Vous menez avec acharnement le combat de l’assainissement de l’environnement, alliant la patience de la communication et la rigidité des bulldozers. Sur une échelle de 1 à 10, combien quel est votre niveau de satisfaction ?
4 sur 10. Parce qu’il reste encore beaucoup à faire. Je constate une prise de conscience effective. La difficulté est de passer de la prise de conscience à la mise en œuvre de la recommandation et à l’action. Et l’action, malheureusement, n’est pas encore ancrée dans les habitudes de nos populations.
À vous entendre, le changement de comportement des masses est visiblement le plus gros chantier. Les nombreuses campagnes de communication dans ce sens n’y ont contribué que de façon infime. Pourquoi êtes-vous aussi optimiste, cette fois ?
Je suis optimiste cette fois parce que, d’abord on assiste à une volonté politique affichée au plus haut niveau de l’État de Côte d’Ivoire. Depuis le président de la République en passant par le vice-président, madame la Première dame, le Premier ministre et l’ensemble du gouvernement de la Côte d’Ivoire. C’est un signal très fort. Engagement actif avec la Première dame, qui s’engage effectivement et qui d’ailleurs est la marraine de ce projet de Grand Ménage.
J’ai quelques raisons d’être également optimiste parce que, cette fois, je sens l’adhésion d’importantes cibles qui sont des parties prenantes. Je veux parler des collectivités territoriales ; je veux parler de l’engagement de nos préfets de région et de département […]. Je veux parler des maires, des présidents des Conseils régionaux ; je veux également parler de toutes les cibles, des élèves des étudiants, des religieux, des chefs traditionnels […] Ce sont des signes positifs et j’ai des raisons donc d’être optimiste.
Il y a déjà de la volonté politique. Avec cet engagement, quels résultats appréciables et quantifiables devons-nous atteindre à l’horizon 2020 ?
À l’horizon 2020, nous devrions avoir des villes propres : aucun dépôt sauvage dans les rues ; les caniveaux devraient être totalement libérés, propres. À l’horizon 2020, les Ivoiriens devront pouvoir être des Ivoiriens nouveaux, avec des comportements et des gestes éco-citoyens. Jeter les papiers dans les poubelles, balayer à l’extérieur et à l’intérieur de leur maison, surveiller, sensibiliser le voisin. Et on n’en sera pas qu’à cela : embellir les devantures des maisons ; embellir les espaces de vie dans nos quartiers, dans nos cités, etc. ; procéder au ravalement des façades extérieures de nos bâtiments. Tout cela est possible à l’horizon 2020.
Vous renvoyez l’image d’une femme forte qui tient admirablement tête aux hommes dans un univers machiste qu’est la politique. Est-ce que je me trompe de le dire ?
C’est vous qui le dites ainsi. Je considère seulement que je fais ce que j’ai à faire.
Qu’est-ce qui, secrètement, a permis à l’enseignante que vous êtes d’atteindre ce niveau dans la société ?
[…] Le travail et l’ambition. L’ambition de servir mon pays.
Il y a quelques années, alors que vous aviez le portefeuille de la Femme, de la Famille, vous arboriez la cape de défenseur acharné de la promotion du genre. Aujourd’hui, quel regard avez-vous sur la condition de la femme en Côte d’Ivoire ?
La condition de la femme a beaucoup évolué, et positivement. Je m’en réjouis. Je suis très heureuse de voir cette mobilisation générale autour […] de la promotion de la femme, de l’équité, de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes. C’est une grande avancée.
Je me réjouis également de la mobilisation des femmes. Se prendre en charge et se battre pour exister aux côtés des hommes. Jamais sans les hommes et pas devant […] ni derrière les hommes, mais à côté des hommes. On le voit de plus en plus maintenant. Pour mesurer tout cela, les femmes doivent travailler […] pour se faire élire à des postes électifs.
