Parce qu’ils ont fait de la dénonciation de la Françafrique et du néocolonialisme leur fonds de commerce, beaucoup ne voient pas que l’Afrique est en train de se faire de nouveaux « amis » comme la Chine, la Russie, le Japon, l’Inde, l’Arabie saoudite et l’ensemble les BRICS. Ces nouveaux « amis » sont les vecteurs d’une coopération Sud-Sud, qui accroît les possibilités pour les pays africains d'accéder à des capitaux, des technologies et des marchés. Cette coopération Sud-Sud, entre pays en voie de développement ou sur le chemin de l’émergence, constitue une alternative à l’acienne coopération Nord-Sud.
Parmi ces nouveaux « amis », certains, comme la Chine, sont présents depuis longtemps ; d’autres reviennent après une longue absence, comme la Russie. Il est vrai que c’était l’Union soviétique communiste qui était présente en Afrique et non pas la Russie. L’Arabie Saoudite voit, avec l’Afrique, un formidable débouché pour les capitaux dont elle regaorge.
Comme le montrent une déclaration, du Président de l’Afrique du Sud, Zuma, et le dernier livre d’Antoine Glaser, Africafrance, tous ces nouveaux « amis » vont permettre à l’Afrique de défier l’Occident.
Que dit Zuma ? Dans un entretien accordé au Financial Times, le Président sud-africain met en garde les compagnies occidentales, les avertissant qu’il s’agit, pour elles, de traiter lles pays africains différemment et non plus comme d’anciennes colonies. Dans le cas contraire, « l’Afrique se tournerait vers de nouveaux partenaires qui la traiteront différemment ». Zuma donne l’exemple du domaine minier : les sociétés occidentales s’approprient le minerai sans créer, sur place, une industrie de transformation ; ainsi, le polissage du diamant ne se fait pas en Afrique du Sud.
Que dit Antoine Glaser dans son livre « Africafrance » ? Le souis-titre nous donne la réponse : « Quand les dirigeants africains deviennent les maîtres du jeu ». La thèse de Glaser est la suivante : les pays africains ont désormais l’embarras du choix dans leurs partenaires. Glaser précise : « Adieu Françafrique, bonjour Africafrance. Qui paie commande ! » Le monde entier trépigne dans les salles d’attente des Chefs d’Etats africains. L’Afrique a moins besoin de l’Occident.
A propos de quelques « nouveaux « amis »
● La Chine : la Chine est actuellement la « meilleure amie » de l’Afrique. Inutile de développer ce point qui mériterait, lorsqu’on parle de la « Chinafrique », un long développement. La Chine est présente dans tous les secteurs d’activité et sur tout le continent, excepté 4 pays..
● La Russie : Moscou tente conquérir en y réalisant des investissements massifs. L’implantation économique est une réalité, la Russie disposant de réserves financières importantes qu’elle doit investir. Elle suit en cela la même trajectoire que la Chine. Il s’agit bien d’une arrivée de la Russie et non d’un retour de l’ancienne URSS, autrefois présente en Angola, au Mozambique. La dimension idéologique a disparu. « Contrairement à l’URSS, la Russie n’exporte pas d’idéologie ». Mais, la Russie doit rattraper un énorme retard : la Chine déverse sur l’Afrique des réserves de change de 4 000 milliards de dollars, contre 360 milliards pour la Russie. Mais, la Russie veut aussi retrouver un statut de puissance internationale. Signe qui montre que l’Afrique s’inscrit bien dans la stratégie géopolitique que développe Poutine : lors du vote de l'Assemblée Générale de l'ONU qui a condamné la Russie pour son intervention militaire en Ukraine, une majorité d'Etats africains se sont abstenus, deux d'entre eux l'ont même soutenue.
● Le Japon : le Japon, par la voix de son premier ministre Shinzo Abe, a, plusieurs fois, affirmé sa volonté d'investir massivement en Afrique. L’objecti est certes économique, mais il s’accompagne d'une visée géopolitique. Pour se différencier de la Chine, le Japon insiste sur la qualités des services qu’il propose.Après avoir longtemps boudé l’Afrique, le Japon ne veut plus se laisser distancer par ses concurrents sur la scène internationales, car il a besoin de trouver des débouchés pour ses entreprises. Le Japon va jusqu’à défendre le droit pour l'Afrique de disposer d'un fauteuil de membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU, un pas que refuse de franchir la Chine.
