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Politique Publié le vendredi 7 avril 2017 | L’intelligent d’Abidjan

Dans un restaurant à Paris: Des Africains décryptent le débat entre les 11 candidats à la présidentielle française

Mardi 4 avril 2017 , il est 19 h et nous avons rendez-vous avec des amis africains dans un restaurant parisien dans le 17ème arrondissement. Nous y sommes pour prendre un verre, mais aussi pour suivre le deuxième et dernier débat télévisé entre les 11 candidats à l’élection présidentielle française dont le 1er tour est fixé au 23 avril 2017 .

Après le premier débat du 20 mars 2017 qui avait opposé les cinq premiers candidats selon les sondages à savoir, François Fillon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, cette fois-ci, ils étaient au grand complet : Nathalie Arthaud, François Asselineau, Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, François Fillon, Benoît Hamon, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou , qui fut le seul à refuser de poser sur la photo de famille prise au début du débat.

Chaque candidat avait 1minute 30 pour répondre à un pan des trois volets du débat, à savoir "Comment créer des emplois ?", "comment protéger les Français ?" et "comment mettre en oeuvre votre modèle social ?"

À la fin du débat pendant lequel des avis fusent de partout dans le restaurant , avec pro- Macron et pro- Mélenchon qui semblent les plus nombreux, Nathalie qui est française d’origine camerounaise assure que cette élections présidentielles ci ne l’intéresse pas du tout , car en France elle est venue chercher de l’argent : "c’est tout. La politique ce n’est pas mon truc "

L’ivoirien Lucas assure ne pas se faire d’illusions. Il dit n’avoir pas encore obtenu la nationalité française , mais explique : " si je l’avais, je voterais Mélenchon. Il a une bonne politique étrangère. Il est contre la Françafrique. Il est de la classe moyenne. Il n’y a pas de lobbies derrière lui. Au parlement européen, il dit ce qu’il pense. Je le trouve plus réaliste que les autres qui sont tous mouillés. Fillon est un malhonnête. Hamon n’a pas un bon programme. J’aime bien Macron mais je ne sais comment sans parti politique, il va gouverner surtout face au parlement qui sera dominé par la gauche et la droite. Il s’en serait sorti s’il avait pris le parti de Bayrou. Enfin, Le Pen si elle passe je crois que c’est la fin pour nous les immigrés ".

Jacques également ivoirien pense que ce " sont des discours politiques". Selon lui " Le Pen ne fera rien. Elle prêche le faux pour avoir le vrai. C’est juste pour plaire aux électeurs français". Il estime que le plus réaliste des candidats est Mélenchon.

Le Malien Dedé lâche : "Je suis français, mais je ne voterai personne car rien ne changera pour nous les africains quelque soit le régime" , tandis que l’opposant gabonais Placide Moussounda décrypte : "Je vote Mélenchon au 1er tour. Si Fillon est face à Marine Lepen au 2e tour, je voterai Marine Le Pen. N’ayons pas peur de retourner chez nous. Mais Marine Le Pen elle-même connaît le poids de l’Afrique dans l’économie française. Elle ne prendra pas ce risque. Nous sommes en campagne et chacun essaie de se fixer un challenge mais qui en réalité ne tiendra pas une fois au pouvoir ".

Quelques applaudissements ont été notés pour Jacques Cheminade lorsqu’il a évoqué le Franc Cfa : " Il faut arrêter le Franc Cfa ". Pareil pour Nathalie Arthaud lorsqu’elle a dénoncé ce qu’elle considère comme une politique impérialiste de la France en Afrique.

Malgré la présence de personnes noires ou d’origine africaine , dans les staffs de certains candidats, les personnes interrogées notent que l’Afrique est évoquée de façon anecdotique dans les débats.

Les autres points ci dessous de l’ambiance qui a régné sur le plateau du débat BFMTV-CNEWS-Dailly Motion-RMC , ont retenu leur attention.

Philippe Poutou qui refuse comme de poser avec ses autres concurrents , habillé dans une tenue décalée par rapport au code vestimentaire classique fait de costume strict pour les acteurs politiques, et les plateaux télé . Jean Lassalle avec son accent Marseillais qui commence son intervention par « mes chers compatriotes ». Des rires, des candidats qui applaudissent d’autres candidats.

"En Europe, les élections, c’est la fête. Pendant deux mois on se clash, on s’amuse, on s’éclate. C’est comme la coupe de France, tous les clubs même en CFA du pays participent et cela crée une certaine ambiance. De toute façon, aucun président ne fera mieux que l’autre" , constate Junior, un ivoirien.

"Malheureusement ce type de débat n’existe pas chez nous en Afrique. Ali Bongo a refusé d’affronter Ping au Gabon. En Côte d’ivoire, on a attendu le 2ème tour pour organiser un débat entre Gbagbo et Ouattara. Alors que nos dirigeants se taguent d’avoir des diplômes et d’avoir fréquenté les meilleures universités européennes, ils sont incapables de confronter leur programme face au peuple ou de tenir un débat intellectuel", regrette l’opposant gabonais Placide Moussounda.

Source : afrikipresse.fr
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