Médecin généraliste à l’hôpital central de la ville Toumodi, dans le centre ivoirien, Jean Moïse Koffi est chargé de déceler l’âge réel des personnes qui viennent se faire enregistrer au cours des audiences foraines dans le département. Et les méthodes pour y arriver ne manquent pas.
Associé à une équipe de la section du Tribunal de Toumodi (environ 184 km d’Abidjan), c’est très souvent par un simple regard porté de la tête au pied du pétitionnaire se trouvant en face de lui que M. Koffi, diplômé de médecine à l’université d’Abidjan commence ses détections, sans recourir à un examen sanguin ou un test d’ADN.
Les audiences foraines sont une procédure administrative permettant aux personnes n’ayant jamais été déclaré dans aucun Etat civil depuis leur naissance de se faire établir des papiers.
Comme pour ce fait, il faut obligatoirement connaître leur âge, avec une marge d’erreur autorisée de plus ou moins deux ans, "je suis donc chargé de cette mission, sur la base de quelques techniques scientifiques et de certaines questions que je leur pose", clame avec un air de fierté le jeune médecin de 36 ans.
Loin des gestes habituels (consultation, conseils, ordonnance) auxquels il soumet d’ordinaire ses patients, il se fie cette fois au diamètre du poignet (qui rétréci avec l’âge), l’aspect des poils du pubis (qui durcissent au fil des années), et à un degré moindre la teinte des yeux (qui perdent leur éclat chaque année).
A Attiégouakro, petite localité située à 15 km à l’Est de Yamoussoukro (centre) où l’équipe des audiences foraines a posé en fin juillet ses registres, Aya Brahim, une femme visiblement âgée, mais qui dit avoir 44 ans a été surprise "des méthodes" de Jean Moïse Koffi, 1,70 mètres, l’air enjoué, vêtu d’un pantalon tissu et d’une chemise pagne.
"Tu es plus âgé que ça maman !", lui a dit sans détour sur un ton décontracté et taquin le "détecteur d’âge", assis à son aise dans une chaise en plastique.
"C’est vrai que tu travailles beaucoup au champ, mais tu pourrais avoir 60 ans et plus", lui a fait savoir M. Koffi qui n’a pas arrêté de scruter du regard la vieille dame qu’il tenait par les mains, "pour créer l’impression d’une intimité", mais plus "pour sentir l’accélération de son pool au cas où elle mentirait", a-t-il confié.
Si pour estimer l’âge de Aya qui a finalement reconnu être née vers 1950, le médecin s’est basé sur certains aspects physiques tels que la qualité de ses cheveux "grisonnant et très brillant", l’aspect de sa peau "beaucoup ridée et flasque, surtout au niveau de son cou", le contour de ses yeux "légèrement enfoncés dans leur orbite", il a recours à d’autres approches complémentaires chez des personnes plus jeunes.
Le nombre de leurs dents "32 pour un adulte", la parution des seins et les premières menstruations chez les jeunes filles, la voix (grave ou pas) chez les garçons, un élargissement des pieds, des épaules et les petits boutons au visage pour les deux sexes.
Des techniques scientifiques qui ont jusque-là résisté à "la volonté de tricher sur l’âge" de certains pétitionnaires, même les plus cachotiers, qui, ayant été confondu par son efficacité ont fini par prendre pour un "génie", Jean Moïse Koffi qui les applique avec une facilité déconcertante et arrive toujours à trouver leur âge à deux ans près.
Pour toutes ces prouesses qu’il réalise depuis plus de cinq années dans le département, le jeune médecin ne passe plus inaperçu dans les endroits où il est intervenu et nombreuses sont les personnes qui sont très enthousiastes lorsqu’elles l’aperçoivent et ne manquent pas de confier rapidement à un proche: "c’est lui qui a trouvé mon âge".
Débuté le 12 juillet, les audiences foraines en Côte d'Ivoire ont pris fin le 25. Le ministère ivoirien de la Justice qui a lancé l'opération n'a pas encore délivré son rapport.
ATI
Associé à une équipe de la section du Tribunal de Toumodi (environ 184 km d’Abidjan), c’est très souvent par un simple regard porté de la tête au pied du pétitionnaire se trouvant en face de lui que M. Koffi, diplômé de médecine à l’université d’Abidjan commence ses détections, sans recourir à un examen sanguin ou un test d’ADN.
Les audiences foraines sont une procédure administrative permettant aux personnes n’ayant jamais été déclaré dans aucun Etat civil depuis leur naissance de se faire établir des papiers.
Comme pour ce fait, il faut obligatoirement connaître leur âge, avec une marge d’erreur autorisée de plus ou moins deux ans, "je suis donc chargé de cette mission, sur la base de quelques techniques scientifiques et de certaines questions que je leur pose", clame avec un air de fierté le jeune médecin de 36 ans.
Loin des gestes habituels (consultation, conseils, ordonnance) auxquels il soumet d’ordinaire ses patients, il se fie cette fois au diamètre du poignet (qui rétréci avec l’âge), l’aspect des poils du pubis (qui durcissent au fil des années), et à un degré moindre la teinte des yeux (qui perdent leur éclat chaque année).
A Attiégouakro, petite localité située à 15 km à l’Est de Yamoussoukro (centre) où l’équipe des audiences foraines a posé en fin juillet ses registres, Aya Brahim, une femme visiblement âgée, mais qui dit avoir 44 ans a été surprise "des méthodes" de Jean Moïse Koffi, 1,70 mètres, l’air enjoué, vêtu d’un pantalon tissu et d’une chemise pagne.
"Tu es plus âgé que ça maman !", lui a dit sans détour sur un ton décontracté et taquin le "détecteur d’âge", assis à son aise dans une chaise en plastique.
"C’est vrai que tu travailles beaucoup au champ, mais tu pourrais avoir 60 ans et plus", lui a fait savoir M. Koffi qui n’a pas arrêté de scruter du regard la vieille dame qu’il tenait par les mains, "pour créer l’impression d’une intimité", mais plus "pour sentir l’accélération de son pool au cas où elle mentirait", a-t-il confié.
Si pour estimer l’âge de Aya qui a finalement reconnu être née vers 1950, le médecin s’est basé sur certains aspects physiques tels que la qualité de ses cheveux "grisonnant et très brillant", l’aspect de sa peau "beaucoup ridée et flasque, surtout au niveau de son cou", le contour de ses yeux "légèrement enfoncés dans leur orbite", il a recours à d’autres approches complémentaires chez des personnes plus jeunes.
Le nombre de leurs dents "32 pour un adulte", la parution des seins et les premières menstruations chez les jeunes filles, la voix (grave ou pas) chez les garçons, un élargissement des pieds, des épaules et les petits boutons au visage pour les deux sexes.
Des techniques scientifiques qui ont jusque-là résisté à "la volonté de tricher sur l’âge" de certains pétitionnaires, même les plus cachotiers, qui, ayant été confondu par son efficacité ont fini par prendre pour un "génie", Jean Moïse Koffi qui les applique avec une facilité déconcertante et arrive toujours à trouver leur âge à deux ans près.
Pour toutes ces prouesses qu’il réalise depuis plus de cinq années dans le département, le jeune médecin ne passe plus inaperçu dans les endroits où il est intervenu et nombreuses sont les personnes qui sont très enthousiastes lorsqu’elles l’aperçoivent et ne manquent pas de confier rapidement à un proche: "c’est lui qui a trouvé mon âge".
Débuté le 12 juillet, les audiences foraines en Côte d'Ivoire ont pris fin le 25. Le ministère ivoirien de la Justice qui a lancé l'opération n'a pas encore délivré son rapport.
ATI