Les femmes doivent travailler pour prouver qu’elles sont capables de produire des résultats, qu’elles sont compétentes. Cela ne s’obtiendra pas par un coup de baguette magique. On ne l’offrira pas [non plus] sur un plateau d’argent, parce que seul le travail paie. On n’avance pas parce qu’on est femme, on avance parce qu’on est compétente et capable d’aider son pays.
Revenons à vos actions. En comparaison avec vos prédécesseurs, comment définiriez-vous la méthode OULOTO ?
Je ne sais pas si je dois parler de méthode OULOTO. Mais, ce qui caractérise ma méthode, c’est l’approche participative, [ce sont] l’écoute et la recherche de l’excellence en permanence.
Quelle est votre devise au travail ?
La loyauté. L’honnêteté envers moi-même. L’objectivité, en règle générale.
Qu’est-ce qui forge votre conviction ?
Ma foi, certainement. Je crois que nous vivons parce que Dieu existe, et je crois que tout ce que nous faisons sur terre est pour la gloire de Dieu. À partir de ce moment, on fait très attention à ce que l’on fait.
D’où « Maman Bulldozer » sort-elle son énergie ?
[…] De mon ambition de servir mon pays. Vous savez, c’est une grande opportunité d’être désigné membre du gouvernement. C’est un grand privilège. Je considère que le monde passe, les institutions demeurent. Quand vous avez cette opportunité, il faut prouver que vous avez des raisons d’être là. Il faut prouver que vous pouvez apporter votre pierre pour bâtir cette nation ; et c’est donc cette recherche de l’excellence [et] du travail bien fait, cette ambition de servir mon pays mais, surtout de bien servir mon pays.
Votre service au pays s’avère donc titanesque, eu égard aux actions à mener et aux résultats attendus. Vous est-il déjà arrivé de vouloir tout arrêter en raison des nombreuses récidives des pollueurs de la cité ?
Jamais cela ne m’a traversé l’esprit.
Vous avez lancé une offensive sur la salubrité appelée le « Grand Ménage », vous nous en dites plus ?
Le Grand Ménage, c’est une vision d’une Côte d’Ivoire rassemblée, c’est une vision d’une Côte d’Ivoire propre et assainie, c’est une vision d’une Côte d’Ivoire émergente. À travers le Grand Ménage, les Ivoiriens se retrouvent tous autour d’une même cause : la propreté, sans distinction de parti politique sans distinction d’ethnie ni de religion, sans distinction de niveau social. Tous ensemble autour de la mère patrie. Tous ensemble pour une cause, celle des Ivoiriens, celle de la santé pour nos populations.
Pourquoi pensez-vous que le message passera cette fois ?
Le message passera parce que la volonté politique est clairement affichée. La participation est nette, inclusive. Toutes les couches sociales se retrouvent donc à l’intérieur de cette vision et la partagent. Désormais, à travers ce projet Grand Ménage, les populations auront […] l’ambition d’être ici au même niveau que ces pays que nous convoitons tous, pour lesquels tous ces Africains meurent dans les différentes méditerranées.
La Côte d’Ivoire peut être cette perle de l’Afrique de l’Ouest, cette perle de l’Afrique qui attire le monde, qui attire les investisseurs […] par sa propreté, par son signal fort envoyé, par son travail. Un pays au travail, c’est un pays propre. Un pays au travail, c’est un pays où l’on vit en bonne santé. Un pays au travail, c’est un pays où l’on a un mode de vie, où on a ce sentiment de vouloir améliorer de façon constante notre cadre de vie, ce pays beau [et] propre qui attire le monde entier. C’est cela l’ambition du Grand Ménage ; je pense qu’à partir du moment où les Ivoiriens partagent cette ambition émergente, ils commenceront à rendre leur cadre de vie propre, attractif, à l’effet […] de rendre cette vision cohérente.
