La crise postélectorale gabonaise déclenchée au lendemain de la réélection d’Ali Bongo Ondimba ressemble, trait pour trait, à celle qu’a connue la Côte d’Ivoire en 2010. En effet, à l’issue du scrutin, Le président sortant, Laurent Gbagbo, et l’opposant d’alors, Alassane Ouattara, avaient revendiqué, tous les deux, dans un duel à mort, la victoire. Un bicéphalisme qui avait débouché sur une guerre civile causant la mort de près de 3000 personnes.
Au Gabon également, la présidentielle du 27 août dernier a accouché de deux prési-dents de la République. Des frères ennemis siamois qu’il faudra inévitablement sépa-rer pour permettre à la mère patrie (le Gabon) de survivre de cette douloureuse épreuve démocratique.
Ali Bongo Ondimba a été déclaré vainqueur par la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) et donc par les institutions de la République, tandis que son rival, Jean Ping, qui s’est autoproclamé vainqueur, est, lui, adoubé par la communauté internationale. Une fâcheuse situation qui a plongé le pays dans le chaos.
Après quelques jours d’affrontements entre pro-Ping et forces de l’ordre, le bilan est relativement lourd. Sept victimes provisoires sont à déplorer dans les rangs des mani-festants et les dégâts matériels sont incalculables. La capitale, Libreville, et les prin-cipales villes de l’intérieur comme Port Gentil, ressemblent à des champs de batailles à cause des nombreux pillages et des actes de vandalisme qui accompagnent, dans une confusion totale, la contestation politique. Les jours à venir sont très incertains pour la paix sociale au vu des nombreux appels à manifester lancés par le camp de l’opposition pour contraindre Ali Bongo à abdiquer.
A l’évidence, la question qui se pose est de savoir si le Gabon va passer par le chemin de croix comme la Côte d’Ivoire ? Difficile de le savoir. Mais, certains observateurs ne tardent pas à dire que le Gabon n’est pas la Côte d’Ivoire et encore moins comparable à un tout autre pays de l’Afrique centrale parce que, historiquement, les Gabonais n’ont pas la culture de la violence.
Pour départager les deux candidats qui clament, à tue-tête, leur victoire, la France et la communauté internationale demandent avec insistance la publication des résultats de tous les bureaux de vote afin que la vérité des chiffres tranche la question de ce bicéphalisme.
Mais, le recomptage des voix n’est pas aussi simple qu’on le dit. Car, pour le pouvoir gabonais, Ping doit d’abord rappeler ses troupes et user des voies de recours que lui confère la constitution. Autrement dit, la contestation des résultats doit se faire uniquement dans un cadre juridique prévu par la loi fondamentale gabo-naise et non par le diktat de la rue. Or, c’est justement cette option qu’a choisie le candidat malheureux Jean Ping encouragé dans cette initiative risquée par la commu-nauté internationale. Cette situation fait bondir plus d’un observateur qui suit cette crise postélectorale gabonaise à laquelle on trouve bien des similitudes troublantes avec celle de la Côte d’Ivoire.
C’est le cas du journaliste ivoirien, Ferro Bally, qui a posté plusieurs archives des événements de Côte d’Ivoire sur les réseaux sociaux dans le but de montrer les posi-tions très ambiguës de cette communauté internationale qui changent au gré des réali-tés du moment. En effet, lorsque le 24 décembre 2010, l’ancien chef de l’Etat ivoi-rien, aujourd’hui détenu à La Haye, demanda le recomptage des voix, la même com-munauté internationale lui avait opposé une fin de non recevoir.
Le journaliste Ferro Bally rappelle que « Dès le déclenchement du contentieux élec-toral en Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo dévoilait son "Plan commun": le re-comptage des voix, au lieu du comptage des morts.» Sûr de sa victoire, Laurent Gbagbo avait invité les pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu, l’UA et l’UE à venir en Côte d’Ivoire pour être les témoins de ce moment de vérité. La suite est connue de tous. Il n’y a eu ni recomptage des voix ni reconnaissance de la réélection de ce dernier. Il sera évincé du pouvoir par les forces françaises et remis aux mains des nouvelles autorités ivoiriennes.
