Daloa - Le secteur du Tourisme dans la région du Haut-Sassandra, fortement impacté par la crise militaro-politique de 2002, avec l’absence de visiteurs et la désertion des hôtels reprend des couleurs depuis l’arrivée de la directrice régionale, Mme Koné Pélaouotéri Blandine, en 2007, qui lève un coin de voile sur ce secteur qu’elle dirige, estimant qu’il y a des avancées notables, dans cette interview accordée à l’AIP.
Depuis quand tenez-vous les rênes du secteur du Tourisme dans le Haut-Sassandra et comment se porte-t-il ?
Koné Pélaouoteri Blandine (KPB) : J’occupe ce poste depuis 2007. Je peux dire qu’il y a des avancées notables dans le secteur qui est le nôtre. Dans la mesure où quand j’arrivais à la tête de cette direction, il n’y avait vraiment pas grand-chose en termes d’activités touristiques.
Il n’y avait que la forêt des singes sacrés de Gbétitapéa, à 11 km de Daloa qu’on avait comme seul site à visiter. Mais aujourd’hui avec nos efforts de prospection, nous pouvons citer plusieurs autres sites tels que la ‘’Roche éléphant’’ de Brizéboua, située sur l’axe Vavoua à une douzaine de km de Daloa, qui existait sur papier mais n’était pas accessible, compte-tenu de certaines pesanteurs mystiques. Mais présentement il est accessible à tout le monde, suite à de longues négociations menées avec les propriétaires terriens. Puisque j’ai pris fonction ici en 2007, mais ce n’est qu’en 2013 que nous avons pu l’ouvrir.
Après la ‘’Roche éléphant’’ de Brizeboua, il y a aussi la ‘’Roche’’ de Wandaguhé, située à 2 km de l’ancien corridor sur l’axe Daloa-Issia. Il s’agit là d’une grotte installée par la communauté catholique au sommet d’une colline. Pour y accéder c’est vraiment un effort qu’il faut déployer comme le Christ qui a porté sa croix jusqu’à Golgotha. Nous amenons donc de plus en plus, les gens à visiter ce site. Cela leur permet de joindre l’utile à l’agréable, c’est-à-dire de pratiquer en même temps du sport, du tourisme lié au pèlerinage.
Par ailleurs, je gérais aussi dans un passé récent la région de la Marahoué, où nous avions également fait de la prospection et créé un festival de danses à Zuénoula, principalement dans la tribu Wadjè, dans le village centre de Binzra. Nous en avons fait deux éditions. Mais malheureusement les autres éditions n’ont pu avoir lieu pour des problèmes financiers, jusqu’à ce que la circonscription nous échappe. Mais nous espérons que nos successeurs pourront relancer ce projet parce que c’est une belle expérience qui mérite d’être poursuivie.
N’y a-t-il pas d’autres sites touristiques dans la Marahoué ?
KPB : Si, à Bonzi, nous avions aussi prospecté le confluent du Bandama, c’est-à-dire là où le Bandama rouge et le Bandama blanc se croisent. C’est un ‘’paradis terrestre’’, propice pour les sorties détentes, les pique-niques et même pour les célébrations de mariage et de Baptême. Il y a aussi les pierres taillées de Blablata situées au bord de la route entre les localités de Bouaflé et de Bonon.
Quels sont les défis que vous aviez à relever dans le Haut-Sassandra et la Marahoué quand les deux régions étaient sous votre autorité?
KPB : Dès mon arrivée, il fallait explorer les potentialités touristiques pour trouver des choses qui peuvent non seulement attirer les visiteurs venant d’autres cieux, mais de la population locale, notamment des Directeurs et chefs de services.
Ainsi, avons-nous ouvert plusieurs chantiers dont le site des ‘’Pierres taillées de Blablata, un projet inscrit en ce moment au PIB (Programme d’Investissement Public). Nous espérons qu’il sera élu pour être réalisé. Il s’agira de créer un restaurant au milieu de ces pierres et de proposer un parcours de santé, parce que les pierres sont disséminées à plusieurs endroits. Un parcours de santé permettra donc de relier les différents sites de ces pierres jusqu’à la grande roche qui peut être escaladée.
Maintenant sur l’axe Vavoua-Séguela, nous avons le Musée Raphaël, le seul du District Sassandra-Marahoué, qui existait mais n’était visité parce qu’il n’y avait pas de bons répondants sur place. Mais aujourd’hui nous avons des contacts permanents là-bas qui font que le site est visitable.
