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Musique Publié le mardi 18 octobre 2016 | AFP

Côte d’Ivoire: le coupé-décalé fait sa fête à Abidjan

Côte d’Ivoire: le coupé-décalé fait sa fête à Abidjan
© AFP Par Issouf Sanogo
Première édition des "Awards du coupé-décalé"
Samedi 15 octobre 2016. Novotel Abidjan. Les acteurs du mouvement qui se sont démarqués durant l’année 2016 ont été récompensés lors de la première cérémonie des "Awards du coupé-décalé", en présence de nombreuses stars.
Grand concert à Abidjan en présence de toutes les stars du genre, première cérémonie de récompenses façon oscars: Abidjan a vécu mi-octobre un weekend au rythme endiablé du coupé-décalé, un mouvement musical né pendant la décennie de crise politico-militaire et au vaste succès.
"On était tout petit. On a grandi. Ça fait 14 ans et on va continuer à vous fouetter l’oreille! Le coupé-décalé, c’est plus qu’une musique de rue ou de boite nuit: c’est une musique de l’Afrique entière, du monde entier", affirme à l’AFP Boro Sanguy, membre de la +Jet-Set+, groupe qui réunit les sept fondateurs du genre - dont faisait partie le célèbre Douk Saga, décédé en 2006 et considéré comme le père du mouvement.
Né en 2003 dans les boites de nuit parisiennes et oeuvre de la diaspora ivoirienne, le coupé-décalé a fait fureur en Côte d’Ivoire avec ses sons souvent électroniques, avant d’essaimer dans toute l’Afrique et de commencer à conquérir l’Europe et les Etats-Unis.
L’origine du nom fait débat. Pour certains, il est inspiré de la ville d’Akoupé, dans une région d’où sont originaires certains de ses fondateurs.
Pour d’autres, il provient des arnaques ivoiriennes: "On coupe (on arnaque), on décale (on disparaît)", explique le journaliste Usher Aliman, auteur de "Douk Saga, l’histoire interdite du coupé-décalé".

- Flamber en boite de nuit -

Plus qu’une simple musique, le coupé-décalé se veut un mouvement.
"C’est un esprit avant d’être une musique", explique BB Philip, auteur de nombreux tubes. Il est né "à une période difficile, quand les gens avaient besoin d’un nouveau souffle, de vivre autre chose que les événements malheureux".
Le pays, scindé en deux avec une rébellion au nord, est alors plongé dans une crise politique et militaire qui ne se terminera qu’en 2011 après avoir fait des milliers de morts.
"Au début, il s’agissait de +faire le boucan+, de montrer ce qu’on avait
comme argent, mais après c’est devenu ce que c’est", poursuit BB Philip.
Aux côtés de filles magnifiques, les "coupeurs-décaleurs" écument alors les boites de nuit, avec habits exubérants, bouteilles de champagne et liasses de billets. Dans le jargon, cette attitude se dit +travailler+.
L’objectif était de "choquer pour plaire, il fallait se faire remarquer",
se souvient... Abou Nidal de Genève, une figure du mouvement, dont le nom de
scène associe un terroriste et la Suisse, où il résidait. "On a cherché des
noms qui accrochaient", explique-t-il...

- Abou Nidal et Arafat -

On trouve ainsi le Molare, BB sans Os, Papa Ministre, Maty Dollar, DJ
Kedjevara ou encore DJ Arafat, le leader de la jeune génération, élu artiste de l’année le 15 octobre, lors des premiers Awards du coupé-décalé.
"Nous sommes arrivés en pleine crise, quand le pays était à genoux, et
notre mouvement a mis de la joie dans le coeur de tous les jeunes Ivoiriens et jeunes Africains", raconte Abou Nidal de Genève.
"Aujourd’hui, on a grandi. Non seulement on fait danser, mais on véhicule des messages nobles et forts", assure-t-il, même si certains artistes défrayent la chronique.
Pour Gadoukou la Star, "c’est une philosophie", dont le succès est aussi dû
aux stars du ballon rond: "Drogba, Yaya (Touré) ou (Kader) Keita se sont mis
dedans. Après les matches ou quand ils marquaient, ils +coupaient+ et ils
+décalaient+".
"Les gens pensaient que c’était un phénomène de mode. Mais on a créé de
nouvelles choses. On crée en permanence (...) C’est un truc pour l’éternité",
jure Lamine TPJ.
"Ça fait plaisir de voir cette musique récompensée", souligne Claire
Bailly, artiste féminine de l’année, surnommée "la première dame du
coupé-décalé". "Pour les femmes, ce n’est pas facile, avec les titans que sont
les hommes. Il faut avoir du cran", dit la chanteuse, qui toise ses
+collègues+ du haut de ses 1m90 avec talons, habillée d’une robe courte rouge
vif et coiffée d’une cape.
"Il faut se faire remarquer (...) Cigare, champagne, caviar!", rigole Boro
Sanguy, qui porte une veste flashy et pose avec un énorme cigare éteint. "Un
bon-coupeur décaleur doit avoir la tchatche". Sinon, "c’est pas la peine!
Reste chez toi!"
pgf/ak
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