Un pays émergent ne peut pas être un pays sale, […] où l’on vit avec des déchets. [Un pays émergent] ne peut pas être un pays où l’on jette tout par terre […], où les murs sont totalement défraîchis. Un pays émergent n’est pas un pays qui n’est pas beau. On veut être un pays émergent, alors on se donne les moyens de présenter l’image d’un pays émergent : c’est cela le Grand Ménage.
À observer cette grande débauche d’énergie, on se demande finalement si elle a des loisirs. Si oui, lesquels ?
Ah oui, j’ai des loisirs ! Je rencontre des ami(e)s, pour parler de tout et de rien. Je voyage à l’intérieur du pays et à l’extérieur du pays, pas beaucoup à l’extérieur du pays. Je lis. Je fais du sport : je marche quand je peux.
Alors, une autre question qui a un lien avec celle-là. Que faites-vous pour vous ressourcer ?
En général, je fais des retraites spirituelles pour me ressourcer. C’est vraiment cet exercice qui me convient le mieux. Me retirer dans un monastère entouré de verdure, dans une forêt, en Côte d’Ivoire ou ailleurs. À la limite, c’est une passion : me retirer pour me ressourcer.
Pour faciliter la transition, quelle est votre définition de Dieu ?
[…] Dieu, c’est tout ce qui nous entoure. Dieu, c’est tout ce qui est bien, vrai et juste. Dieu, c’est Lui qui a créé le ciel et la terre. C’est grâce à Dieu que je respire, […] que vous êtes assis avec moi ce soir, n’est-ce pas ? Nous sommes apparemment en bonne santé. Tout cela, c’est Dieu.
La religion, ou du moins la religiosité, a-t-elle un impact sur vos rapports avec vos collaborateurs ?
Bon, je ne sais pas, mais ma quête permanente de Dieu fait qu’à chaque rencontre avec mes collaborateurs ou non, je croise le regard de Dieu.
Quelle définition du paradis donnez-vous à vos enfants ?
Je leur dis que le paradis commence sur terre ; c’est une vision de pouvoir rencontrer son Créateur. C’est donc une contrainte, le paradis. C’est une contrainte de bien vivre, de bien vivre nos actions pour bien préparer notre départ, ce passage obligé vers cet autre monde pour lequel nous sommes appelés.
Quel regard vous portez sur la cosmogonie africaine ?
Je trouve qu’il faut faire la part des choses. Pour ma part, je trouve qu’il y a des choses qui relèvent de l’imagination de l’Homme ; et ce sont des choses qui, quelquefois, n’impactent pas la bonne qualité des relations africaines.
Il faut faire attention à tout ce qui est superstition, à tout ce qui est n’est pas écrit et qui évolue dangereusement d’année en année, de génération en génération. Je pense qu’il faut discerner et ne retenir que ce qui concourt au bien-être de la population.
Quel est votre signe du zodiaque ?
Bélier.
Vous croyez que les astres ont une influence sur votre quotidien ?
Non, je suis chrétienne.
Quelle est votre destination de rêve ? Ne nous dites pas Toulépleu…
Ah, si. Pourquoi pas ? C’est un endroit merveilleux.
En dehors de Toulépleu ?
Je ne saurai vous le dire. Pas une destination particulière, mais tout endroit où je peux rencontrer ce silence, cette forêt, cette nature qui nous rappelle la création. Voyez-vous, cet environnement verdoyant, calme, qui nous ramène à notre état d’Homme, d’humain. Ce n’est pas une destination précise. Mais cet espace, on peut le trouver partout. Et donc mon rêve, c’est de me retrouver dans un environnement qui rappelle la création, qui nous rappelle Dieu, toujours.
À quelle fréquence pratiquez-vous le sport ?
Cela dépend de mon agenda mais, en général, trois fois par semaine. [Et] c’est un rythme qui est plus ou moins régulier.
Des randonnées en montagne ou des piscines parties, vous penchez pour quelle détente et pourquoi ?
Je suis une fille de la montagne. […] Je me sens tout naturellement attirée par les randonnées en montagne.