● L’Arabie saoudite : l’Afrique a besoin d’argent, l’Arabie saoudite, qui lorgne sur les terres agricoles de l’Afrique, en particulier au Niger, dispose de pétrodollars. L’un des responsables du patronat saoudien a déclaré que son pays envisage de : « renforcer ses relations économiques avec le continent africain(…) en raison de ses vastes opportunités, notamment dans les secteurs du pétrole, de la pétrochimie, de l'exploitation minière, de l'agriculture et de l'élevage ». Quant à la finance islamique, qui connaît une croissance extaordinaire, l’Afrique veut sa part du gâteau.
Il faudrait étudier les partenariats que les pays africains nouent avec les nouveaux amis que sont le Brésil, la Malaisie, le Maroc, la Turquie, etc. Peu à peu, l’Afrique prend conscience que ses « nouveaux amis » en particulier la Chine, se comportent comme les anciens avec les mêmes risques de perpétuation des logiques d’assistanat, de développement par le haut, de pillage des matières prelières et d’accaration des terres agricoles. La coopération Sud-Sud, avec les « nouveaux amis », semble se démarquer de la coopération Nord-Sud par le seul fait de ne pas contenir des conditionnalités politiques et morales. La Chine, la Russie, l’Arabie saoudite, le Brésil ne posent aucune condition politique ou morale aux investissements qu’ils font en Afrique, à l’aide qu’ils apportent aux pays africains, aux financements qu’ils accordent. Autrefois, la Chine et l’Union soviétique étaient des « amis » des mouvements de libération africains. Aujourd’hui, comme tous les pays, les « nouveaux amis de l’Afrique n’ont plus d’amis, ils n’ont que des intérêts. Seuls comptent, pour ces « nouveaux amis », les impératifs économiques et géopolitiques.
En attendant, ces « nouveaux amis » permettent à l’Afrique de défier l’Occident. soit autre chose qu’une « belle endormie».
Christian Gambotti
Directeur général de l’Institut Choiseul
Directeur de la Collection
L’Afrique en marche
Parmi ces nouveaux « amis », certains, comme la Chine, sont présents depuis longtemps ; d’autres reviennent après une longue absence, comme la Russie. Il est vrai que c’était l’Union soviétique communiste qui était présente en Afrique et non pas la Russie. L’Arabie Saoudite voit, avec l’Afrique, un formidable débouché pour les capitaux dont elle regaorge.
Comme le montrent une déclaration, du Président de l’Afrique du Sud, Zuma, et le dernier livre d’Antoine Glaser, Africafrance, tous ces nouveaux « amis » vont permettre à l’Afrique de défier l’Occident.
Que dit Zuma ? Dans un entretien accordé au Financial Times, le Président sud-africain met en garde les compagnies occidentales, les avertissant qu’il s’agit, pour elles, de traiter lles pays africains différemment et non plus comme d’anciennes colonies. Dans le cas contraire, « l’Afrique se tournerait vers de nouveaux partenaires qui la traiteront différemment ». Zuma donne l’exemple du domaine minier : les sociétés occidentales s’approprient le minerai sans créer, sur place, une industrie de transformation ; ainsi, le polissage du diamant ne se fait pas en Afrique du Sud.
Que dit Antoine Glaser dans son livre « Africafrance » ? Le souis-titre nous donne la réponse : « Quand les dirigeants africains deviennent les maîtres du jeu ». La thèse de Glaser est la suivante : les pays africains ont désormais l’embarras du choix dans leurs partenaires. Glaser précise : « Adieu Françafrique, bonjour Africafrance. Qui paie commande ! » Le monde entier trépigne dans les salles d’attente des Chefs d’Etats africains. L’Afrique a moins besoin de l’Occident.
