La musique et la littérature font partie de la grande famille de la culture. Quand la littérature sert à la musique, cela donne cette conjugaison qu’a choisi Usher Aliman pour nous produire une œuvre fascinante sur la vie du « concepteur du coupé-décalé : Douk Saga ».
Un livre sur le coupé-décallé ? Une autobiographie sur un artiste ? la dernière fois que j’avais vu dans ce genre, c’était celle écrite par le journaliste Léon Lébry Francis sur la vie de Lougah François. Celui dont il s’agit aujourd’hui est un livre sur la vie de l’artiste Douk Saga « créateur du coupé-décalé ». Il y a bien sur des similitudes tant sur le style d’écriture que sur la vie de ces deux artistes qui ont connu des moments de gloire avec un style de vie de consommation dispendieuse et une passion boulimique pour le luxe, mais malheureusement, une fin tragique.
Usher Aliman est un journaliste d’un magazine people qui a l’habitude d’écrire sur des sujets du monde du show-biz. Il a réalisé plusieurs interviews et certaines enquêtes sur les acteurs et concepteurs de ce concept depuis plusieurs années. Aujourd’hui, il a souhaité publier le fruit de ses enquêtes afin de le partager avec tous.
Le coupé- décalé s’inscrit dans notre identité culturelle, c’est notre patrimoine. Un livre sur son origine, ses motivations, ses acteurs, ses perspectives sont indispensables pour l’histoire. Usher Aliman ne s’est pas appuyé seulement sur ses anciennes interviews, il est allé à la source et a interrogé des personnes ressources. Il a mené une enquête sérieuse et a fait l’effort d’être le plus objectif possible.
On s’attend en ouvrant le livre à une histoire sur l’origine de Doukouré Stéphane dit Douk Saga pour être dans la logique du titre de l’œuvre, mais ce n’est pas le cas. L’auteur aborde un bref chapitre sur sa mort, les conflits internes de son groupe pendant les obsèques qui ont valu l’humiliation et presque le lynchage de Molare … Ensuite, il consacre les 5 chapitres suivants à la vie de Maury Féré dit « Le Molare ». C’est après qu’on comprend que ce choix se justifie dans l’histoire centrale du livre où l’un des conflits qui a perduré entre Douk Saga et ses amis était parce qu’il s’arrogeait le titre de « créateur du coupé-décalé ». Pourtant il n’en était pas le cas et l’on peut dire selon la description que fait l’auteur, que Le Molare était la pierre angulaire de ce concept.
Du chapitre II au chapitre V, l’auteur nous parle de l’adolescence de Maury Féré qui deviendra plus tard « Le Molare ». Ses crises d’adolescences de noceurs contraignent son père à le soumettre à la sanction de l’isoler de la famille, en l’envoyant poursuivre ses études en France. Il réussit à obtenir son diplôme de BTS en marketing, décide de soustraire de la dépendance financière de ses parents en gérant des activités souvent illégales. Il retrouve des amis Ivoiriens qu’il fréquente et qui partagent les mêmes passions et habitudes que lui. Ces derniers ont réussi à s’identifier parmi les autres nationalités, en créant leur propre style vestimentaire. A la page 37 : « A Paris on reconnaît désormais les membres du groupe à leurs fringues griffées et toujours prêt du corps. A leurs poches toujours bourrées de liasses d’euros. A leurs lunettes noires et au champagne qui coule à flots sur leur table en boîte de nuit et au maquis. Pour les déplacements à Paris chaque membre de la bande loue au moins une voiture de luxe… » : il s’agit de Maury Féré (Le Molare), Richard Koudougnon (Boro Sanguy), Siaka Kourouma (Chacoule le bachelor), Souleymane Koné (Solo Beton) , Alain Yoro (Lino Versace), Serge Phallet (Serge 2Phallet), Abdul Bamba (Abdul de Bamba), Lassina Bamba (Las des As), Bedel Atsé (Bedel Patassé). Ce sont eux les vrais précepteurs du concept coupé-décallé. Douk Saga ne viendra que plus tard par une immigration clandestine et intègrera le groupe grâce à son cousin, Siaka Kourouma en se faisant remarquer par son sens du défi. Le groupe prendra le nom de la Jet set.