Votre message aux Ivoiriens qui n’ont pas encore intégré votre discours et votre méthode de travail ?
Je les invite à aimer leur pays et avoir de l’ambition pour leur pays. Alors, ils partageront mon discours et ma vision.
Que suscitent en vous les mots suivants…
… Combativité ?
La combativité rappelle l’énergie, la bonne santé.
… Social ?
L’amour de l’autre, du prochain.
… Divin ?
La création. Dieu.
… Enseignement ?
L’écoute et l’humilité.
L’ange Gabriel se présente à vous et vous propose de réaliser l’un de vos vœux. Lequel formuleriez-vous ?
[Celui de] me donner toujours la grâce d’aimer et de partager.
BISCUITS
Face à quoi vous ne reculeriez jamais ?
Faire la volonté de Dieu.
Votre animal préféré ?
Le chien.
L’animal qui ne sera jamais votre ami ?
Le serpent.
Votre plus grande satisfaction ?
[Celle] d’avoir contribué à l’élection du président Alassane Ouattara en 2010.
Votre citation favorite ?
Aimer son prochain comme soi-même.
Vous est-il déjà arrivé, en tête, de vous présenter comme présidente de la République ?
Non, jamais. Ce n’est pas exclu pour autant. Mais je n’y ai jamais pensé.
Votre plat préféré?
La sauce de feuilles de manioc.
Votre spécialité culinaire ?
La sauce graine.
Votre plus grand regret ?
Que ma mère n’ait pas vécu plus longtemps. Elle est partie trop tôt, à 55 ans. Je n’ai pas pu lui rendre ce qu’elle m’a donné, son amour.
Pensez-vous que le dialogue résout tout ?
Toujours.
Votre écrivain préféré ?
Paulo COELHO
J’ai failli dire pourquoi ?
Pour la spiritualité qu’on trouve dans ses livres et […] la vie qu’on y trouve.
Votre proverbe de référence ?
Ko té môgô gnini, môgô lébé ko gnini [Ce ne sont pas les problèmes qui viennent à l’Homme, c’est l’Homme qui cherche les problèmes].
Petite devinette : la rencontre d’un général de l’armée et d’une institutrice, cela donne quoi ?
L’amour.
S’il n’existait pas de tailleur et de boubou, quelle(s) autre(s) tenue(s) mettriez-vous ?
Une robe.
Votre couleur favorite ?
Le bleu.
Derrière un homme, se cache une femme. Dissertez en trois lignes.
Vous voulez plutôt dire : derrière un grand homme, se cache une grande femme ? Oui ! Derrière un homme, il y a une femme, parce que c’est la femme qui donne la vie. Sans la femme, aucun humain ne serait sur terre. Je pense aussi que la femme contribue à faire de l’homme ce qu’il est.
Qu’est-ce qui, venant de vous, surprendrait vos proches ?
Que je refuse de partager.
Oseriez-vous porter un trois-pièces pagne en Conseil des ministres ? Trois-pièces pagne, c’est la femme africaine, non ?
Je suis une femme africaine ; et je le fais très souvent d’ailleurs.
Quel artiste vous ne vous lasserez guère d’écouter ?
Un artiste ivoirien : Bailly Spinto
Qui est Anne Désirée OULOTO, en trois mots ?
Une femme, le travail et l’amour.
Quel est le conseil de votre père qui vous sert de boussole jusqu’à aujourd’hui ?
Mon travail est mon premier mari.
Qu’est-ce que votre mère vous a toujours défendu de faire ?
[…] Mentir.
Vous êtes contrainte de cheminer avec un menteur ou un voleur. Lequel choisiriez-vous ?
[…] Ni un menteur ni un voleur. Je suis libre ; et la liberté, il faut la garder jalousement. Donc, je ne choisirais aucun des deux.
Quel film vous a fait couler les larmes ?
Titanic.
