Les Banques de l’habitat et fonds de garantie de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Burkina Faso et du Sénégal ont scellé leur union, depuis le 11 avril 2015, à Abidjan. Dans le cadre de cette association, elles vont rechercher des solutions aux problèmes de financement de l’habitat social. Celle du Sénégal, la plus expérimentée n’est pas passée inaperçue. Son directeur général, Mamadou Bocar Sy, donne ici les atouts de sa structure.
Quel accompagnement l’Etat sénégalais apporte à la Banque sénégalaise de l’habitat ?
C’est l’Etat du Sénégal qui a décidé de la création de la Banque sénégalaise de l’habitat (Bhs) depuis 1979, dont les opérations ont démarré en 1980. L’Etat du Sénégal est actionnaire unique. Il a mis en place une dotation initiale. L’Etat a organisé le secteur et la Bhs n’est qu’un maillon de toute la politique du logement. Cette banque s’occupe de l’aspect du financement. Cela prend en compte la présence des acteurs pour réaliser le logement, l’aménagement des terrains, la présence de l’Etat pour ce qui concerne la fiscalité. C’est toute cette politique cohérente qui a amené à avoir des résultats que l’on sait depuis 25 ans.
En clair, de quel soutien financier cette institution de crédit a-t-elle bénéficié de l’Etat pour réaliser ce résultat ?
Il y a tout d’abord la dotation initiale de l’Etat. Il y a ensuite eu un fonds d’appui qui a été mis à la disposition de cette institution de crédit pour bonifier et consolider les taux appliqués aux ménages économiquement faibles. Une politique d’exonération fiscale afin de consolider la politique sur certains prix de logement à bas prix.
Quel bilan faites-vous de l’impact du financement de votre banque sur les logements sociaux dans votre pays?
Depuis sa création, à peu près 100.000 ménages ont été financés pour près de 200 milliards FCfa d’investissements. Ces deux chiffres traduisent une réalité concrète. Lorsque les ménages sont ainsi financés, c’est un besoin familial qui est comblé.
Quelle est aujourd’hui la réalité du logement au Sénégal ?
Les prix des logements sont de plus en plus élevés. Parce que les assiettes foncières sont de plus en plus chères. Les moyens et les matériaux utilisés sont importés et coûtent cher même si les taux d’intérêts des banques diminuent. C’est cela le facteur prix. Dans les pays comme les nôtres, au-delà des bailleurs de fonds, il faut que les acteurs puissent produire les matériels locaux qui vont dans nos maisons. Car l’essentiel est importé. En plus, ces usines sont détenues par des opérateurs étrangers. Les intrants sont importés. L’idéal aurait été que ces matériaux (l’électricité, le carrelage..) soient produits sur place. Parce que ces produits subissent des impôts liés à l’importation. C’est le consommateur final qui paie et qui subit, les coûts étant répercutés.
Pensez vous que la Bhs ait pu réduire le déficit en logements ?
C’est un déficit qui ne peut pas disparaître. Nous sommes des professionnels. Il ne s’agit ni de dire aux Ivoiriens, ni aux Sénégalais qu’ils doivent être propriétaires de leur logement. Plutôt, il faut que chacun ait un logement décent et trouve où habiter. Les gens qui peuvent l’acquérir, l’achètent, ceux qui ne peuvent pas, le louent. Des logements destinés à la location pourront être construits afin de jouer sur le prix de la location à la baisse. Il faudrait que les gens dissocient le logement nécessaire dans le lieu de travail et le logement nécessaire lorsqu’on est plus en activité et qu’on aspire à une bonne retraite. Cela signifie que nos banques doivent avoir des ressources nécessaires et des ressources pour financer l’accès direct à la propriété et des ressources pour financer le locatif social. Cela consiste à construire des logements en quantité destinés à la location à des prix contrôlés. Cela permettra à tous les concitoyens d’habiter un logement décent, de payer un loyer modéré en attendant d’être propriétaires de leurs logements.
À combien peut-on estimer le déficit dans votre pays?
Les chiffres varient d’un pays à un autre. Au Sénégal, on nous parle de 200 à 300 mille logements par an pour réduire le déficit. Mais nous sommes des banquiers. Est-ce des déficits par rapport aux logements ? Dans ce lot, il faut prendre ceux qui sont solvables. Parce qu’il y a des gens qui ne travaillent pas, qui n’ont pas de revenus, qui n’ont pas de moyens de se loger. En termes de demande, cela doit être clarifié. À savoir s’il s’agit de la demande solvable ou pas. Une chose est certaine, le besoin est de loin supérieur à la production.
Quelle est la situation de la pression foncière dans votre pays?
