mon pays. Je suis née en Côte d’Ivoire. J’y ai été connue. La Belgique m’a aidée. Je suis fière d’avoir deux pays. Autant les Ivoiriens m’aiment, les Belges m’ont fait connaître sur le plan international.
Vous comptez parmi les premières femmes musiciennes africaines. Portez-vous fièrement ce rôle ?
Je n’ai jamais voulu avoir ce rôle. Mais, je le joue car je fais partie des premières femmes musiciennes africaines. Il faut qu’il y ait de plus en plus de femmes musiciennes parce qu’on peut gagner sa vie tout en étant une musicienne professionnelle. La femme africaine commence à être émancipée. Elle doit l’être. Il faut mettre fin au cliché de la femme qui balaie tous les jours devant sa porte. Il y a des femmes ministres et présidentes. La femme africaine peut diriger comme l’homme. Elle est capable de le faire.
Koné SAYDOO
Après plusieurs années passées sur les scènes du monde, vous effectuez un retour sur la scène ivoirienne en 2015. Pourquoi maintenant ?
Je ne sais pas. Mais, ce qui est important pour moi, c’est d’être venue avec mes musiciens et voir que les Ivoiriens aiment ce que je fais. On dit qu’on n’est jamais prophète chez soi. J’étais convaincue d’une chose, je savais que les Ivoiriens pouvaient aimer ma musique. Il fallait que je me donne les moyens de pouvoir venir jouer en Côte d’Ivoire. C’est ce que j’ai fait avec Désiré Aloka du Parker Place qui m’accueillie. Nous avons coproduit le projet. Car, produire un spectacle coûte énormément cher. C’est toute une organisation et j’avais besoin d’un partenaire. La personne qui a répondu favorablement à cet appel c’est Désiré, avec tous les partenaires qui ont soutenu ledit projet. Je veux jouer tous les jours et tous les soirs à Abidjan car je suis chez moi.
Ce projet se poursuivra-t-il ou se limitera aux concerts donnés les 21, 22 et 23 mai 2015?
J’espère que cela va poursuivre. Je ne lâcherai pas le morceau. J’ai envie que chaque année, ce type de projet se reproduise. Parce qu’il est temps pour moi de revenir et de faire découvrir autre chose. Les Ivoiriens adorent le jazz, le blues, le rock. Beaucoup de groupes font du rock et Manou Gallo c’est du jazz, du funk, de la musique traditionnelle, des rythmes et de la percussion. Je suis émue et heureuse d’avoir répondu présente. Ce n’était pas quelque chose de grand, mais nous avons atteint notre objectif. Cela me fait plaisir que les Ivoiriens soient venus me soutenir pendant ces trois jours.
Cette musique qui allie jazz, funk, musique traditionnelle, rythmes et percussion, comment la définissez-vous ?
La musique n’a pas de couleurs. Elle n’a pas de race. Elle n’a ni peau ni ethnies. La musique, c’est la musique. Elle s’apprécie. Il faut l’apprécier le musicien qui joue. Quand Bob Marley chantait en anglais, très peu de personnes en Côte d’Ivoire comprenaient la langue. Mais, ils ont chanté Bob Marley. Mon rôle aujourd’hui, c’est de montrer qu’il y a autre chose. Il y a plusieurs sortes de musiques dont la musique commerciale. Nous proposons autre chose et en Côte d’Ivoire, il y a la place pour cette musique. La musique n’a ni frontière ni couleur et moi, je n’en ai pas. Je joue avec qui je veux.
Vous chantiez avec Dobet Gnahoré «Ma Côte d’Ivoire» ; quels étaient les objectifs de ce chant ?
