Entreprendre c’est une initiative louable. Mais trouver les moyens pour traduire en acte ses projets est encore mieux. Pour financer les petits projets sans trop de difficulté, certaines personnes optent pour les tontines. Un business où tout le monde trouve son compte.
La tontine ou épargne traditionnelle est un business qui consiste pour un nombre de personnes à épargner ensemble un certain montant pour le donner à temps échu à un des participants pour lui permettre d’en jouir comme il l’entend soit de l’investir la plupart du temps dans une activité lucrative.Il existe deux types de tontines. Les tontines rotatives et les tontines à accumulation. Dans le premier cas, les participants d'une tontine s'engagent à verser une somme prédéterminée à une fréquence donnée. Pour chaque tour de versement, un des participants est désigné pour être le bénéficiaire des fonds des autres participants. A ce niveau, il y a deux modes de désignation du bénéficiaire, soit il y a tirage au sort avant chaque versement, soit le tirage au sort est fait une seule fois au début du cycle et les participants bénéficient des versements en fonction du numéro qu'ils ont tiré au sort. Ainsi lorsque tous les participants ont été bénéficiaires des fonds une fois, le cycle de la tontine est terminé. Pour le premier bénéficiaire, la tontine est comme un crédit. Pour le dernier participant, la tontine s'apparente à une épargne. Dans le second cas (tontines à accumulation), la cotisation des membres est confinée dans la caisse jusqu’ à ce que les membres décident de ce qu’ils vont en faire. En attendant, cette épargne peut être investie. Par ailleurs, dans les différents centres commerciaux, les marchés des différentes communes du territoire ivoirien, de nombreux jeunes (hommes ou femmes) s’adonnent volontiers à ce travail. Leur mission consiste à passer de magasin à magasin ou d’étal à étal pour recueillir de façon journalière une partie des recettes des commerçants. Les montants ainsi mis de côté varient de 100 à 10 000 F Cfa en fonction de l’importance de l’activité. Lorsque le commerçant lui donne le premier montant, le collecteur lui remet à son tour une carte. De ce fait à chaque passage, le collecteur va cocher dans la case correspondant au montant du jour. Il convient de noter que la carte peut être confiée au collecteur ou le commerçant peut décider de la garder. Tous les mois après la cotisation, le collecteur est rémunéré. Par exemple, si le commerçant cotise pour 1000 francs Cfa par jour à la fin du mois, le collecteur est rétribué à 1000 F Cfa. Pour une cible de 100 personnes, le collecteur aura un salaire mensuel de 100 000 francs Cfa. Mme Mariam Sylla, collectrice dans un marché de la place, affirme faire ce business depuis 7 ans. « Au début, j’ai commencé avec 50 personnes. Mais aujourd’hui, je garde la cotisation de plus de 200 commerçants », souligne-t-elle. Selon elle, c’est un business pas très fatiguant mais très rentable. « Je me retrouve en moyenne avec 200 000 F Cfa par mois », dit-elle le sourire aux lèvres avant d’expliquer que certains de ces épargnants paient 5 000 F Cfa par jour. Un collecteur à Adjamé, dont nous taisons volontairement le nom indique que c’est un business comme tout autre. « C’est un business et dans tout commerce, il faut de la rigueur et du sérieux », fait-il savoir. Selon lui, il est mieux rémunéré qu’un cadre de l’administration « J’ai une recette qui est comprise entre 200 000 et 300 000 F Cfa par mois », révèle-t-il tout en indiquant qu’avec son salaire, il a pu investir et devenir aujourd’hui propriétaires de plusieurs kiosques à café. Mme Djenéba K. précise pour sa part qu’avec la volonté, une personne peut réussir dans toute activité qu’elle soit petite ou grande « Cela fait seulement 2 ans que je collecte et garde les cotisations dans le cadre de la tontine. Avec ce que je gagne j’arrive à subvenir à mes besoins. Aujourd’hui j’ai un magasin de produits cosmétiques », dit-elle. Pour elle la confiance est le fer de lance de ce business. « Pour qu’une personne te donne son argent chaque jour, il faut qu’elle ait confiance en toi. Pour réussir, il faut donner le dû des commerçants à la période indiquée », conseille-t-elle. Elle explique que les clients espèrent utiliser leur gain à la fin de chaque mois. « Si par exemple, le client doit percevoir son gain aujourd’hui et qu’il ne voit pas le collecteur, il ne peut davantage lui faire confiance », explique t-elle précisant que si un tel cas se présente, l’image du collecteur sera ternie et les clients de facto s’orienteront vers les collecteurs plus sérieux et rigoureux.