Il y a la situation de Dakar et des autres régions. Dakar, c’est une presqu’île, la ville n’est pas extensible. Et les réserves foncières coûtent de plus en plus cher. Les nouvelles autorités ont créé des pôles urbains. On essaie de sortir de Dakar et d’aller dans des zones vierges et d’aménager des terrains pour la construction. Nous avons eu la possibilité lors du symposium de Dakar de visiter le pôle urbain de Djamiadjo qui constitue près de 900 hectares destinés à la construction de logements. Ce qui signifie que nous avons de quoi à réaliser environ 50.000 logements dans les cinq prochaines années. Et c’est ainsi qu’il faut développer les villes de l’intérieur, transférer l’activité économique dans les villes de l’intérieur. Pour désengorger les capitales. La construction des autoroutes permet également, en rendant les distances moins longues, de baisser le prix du logement. Car les arbitrages que les gens font consistent à habiter non loin de leur lieu de travail pour payer plus cher ou d’habiter loin, mais de pouvoir venir vite au travail. L’un dans l’autre, cela a une pression sur le coût du logement.
Qu’est-ce que le Sénégal peut apporter à la Côte d’Ivoire en termes d’expertise dans une union sous-régionale ?
C’est un échange. Les problèmes de logements ne sont pas liés à l’ancienneté. La Côte d’Ivoire a une avance au niveau des acteurs du logement, notamment les promoteurs immobiliers. Ces derniers sont expérimentés et outillés. Au Sénégal, la banque a 35 ans, mais nous avons à peine cinq ou six promoteurs qui sont des professionnels. Le reste ce sont des hommes d’affaires ou des personnes qui ont des assiettes foncières et qui s’érigent en promoteurs immobiliers. Il faut un important travail de formation et de sensibilisation car les populations qui achètent ne doivent pas être lésées deux fois. C’est-à-dire acheter un logement à un prix faible parce qu’on n’a pas les moyens d’acheter plus et qu’on achète quelque chose qui n’est pas de qualité. Le prix ne doit pas avoir d’incidence sur la qualité dans ce contexte. Le logement est évolutif. Aujourd’hui on a besoin d’avoir des professionnels. Et la Côte d’Ivoire a des professionnels. Il y a une volonté politique marquée avec de grands chantiers qui est une commande publique. Le reste est un problème de financement. Il faut juste trouver où construire et ce que construire. L’association permet d’aider les autres partenaires des banques à se former et mutualiser les efforts de formation et partager nos expériences. L’avantage c’est que nous ne sommes pas concurrents. Nos divergences et nos différences nous permettront de faire notre force. Nous allons nous enrichir de nos divergences. Nous avons le même métier et les mêmes cibles.
Réalisée par Ahua K.I
Quel accompagnement l’Etat sénégalais apporte à la Banque sénégalaise de l’habitat ?
C’est l’Etat du Sénégal qui a décidé de la création de la Banque sénégalaise de l’habitat (Bhs) depuis 1979, dont les opérations ont démarré en 1980. L’Etat du Sénégal est actionnaire unique. Il a mis en place une dotation initiale. L’Etat a organisé le secteur et la Bhs n’est qu’un maillon de toute la politique du logement. Cette banque s’occupe de l’aspect du financement. Cela prend en compte la présence des acteurs pour réaliser le logement, l’aménagement des terrains, la présence de l’Etat pour ce qui concerne la fiscalité. C’est toute cette politique cohérente qui a amené à avoir des résultats que l’on sait depuis 25 ans.
En clair, de quel soutien financier cette institution de crédit a-t-elle bénéficié de l’Etat pour réaliser ce résultat ?
Il y a tout d’abord la dotation initiale de l’Etat. Il y a ensuite eu un fonds d’appui qui a été mis à la disposition de cette institution de crédit pour bonifier et consolider les taux appliqués aux ménages économiquement faibles. Une politique d’exonération fiscale afin de consolider la politique sur certains prix de logement à bas prix.
Quel bilan faites-vous de l’impact du financement de votre banque sur les logements sociaux dans votre pays?
Depuis sa création, à peu près 100.000 ménages ont été financés pour près de 200 milliards FCfa d’investissements. Ces deux chiffres traduisent une réalité concrète. Lorsque les ménages sont ainsi financés, c’est un besoin familial qui est comblé.
Quelle est aujourd’hui la réalité du logement au Sénégal ?
Les prix des logements sont de plus en plus élevés. Parce que les assiettes foncières sont de plus en plus chères. Les moyens et les matériaux utilisés sont importés et coûtent cher même si les taux d’intérêts des banques diminuent. C’est cela le facteur prix. Dans les pays comme les nôtres, au-delà des bailleurs de fonds, il faut que les acteurs puissent produire les matériels locaux qui vont dans nos maisons. Car l’essentiel est importé. En plus, ces usines sont détenues par des opérateurs étrangers. Les intrants sont importés. L’idéal aurait été que ces matériaux (l’électricité, le carrelage..) soient produits sur place. Parce que ces produits subissent des impôts liés à l’importation. C’est le consommateur final qui paie et qui subit, les coûts étant répercutés.