La communauté internationale va t-elle prendre le risque de reproduire le même scé-nario ivoirien dans ce petit pays d’Afrique centrale d’à peine 1,6 millions d’habitants ? L’avenir nous le dira. Mais une fois de plus, la communauté internationale vient de démontrer aux yeux du monde que les préceptes démocratiques exigés sur le conti-nent africain sont à géométrie variable. Autant dire que la démocratie s’apprécie et s’applique au cas par cas.
Clément Yao
Au Gabon également, la présidentielle du 27 août dernier a accouché de deux prési-dents de la République. Des frères ennemis siamois qu’il faudra inévitablement sépa-rer pour permettre à la mère patrie (le Gabon) de survivre de cette douloureuse épreuve démocratique.
Ali Bongo Ondimba a été déclaré vainqueur par la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) et donc par les institutions de la République, tandis que son rival, Jean Ping, qui s’est autoproclamé vainqueur, est, lui, adoubé par la communauté internationale. Une fâcheuse situation qui a plongé le pays dans le chaos.
Après quelques jours d’affrontements entre pro-Ping et forces de l’ordre, le bilan est relativement lourd. Sept victimes provisoires sont à déplorer dans les rangs des mani-festants et les dégâts matériels sont incalculables. La capitale, Libreville, et les prin-cipales villes de l’intérieur comme Port Gentil, ressemblent à des champs de batailles à cause des nombreux pillages et des actes de vandalisme qui accompagnent, dans une confusion totale, la contestation politique. Les jours à venir sont très incertains pour la paix sociale au vu des nombreux appels à manifester lancés par le camp de l’opposition pour contraindre Ali Bongo à abdiquer.
A l’évidence, la question qui se pose est de savoir si le Gabon va passer par le chemin de croix comme la Côte d’Ivoire ? Difficile de le savoir. Mais, certains observateurs ne tardent pas à dire que le Gabon n’est pas la Côte d’Ivoire et encore moins comparable à un tout autre pays de l’Afrique centrale parce que, historiquement, les Gabonais n’ont pas la culture de la violence.
Pour départager les deux candidats qui clament, à tue-tête, leur victoire, la France et la communauté internationale demandent avec insistance la publication des résultats de tous les bureaux de vote afin que la vérité des chiffres tranche la question de ce bicéphalisme.
Mais, le recomptage des voix n’est pas aussi simple qu’on le dit. Car, pour le pouvoir gabonais, Ping doit d’abord rappeler ses troupes et user des voies de recours que lui confère la constitution. Autrement dit, la contestation des résultats doit se faire uniquement dans un cadre juridique prévu par la loi fondamentale gabo-naise et non par le diktat de la rue. Or, c’est justement cette option qu’a choisie le candidat malheureux Jean Ping encouragé dans cette initiative risquée par la commu-nauté internationale. Cette situation fait bondir plus d’un observateur qui suit cette crise postélectorale gabonaise à laquelle on trouve bien des similitudes troublantes avec celle de la Côte d’Ivoire.
C’est le cas du journaliste ivoirien, Ferro Bally, qui a posté plusieurs archives des événements de Côte d’Ivoire sur les réseaux sociaux dans le but de montrer les posi-tions très ambiguës de cette communauté internationale qui changent au gré des réali-tés du moment. En effet, lorsque le 24 décembre 2010, l’ancien chef de l’Etat ivoi-rien, aujourd’hui détenu à La Haye, demanda le recomptage des voix, la même com-munauté internationale lui avait opposé une fin de non recevoir.
Le journaliste Ferro Bally rappelle que « Dès le déclenchement du contentieux élec-toral en Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo dévoilait son "Plan commun": le re-comptage des voix, au lieu du comptage des morts.» Sûr de sa victoire, Laurent Gbagbo avait invité les pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu, l’UA et l’UE à venir en Côte d’Ivoire pour être les témoins de ce moment de vérité. La suite est connue de tous. Il n’y a eu ni recomptage des voix ni reconnaissance de la réélection de ce dernier. Il sera évincé du pouvoir par les forces françaises et remis aux mains des nouvelles autorités ivoiriennes.
La communauté internationale va t-elle prendre le risque de reproduire le même scé-nario ivoirien dans ce petit pays d’Afrique centrale d’à peine 1,6 millions d’habitants ? L’avenir nous le dira. Mais une fois de plus, la communauté internationale vient de démontrer aux yeux du monde que les préceptes démocratiques exigés sur le conti-nent africain sont à géométrie variable. Autant dire que la démocratie s’apprécie et s’applique au cas par cas.
Clément Yao