Une bouffée d’oxygène
Outre les collecteurs qui réussissent à vivre de ce business, c’est une bouffée d’oxygène pour les personnes qui désirent entreprendre mais qui n’ont pas toujours les moyens nécessaires. C’est le cas de Mlle Dominique Léan qui affirme avoir commencé sa vente de beignets avec 50 000 F Cfa grâce à la tontine. « Aujourd’hui je vends les vêtements pour bébé au grand marché d’Abobo ». Cette jeune fille met l’accent sur la gestion efficace des fonds à disposition qui, selon elle, permet de prospérer dans une activité. « Avec l’argent que j’ai eu grâce à la tontine, j’ai pu progressivement économiser grâce à une gestion rigoureuse », fait-elle savoir. M. Seydou Koné, vendeur de téléphones portables au marché d’Angré explique, pour sa part, que la tontine qu’il a initiée avec ses amis lui a permis d’avoir la somme de 500 000 F Cfa pour asseoir sa petite entreprise. « Je conseille aux jeunes de faire la tontine. Avec la bonne foi, ils ne seront plus obligés de se tourner vers les banques pour espérer bénéficier de prêt », conseille-t-il. M. Ousmane, vendeur de produits cosmétique au grand marché d’Adjamé, soutient que c’est grâce à la tontine qu’aujourd’hui il est installé à son propre compte. « Grâce à la tontine, j’ai eu 600 000 F Cfa comme fonds de commerce », se réjouit-il, précisant que ce montant à été remboursé selon un échéancier défini de commun accord avec les épargnants de la tontine. « Lorsque tu réussis à avoir le financement souhaité, il est nécessaire de le rembourser correctement de sorte à permettre à d’autres personnes d’en bénéficier », exhorte-t-il. La particularité de la tontine c’est qu’elle épargne les adhérents de nombreux documents administratifs et règle surtout le problème d’aval dans le cadre d’un prêt bancaire et de garantie. Par ailleurs, il existe des tontines basées sur le matériel. Cette pratique est courante dans les associations. Ainsi, elle peut porter sur du savon, de l’huile, des sacs de riz, des pagnes etc.
Attentions aux brebis galeuses !
Toutes les personnes qui désirent entreprendre peuvent opter pour la tontine. Mais en prenant toutes les dispositions pour ne passe faire gruger. En effet, si certains responsables de tontines font montre d’honnêteté en respectant les engagements pris, force est de reconnaitre qu’il y a des brebis galeuses qui n’hésitent pas à prendre la clef des champs avec la cotisation de tout un groupe. Mlle Doriane Kouassi, commerçante qui en a fait les frais fustige le comportement d’une jeune dame commise pour garder leurs cotisations. « Nous étions 42 jeunes filles dans le cadre de la tontine et chacune devait se cotiser pour 10 000 F Cfa par mois. Une fois la cotisation terminée, la somme a été remise à une épargnante, cette dernière a disparu de la circulation » déplore t-elle. C’est pourquoi, elle insiste sur le fait que les personnes qui désirent adhérer à une tontine doivent vérifier l’identité des personnes avec lesquelles elles s’associent. M. Roger Koutoun, enseignant déplore quant à lui la mauvaise foi de certaines personnes apparemment honnêtes face à l’argent. « Nous nous sommes cotisés plus d’un millions de F Cfa et nous étions au nombre de quatre. Ayant été frappé par un deuil, je me suis rendu au village. Mon gain a donc été remis à mon meilleur. Je ne l’ai plus revu jusqu’à ce jour », a-t-t-il dénoncé. Cette situation a-t-t-il dit lui a enlevé l’envie de la tontine. Mme Traoré Koné, exerçant dans une pharmacie de la place raconte elle aussi sa mésaventure.« Enceinte, je devais accoucher dans le courant du mois de juillet. Je ne me faisais pas de soucis puisque je devais dans ce même mois entrer en possession de ma tontine estimé à 700 000 francs Cfa. Mais grande fut ma surprise de constater que l’enveloppe qui m’a été remise ne contenait que 300 000 F Cfa », déplore-t-elle. Elle explique n’avoir pas eu l’intégralité de son gain parce que quatre épargnantes avaient disparues de la circulation. « Depuis cette mésaventure, j’ai décidé d’ouvrir un compte d’épargne », souligne-t-elle.