Et pour finir, vous êtes plus Akissi Delta ou Djuédjuessi ?
Je suis Anne OULOTO.
4 sur 10. Parce qu’il reste encore beaucoup à faire. Je constate une prise de conscience effective. La difficulté est de passer de la prise de conscience à la mise en œuvre de la recommandation et à l’action. Et l’action, malheureusement, n’est pas encore ancrée dans les habitudes de nos populations.
À vous entendre, le changement de comportement des masses est visiblement le plus gros chantier. Les nombreuses campagnes de communication dans ce sens n’y ont contribué que de façon infime. Pourquoi êtes-vous aussi optimiste, cette fois ?
Je suis optimiste cette fois parce que, d’abord on assiste à une volonté politique affichée au plus haut niveau de l’État de Côte d’Ivoire. Depuis le président de la République en passant par le vice-président, madame la Première dame, le Premier ministre et l’ensemble du gouvernement de la Côte d’Ivoire. C’est un signal très fort. Engagement actif avec la Première dame, qui s’engage effectivement et qui d’ailleurs est la marraine de ce projet de Grand Ménage.
J’ai quelques raisons d’être également optimiste parce que, cette fois, je sens l’adhésion d’importantes cibles qui sont des parties prenantes. Je veux parler des collectivités territoriales ; je veux parler de l’engagement de nos préfets de région et de département […]. Je veux parler des maires, des présidents des Conseils régionaux ; je veux également parler de toutes les cibles, des élèves des étudiants, des religieux, des chefs traditionnels […] Ce sont des signes positifs et j’ai des raisons donc d’être optimiste.
Il y a déjà de la volonté politique. Avec cet engagement, quels résultats appréciables et quantifiables devons-nous atteindre à l’horizon 2020 ?
À l’horizon 2020, nous devrions avoir des villes propres : aucun dépôt sauvage dans les rues ; les caniveaux devraient être totalement libérés, propres. À l’horizon 2020, les Ivoiriens devront pouvoir être des Ivoiriens nouveaux, avec des comportements et des gestes éco-citoyens. Jeter les papiers dans les poubelles, balayer à l’extérieur et à l’intérieur de leur maison, surveiller, sensibiliser le voisin. Et on n’en sera pas qu’à cela : embellir les devantures des maisons ; embellir les espaces de vie dans nos quartiers, dans nos cités, etc. ; procéder au ravalement des façades extérieures de nos bâtiments. Tout cela est possible à l’horizon 2020.
Vous renvoyez l’image d’une femme forte qui tient admirablement tête aux hommes dans un univers machiste qu’est la politique. Est-ce que je me trompe de le dire ?
C’est vous qui le dites ainsi. Je considère seulement que je fais ce que j’ai à faire.
Qu’est-ce qui, secrètement, a permis à l’enseignante que vous êtes d’atteindre ce niveau dans la société ?
[…] Le travail et l’ambition. L’ambition de servir mon pays.
Il y a quelques années, alors que vous aviez le portefeuille de la Femme, de la Famille, vous arboriez la cape de défenseur acharné de la promotion du genre. Aujourd’hui, quel regard avez-vous sur la condition de la femme en Côte d’Ivoire ?
La condition de la femme a beaucoup évolué, et positivement. Je m’en réjouis. Je suis très heureuse de voir cette mobilisation générale autour […] de la promotion de la femme, de l’équité, de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes. C’est une grande avancée.
Je me réjouis également de la mobilisation des femmes. Se prendre en charge et se battre pour exister aux côtés des hommes. Jamais sans les hommes et pas devant […] ni derrière les hommes, mais à côté des hommes. On le voit de plus en plus maintenant. Pour mesurer tout cela, les femmes doivent travailler […] pour se faire élire à des postes électifs.