Je suis Ivoirienne tout comme Dobet Gnahoré. Nous tournions dans le monde entier pendant que le pays brûlait. On ne pouvait pas rester indifférentes et continuer de tourner. Tu as mal parce que ton pays, ton peuple et tes parents ont mal. C’est un cri du cœur que ma petite sœur et moi avions décidé de lancer. Nous l’avons fait sans aucune aide. Des personnes qui aiment la Côte d’Ivoire y ont participé et celle qui a écrit le chant est une Belge. Elle vit en Côte d’Ivoire depuis trente-cinq (35) ans. Nous pleurions ensemble. Ce n’est pas une chanson politique, c’est un message de paix. Un artiste véhicule aussi la notion de paix. C’est simplement ce que Dobet et moi voulions faire pour notre pays.
Depuis Lowlin sorti en 2010, pourquoi vous avez fait un break ?
J’ai décidé de ne plus sortir d’album depuis cinq ans. J’ai décidé de jouer de la basse. Savez-vous, quand on tourne en Europe, on est stressé. Il faut sortir des albums et le planning est super chargé. Après Lowlin que j’ai sorti depuis 2010, j’ai stoppé. Je voulais jouer de la basse parce que je veux mourir avec elle. C’est mon instrument. Les tambours, c’est moi. J’ai donc décidé de ne faire d’album d’ici à deux voire trois ans. Mais, ma carrière ne s’arrêtera pas à ces œuvres produites. Elle s’arrêtera à cinquante, deux cent voire trois cent albums. Manu Dibango m’a dit : ‘’ Une longue carrière, il faut savoir faire des pauses. Il faut se donner un moment de replis pour faire quelque chose ‘’. Je ne fais pas de la musique commerciale. Je ne suis donc pas obligée, chaque année, de sortir des albums. Je peux me dire : Je me donne cinq ans. Je joue ma basse, je passe à autre chose et c’est ce que j’ai décidé de faire. J’ai passé cinq ans dans ma cave et vous avez pu constater ce soir (ndlr, 22 mai). Je sens que je suis plus à l’aise au niveau de la basse et de la technique. J’ai envie de faire ‘’parler’’ ma basse comme je le fais pour mon tambour. C’est une technique qui prend assez de temps. Je ne cours plus. Je marche.
Au sein du groupe Woya, vous commenciez par le tambour et la batterie, est-ce la basse qui vous a le plus parlé musicalement ?
La basse et la batterie sont des instruments rythmiques. Manou Gallo pense la musique rythmique. J’ai eu la chance d’avoir un don, celui du tam-tam. Pour ceux qui ont vu le concert que j’ai donné, c’est un concert de rythme. Le public a chanté rythmiquement. C’est cela ma force et je veux y mettre de l’accent et continuer.
Sur scène, vous sentiez, selon vos propos, la présence de Marcellin Yacé et Marino. C’est ainsi souvent ?
Marcellin était là. Il a toujours été là. Il m’a toujours soutenue depuis que j’étais petite. Il y a des moments de doute et de blues. Il faut être passionné pour faire la musique. C’est ce que me disait Marcellin Yacé. Nous ne faisons pas de la musique commerciale qui peut faire gagner de l’argent. Nous aimons et sentons ce que nous faisons, sans calcul. Pendant que je travaille dans ma cave, je ne me dis pas que je ferai cela pour être riche. Je suis passionnée, c’est ce que m’a appris Marcellin Yacé.
Comment est née votre collaboration sur «Acoustic Africa» avec les Dobet Gnahoré, Ali Kéita au balafon, Fotso Kareyce du Cameroun, Habib Koité et bien d’autres artistes ?
Avec Acoustic Africa, on n’a pu malheureusement venir jouer à Abidjan. C’était un super projet initié par Michel Debore. Nous avons tourné pendant un an avec Acoustic Africa qui a été une bonne expérience pour moi. Toute expérience est bonne à prendre. J’ai plusieurs projets. Je joue avec un groupe hollandais, un autre suédois. Partout où nous allons, nous sommes des musiciens. Quand tu es musicien, ta vie c’est de jouer avec tout le monde.
