Ces dernières années, plus que tout autre, le coupé-décalé a été le rythme musical le plus critiqué. Contre vents et marées, cette sonorité a fait son trou dans le paysage musical ivoirien.
Même si cela n’était pas l’objet du livre, ‘’L’agonie du jardin (…)’’, de Tiburce Koffi, paru aux éditions Nei/Ceda, il n’a pas manqué de décocher au passage des flèches ‘’furieuses’’ au zouglou et surtout au coupé-décalé. Pour l’auteur, la musique de Doug Saga est une bizarrerie artistique qui fait preuve d’un minimalisme musical inacceptable. En somme, comme il le dit lui-même, c’est une musique crétinisante. Et oui, écouter le coupé-décalé, c’est devenir ou encore se rendre crétin. Mais, la position de l’écrivain est malheureusement partagée par nombre de personnes. ‘’Les Dj ne sont pas des artistes’’, ‘’ le coupé-décalé n’est pas une musique, c’est du bruit’’, ‘’les faiseurs de coupé-décalé n’ont pas de texte’’, ‘’une musique sans mélodie’’, ‘’ils ne savent pas et ne peuvent pas jouer en live’’. Voici à peu près les récurrences de leurs discours. Il y a ensuite, dans la campagne de dénigrement de cette musique, l’image d’arnaqueurs qu’on a vite fait de coller à tous les aficionados du coupé-décalé. Souvenons-nous que Doug Saga et sa clique, les précurseurs de ce mouvement, avaient la réputation de mauvais garçons régulièrement trempés dans de salles histoires à Paris. Aujourd’hui, il y a le phénomène des brouteurs, ces délinquants cybernétiques, qui se sont approprié cette musique. Tout cela concourt à décrédibiliser davantage le coupé-décalé dans le paysage musical et culturel ivoirien voire africain.
Qui me critique m’enrichit…
La structure GV communication a tenu le pari, il y a quelques années, de remplir plusieurs stades au Burkina Faso mais aussi ici à Abidjan, le palais de la culture avec des noms comme Dj Arafat ou encore Debordo leekunfa. Arafat n’a pas manqué de rafler sur deux éditions consécutives la prestigieuse distinction des Koras, ce qui fait de lui aujourd’hui, le plus grand et le meilleur artiste du moment. Abou Nidal est reçu en audience par des présidents africains. Le travail de Serges Beynaud, qui chevauche le vieux continent comme le nouveau, armé de sa musique, l’a fait coopter dans l’écurie de mister BBlack, David Monsoh, au même titre qu’un certain Fally Ipupa. Dj Mix, Kedjevara, Dj Léo et bien d’autres remplissent, les yeux fermés, le palais de la culture. La musique coupé-décalé est la plus demandée sur le marché du spectacle. Alors, que reste-il des arguments des pourfendeurs de cette musique ? Il est vrai que la musique coupé-décalé, à son avènement, a connu un certain balbutiement dans sa structuration. Mais faut-il croire que c’est l’apanage de tout nouveau-né ? Architecturée à ses débuts sur une musique d’emprunt, la musique congolaise, et vilainement suturée par une armée de samples discordants, le coupé-décalé est en train de faire sa mue. En grande partie grâce aux critiques farouches d’un public somme toute exigeant. Mais aussi grâce à cette concurrence apparemment stupide que se livrent les artistes eux-mêmes. L’artiste Jean-Jacques Domoraud confiait un jour, à l’occasion de la sortie de son dernier opus, qu’il avait dû apprendre véritablement à chanter. C’est le cas de Lino Versace et bien d’autres, qui prennent désormais des cours de chant. Les artistes se sont mis au travail. Leurs compositions sont plus authentiques, plus originales, même si elles n’ont pas encore atteint la perfection philarmonique d’une musique élaborée sur les canons du solfège. Mais, il faut se rappeler que dans les années 80, aux Etats-Unis, comment le rap a été attaqué voire méprisé parce que ce n’était rien d’autre que des paroles saccadées aux antipodes d’une combinaison de sons agréable à l’ouïe ! Chez nous, en 90, le zouglou auquel on déroule le tapis rouge sur la scène internationale aujourd’hui, a connu les affres du mépris et de la déconsidération d’une population d’esthètes et de puristes qui n’ont pas su lire les signes de nouveaux soleils, de nouvelles époques porteuses de génies et de nouvelles créations qui authentifient ces époques, les révolutionnent, les singularisent, les particularisent… Alors, doit-on continuer de lyncher cette musique avec nos vilains mots ? Laissons nos réactions épidermiques, car comme l’épiderme, elles sont superficielles et ne quêtent pas en profondeur le génie opérant de cette musique. Ne doit-on pas tous soutenir cette digne ambassadrice de la Côte d’Ivoire en criant tous: Vive le coupé-décalé?