Ce musée est à près de 30 km de Séguela, mais dans la circonscription administrative de Vavoua. Il a la particularité de consigner tout ce que la Côte d’Ivoire regorge comme amulettes et gris-gris. Il a été conçu par un missionnaire qui s’appelait Raphaël. Chaque fois qu’il convertissait un adepte, il le convainquait de déposer tout ce qu’il avait de mystique, de gris-gris. De sorte qu’il avait conservé dans une villa des amulettes de tous genres issues de toutes les régions de Côte d’Ivoire. Ce musée se trouve dans le village d’Alladjékro, au pied d’une montagne dont l’histoire se confond à celle du musée.
Par ailleurs, nous avons prospecté cette année le village d’Agourayo comme étant un site culturel qui devrait gagner en notoriété. C’est un village typique qui se trouve sur l’axe Issia-Saioua (dans la sous-préfecture de Saioua), où les populations ont su conserver un certain nombre de pratiques traditionnelles.
Là-bas, l’on peut vous offrir le spectacle de la pêche traditionnelle où les femmes sont au bord de l’étang et les hommes au centre, font des plongeons pour disperser les poissons afin que les femmes les recueillent. Ces populations ont aussi la capacité de vous démontrer la pratique d’abattage d’arbre à l’ancienne, le tissage de filets de pêche avec de simples feuilles de palme, des jeux traditionnels de dames, qui tendent à disparaître.
Nous voulons aussi au niveau du village de Liabo, situé sur l’axe Daloa-Zoukougbeu, instituer une fête traditionnelle à célébrer chaque année à travers la sortie de la danse des panthères, tout comme dans le village de Tahiraguhé, de feu Ernesto Djédjé, où nous voulons également créer un site culturel où l’on pourrait à tout moment prester du ‘’Ziglibitty’’ originel. Ce sont là autant de chantiers à vulgariser, mais sachez qu’en matière de tourisme la prospection ne finit jamais.
Quand bien même nous sommes à la recherche permanente de la valorisation de nos sites et de leur conservation, disons que la région comporte des attraits touristiques qui méritent d’être découverts.
A ce niveau, il y a entre autres le centre artisanal de Daloa qui regroupe des sculpteurs de bois, d’ivoire, des bijoutiers, des cordonniers et autres marchands de différents objets d’art etc.
Concernant les établissements hôteliers, li y a aujourd’hui un bon répertoire de bâtiments décents permettant d’offrir des services de qualité avec une estimation d’environ un millier de chambres. Comme quoi, le tourisme dans le Haut-Sassandra fait son petit bonhomme de chemin et entend émerger pour être un secteur porteur d’emplois à l’instar du secteur primaire qu’est l’agriculture.
Interview réalisée par Bernard Yao Yoboué (AIP) Daloa
Akn/ASK
Depuis quand tenez-vous les rênes du secteur du Tourisme dans le Haut-Sassandra et comment se porte-t-il ?
Koné Pélaouoteri Blandine (KPB) : J’occupe ce poste depuis 2007. Je peux dire qu’il y a des avancées notables dans le secteur qui est le nôtre. Dans la mesure où quand j’arrivais à la tête de cette direction, il n’y avait vraiment pas grand-chose en termes d’activités touristiques.
Il n’y avait que la forêt des singes sacrés de Gbétitapéa, à 11 km de Daloa qu’on avait comme seul site à visiter. Mais aujourd’hui avec nos efforts de prospection, nous pouvons citer plusieurs autres sites tels que la ‘’Roche éléphant’’ de Brizéboua, située sur l’axe Vavoua à une douzaine de km de Daloa, qui existait sur papier mais n’était pas accessible, compte-tenu de certaines pesanteurs mystiques. Mais présentement il est accessible à tout le monde, suite à de longues négociations menées avec les propriétaires terriens. Puisque j’ai pris fonction ici en 2007, mais ce n’est qu’en 2013 que nous avons pu l’ouvrir.
Après la ‘’Roche éléphant’’ de Brizeboua, il y a aussi la ‘’Roche’’ de Wandaguhé, située à 2 km de l’ancien corridor sur l’axe Daloa-Issia. Il s’agit là d’une grotte installée par la communauté catholique au sommet d’une colline. Pour y accéder c’est vraiment un effort qu’il faut déployer comme le Christ qui a porté sa croix jusqu’à Golgotha. Nous amenons donc de plus en plus, les gens à visiter ce site. Cela leur permet de joindre l’utile à l’agréable, c’est-à-dire de pratiquer en même temps du sport, du tourisme lié au pèlerinage.
Par ailleurs, je gérais aussi dans un passé récent la région de la Marahoué, où nous avions également fait de la prospection et créé un festival de danses à Zuénoula, principalement dans la tribu Wadjè, dans le village centre de Binzra. Nous en avons fait deux éditions. Mais malheureusement les autres éditions n’ont pu avoir lieu pour des problèmes financiers, jusqu’à ce que la circonscription nous échappe. Mais nous espérons que nos successeurs pourront relancer ce projet parce que c’est une belle expérience qui mérite d’être poursuivie.