Les femmes doivent travailler pour prouver qu’elles sont capables de produire des résultats, qu’elles sont compétentes. Cela ne s’obtiendra pas par un coup de baguette magique. On ne l’offrira pas [non plus] sur un plateau d’argent, parce que seul le travail paie. On n’avance pas parce qu’on est femme, on avance parce qu’on est compétente et capable d’aider son pays.
Revenons à vos actions. En comparaison avec vos prédécesseurs, comment définiriez-vous la méthode OULOTO ?
Je ne sais pas si je dois parler de méthode OULOTO. Mais, ce qui caractérise ma méthode, c’est l’approche participative, [ce sont] l’écoute et la recherche de l’excellence en permanence.
Quelle est votre devise au travail ?
La loyauté. L’honnêteté envers moi-même. L’objectivité, en règle générale.
Qu’est-ce qui forge votre conviction ?
Ma foi, certainement. Je crois que nous vivons parce que Dieu existe, et je crois que tout ce que nous faisons sur terre est pour la gloire de Dieu. À partir de ce moment, on fait très attention à ce que l’on fait.
D’où « Maman Bulldozer » sort-elle son énergie ?
[…] De mon ambition de servir mon pays. Vous savez, c’est une grande opportunité d’être désigné membre du gouvernement. C’est un grand privilège. Je considère que le monde passe, les institutions demeurent. Quand vous avez cette opportunité, il faut prouver que vous avez des raisons d’être là. Il faut prouver que vous pouvez apporter votre pierre pour bâtir cette nation ; et c’est donc cette recherche de l’excellence [et] du travail bien fait, cette ambition de servir mon pays mais, surtout de bien servir mon pays.
Votre service au pays s’avère donc titanesque, eu égard aux actions à mener et aux résultats attendus. Vous est-il déjà arrivé de vouloir tout arrêter en raison des nombreuses récidives des pollueurs de la cité ?
Jamais cela ne m’a traversé l’esprit.
Vous avez lancé une offensive sur la salubrité appelée le « Grand Ménage », vous nous en dites plus ?
Le Grand Ménage, c’est une vision d’une Côte d’Ivoire rassemblée, c’est une vision d’une Côte d’Ivoire propre et assainie, c’est une vision d’une Côte d’Ivoire émergente. À travers le Grand Ménage, les Ivoiriens se retrouvent tous autour d’une même cause : la propreté, sans distinction de parti politique sans distinction d’ethnie ni de religion, sans distinction de niveau social. Tous ensemble autour de la mère patrie. Tous ensemble pour une cause, celle des Ivoiriens, celle de la santé pour nos populations.
Pourquoi pensez-vous que le message passera cette fois ?
Le message passera parce que la volonté politique est clairement affichée. La participation est nette, inclusive. Toutes les couches sociales se retrouvent donc à l’intérieur de cette vision et la partagent. Désormais, à travers ce projet Grand Ménage, les populations auront […] l’ambition d’être ici au même niveau que ces pays que nous convoitons tous, pour lesquels tous ces Africains meurent dans les différentes méditerranées.
La Côte d’Ivoire peut être cette perle de l’Afrique de l’Ouest, cette perle de l’Afrique qui attire le monde, qui attire les investisseurs […] par sa propreté, par son signal fort envoyé, par son travail. Un pays au travail, c’est un pays propre. Un pays au travail, c’est un pays où l’on vit en bonne santé. Un pays au travail, c’est un pays où l’on a un mode de vie, où on a ce sentiment de vouloir améliorer de façon constante notre cadre de vie, ce pays beau [et] propre qui attire le monde entier. C’est cela l’ambition du Grand Ménage ; je pense qu’à partir du moment où les Ivoiriens partagent cette ambition émergente, ils commenceront à rendre leur cadre de vie propre, attractif, à l’effet […] de rendre cette vision cohérente.
Un pays émergent ne peut pas être un pays sale, […] où l’on vit avec des déchets. [Un pays émergent] ne peut pas être un pays où l’on jette tout par terre […], où les murs sont totalement défraîchis. Un pays émergent n’est pas un pays qui n’est pas beau. On veut être un pays émergent, alors on se donne les moyens de présenter l’image d’un pays émergent : c’est cela le Grand Ménage.