Avec du recul, la petite Manou que tout le monde coachait au sein du groupe Woya, est aujourd’hui la seule, outre David Tayorault, à avoir une carrière internationale et une fréquence sur scène. Comment l’expliquez-vous ?
Il n’y a pas d’explication. Quand on pose la question par rapport au groupe Woya, mon souhait, c’est qu’on puisse un jour reprendre. Je suis la plus petite, je ne peux pas prendre cette décision. Parce qu’il y a Tiane, David Tayorault. Dernièrement, David Tayorault m’a demandée de venir avec lui. Je sens qu’il a envie qu’on fasse renaître les Woya. J’ai aussi cette envie. Woya, c’est une histoire. C’est ma vie, c’est mon école. Nous allons en parler. Au moment opportun, on le fera. Je sais qu’on va le faire. Il est temps de se mettre ensemble. Ce n’est pas parce que j’ai une carrière internationale que je vais commencer à tout bousculer. Nous sommes en Afrique. Il faut respecter les règles.
A partir de quel moment vous vous êtes résolu à faire carrière solo ?
J’ai joué pendant six ans avec le groupe Zap Mama. J’ai commencé à travailler ma musique et les choses se sont faites toute seule. Il ne faut pas précipiter les choses. Voici mon message pour les jeunes : ‘’ Ne soyez pas trop pressés. Il faut d’abord travailler. Il faut savoir ce qu’on veut. Il y a tellement de musiciens et de choses qui se passent. Le plus important, c’est d’être original. Cette originalité fera de vous quelqu’un de différent. Je suis une femme à part. J’assume ce rôle ’’.
Que retenir de l’échange musical que vous avez eu pendant votre séjour avec les étudiants de l’Ecole nationale de musique de l’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (Insaac) ?
C’étaient des questions que je me posais avec Marcellin. Il me parlait, je ne comprenais pas. C’est ce qui se passe avec les jeunes de l’Insaac. Comment travailler son instrument ? Il est très difficile de répondre à cette question. Je leur ai dit de consacrer tous les jours, une heure pour jouer Do, Ré, Mi, Fa, So, La, Si, Do. Quand Marcellin me le disais, je ne comprenais pas. A un moment donné, je me suis assise pour le faire. Que cela est fait tous les jours, le son est parfait comme il a été parfait ce soir (Ndlr, 22 mai). Tous les jours, il faut consacrer une heure voire deux heures. Quand il y a des doutes, il faut le faire. Je prends mon exemple. Avant de jouer, j’ai douté au point que j’ai dormi avec ma basse. Parce que j’avais besoin de visionner tout ce que j’allais faire. Quand je joue, je suis stress aussi. Quand le doute vient, je peux perdre mon équilibre. Pour ne pas l’être, je suis obligée, tout le temps, de répéter les mêmes choses. Et, de façon spontanée, les choses viennent d’elles-mêmes.
Ecrire Abidjan-Bruxelles qui figure sur l’album qui porte votre nom, vous tenait à cœur…
Bien sûr. Je suis Ivoirienne et je vis en Belgique. C’est aussi mon pays. Je suis née en Côte d’Ivoire. J’y ai été connue. La Belgique m’a aidée. Je suis fière d’avoir deux pays. Autant les Ivoiriens m’aiment, les Belges m’ont fait connaître sur le plan international.
Vous comptez parmi les premières femmes musiciennes africaines. Portez-vous fièrement ce rôle ?
Je n’ai jamais voulu avoir ce rôle. Mais, je le joue car je fais partie des premières femmes musiciennes africaines. Il faut qu’il y ait de plus en plus de femmes musiciennes parce qu’on peut gagner sa vie tout en étant une musicienne professionnelle. La femme africaine commence à être émancipée. Elle doit l’être. Il faut mettre fin au cliché de la femme qui balaie tous les jours devant sa porte. Il y a des femmes ministres et présidentes. La femme africaine peut diriger comme l’homme. Elle est capable de le faire.
Koné SAYDOO