Pour rien au monde je ne rate deux discours et en direct. Quel que soit le lieu où je me trouve, je rentre rapidement à la maison, pour écouter religieusement. Il s’agit des deux discours à la nation. Celui du 31 décembre. Et celui du 6 août. Deux moments importants de la nation. On y apprend le développement et la transformation du pays. Chaque Président met un point d’honneur à faire de ce face à face avec le pays son moment le plus intime, le plus réel, le plus franc. Le discours est sans doute préparé longtemps d’avance pour réfléchir davantage à chaque phrase et ses conséquences. Cette année, on a été royalement servi. Le Président nous a informés que dans notre pays tous les clignotants sont au vert. Quelle fierté pour notre nationalisme et notre fierté ! Pour nous qui sommes quotidiennement en rapport avec les pays de notre continent cela ne peut que nous réjouir ; surtout qu’on nous le dit constamment à l’extérieur. Jésus, le Christ, avait bien raison. Nul n’est prophète dans son pays. Le prophète devient une adulation quand il n’est plus visible à l’horizon. Comment ne pas penser aux premières heures de l’indépendance ou aux premiers chefs d’Etat africain. Avec le parti unique et une assemblée nationale sous les ordres. Un peuple heureux de son bâillonnement et qui applaudit à tout. Sans se poser de questions. On pouvait tout faire et tout réussir. Dans ces cinq dernières années le pays a fait un long pas de géant qui restera dans les annales du pays. Et quand on apprend que le Kenya est le pays qui attire le plus d’investisseurs, en Afrique noire, il y a de quoi se poser des questions. Depuis les premières heures de l’indépendance, le Kenya a été présenté comme l’un des concurrents de la Côte d’Ivoire, dans cette partie de la l’Afrique, à cause du charisme de leur chef historique. Le Kenya fut longtemps l’attraction de la jeunesse africaine à cause de son jeune et charmant ministre Tom M’Boya qui sera assassiné comme, quelques années, plus tard, Ange Diawara, du côté de Brazzaville. Le destin et la vie de ces jeunes ministres africains ont enlevé le goût de la politique à de nombreux jeunes africains et surtout faire comprendre que tout est dans le destin comme dans les empreintes digitales. A la faveur de ces dernières élections présidentielles, dans le pays de Jomo Kenyatta, on a vite compris, à travers de multiples reportages pourquoi le Kenya attire tant d’investisseurs. Certes, c’est un pays de tourisme et de touristes. D’ailleurs, on a tendance à ne voir que des lions et des gazelles dans les rues d Nairobi. Or, cette ville comme tout le pays est un vaste chantier d’infrastructures. Une leçon élémentaire apprise pour faire venir des investisseurs dans un pays. D’où de nombreuses opportunités de freiner l’avancée du chômage. Ce qui est paradoxale, le petit peuple, comme partout ailleurs, a une litanie en poche de revendications contre un pays, mais au Kenya, tous ne parlent que de la corruption. Un serpent de mer. J’attends avec impatience le prochain message de la nation pour savoir à quel niveau on va se trouver avec le Kenya en termes d’investisseurs. Avoir la Banque Africaine de Développement sur son sol est le plus grand atout pour notre pays pour attitrer plus d’investisseurs que partout sur le continent. L’éléphant va forcément barrir. Par contre, notre chère Côte d’Ivoire est considérée comme le pays qui fait le plus pour l’agriculture. Cela ne saurait surprendre. Souvenez-vous ! Le jour de la première découverte du baril de pétrole. Une voix s’est levée : « Nous continuerons à privilégier notre agriculture. » Néanmoins, le pays peut bien faire. Surtout dans le domaine de l’élevage. C’est pourquoi j’ai mis un peu d’orange à mon vert. Dans quelques jours, à la faveur des festivités de la tabaski, on nous rebattra les oreilles sur la difficulté d’approvisionnement en bœufs nos marchés dans le pays. La Côte d’Ivoire n’est pas un pays importateur de bétail mais la Côte d’Ivoire peut le devenir comme ce qui a été fait dans l’agriculture. Surtout dans le nord du pays, une zone qui s’y prête et que la culture de l’acajou a transformé. Le nord déshérité est une légende des siècles passés. C’est possible de devenir un pays importateur en bétail grâce à la technologie. Et aussi et surtout, comme des plantes, distribuer des mâles et des femelles à de braves et patients cultivateurs. La notion de patience est totalement ignorée par la population. Chacun veut commencer et arriver immédiatement. Pour ceux qui sont habitués à la terre, ils savent pourquoi le premier Président aimait ces camarades paysans. Uniquement à cause de leur patience et de leur endurance à la tâche. En plus, chacun dans sa vie, constate combien les années, qu’on croit longues, passent si vite. Il y a trop de choses à faire dans une journée qu’à chaque jour suffit sa peine. Rien n’est plus agréable de se retourner et de retourner pour voir ce qu’on a réussi et on se dit que les années n’ont pas été aussi longues que cela…, Alors, allons à l’élevage du bétail. Il sera encore beaucoup plus facile et plus rapide que l’hévéaculture. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine…
Par Isaïe Biton Koulibaly
Par Isaïe Biton Koulibaly