Le gouvernement est-il à bout de souffle dans la traque aux sachets plastiques qu’il a engagée? Passée la période de craintes, certains opérateurs du secteur continuent de servir le marché abidjanais et de l’intérieur du pays en cachette, quand d’autres plus prétentieux le font au vu et au su de tous. Seules les grandes surfaces et les pharmacies respectent strictement la décision. Dans les rues d’Abidjan, on continue de rencontrer des véhicules chargés de sachets plastiques. Dans les boutiques et dans les rues, la vente se poursuit. Pourtant, le gouvernement avait pris, en mai 2013, un décret portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation et de l’utilisation des déchets plastiques en Côte d’Ivoire. Une décision qui est entrée en vigueur depuis le 08 novembre 2014. L’application du décret sur les sachets plastiques a été reportée pour laisser le temps aux entreprises productrices de ces matières d’évacuer leurs stocks. Cette interdiction concerne également toute personne prise en flagrant délit de déversement et rejet des sachets plastiques dans les rues et autres lieux publics, en milieu urbain et rural, dans les infrastructures des réseaux d’assainissement et de drainage, dans les cours et plans d’eau et leurs abords. Tout contrevenant étant passible de poursuites judiciaires, conformément à l’article 328 du code pénal, de la loi du 7 juillet 1998 portant protection de la santé publique et de l’environnement et de celle du 03 octobre 1996 portant code de l’environnement. Ce décret d’interdiction, selon les gouvernants, vise à améliorer le bien-être et la santé des populations et des animaux; lutter contre la pollution; préserver les ouvrages d'assainissement et les autres infrastructures; promouvoir la salubrité publique; faire la promotion es emballages biodégradables. «Il n’y a pas d’envie de tuer l’industrie du plastique en Côte d’Ivoire mais de la faire changer, de la faire muer vers des technologies modernes allant vers le biodégradable. L’objectif visé est d’endiguer les effets néfastes de ces sachets en termes de dégradation de la qualité de l’environnement, de la santé et de la qualité de vie des populations», s’est défendu en son temps le Premier ministre Kablan Duncan. Des commerçants exposent désormais leur stock au grand jour. De nombreuses personnes expliquent leur attachement au sachet du fait de la cherté des sacs biodégradables. «Ces emballages coûtent entre 500 et 800 F. Tous les consommateurs doivent désormais débourser entre 250 et 500 F pour avoir de l’eau à boire. Sur le plan social, c’est quatre-vingt sociétés qui disparaissent avec 200 milliards Fcfa de chiffres d’affaires. C’est également 50. 000 emplois directs et 65. 450 emplois indirects qui disparaissent.», relève le président de la Fédération ivoirienne des consommateurs ‘’le réveil’’, Soumahoro Ben Nfaly. De temps en temps, la brigade du ministère de la Salubrité procède à des opérations sporadiques sur le terrain. Mais la conviction générale est que cette autre loi est en train d’entrer dans le panthéon de ces décrets sans suite, comme il en fut de l’interdiction du téléphone au volant, du tabac dans les lieux publics ou encore de la circulation des véhicules aux vitres teintées… Les Ivoiriens ont constaté que ces décrets et arrêtés n’ont de durée de vie que le temps d’un Conseil de ministres.
A. TRAORE
A. TRAORE