A propos de quelques « nouveaux « amis »
● La Chine : la Chine est actuellement la « meilleure amie » de l’Afrique. Inutile de développer ce point qui mériterait, lorsqu’on parle de la « Chinafrique », un long développement. La Chine est présente dans tous les secteurs d’activité et sur tout le continent, excepté 4 pays..
● La Russie : Moscou tente conquérir en y réalisant des investissements massifs. L’implantation économique est une réalité, la Russie disposant de réserves financières importantes qu’elle doit investir. Elle suit en cela la même trajectoire que la Chine. Il s’agit bien d’une arrivée de la Russie et non d’un retour de l’ancienne URSS, autrefois présente en Angola, au Mozambique. La dimension idéologique a disparu. « Contrairement à l’URSS, la Russie n’exporte pas d’idéologie ». Mais, la Russie doit rattraper un énorme retard : la Chine déverse sur l’Afrique des réserves de change de 4 000 milliards de dollars, contre 360 milliards pour la Russie. Mais, la Russie veut aussi retrouver un statut de puissance internationale. Signe qui montre que l’Afrique s’inscrit bien dans la stratégie géopolitique que développe Poutine : lors du vote de l'Assemblée Générale de l'ONU qui a condamné la Russie pour son intervention militaire en Ukraine, une majorité d'Etats africains se sont abstenus, deux d'entre eux l'ont même soutenue.
● Le Japon : le Japon, par la voix de son premier ministre Shinzo Abe, a, plusieurs fois, affirmé sa volonté d'investir massivement en Afrique. L’objecti est certes économique, mais il s’accompagne d'une visée géopolitique. Pour se différencier de la Chine, le Japon insiste sur la qualités des services qu’il propose.Après avoir longtemps boudé l’Afrique, le Japon ne veut plus se laisser distancer par ses concurrents sur la scène internationales, car il a besoin de trouver des débouchés pour ses entreprises. Le Japon va jusqu’à défendre le droit pour l'Afrique de disposer d'un fauteuil de membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU, un pas que refuse de franchir la Chine.
● L’Arabie saoudite : l’Afrique a besoin d’argent, l’Arabie saoudite, qui lorgne sur les terres agricoles de l’Afrique, en particulier au Niger, dispose de pétrodollars. L’un des responsables du patronat saoudien a déclaré que son pays envisage de : « renforcer ses relations économiques avec le continent africain(…) en raison de ses vastes opportunités, notamment dans les secteurs du pétrole, de la pétrochimie, de l'exploitation minière, de l'agriculture et de l'élevage ». Quant à la finance islamique, qui connaît une croissance extaordinaire, l’Afrique veut sa part du gâteau.
Il faudrait étudier les partenariats que les pays africains nouent avec les nouveaux amis que sont le Brésil, la Malaisie, le Maroc, la Turquie, etc. Peu à peu, l’Afrique prend conscience que ses « nouveaux amis » en particulier la Chine, se comportent comme les anciens avec les mêmes risques de perpétuation des logiques d’assistanat, de développement par le haut, de pillage des matières prelières et d’accaration des terres agricoles. La coopération Sud-Sud, avec les « nouveaux amis », semble se démarquer de la coopération Nord-Sud par le seul fait de ne pas contenir des conditionnalités politiques et morales. La Chine, la Russie, l’Arabie saoudite, le Brésil ne posent aucune condition politique ou morale aux investissements qu’ils font en Afrique, à l’aide qu’ils apportent aux pays africains, aux financements qu’ils accordent. Autrefois, la Chine et l’Union soviétique étaient des « amis » des mouvements de libération africains. Aujourd’hui, comme tous les pays, les « nouveaux amis de l’Afrique n’ont plus d’amis, ils n’ont que des intérêts. Seuls comptent, pour ces « nouveaux amis », les impératifs économiques et géopolitiques.
En attendant, ces « nouveaux amis » permettent à l’Afrique de défier l’Occident. soit autre chose qu’une « belle endormie».
Christian Gambotti
Directeur général de l’Institut Choiseul
Directeur de la Collection
L’Afrique en marche