Pensez vous que la Bhs ait pu réduire le déficit en logements ?
C’est un déficit qui ne peut pas disparaître. Nous sommes des professionnels. Il ne s’agit ni de dire aux Ivoiriens, ni aux Sénégalais qu’ils doivent être propriétaires de leur logement. Plutôt, il faut que chacun ait un logement décent et trouve où habiter. Les gens qui peuvent l’acquérir, l’achètent, ceux qui ne peuvent pas, le louent. Des logements destinés à la location pourront être construits afin de jouer sur le prix de la location à la baisse. Il faudrait que les gens dissocient le logement nécessaire dans le lieu de travail et le logement nécessaire lorsqu’on est plus en activité et qu’on aspire à une bonne retraite. Cela signifie que nos banques doivent avoir des ressources nécessaires et des ressources pour financer l’accès direct à la propriété et des ressources pour financer le locatif social. Cela consiste à construire des logements en quantité destinés à la location à des prix contrôlés. Cela permettra à tous les concitoyens d’habiter un logement décent, de payer un loyer modéré en attendant d’être propriétaires de leurs logements.
À combien peut-on estimer le déficit dans votre pays?
Les chiffres varient d’un pays à un autre. Au Sénégal, on nous parle de 200 à 300 mille logements par an pour réduire le déficit. Mais nous sommes des banquiers. Est-ce des déficits par rapport aux logements ? Dans ce lot, il faut prendre ceux qui sont solvables. Parce qu’il y a des gens qui ne travaillent pas, qui n’ont pas de revenus, qui n’ont pas de moyens de se loger. En termes de demande, cela doit être clarifié. À savoir s’il s’agit de la demande solvable ou pas. Une chose est certaine, le besoin est de loin supérieur à la production.
Quelle est la situation de la pression foncière dans votre pays?
Il y a la situation de Dakar et des autres régions. Dakar, c’est une presqu’île, la ville n’est pas extensible. Et les réserves foncières coûtent de plus en plus cher. Les nouvelles autorités ont créé des pôles urbains. On essaie de sortir de Dakar et d’aller dans des zones vierges et d’aménager des terrains pour la construction. Nous avons eu la possibilité lors du symposium de Dakar de visiter le pôle urbain de Djamiadjo qui constitue près de 900 hectares destinés à la construction de logements. Ce qui signifie que nous avons de quoi à réaliser environ 50.000 logements dans les cinq prochaines années. Et c’est ainsi qu’il faut développer les villes de l’intérieur, transférer l’activité économique dans les villes de l’intérieur. Pour désengorger les capitales. La construction des autoroutes permet également, en rendant les distances moins longues, de baisser le prix du logement. Car les arbitrages que les gens font consistent à habiter non loin de leur lieu de travail pour payer plus cher ou d’habiter loin, mais de pouvoir venir vite au travail. L’un dans l’autre, cela a une pression sur le coût du logement.
Qu’est-ce que le Sénégal peut apporter à la Côte d’Ivoire en termes d’expertise dans une union sous-régionale ?
C’est un échange. Les problèmes de logements ne sont pas liés à l’ancienneté. La Côte d’Ivoire a une avance au niveau des acteurs du logement, notamment les promoteurs immobiliers. Ces derniers sont expérimentés et outillés. Au Sénégal, la banque a 35 ans, mais nous avons à peine cinq ou six promoteurs qui sont des professionnels. Le reste ce sont des hommes d’affaires ou des personnes qui ont des assiettes foncières et qui s’érigent en promoteurs immobiliers. Il faut un important travail de formation et de sensibilisation car les populations qui achètent ne doivent pas être lésées deux fois. C’est-à-dire acheter un logement à un prix faible parce qu’on n’a pas les moyens d’acheter plus et qu’on achète quelque chose qui n’est pas de qualité. Le prix ne doit pas avoir d’incidence sur la qualité dans ce contexte. Le logement est évolutif. Aujourd’hui on a besoin d’avoir des professionnels. Et la Côte d’Ivoire a des professionnels. Il y a une volonté politique marquée avec de grands chantiers qui est une commande publique. Le reste est un problème de financement. Il faut juste trouver où construire et ce que construire. L’association permet d’aider les autres partenaires des banques à se former et mutualiser les efforts de formation et partager nos expériences. L’avantage c’est que nous ne sommes pas concurrents. Nos divergences et nos différences nous permettront de faire notre force. Nous allons nous enrichir de nos divergences. Nous avons le même métier et les mêmes cibles.
Réalisée par Ahua K.I