A l'heure du bilan des 8 dernières années, le consultant démocrate René Lake fait le point sur les ondes de RFI : "L’Amérique blanche telle qu’on l’a connue pendant des siècles, je pense que c’est terminé"
Barack Obama quittera la Maison Blanche dans dix jours. Le président sortant prononce ce mardi 10 janvier 2017 son discours d’adieux à Chicago, où il a fait ses débuts en politique. A l'heure du bilan, avant l'ouverture de la présidence Trump, on se rappelle les bons souvenirs.
Les démocrates américains sont actuellement désemparés à l’idée de voir arriver un président Trump qui va s’employer à défaire l’héritage Obama. Quant à la communauté afro-américaine, elle veut croire, comme le consultant René Lake, que l'élection d'un Noir à la Maison Blanche fut le début d’une mutation profonde de l’Amérique, qui ne s'arrêtera pas.
« L’ère Barack Obama ne fait que commencer, considère-t-il. Trump a beau avoir été élu, la démographie aux Etats-Unis, la position des minorités dans ce pays, est telle... Je pense que c’est plutôt l’expérience Trump qui sera une parenthèse dans l’histoire américaine. Dans l’ère post-Obama qui commence, Trump sera juste une parenthèse, car c’est quelque chose de beaucoup plus profond. L’Amérique blanche telle qu’on l’a connue pendant des siècles, je pense que c’est terminé. »
L’histoire dira si l’ère Obama ne fait que commencer. Nombreux sont ceux qui sont moins optimistes. Julius Coles, directeur du Morehouse collège d’Atlanta, et activiste des droits civiques, n’hésite pas à exprimer son inquiétude et sa tristesse :
« C’est triste pour moi, car je pense qu’il a été un grand président, un bon président. Le peuple américain a beaucoup de respect pour lui. Il a aujourd’hui plus de 50 % de popularité, c’est impossible à atteindre pour un président sortant d’ordinaire aux Etats-Unis. Mais je crois que c’est un président qui a fait beaucoup pour le peuple américain. »
A l'image des propos de Julius Coles, c’est un vrai concert de louanges dans le camp démocrate. Même les plus critiques, comme Simon Sarfati, professeur au Centre d’études des relations stratégiques de Washington, sont déjà nostalgiques du « style Obama ».
« J’ai souvent critiqué les politiques d’Obama, mais il y avait un intellect, une capacité à comprendre les limites de son action, et cela va nous manquer aux Etats-Unis, explique-t-il. Mais aussi ailleurs de par le monde ! Même dans ces pays où l’on avait moins d’affection pour cet homme assez froid. La parole est une arme importante, et c’est une arme qui va nous manquer pendant la présidence à venir. Et c’est dommage. »
Que restera-t-il finalement de ces deux mandats de Barack Obama ? C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. Sans doute la loi sur la santé, que Donald Trump aura du mal à défaire, les efforts sur le climat ou l’accord sur le nucléaire iranien. Pour Andrew Young, compagnon de route de Martin Luther King, on retiendra surtout son calme légendaire.
« Barack Obama a littéralement vécu un enfer. Mais il s’en est extrêmement bien sorti. En terme d’élégance sous la mitraille, il a été sublime. Il est l’une des personnes les plus intelligentes que j’ai rencontrées. Quand vous faites son bilan... il a stabilisé l’économie, arrêté trois guerres, passé un accord avec l’Iran. Je suis certain qu’il sera considéré comme l’un des plus grands présidents de tous les temps. »
Quid des hésitations sur la Syrie, de l’échec de la législation sur les armes, du mouvement Black Lives Matter (« les vies noires comptent »), qui a manifesté contre les violences policières ? Dans la communauté noire américaine, beaucoup ne veulent désormais conserver que les bons souvenirs. Aucune critique à l’heure des adieux ! A Chicago, on raconte encore la soirée du 4 novembre 2008. Ils sont nombreux, comme René Lake, à considérer que finalement, la plus grande réussite de Barack Obama, c’est d’avoir été élu.
« D’avoir fait campagne et d’avoir voté pour Barack Obama, c’est peut-être, à titre personnel, l’acte le plus révolutionnaire que j’ai jamais posé. On n’apprécie pas encore à sa juste valeur l’impact que l’élection de Barack Obama a eu à travers le monde. Un impact énorme ici aux Etats-Unis, mais aussi à travers le monde. Que le groupe social le plus défavorisé sur la planète de manière générale, les Noirs, se retrouvent dans une telle position, c’est l’une des plus grandes révolutions de notre temps ! »
Seneplus
Barack Obama quittera la Maison Blanche dans dix jours. Le président sortant prononce ce mardi 10 janvier 2017 son discours d’adieux à Chicago, où il a fait ses débuts en politique. A l'heure du bilan, avant l'ouverture de la présidence Trump, on se rappelle les bons souvenirs.
