Gao (Mali) - Le président français Emmanuel Macron est arrivé vendredi sur la base de Gao dans le nord du Mali, pour son premier déplacement hors d’Europe, afin de donner une nouvelle dimension à
l’engagement militaire de la France, présente depuis quatre ans pour lutter contre les jihadistes.
Moins d’une semaine après son entrée en fonctions, le chef de l’Etat veut non seulement marquer sa "détermination" à poursuivre l’engagement au Sahel mais aussi l’inscrire dans une coopération renforcée avec l’Allemagne. Il entend encore compléter l’action militaire par une stratégie d’aide au
développement, a indiqué son entourage, comme le réclament d’ailleurs des organisations humanitaires.
A son arrivée peu avant 10H00 GMT, M. Macron, en costume bleu nuit, a été accueilli à la descente du Falcon présidentiel par son homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta, tout de blanc vêtu, venu de Bamako.
Ils ont ensuite passé en revue les troupes présentes sur la base de
l’opération française Barkhane qui mobilise 4.000 soldats dans cinq pays
(Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Niger et Tchad), dont 1.700 en poste à Gao
actuellement, dans la lutte contre les jihadistes au Sahel.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes
jihadistes liés à Al-Qaïda, qui ont été en grande partie chassés par
l’opération Serval, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, dont
Barkhane a pris le relais en août 2014.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes,
françaises et de l’ONU (Minusma), régulièrement visées par des attentats
meurtriers, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix censé
isoler définitivement les jihadistes. Depuis 2015, ces attaques se sont
étendues au centre et au sud du pays.
Le président français, accompagné par ses ministres Jean-Yves Le Drian
(Europe et Affaires étrangères) et Sylvie Goulard (Armées), ainsi que par le
directeur général de l’Agence française de développement (AFD) Rémy Rioux,
doit passer environ six heures sur place, suivant un programme très chargé.
Après un entretien de 45 minutes avec M. Keïta sur la lutte contre le
jihadisme et la laborieuse application de l’accord de paix, il se fera
présenter l’unité Barkhane avant un briefing à huis clos par les commandants
des forces Barkhane et Sabre (forces spéciales).
- Vol en hélicoptère -
M. Macron effectuera ensuite un vol en hélicoptère au-dessus de Gao et de
la boucle du fleuve Niger, puis en condition de tactique de combat, à basse
altitude, sous les caméras des télévisions embarquées à bord d’un autre
hélicoptère.
Alors que 25 journalistes sont du déplacement, une quinzaine de sociétés de
journalistes, des directeurs de rédaction et Reporters sans frontières ont
protesté jeudi contre l’organisation de sa communication, notamment le choix
des journalistes l’accompagnant au Mali.
L’Elysée a choisi Gao car il s’agit de la plus importante base des forces
françaises engagées à l’extérieur.
Davantage que son prédécesseur François Hollande, Emmanuel Macron veut
mettre l’accent, selon son entourage, sur la coopération internationale contre
la menace jihadiste, avec les autres pays européens, notamment l’Allemagne,
premier contributeur européen à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma).
La France veut "une impulsion franco-allemande pour que l’Europe joue un
rôle croissant dans les dossiers de sécurité et de défense, dont ceux de
l’Afrique et du Sahel". Une question déjà évoquée lundi avec la chancelière
Angela Merkel.
Autre nouvel axe affiché: articuler davantage l’approche militaire avec les
politiques de développement, comme le montre la présence du directeur général
de l’AFD.
C’est ce que demandent plusieurs organisations humanitaires, pour qui la
seule approche militaire ne résoudra pas les violences secouant le Mali.
La politique française en Afrique est trop "purement militaire", et doit
"investir dans le secteur de la gouvernance", plaide la Fédération
internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH).
Selon un rapport publié la semaine dernière par la FIDH et l’Association
malienne des droits de l’homme (AMDH) "le Mali connaît actuellement un niveau
d’insécurité sans précédent" depuis plus de quatre ans.
Même diagnostic pour l’organisation humanitaire Human Rights Watch, qui appelle M. Macron à "exhorter le président du Mali à s’attaquer frontalement aux problèmes qui ont mené à des décennies d’instabilité, notamment une faible gouvernance, une corruption endémique et les abus commis par les forces de l’ordre".