Constant Guei
Même si cela n’était pas l’objet du livre, ‘’L’agonie du jardin (…)’’, de Tiburce Koffi, paru aux éditions Nei/Ceda, il n’a pas manqué de décocher au passage des flèches ‘’furieuses’’ au zouglou et surtout au coupé-décalé. Pour l’auteur, la musique de Doug Saga est une bizarrerie artistique qui fait preuve d’un minimalisme musical inacceptable. En somme, comme il le dit lui-même, c’est une musique crétinisante. Et oui, écouter le coupé-décalé, c’est devenir ou encore se rendre crétin. Mais, la position de l’écrivain est malheureusement partagée par nombre de personnes. ‘’Les Dj ne sont pas des artistes’’, ‘’ le coupé-décalé n’est pas une musique, c’est du bruit’’, ‘’les faiseurs de coupé-décalé n’ont pas de texte’’, ‘’une musique sans mélodie’’, ‘’ils ne savent pas et ne peuvent pas jouer en live’’. Voici à peu près les récurrences de leurs discours. Il y a ensuite, dans la campagne de dénigrement de cette musique, l’image d’arnaqueurs qu’on a vite fait de coller à tous les aficionados du coupé-décalé. Souvenons-nous que Doug Saga et sa clique, les précurseurs de ce mouvement, avaient la réputation de mauvais garçons régulièrement trempés dans de salles histoires à Paris. Aujourd’hui, il y a le phénomène des brouteurs, ces délinquants cybernétiques, qui se sont approprié cette musique. Tout cela concourt à décrédibiliser davantage le coupé-décalé dans le paysage musical et culturel ivoirien voire africain.
Qui me critique m’enrichit…
La structure GV communication a tenu le pari, il y a quelques années, de remplir plusieurs stades au Burkina Faso mais aussi ici à Abidjan, le palais de la culture avec des noms comme Dj Arafat ou encore Debordo leekunfa. Arafat n’a pas manqué de rafler sur deux éditions consécutives la prestigieuse distinction des Koras, ce qui fait de lui aujourd’hui, le plus grand et le meilleur artiste du moment. Abou Nidal est reçu en audience par des présidents africains. Le travail de Serges Beynaud, qui chevauche le vieux continent comme le nouveau, armé de sa musique, l’a fait coopter dans l’écurie de mister BBlack, David Monsoh, au même titre qu’un certain Fally Ipupa. Dj Mix, Kedjevara, Dj Léo et bien d’autres remplissent, les yeux fermés, le palais de la culture. La musique coupé-décalé est la plus demandée sur le marché du spectacle. Alors, que reste-il des arguments des pourfendeurs de cette musique ? Il est vrai que la musique coupé-décalé, à son avènement, a connu un certain balbutiement dans sa structuration. Mais faut-il croire que c’est l’apanage de tout nouveau-né ? Architecturée à ses débuts sur une musique d’emprunt, la musique congolaise, et vilainement suturée par une armée de samples discordants, le coupé-décalé est en train de faire sa mue. En grande partie grâce aux critiques farouches d’un public somme toute exigeant. Mais aussi grâce à cette concurrence apparemment stupide que se livrent les artistes eux-mêmes. L’artiste Jean-Jacques Domoraud confiait un jour, à l’occasion de la sortie de son dernier opus, qu’il avait dû apprendre véritablement à chanter. C’est le cas de Lino Versace et bien d’autres, qui prennent désormais des cours de chant. Les artistes se sont mis au travail. Leurs compositions sont plus authentiques, plus originales, même si elles n’ont pas encore atteint la perfection philarmonique d’une musique élaborée sur les canons du solfège. Mais, il faut se rappeler que dans les années 80, aux Etats-Unis, comment le rap a été attaqué voire méprisé parce que ce n’était rien d’autre que des paroles saccadées aux antipodes d’une combinaison de sons agréable à l’ouïe ! Chez nous, en 90, le zouglou auquel on déroule le tapis rouge sur la scène internationale aujourd’hui, a connu les affres du mépris et de la déconsidération d’une population d’esthètes et de puristes qui n’ont pas su lire les signes de nouveaux soleils, de nouvelles époques porteuses de génies et de nouvelles créations qui authentifient ces époques, les révolutionnent, les singularisent, les particularisent… Alors, doit-on continuer de lyncher cette musique avec nos vilains mots ? Laissons nos réactions épidermiques, car comme l’épiderme, elles sont superficielles et ne quêtent pas en profondeur le génie opérant de cette musique. Ne doit-on pas tous soutenir cette digne ambassadrice de la Côte d’Ivoire en criant tous: Vive le coupé-décalé?
Constant Guei