L’auteur commence à parler de la vie de Douk Saga à partir du chapitre XII jusqu’au chapitre XXII : sa naissance, sa famille, sa vie scolaire, ses amitiés, son éducation, son immigration, son intégration en France, ses activités, le déclic de la musique et du succès, sa vie amoureuse, sa maladie et sa mort. Le leadership de Douk Saga s’impose progressivement bien qu’étant l’une des dernières recrues de ce groupe. Son complexe de supériorité et son égo démesuré donnent à l’auteur de mettre la main sur son origine, en fouillant l’enfance et l’adolescence de cet artiste. L’auteur décrit la vie de l’artiste dans ses moments de gloire qui se résume par son goût immodéré du luxe, ses conflits avec les membres de son groupe et les causes de ces conflits, sa vie de débauche par laquelle il contracta le VIH, cause de sa mort.
Le style d’écriture est simple et accessible, l’auteur a souvent recours au champ lexical du concept coupé décalé avec les explications dans les annotations. Les titres de certains chapitres de ce livre sont les citations de Douk Saga lors de ses prestations. L’on lit cette œuvre facilement avec un reflexe de n’être pour aucune raison dérangé.
L’avènement du coupé-décallé apparaît dans un contexte de pleine crise politique, militaire, économique et social en Côte d’Ivoire où les valeurs que nous cultivions ont été frénétiquement secouées. Des jeunes à l’avenir incertains, sans boussole ni repères, s’identifient automatiquement à ce jeune homme Douk Saga et adhèrent spontanément à son concept. La réussite facile, le m’as-tu-vu, l’exhibitionnisme matériel prêché objectivement et subjectivement dans les chansons et habitudes de cet artiste ont motivé les jeunes à un mimétisme sans borne. Le « travaillement » :une habitude qu’avait ce groupe de la jet set, à distribuer des billets de banque en quantité lors de la prestation d’un artiste, juste pour tirer une vanité de gloire, a motivé les jeunes à s’adonner en masse, au phénomène du « broutage » : une source de revenue par l’escroquerie qui au début se faisait sur les cartes bancaires, mais qui a pris une orientation d’homicide prémédité. Les conséquences de ce phénomène sont connues : vol, assassinat pour extraire des organes, afin de réaliser des sacrifices humains, insécurité, phénomène des « microbes » etc.
Ce livre est un miroir qui devra permettre aux jeunes de réaliser une introspection personnelle et sociale, d’évaluer les déviations collectives et d’éviter la répétition des erreurs du passé : telle est l’utilité de ce livre.
Yahn AKA
Un livre sur le coupé-décallé ? Une autobiographie sur un artiste ? la dernière fois que j’avais vu dans ce genre, c’était celle écrite par le journaliste Léon Lébry Francis sur la vie de Lougah François. Celui dont il s’agit aujourd’hui est un livre sur la vie de l’artiste Douk Saga « créateur du coupé-décalé ». Il y a bien sur des similitudes tant sur le style d’écriture que sur la vie de ces deux artistes qui ont connu des moments de gloire avec un style de vie de consommation dispendieuse et une passion boulimique pour le luxe, mais malheureusement, une fin tragique.
Usher Aliman est un journaliste d’un magazine people qui a l’habitude d’écrire sur des sujets du monde du show-biz. Il a réalisé plusieurs interviews et certaines enquêtes sur les acteurs et concepteurs de ce concept depuis plusieurs années. Aujourd’hui, il a souhaité publier le fruit de ses enquêtes afin de le partager avec tous.
Le coupé- décalé s’inscrit dans notre identité culturelle, c’est notre patrimoine. Un livre sur son origine, ses motivations, ses acteurs, ses perspectives sont indispensables pour l’histoire. Usher Aliman ne s’est pas appuyé seulement sur ses anciennes interviews, il est allé à la source et a interrogé des personnes ressources. Il a mené une enquête sérieuse et a fait l’effort d’être le plus objectif possible.
On s’attend en ouvrant le livre à une histoire sur l’origine de Doukouré Stéphane dit Douk Saga pour être dans la logique du titre de l’œuvre, mais ce n’est pas le cas. L’auteur aborde un bref chapitre sur sa mort, les conflits internes de son groupe pendant les obsèques qui ont valu l’humiliation et presque le lynchage de Molare … Ensuite, il consacre les 5 chapitres suivants à la vie de Maury Féré dit « Le Molare ». C’est après qu’on comprend que ce choix se justifie dans l’histoire centrale du livre où l’un des conflits qui a perduré entre Douk Saga et ses amis était parce qu’il s’arrogeait le titre de « créateur du coupé-décalé ». Pourtant il n’en était pas le cas et l’on peut dire selon la description que fait l’auteur, que Le Molare était la pierre angulaire de ce concept.
