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Afrique Publié le vendredi 18 décembre 2015 | La Tribune Ivoirienne

Burundi: L’Union Africaine hausse le ton contre NKurunziza

La situation au Burundi se détériore chaque jour un peu plus. De son côté la communauté internationale n’arrête pas de tirer la sonnette d’alarme sur le risque génocidaire vers lequel le pays s’achemine. Hier Jeudi c’est l’Ua qui a haussé le ton contre Bujumbura.
A chaque jour son lot de morts. C’est la situation qui prévaut en ce moment au Burundi tant le pays vit au rythme des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants hostiles au troisième mandat de Pierre N’Kurunziza. Et si l’actuel chef de l’Etat joue la carte de la sérénité face aux nombreux appels de détresse et aux condamnations de la communauté internationale, tout le monde est d’avis aujourd’hui pour reconnaître que le Burundi va mal et même très mal. La communauté internationale s’inquiète d’un retour des violences à grande échelle dans ce pays dont l’histoire post-coloniale est marquée par des massacres entre Hutu et Tutsi. Le secrétaire-général de l’Onu Ban Ki-Moon a même estimé mercredi que le Burundi était "au bord d’une guerre civile qui risque d’embraser toute la région". Il y a donc péril en la demeure. Si bien que même l’Union africaine qui avait averti en novembre que la crise burundaise pourrait avoir des "conséquences dévastatrices" pour le pays et pour la très instable région -des Grands lacs, mais qui s’était tout de même jusque-là cantonnée dans une position d’équilibriste en appelant toutes les parties en conflit au dialogue a fini par sortir de ses gongs. A l’issue d’une réunion qui s’est tenue hier jeudi à Addis-Abeba en Ethiopie, les Etats membres du Conseil de paix et de sécurité (Cps) de l’Union africaine (Ua) ont fait déclaré de ‘’façon ferme’’ au sujet de la situation au Burundi que « l’Afrique ne laissera pas un autre génocide se dérouler sur le continent ». Au cours de cette réunion largement consacrée à la situation au Burundi, voisin du Rwanda où en 1994 un génocide a fait e quelque un million morts, les membres du Cps ont débattu "de l’urgente nécessité de mesures pour mettre fin aux tueries", et une déclaration sur le Burundi est en cours de rédaction. Les ministres africains ont également été informés de l’état de préparation de la composante Est-africaine de la Force africaine en Attente (Faa) de l’Ua "pour un possible déploiement d’une force africaine au Burundi". Sage décision pourrait-on dire puisque, vu la dégradation quotidienne de la situation, l’Onu menace aussi de déployer des casques bleus si le Burundi replonge dans la violence. La communauté internationale a d’ailleurs appelé le gouvernement et l’opposition à se rencontrer "d’urgence" pour trouver une solution à la crise. Alors que la médiation ougandaise, amorcée en juillet, peine à trouver des solutions, l’Union africaine et l’ONU ont donc choisi d’accentuer la pression sur le Burundi avec des objectifs clairs. L’enjeu est de pousser le régime à revenir à la négociation, d’aboutir à la création d’un gouvernement d’union nationale et, in fine, à la tenue d’élections.

Guerre civile à huis-clos
90 morts dans les rues de Bujumbura. Le vendredi 11 décembre, des groupes d’opposition armés ont attaqué simultanément trois camps militaires de la capitale burundaise, entraînant des affrontements avec le pouvoir qui se sont poursuivis toute la nuit. Le conflit venait ainsi de franchir un nouveau cap avec des combats sanglants qui ont de nouveau frappé Bujumbura dont les rues sont désormais habituées à être jonchées de cadavres. Selon l’armée, le bilan de ces incidents - les plus sanglants depuis la tentative de putsch de la mi-mai s’élève à près de 90 morts, parmi lesquels 79 opposants armés, qualifiés d’’ennemis" par le pouvoir ainsi que huit soldats et policiers. Samedi matin, des dizaines de corps ont été découverts dans les rues de quartiers réputés pour leur opposition au chef de l’État. Certains avaient les bras liés derrière le dos, d’autres avaient été tués à bout portant, ont rapporté des témoins. Et pour beaucoup, on assiste actuellement à la reproduction des prémices de la guerre civile qu’a déjà connue le Burundi avec des assassinats et des arrestations ciblés, la constitution de groupes armés et une stratégie de confrontation. Les craintes d’un embrasement sont telles que les États-Unis ont recommandé à tous leurs ressortissants "de ne pas se rendre au Burundi et à ceux qui s’y trouvent de partir aussi rapidement que possible". En novembre, l’Union européenne (Ue) avait déjà décidé d’évacuer les familles et des personnels non essentiels de sa délégation au Burundi. La Belgique avait "conseillé" à ses ressortissants de partir. Les Ong sur place craignent un pourrissement de la situation qui pourrait s’avérer funeste. Pour rappel, le Burundi a plongé dans une profonde crise politique émaillée de graves violences depuis la candidature fin avril de son président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat que l’opposition, la société civile et une partie de son propre camp estiment contraire à la Constitution et à l’Accord d’Arusha ayant permis la fin de la guerre civile (1993-2006) entre l’armée dominée alors par la minorité tutsi et des rébellions hutu. La mise en échec d’un coup d’Etat à la mi-mai, la répression brutale de six semaines de manifestations quasi-quotidiennes à Bujumbura à la mi-juin et la réélection de Nkurunziza lors d’un scrutin controversé à la mi-juillet, n’ont pas empêché l’intensification des violences. Des armes ont été introduites dans les quartiers contestataires et les attaques sont quasi-quotidiennes contre la police, de son côté accusée par les défenseurs des droits de l’Homme d’usage disproportionné de la force, d’arrestations arbitraires, de tortures, ainsi que de nombreuses exécutions extrajudiciaires.

Mireille Patricia Abié
Correspondante
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