Rosemonde Kouadio
La tontine ou épargne traditionnelle est un business qui consiste pour un nombre de personnes à épargner ensemble un certain montant pour le donner à temps échu à un des participants pour lui permettre d’en jouir comme il l’entend soit de l’investir la plupart du temps dans une activité lucrative.Il existe deux types de tontines. Les tontines rotatives et les tontines à accumulation. Dans le premier cas, les participants d'une tontine s'engagent à verser une somme prédéterminée à une fréquence donnée. Pour chaque tour de versement, un des participants est désigné pour être le bénéficiaire des fonds des autres participants. A ce niveau, il y a deux modes de désignation du bénéficiaire, soit il y a tirage au sort avant chaque versement, soit le tirage au sort est fait une seule fois au début du cycle et les participants bénéficient des versements en fonction du numéro qu'ils ont tiré au sort. Ainsi lorsque tous les participants ont été bénéficiaires des fonds une fois, le cycle de la tontine est terminé. Pour le premier bénéficiaire, la tontine est comme un crédit. Pour le dernier participant, la tontine s'apparente à une épargne. Dans le second cas (tontines à accumulation), la cotisation des membres est confinée dans la caisse jusqu’ à ce que les membres décident de ce qu’ils vont en faire. En attendant, cette épargne peut être investie. Par ailleurs, dans les différents centres commerciaux, les marchés des différentes communes du territoire ivoirien, de nombreux jeunes (hommes ou femmes) s’adonnent volontiers à ce travail. Leur mission consiste à passer de magasin à magasin ou d’étal à étal pour recueillir de façon journalière une partie des recettes des commerçants. Les montants ainsi mis de côté varient de 100 à 10 000 F Cfa en fonction de l’importance de l’activité. Lorsque le commerçant lui donne le premier montant, le collecteur lui remet à son tour une carte. De ce fait à chaque passage, le collecteur va cocher dans la case correspondant au montant du jour. Il convient de noter que la carte peut être confiée au collecteur ou le commerçant peut décider de la garder. Tous les mois après la cotisation, le collecteur est rémunéré. Par exemple, si le commerçant cotise pour 1000 francs Cfa par jour à la fin du mois, le collecteur est rétribué à 1000 F Cfa. Pour une cible de 100 personnes, le collecteur aura un salaire mensuel de 100 000 francs Cfa. Mme Mariam Sylla, collectrice dans un marché de la place, affirme faire ce business depuis 7 ans. « Au début, j’ai commencé avec 50 personnes. Mais aujourd’hui, je garde la cotisation de plus de 200 commerçants », souligne-t-elle. Selon elle, c’est un business pas très fatiguant mais très rentable. « Je me retrouve en moyenne avec 200 000 F Cfa par mois », dit-elle le sourire aux lèvres avant d’expliquer que certains de ces épargnants paient 5 000 F Cfa par jour. Un collecteur à Adjamé, dont nous taisons volontairement le nom indique que c’est un business comme tout autre. « C’est un business et dans tout commerce, il faut de la rigueur et du sérieux », fait-il savoir. Selon lui, il est mieux rémunéré qu’un cadre de l’administration « J’ai une recette qui est comprise entre 200 000 et 300 000 F Cfa par mois », révèle-t-il tout en indiquant qu’avec son salaire, il a pu investir et devenir aujourd’hui propriétaires de plusieurs kiosques à café. Mme Djenéba K. précise pour sa part qu’avec la volonté, une personne peut réussir dans toute activité qu’elle soit petite ou grande « Cela fait seulement 2 ans que je collecte et garde les cotisations dans le cadre de la tontine. Avec ce que je gagne j’arrive à subvenir à mes besoins. Aujourd’hui j’ai un magasin de produits cosmétiques », dit-elle. Pour elle la confiance est le fer de lance de ce business. « Pour qu’une personne te donne son argent chaque jour, il faut qu’elle ait confiance en toi. Pour réussir, il faut donner le dû des commerçants à la période indiquée », conseille-t-elle. Elle explique que les clients espèrent utiliser leur gain à la fin de chaque mois. « Si par exemple, le client doit percevoir son gain aujourd’hui et qu’il ne voit pas le collecteur, il ne peut davantage lui faire confiance », explique t-elle précisant que si un tel cas se présente, l’image du collecteur sera ternie et les clients de facto s’orienteront vers les collecteurs plus sérieux et rigoureux.
