Abidjan - Mutineries, évasions de prisonniers, attaques de postes de police et gendarmeries se multiplient depuis le début de l'année en Côte d'Ivoire: instabilité croissante à l'approche de la présidentielle de 2020 ou "dernier soubresaut" des crises passées?
"Les récentes attaques (...) ne troublent pas notre sommeil. Nous travaillons à cela pour la sécurité des Ivoiriens", a assuré dimanche le président Alassane Ouattara au congrès de son parti.
Mais si le discours se veut rassurant et combatif, la liste des incidents est longue.
Le 19 juillet, des hommes armés ont pris d'assaut l'école de police d'Abidjan dans le quartier huppé de Cocody s'emparant d'armes avant une fusillade avec les forces de l'ordre (un mort) pendant leur fuite. Au moins quatre autres attaques --moins importantes, sans blessés-- ont suivi: Azaguié (22 juillet), Fresco (29 juillet), Adzopé (4 août) et Songon (3 septembre).
- 'Plus d'excuse' -
Trois évasions, dont deux spectaculaires, ont eu lieu au pénitencier de Katiola (centre, une centaine de détenus, 3 septembre), au Palais de Justice d'Abidjan en plein centre de la capitale économique (20 évadés, 8 août) et à Gagnoa (centre, 5 détenus, 6 août).
En parallèle, les populations du nord se plaignent de la recrudescence des braquages de "coupeurs de route" et on assiste à une résurgence des "microbes" (délinquants mineurs) dans la périphérie d'Abidjan, avec la mort d'un policier et des échauffourées à Yopougon, quartier historiquement favorable à l'ancien président Laurent Gbagbo.
Série noire qui survient après la cascade de mutineries d'anciens rebelles,
intégrés dans l'armée après avoir contribué à porter M. Ouattara au pouvoir en
2011, qui ont ébranlé le pays en janvier et en mai, notamment dans les deux
principales villes, Abidjan et Bouaké (centre).
Le porte-parole du gouvernement Bruno Koné, qui assure que la situation est "sous contrôle", parle de "derniers soubresauts" de la crise qui avait fait 3.000 morts entre 2010 et 2011 après le refus du camp Gbagbo de reconnaître sa défaite dans les urnes.
"On retombe dans la situation d'après crise, mais autant on pouvait admettre les problèmes en 2012 ou 2013, avec les armes qui ont circulé, autant en 2017 il n'y a plus d'excuse", estime une source proche de l'armée.
- 'Déstabilisation' -
Le pouvoir dénonce une tentative de "déstabilisation" du pays, alors que la succession d'Alassane Ouattara en 2020 occupe de nombreux esprits. Le ministre de l'Intérieur Sidiki Diakité a désigné des anciens proches en exil de Gbagbo, M. Ouattara affirmant avoir des "preuves concrètes".
Mais certains hauts responsables voient aussi "la patte" de Guillaume Soro, président de l'Assemblée nationale, ancien chef de la rébellion, qui fait officiellement partie de la majorité présidentielle mais dont les ambitions alimentent toutes les rumeurs.
Des accusations formellement démenties dans le camp Gbagbo. Quant à Soro,
un proche assure: "dès qu'il se passe quelque chose, c'est Soro par ci, Soro par là. N'importe quoi".
"Sous couvert de réconciliation et dialogue politique (...) nous avons libéré des gens et ils n'ont pas trouvé mieux à faire que de s'attaquer à nos
forces de l'ordre", a fustigé le président Ouattara.
Et d'agiter le spectre des putschs, réussis ou non, qui ont par le passé plongé le pays au bord du gouffre, en appelant aux pays alliés, Nigeria, Ghana ou Sénégal. "S'il y a un coup d'État quelque part, nous n'hésiterons pas à intervenir ensemble car l'Afrique doit sortir des coups de force, des coups d'État et de la violence politique".
Mais, pour une source proche des forces de sécurité, "on a surtout l'impression qu'on tente de cacher les carences des services de sécurité et leur difficile réforme annoncée depuis des lustres en brandissant l'échec de la réconciliation nationale. Le problème, c'est surtout cette réforme indispensable qui n'avance pas".