Du chapitre II au chapitre V, l’auteur nous parle de l’adolescence de Maury Féré qui deviendra plus tard « Le Molare ». Ses crises d’adolescences de noceurs contraignent son père à le soumettre à la sanction de l’isoler de la famille, en l’envoyant poursuivre ses études en France. Il réussit à obtenir son diplôme de BTS en marketing, décide de soustraire de la dépendance financière de ses parents en gérant des activités souvent illégales. Il retrouve des amis Ivoiriens qu’il fréquente et qui partagent les mêmes passions et habitudes que lui. Ces derniers ont réussi à s’identifier parmi les autres nationalités, en créant leur propre style vestimentaire. A la page 37 : « A Paris on reconnaît désormais les membres du groupe à leurs fringues griffées et toujours prêt du corps. A leurs poches toujours bourrées de liasses d’euros. A leurs lunettes noires et au champagne qui coule à flots sur leur table en boîte de nuit et au maquis. Pour les déplacements à Paris chaque membre de la bande loue au moins une voiture de luxe… » : il s’agit de Maury Féré (Le Molare), Richard Koudougnon (Boro Sanguy), Siaka Kourouma (Chacoule le bachelor), Souleymane Koné (Solo Beton) , Alain Yoro (Lino Versace), Serge Phallet (Serge 2Phallet), Abdul Bamba (Abdul de Bamba), Lassina Bamba (Las des As), Bedel Atsé (Bedel Patassé). Ce sont eux les vrais précepteurs du concept coupé-décallé. Douk Saga ne viendra que plus tard par une immigration clandestine et intègrera le groupe grâce à son cousin, Siaka Kourouma en se faisant remarquer par son sens du défi. Le groupe prendra le nom de la Jet set.
L’auteur commence à parler de la vie de Douk Saga à partir du chapitre XII jusqu’au chapitre XXII : sa naissance, sa famille, sa vie scolaire, ses amitiés, son éducation, son immigration, son intégration en France, ses activités, le déclic de la musique et du succès, sa vie amoureuse, sa maladie et sa mort. Le leadership de Douk Saga s’impose progressivement bien qu’étant l’une des dernières recrues de ce groupe. Son complexe de supériorité et son égo démesuré donnent à l’auteur de mettre la main sur son origine, en fouillant l’enfance et l’adolescence de cet artiste. L’auteur décrit la vie de l’artiste dans ses moments de gloire qui se résume par son goût immodéré du luxe, ses conflits avec les membres de son groupe et les causes de ces conflits, sa vie de débauche par laquelle il contracta le VIH, cause de sa mort.
Le style d’écriture est simple et accessible, l’auteur a souvent recours au champ lexical du concept coupé décalé avec les explications dans les annotations. Les titres de certains chapitres de ce livre sont les citations de Douk Saga lors de ses prestations. L’on lit cette œuvre facilement avec un reflexe de n’être pour aucune raison dérangé.
L’avènement du coupé-décallé apparaît dans un contexte de pleine crise politique, militaire, économique et social en Côte d’Ivoire où les valeurs que nous cultivions ont été frénétiquement secouées. Des jeunes à l’avenir incertains, sans boussole ni repères, s’identifient automatiquement à ce jeune homme Douk Saga et adhèrent spontanément à son concept. La réussite facile, le m’as-tu-vu, l’exhibitionnisme matériel prêché objectivement et subjectivement dans les chansons et habitudes de cet artiste ont motivé les jeunes à un mimétisme sans borne. Le « travaillement » :une habitude qu’avait ce groupe de la jet set, à distribuer des billets de banque en quantité lors de la prestation d’un artiste, juste pour tirer une vanité de gloire, a motivé les jeunes à s’adonner en masse, au phénomène du « broutage » : une source de revenue par l’escroquerie qui au début se faisait sur les cartes bancaires, mais qui a pris une orientation d’homicide prémédité. Les conséquences de ce phénomène sont connues : vol, assassinat pour extraire des organes, afin de réaliser des sacrifices humains, insécurité, phénomène des « microbes » etc.
Ce livre est un miroir qui devra permettre aux jeunes de réaliser une introspection personnelle et sociale, d’évaluer les déviations collectives et d’éviter la répétition des erreurs du passé : telle est l’utilité de ce livre.
Yahn AKA