Une bouffée d’oxygène
Outre les collecteurs qui réussissent à vivre de ce business, c’est une bouffée d’oxygène pour les personnes qui désirent entreprendre mais qui n’ont pas toujours les moyens nécessaires. C’est le cas de Mlle Dominique Léan qui affirme avoir commencé sa vente de beignets avec 50 000 F Cfa grâce à la tontine. « Aujourd’hui je vends les vêtements pour bébé au grand marché d’Abobo ». Cette jeune fille met l’accent sur la gestion efficace des fonds à disposition qui, selon elle, permet de prospérer dans une activité. « Avec l’argent que j’ai eu grâce à la tontine, j’ai pu progressivement économiser grâce à une gestion rigoureuse », fait-elle savoir. M. Seydou Koné, vendeur de téléphones portables au marché d’Angré explique, pour sa part, que la tontine qu’il a initiée avec ses amis lui a permis d’avoir la somme de 500 000 F Cfa pour asseoir sa petite entreprise. « Je conseille aux jeunes de faire la tontine. Avec la bonne foi, ils ne seront plus obligés de se tourner vers les banques pour espérer bénéficier de prêt », conseille-t-il. M. Ousmane, vendeur de produits cosmétique au grand marché d’Adjamé, soutient que c’est grâce à la tontine qu’aujourd’hui il est installé à son propre compte. « Grâce à la tontine, j’ai eu 600 000 F Cfa comme fonds de commerce », se réjouit-il, précisant que ce montant à été remboursé selon un échéancier défini de commun accord avec les épargnants de la tontine. « Lorsque tu réussis à avoir le financement souhaité, il est nécessaire de le rembourser correctement de sorte à permettre à d’autres personnes d’en bénéficier », exhorte-t-il. La particularité de la tontine c’est qu’elle épargne les adhérents de nombreux documents administratifs et règle surtout le problème d’aval dans le cadre d’un prêt bancaire et de garantie. Par ailleurs, il existe des tontines basées sur le matériel. Cette pratique est courante dans les associations. Ainsi, elle peut porter sur du savon, de l’huile, des sacs de riz, des pagnes etc.
Attentions aux brebis galeuses !
Toutes les personnes qui désirent entreprendre peuvent opter pour la tontine. Mais en prenant toutes les dispositions pour ne passe faire gruger. En effet, si certains responsables de tontines font montre d’honnêteté en respectant les engagements pris, force est de reconnaitre qu’il y a des brebis galeuses qui n’hésitent pas à prendre la clef des champs avec la cotisation de tout un groupe. Mlle Doriane Kouassi, commerçante qui en a fait les frais fustige le comportement d’une jeune dame commise pour garder leurs cotisations. « Nous étions 42 jeunes filles dans le cadre de la tontine et chacune devait se cotiser pour 10 000 F Cfa par mois. Une fois la cotisation terminée, la somme a été remise à une épargnante, cette dernière a disparu de la circulation » déplore t-elle. C’est pourquoi, elle insiste sur le fait que les personnes qui désirent adhérer à une tontine doivent vérifier l’identité des personnes avec lesquelles elles s’associent. M. Roger Koutoun, enseignant déplore quant à lui la mauvaise foi de certaines personnes apparemment honnêtes face à l’argent. « Nous nous sommes cotisés plus d’un millions de F Cfa et nous étions au nombre de quatre. Ayant été frappé par un deuil, je me suis rendu au village. Mon gain a donc été remis à mon meilleur. Je ne l’ai plus revu jusqu’à ce jour », a-t-t-il dénoncé. Cette situation a-t-t-il dit lui a enlevé l’envie de la tontine. Mme Traoré Koné, exerçant dans une pharmacie de la place raconte elle aussi sa mésaventure.« Enceinte, je devais accoucher dans le courant du mois de juillet. Je ne me faisais pas de soucis puisque je devais dans ce même mois entrer en possession de ma tontine estimé à 700 000 francs Cfa. Mais grande fut ma surprise de constater que l’enveloppe qui m’a été remise ne contenait que 300 000 F Cfa », déplore-t-elle. Elle explique n’avoir pas eu l’intégralité de son gain parce que quatre épargnantes avaient disparues de la circulation. « Depuis cette mésaventure, j’ai décidé d’ouvrir un compte d’épargne », souligne-t-elle.
Rosemonde Kouadio