Dix-sept militaires français ont été tués au Mali depuis le lancement de Serval en 2013, selon un décompte de l’AFP.
leb-sst/sba
l’engagement militaire de la France, présente depuis quatre ans pour lutter contre les jihadistes.
Moins d’une semaine après son entrée en fonctions, le chef de l’Etat veut non seulement marquer sa "détermination" à poursuivre l’engagement au Sahel mais aussi l’inscrire dans une coopération renforcée avec l’Allemagne. Il entend encore compléter l’action militaire par une stratégie d’aide au
développement, a indiqué son entourage, comme le réclament d’ailleurs des organisations humanitaires.
A son arrivée peu avant 10H00 GMT, M. Macron, en costume bleu nuit, a été accueilli à la descente du Falcon présidentiel par son homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta, tout de blanc vêtu, venu de Bamako.
Ils ont ensuite passé en revue les troupes présentes sur la base de
l’opération française Barkhane qui mobilise 4.000 soldats dans cinq pays
(Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Niger et Tchad), dont 1.700 en poste à Gao
actuellement, dans la lutte contre les jihadistes au Sahel.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes
jihadistes liés à Al-Qaïda, qui ont été en grande partie chassés par
l’opération Serval, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, dont
Barkhane a pris le relais en août 2014.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes,
françaises et de l’ONU (Minusma), régulièrement visées par des attentats
meurtriers, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix censé
isoler définitivement les jihadistes. Depuis 2015, ces attaques se sont
étendues au centre et au sud du pays.
Le président français, accompagné par ses ministres Jean-Yves Le Drian
(Europe et Affaires étrangères) et Sylvie Goulard (Armées), ainsi que par le
directeur général de l’Agence française de développement (AFD) Rémy Rioux,
doit passer environ six heures sur place, suivant un programme très chargé.
Après un entretien de 45 minutes avec M. Keïta sur la lutte contre le
jihadisme et la laborieuse application de l’accord de paix, il se fera
présenter l’unité Barkhane avant un briefing à huis clos par les commandants
des forces Barkhane et Sabre (forces spéciales).
- Vol en hélicoptère -
M. Macron effectuera ensuite un vol en hélicoptère au-dessus de Gao et de
la boucle du fleuve Niger, puis en condition de tactique de combat, à basse
altitude, sous les caméras des télévisions embarquées à bord d’un autre
hélicoptère.
Alors que 25 journalistes sont du déplacement, une quinzaine de sociétés de
journalistes, des directeurs de rédaction et Reporters sans frontières ont
protesté jeudi contre l’organisation de sa communication, notamment le choix
des journalistes l’accompagnant au Mali.
L’Elysée a choisi Gao car il s’agit de la plus importante base des forces
françaises engagées à l’extérieur.
Davantage que son prédécesseur François Hollande, Emmanuel Macron veut
mettre l’accent, selon son entourage, sur la coopération internationale contre
la menace jihadiste, avec les autres pays européens, notamment l’Allemagne,
premier contributeur européen à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma).
La France veut "une impulsion franco-allemande pour que l’Europe joue un
rôle croissant dans les dossiers de sécurité et de défense, dont ceux de
l’Afrique et du Sahel". Une question déjà évoquée lundi avec la chancelière
Angela Merkel.
Autre nouvel axe affiché: articuler davantage l’approche militaire avec les
politiques de développement, comme le montre la présence du directeur général
de l’AFD.
C’est ce que demandent plusieurs organisations humanitaires, pour qui la
seule approche militaire ne résoudra pas les violences secouant le Mali.
La politique française en Afrique est trop "purement militaire", et doit
"investir dans le secteur de la gouvernance", plaide la Fédération
internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH).
Selon un rapport publié la semaine dernière par la FIDH et l’Association
malienne des droits de l’homme (AMDH) "le Mali connaît actuellement un niveau
d’insécurité sans précédent" depuis plus de quatre ans.
Même diagnostic pour l’organisation humanitaire Human Rights Watch, qui appelle M. Macron à "exhorter le président du Mali à s’attaquer frontalement aux problèmes qui ont mené à des décennies d’instabilité, notamment une faible gouvernance, une corruption endémique et les abus commis par les forces de l’ordre".
Dix-sept militaires français ont été tués au Mali depuis le lancement de Serval en 2013, selon un décompte de l’AFP.
leb-sst/sba