N’y a-t-il pas d’autres sites touristiques dans la Marahoué ?
KPB : Si, à Bonzi, nous avions aussi prospecté le confluent du Bandama, c’est-à-dire là où le Bandama rouge et le Bandama blanc se croisent. C’est un ‘’paradis terrestre’’, propice pour les sorties détentes, les pique-niques et même pour les célébrations de mariage et de Baptême. Il y a aussi les pierres taillées de Blablata situées au bord de la route entre les localités de Bouaflé et de Bonon.
Quels sont les défis que vous aviez à relever dans le Haut-Sassandra et la Marahoué quand les deux régions étaient sous votre autorité?
KPB : Dès mon arrivée, il fallait explorer les potentialités touristiques pour trouver des choses qui peuvent non seulement attirer les visiteurs venant d’autres cieux, mais de la population locale, notamment des Directeurs et chefs de services.
Ainsi, avons-nous ouvert plusieurs chantiers dont le site des ‘’Pierres taillées de Blablata, un projet inscrit en ce moment au PIB (Programme d’Investissement Public). Nous espérons qu’il sera élu pour être réalisé. Il s’agira de créer un restaurant au milieu de ces pierres et de proposer un parcours de santé, parce que les pierres sont disséminées à plusieurs endroits. Un parcours de santé permettra donc de relier les différents sites de ces pierres jusqu’à la grande roche qui peut être escaladée.
Maintenant sur l’axe Vavoua-Séguela, nous avons le Musée Raphaël, le seul du District Sassandra-Marahoué, qui existait mais n’était visité parce qu’il n’y avait pas de bons répondants sur place. Mais aujourd’hui nous avons des contacts permanents là-bas qui font que le site est visitable.
Ce musée est à près de 30 km de Séguela, mais dans la circonscription administrative de Vavoua. Il a la particularité de consigner tout ce que la Côte d’Ivoire regorge comme amulettes et gris-gris. Il a été conçu par un missionnaire qui s’appelait Raphaël. Chaque fois qu’il convertissait un adepte, il le convainquait de déposer tout ce qu’il avait de mystique, de gris-gris. De sorte qu’il avait conservé dans une villa des amulettes de tous genres issues de toutes les régions de Côte d’Ivoire. Ce musée se trouve dans le village d’Alladjékro, au pied d’une montagne dont l’histoire se confond à celle du musée.
Par ailleurs, nous avons prospecté cette année le village d’Agourayo comme étant un site culturel qui devrait gagner en notoriété. C’est un village typique qui se trouve sur l’axe Issia-Saioua (dans la sous-préfecture de Saioua), où les populations ont su conserver un certain nombre de pratiques traditionnelles.
Là-bas, l’on peut vous offrir le spectacle de la pêche traditionnelle où les femmes sont au bord de l’étang et les hommes au centre, font des plongeons pour disperser les poissons afin que les femmes les recueillent. Ces populations ont aussi la capacité de vous démontrer la pratique d’abattage d’arbre à l’ancienne, le tissage de filets de pêche avec de simples feuilles de palme, des jeux traditionnels de dames, qui tendent à disparaître.
Nous voulons aussi au niveau du village de Liabo, situé sur l’axe Daloa-Zoukougbeu, instituer une fête traditionnelle à célébrer chaque année à travers la sortie de la danse des panthères, tout comme dans le village de Tahiraguhé, de feu Ernesto Djédjé, où nous voulons également créer un site culturel où l’on pourrait à tout moment prester du ‘’Ziglibitty’’ originel. Ce sont là autant de chantiers à vulgariser, mais sachez qu’en matière de tourisme la prospection ne finit jamais.
Quand bien même nous sommes à la recherche permanente de la valorisation de nos sites et de leur conservation, disons que la région comporte des attraits touristiques qui méritent d’être découverts.
A ce niveau, il y a entre autres le centre artisanal de Daloa qui regroupe des sculpteurs de bois, d’ivoire, des bijoutiers, des cordonniers et autres marchands de différents objets d’art etc.
Concernant les établissements hôteliers, li y a aujourd’hui un bon répertoire de bâtiments décents permettant d’offrir des services de qualité avec une estimation d’environ un millier de chambres. Comme quoi, le tourisme dans le Haut-Sassandra fait son petit bonhomme de chemin et entend émerger pour être un secteur porteur d’emplois à l’instar du secteur primaire qu’est l’agriculture.
Interview réalisée par Bernard Yao Yoboué (AIP) Daloa
Akn/ASK