Des turbulences qui pourraient prendre de l'ampleur à mesure qu'approchera la présidentielle, selon une source occidentale.
pgf/jpc/lab
"Les récentes attaques (...) ne troublent pas notre sommeil. Nous travaillons à cela pour la sécurité des Ivoiriens", a assuré dimanche le président Alassane Ouattara au congrès de son parti.
Mais si le discours se veut rassurant et combatif, la liste des incidents est longue.
Le 19 juillet, des hommes armés ont pris d'assaut l'école de police d'Abidjan dans le quartier huppé de Cocody s'emparant d'armes avant une fusillade avec les forces de l'ordre (un mort) pendant leur fuite. Au moins quatre autres attaques --moins importantes, sans blessés-- ont suivi: Azaguié (22 juillet), Fresco (29 juillet), Adzopé (4 août) et Songon (3 septembre).
- 'Plus d'excuse' -
Trois évasions, dont deux spectaculaires, ont eu lieu au pénitencier de Katiola (centre, une centaine de détenus, 3 septembre), au Palais de Justice d'Abidjan en plein centre de la capitale économique (20 évadés, 8 août) et à Gagnoa (centre, 5 détenus, 6 août).
En parallèle, les populations du nord se plaignent de la recrudescence des braquages de "coupeurs de route" et on assiste à une résurgence des "microbes" (délinquants mineurs) dans la périphérie d'Abidjan, avec la mort d'un policier et des échauffourées à Yopougon, quartier historiquement favorable à l'ancien président Laurent Gbagbo.
Série noire qui survient après la cascade de mutineries d'anciens rebelles,
intégrés dans l'armée après avoir contribué à porter M. Ouattara au pouvoir en
2011, qui ont ébranlé le pays en janvier et en mai, notamment dans les deux
principales villes, Abidjan et Bouaké (centre).
Le porte-parole du gouvernement Bruno Koné, qui assure que la situation est "sous contrôle", parle de "derniers soubresauts" de la crise qui avait fait 3.000 morts entre 2010 et 2011 après le refus du camp Gbagbo de reconnaître sa défaite dans les urnes.
"On retombe dans la situation d'après crise, mais autant on pouvait admettre les problèmes en 2012 ou 2013, avec les armes qui ont circulé, autant en 2017 il n'y a plus d'excuse", estime une source proche de l'armée.
- 'Déstabilisation' -
Le pouvoir dénonce une tentative de "déstabilisation" du pays, alors que la succession d'Alassane Ouattara en 2020 occupe de nombreux esprits. Le ministre de l'Intérieur Sidiki Diakité a désigné des anciens proches en exil de Gbagbo, M. Ouattara affirmant avoir des "preuves concrètes".
Mais certains hauts responsables voient aussi "la patte" de Guillaume Soro, président de l'Assemblée nationale, ancien chef de la rébellion, qui fait officiellement partie de la majorité présidentielle mais dont les ambitions alimentent toutes les rumeurs.
Des accusations formellement démenties dans le camp Gbagbo. Quant à Soro,
un proche assure: "dès qu'il se passe quelque chose, c'est Soro par ci, Soro par là. N'importe quoi".
"Sous couvert de réconciliation et dialogue politique (...) nous avons libéré des gens et ils n'ont pas trouvé mieux à faire que de s'attaquer à nos
forces de l'ordre", a fustigé le président Ouattara.
Et d'agiter le spectre des putschs, réussis ou non, qui ont par le passé plongé le pays au bord du gouffre, en appelant aux pays alliés, Nigeria, Ghana ou Sénégal. "S'il y a un coup d'État quelque part, nous n'hésiterons pas à intervenir ensemble car l'Afrique doit sortir des coups de force, des coups d'État et de la violence politique".
Mais, pour une source proche des forces de sécurité, "on a surtout l'impression qu'on tente de cacher les carences des services de sécurité et leur difficile réforme annoncée depuis des lustres en brandissant l'échec de la réconciliation nationale. Le problème, c'est surtout cette réforme indispensable qui n'avance pas".
Des turbulences qui pourraient prendre de l'ampleur à mesure qu'approchera la présidentielle, selon une source occidentale.
pgf/jpc/lab