À observer cette grande débauche d’énergie, on se demande finalement si elle a des loisirs. Si oui, lesquels ?
Ah oui, j’ai des loisirs ! Je rencontre des ami(e)s, pour parler de tout et de rien. Je voyage à l’intérieur du pays et à l’extérieur du pays, pas beaucoup à l’extérieur du pays. Je lis. Je fais du sport : je marche quand je peux.
Alors, une autre question qui a un lien avec celle-là. Que faites-vous pour vous ressourcer ?
En général, je fais des retraites spirituelles pour me ressourcer. C’est vraiment cet exercice qui me convient le mieux. Me retirer dans un monastère entouré de verdure, dans une forêt, en Côte d’Ivoire ou ailleurs. À la limite, c’est une passion : me retirer pour me ressourcer.
Pour faciliter la transition, quelle est votre définition de Dieu ?
[…] Dieu, c’est tout ce qui nous entoure. Dieu, c’est tout ce qui est bien, vrai et juste. Dieu, c’est Lui qui a créé le ciel et la terre. C’est grâce à Dieu que je respire, […] que vous êtes assis avec moi ce soir, n’est-ce pas ? Nous sommes apparemment en bonne santé. Tout cela, c’est Dieu.
La religion, ou du moins la religiosité, a-t-elle un impact sur vos rapports avec vos collaborateurs ?
Bon, je ne sais pas, mais ma quête permanente de Dieu fait qu’à chaque rencontre avec mes collaborateurs ou non, je croise le regard de Dieu.
Quelle définition du paradis donnez-vous à vos enfants ?
Je leur dis que le paradis commence sur terre ; c’est une vision de pouvoir rencontrer son Créateur. C’est donc une contrainte, le paradis. C’est une contrainte de bien vivre, de bien vivre nos actions pour bien préparer notre départ, ce passage obligé vers cet autre monde pour lequel nous sommes appelés.
Quel regard vous portez sur la cosmogonie africaine ?
Je trouve qu’il faut faire la part des choses. Pour ma part, je trouve qu’il y a des choses qui relèvent de l’imagination de l’Homme ; et ce sont des choses qui, quelquefois, n’impactent pas la bonne qualité des relations africaines.
Il faut faire attention à tout ce qui est superstition, à tout ce qui est n’est pas écrit et qui évolue dangereusement d’année en année, de génération en génération. Je pense qu’il faut discerner et ne retenir que ce qui concourt au bien-être de la population.
Quel est votre signe du zodiaque ?
Bélier.
Vous croyez que les astres ont une influence sur votre quotidien ?
Non, je suis chrétienne.
Quelle est votre destination de rêve ? Ne nous dites pas Toulépleu…
Ah, si. Pourquoi pas ? C’est un endroit merveilleux.
En dehors de Toulépleu ?
Je ne saurai vous le dire. Pas une destination particulière, mais tout endroit où je peux rencontrer ce silence, cette forêt, cette nature qui nous rappelle la création. Voyez-vous, cet environnement verdoyant, calme, qui nous ramène à notre état d’Homme, d’humain. Ce n’est pas une destination précise. Mais cet espace, on peut le trouver partout. Et donc mon rêve, c’est de me retrouver dans un environnement qui rappelle la création, qui nous rappelle Dieu, toujours.
À quelle fréquence pratiquez-vous le sport ?
Cela dépend de mon agenda mais, en général, trois fois par semaine. [Et] c’est un rythme qui est plus ou moins régulier.
Des randonnées en montagne ou des piscines parties, vous penchez pour quelle détente et pourquoi ?
Je suis une fille de la montagne. […] Je me sens tout naturellement attirée par les randonnées en montagne.
Votre message aux Ivoiriens qui n’ont pas encore intégré votre discours et votre méthode de travail ?