Les démocrates américains sont actuellement désemparés à l’idée de voir arriver un président Trump qui va s’employer à défaire l’héritage Obama. Quant à la communauté afro-américaine, elle veut croire, comme le consultant René Lake, que l'élection d'un Noir à la Maison Blanche fut le début d’une mutation profonde de l’Amérique, qui ne s'arrêtera pas.
« L’ère Barack Obama ne fait que commencer, considère-t-il. Trump a beau avoir été élu, la démographie aux Etats-Unis, la position des minorités dans ce pays, est telle... Je pense que c’est plutôt l’expérience Trump qui sera une parenthèse dans l’histoire américaine. Dans l’ère post-Obama qui commence, Trump sera juste une parenthèse, car c’est quelque chose de beaucoup plus profond. L’Amérique blanche telle qu’on l’a connue pendant des siècles, je pense que c’est terminé. »
L’histoire dira si l’ère Obama ne fait que commencer. Nombreux sont ceux qui sont moins optimistes. Julius Coles, directeur du Morehouse collège d’Atlanta, et activiste des droits civiques, n’hésite pas à exprimer son inquiétude et sa tristesse :
« C’est triste pour moi, car je pense qu’il a été un grand président, un bon président. Le peuple américain a beaucoup de respect pour lui. Il a aujourd’hui plus de 50 % de popularité, c’est impossible à atteindre pour un président sortant d’ordinaire aux Etats-Unis. Mais je crois que c’est un président qui a fait beaucoup pour le peuple américain. »
A l'image des propos de Julius Coles, c’est un vrai concert de louanges dans le camp démocrate. Même les plus critiques, comme Simon Sarfati, professeur au Centre d’études des relations stratégiques de Washington, sont déjà nostalgiques du « style Obama ».
« J’ai souvent critiqué les politiques d’Obama, mais il y avait un intellect, une capacité à comprendre les limites de son action, et cela va nous manquer aux Etats-Unis, explique-t-il. Mais aussi ailleurs de par le monde ! Même dans ces pays où l’on avait moins d’affection pour cet homme assez froid. La parole est une arme importante, et c’est une arme qui va nous manquer pendant la présidence à venir. Et c’est dommage. »
Que restera-t-il finalement de ces deux mandats de Barack Obama ? C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. Sans doute la loi sur la santé, que Donald Trump aura du mal à défaire, les efforts sur le climat ou l’accord sur le nucléaire iranien. Pour Andrew Young, compagnon de route de Martin Luther King, on retiendra surtout son calme légendaire.
« Barack Obama a littéralement vécu un enfer. Mais il s’en est extrêmement bien sorti. En terme d’élégance sous la mitraille, il a été sublime. Il est l’une des personnes les plus intelligentes que j’ai rencontrées. Quand vous faites son bilan... il a stabilisé l’économie, arrêté trois guerres, passé un accord avec l’Iran. Je suis certain qu’il sera considéré comme l’un des plus grands présidents de tous les temps. »
Quid des hésitations sur la Syrie, de l’échec de la législation sur les armes, du mouvement Black Lives Matter (« les vies noires comptent »), qui a manifesté contre les violences policières ? Dans la communauté noire américaine, beaucoup ne veulent désormais conserver que les bons souvenirs. Aucune critique à l’heure des adieux ! A Chicago, on raconte encore la soirée du 4 novembre 2008. Ils sont nombreux, comme René Lake, à considérer que finalement, la plus grande réussite de Barack Obama, c’est d’avoir été élu.
« D’avoir fait campagne et d’avoir voté pour Barack Obama, c’est peut-être, à titre personnel, l’acte le plus révolutionnaire que j’ai jamais posé. On n’apprécie pas encore à sa juste valeur l’impact que l’élection de Barack Obama a eu à travers le monde. Un impact énorme ici aux Etats-Unis, mais aussi à travers le monde. Que le groupe social le plus défavorisé sur la planète de manière générale, les Noirs, se retrouvent dans une telle position, c’est l’une des plus grandes révolutions de notre temps ! »
Seneplus