Je les invite à aimer leur pays et avoir de l’ambition pour leur pays. Alors, ils partageront mon discours et ma vision.
Que suscitent en vous les mots suivants…
… Combativité ?
La combativité rappelle l’énergie, la bonne santé.
… Social ?
L’amour de l’autre, du prochain.
… Divin ?
La création. Dieu.
… Enseignement ?
L’écoute et l’humilité.
L’ange Gabriel se présente à vous et vous propose de réaliser l’un de vos vœux. Lequel formuleriez-vous ?
[Celui de] me donner toujours la grâce d’aimer et de partager.
BISCUITS
Face à quoi vous ne reculeriez jamais ?
Faire la volonté de Dieu.
Votre animal préféré ?
Le chien.
L’animal qui ne sera jamais votre ami ?
Le serpent.
Votre plus grande satisfaction ?
[Celle] d’avoir contribué à l’élection du président Alassane Ouattara en 2010.
Votre citation favorite ?
Aimer son prochain comme soi-même.
Vous est-il déjà arrivé, en tête, de vous présenter comme présidente de la République ?
Non, jamais. Ce n’est pas exclu pour autant. Mais je n’y ai jamais pensé.
Votre plat préféré?
La sauce de feuilles de manioc.
Votre spécialité culinaire ?
La sauce graine.
Votre plus grand regret ?
Que ma mère n’ait pas vécu plus longtemps. Elle est partie trop tôt, à 55 ans. Je n’ai pas pu lui rendre ce qu’elle m’a donné, son amour.
Pensez-vous que le dialogue résout tout ?
Toujours.
Votre écrivain préféré ?
Paulo COELHO
J’ai failli dire pourquoi ?
Pour la spiritualité qu’on trouve dans ses livres et […] la vie qu’on y trouve.
Votre proverbe de référence ?
Ko té môgô gnini, môgô lébé ko gnini [Ce ne sont pas les problèmes qui viennent à l’Homme, c’est l’Homme qui cherche les problèmes].
Petite devinette : la rencontre d’un général de l’armée et d’une institutrice, cela donne quoi ?
L’amour.
S’il n’existait pas de tailleur et de boubou, quelle(s) autre(s) tenue(s) mettriez-vous ?
Une robe.
Votre couleur favorite ?
Le bleu.
Derrière un homme, se cache une femme. Dissertez en trois lignes.
Vous voulez plutôt dire : derrière un grand homme, se cache une grande femme ? Oui ! Derrière un homme, il y a une femme, parce que c’est la femme qui donne la vie. Sans la femme, aucun humain ne serait sur terre. Je pense aussi que la femme contribue à faire de l’homme ce qu’il est.
Qu’est-ce qui, venant de vous, surprendrait vos proches ?
Que je refuse de partager.
Oseriez-vous porter un trois-pièces pagne en Conseil des ministres ? Trois-pièces pagne, c’est la femme africaine, non ?
Je suis une femme africaine ; et je le fais très souvent d’ailleurs.
Quel artiste vous ne vous lasserez guère d’écouter ?
Un artiste ivoirien : Bailly Spinto
Qui est Anne Désirée OULOTO, en trois mots ?
Une femme, le travail et l’amour.
Quel est le conseil de votre père qui vous sert de boussole jusqu’à aujourd’hui ?
Mon travail est mon premier mari.
Qu’est-ce que votre mère vous a toujours défendu de faire ?
[…] Mentir.
Vous êtes contrainte de cheminer avec un menteur ou un voleur. Lequel choisiriez-vous ?
[…] Ni un menteur ni un voleur. Je suis libre ; et la liberté, il faut la garder jalousement. Donc, je ne choisirais aucun des deux.
Quel film vous a fait couler les larmes ?
Titanic.
Et pour finir, vous êtes plus Akissi Delta ou Djuédjuessi ?
Je suis Anne OULOTO.