Le débat actuel sur le franc CFA est malheureusement placé sur un terrain où les arguments "scientifiques" cèdent de plus en plus la place à l’émotion, au populisme et à la politique politicienne. Le citoyen de l’Union Monétaire Ouest Africaine que je suis voulait se tenir éloigné de ce type d’échanges. Mais face à tant de contre-vérités et d’intoxication, je vais m’émanciper de ma réserve pour faire quelques observations sur certains thèmes mis en relief surtout par le courant des "anti Franc CFA" à savoir la souveraineté, la "taxe" ou "impôt" prélevé par la France, la suppression de la zone franc.
Avant, je voudrais préciser que les questions monétaires sont malheureusement affectées par la nature politique de la monnaie, dont le choix et l’émission sont de la prérogative des Etats. Ceci étant précisé, on comprend dès lors les différents choix de politiques monétaires laissés à l’initiative de chaque pays ou groupe de pays émetteur.
La souveraineté
Les pays africains de la Zone franc, qui ont un passé colonial avec la France, ont décidé de maintenir cette zone en procédant à des aménagements importants pour la mettre à leur service. Ce maintien pose naturellement la question de la souveraineté monétaire. Cette souveraineté est-elle bafouée dans le cas qui nous concerne? La réponse est non, à y regarder de très près. Les pays africains, après les indépendances, y ont librement renoncé individuellement pour l’exercer collectivement dans le but d’être plus forts et performants. Le débat sur le thème de la souveraineté mérite-t-il tout l’écho qui lui est donné? Mon opinion est que ce débat est artificiellement grossi.
Souveraineté collective et partagée contre souveraineté nationale
La question que l’on peut se poser est de savoir si l’exercice collectif de cette souveraineté est préférable ou non à la souveraineté individuelle que chaque Etat chercherait à s’assurer. Si l’on part de l’adage qui dit que l’union fait la force, la gestion collective et partagée de la souveraineté est sans doute un meilleur moyen de parvenir à cet objectif. Pour une appréciation de cet argument, il faut se demander si les pays non membres de la zone franc exercent une souveraineté monétaire. Il suffit de s’interroger sur la présence dans ces pays (comme dans ceux de l’UMOA) des institutions de Breton Woods qui érode fortement l’exercice de cette souveraineté. En fait ce qui vaille aujourd’hui, est de savoir quel contenu donné à la souveraineté dans un monde globalisé.
De l’effectivité d’une souveraineté à l’heure actuelle
Il n’est pas nécessaire de s’épancher longuement sur la limitation d’une souveraineté monétaire dans une économie globalisée. Les marchés ont pris le pouvoir d’influer fortement sur la politique monétaire des Etats parvenant même à dicter les comportements dans ce domaine.
A la lumière de ces deux arguments, l’argument de la souveraineté n’est plus aussi pertinent à l’heure actuelle.
Taxe ou impôt prélevé par la France
C’est l’un des arguments que l’on a du mal à comprendre. La convention de compte d’opérations fait obligation aux Etats de l’Union, à travers la BCEAO, de déposer dans un compte rémunéré ouvert auprès du Trésor français, 50% de leurs avoirs extérieurs. Naturellement, la France peut disposer de ces ressources. Le contraire serait absurde. Si vous déposez votre épargne à Ecobank, pouvez-vous faire le reproche à cette banque de l’employer à diverses fins ? C’est sa mission d’allocation des excédents de trésorerie à des besoins de trésorerie. L’analogie peut également être faite avec une compagnie d’assurance qui assure contre un risque en contrepartie d’une prime et utilise ces fonds pour financer ses investissements. Les Etats membres de l’UMOA tirent des avantages de leur appartenance à la zone franc, la réciprocité milite également en faveur d’un gain de la France.
Suppression de la zone franc
Quitter la zone franc est un argument qui fouette le nationalisme des africains, à juste titre. Mais la remplacer par quoi ? Malgré ses imperfections ou faiblesses, la zone franc a permis de construire une zone monétaire stable dotée d’une monnaie qui est fortement demandée dans la sous-région. Beaucoup de ressortissants de pays non membres de la zone ont une préférence pour le FCFA.
Le combat qui mérite d’être mené aujourd’hui est de faire pression sur les autorités politiques et monétaires de la CEDEAO pour l’avènement d’une monnaie CEDEAO. Depuis plus de 20 ans, la sous-région fait du surplace dans la voie de la création de cette monnaie. Tous les efforts doivent tendre vers cet objectif et le franc CFA mourra sans aucun doute de sa belle mort.
Une correspondance particulière de Youssouf DEMBELE
Avant, je voudrais préciser que les questions monétaires sont malheureusement affectées par la nature politique de la monnaie, dont le choix et l’émission sont de la prérogative des Etats. Ceci étant précisé, on comprend dès lors les différents choix de politiques monétaires laissés à l’initiative de chaque pays ou groupe de pays émetteur.
La souveraineté
Les pays africains de la Zone franc, qui ont un passé colonial avec la France, ont décidé de maintenir cette zone en procédant à des aménagements importants pour la mettre à leur service. Ce maintien pose naturellement la question de la souveraineté monétaire. Cette souveraineté est-elle bafouée dans le cas qui nous concerne? La réponse est non, à y regarder de très près. Les pays africains, après les indépendances, y ont librement renoncé individuellement pour l’exercer collectivement dans le but d’être plus forts et performants. Le débat sur le thème de la souveraineté mérite-t-il tout l’écho qui lui est donné? Mon opinion est que ce débat est artificiellement grossi.
Souveraineté collective et partagée contre souveraineté nationale
La question que l’on peut se poser est de savoir si l’exercice collectif de cette souveraineté est préférable ou non à la souveraineté individuelle que chaque Etat chercherait à s’assurer. Si l’on part de l’adage qui dit que l’union fait la force, la gestion collective et partagée de la souveraineté est sans doute un meilleur moyen de parvenir à cet objectif. Pour une appréciation de cet argument, il faut se demander si les pays non membres de la zone franc exercent une souveraineté monétaire. Il suffit de s’interroger sur la présence dans ces pays (comme dans ceux de l’UMOA) des institutions de Breton Woods qui érode fortement l’exercice de cette souveraineté. En fait ce qui vaille aujourd’hui, est de savoir quel contenu donné à la souveraineté dans un monde globalisé.
De l’effectivité d’une souveraineté à l’heure actuelle
Il n’est pas nécessaire de s’épancher longuement sur la limitation d’une souveraineté monétaire dans une économie globalisée. Les marchés ont pris le pouvoir d’influer fortement sur la politique monétaire des Etats parvenant même à dicter les comportements dans ce domaine.
A la lumière de ces deux arguments, l’argument de la souveraineté n’est plus aussi pertinent à l’heure actuelle.
Taxe ou impôt prélevé par la France
C’est l’un des arguments que l’on a du mal à comprendre. La convention de compte d’opérations fait obligation aux Etats de l’Union, à travers la BCEAO, de déposer dans un compte rémunéré ouvert auprès du Trésor français, 50% de leurs avoirs extérieurs. Naturellement, la France peut disposer de ces ressources. Le contraire serait absurde. Si vous déposez votre épargne à Ecobank, pouvez-vous faire le reproche à cette banque de l’employer à diverses fins ? C’est sa mission d’allocation des excédents de trésorerie à des besoins de trésorerie. L’analogie peut également être faite avec une compagnie d’assurance qui assure contre un risque en contrepartie d’une prime et utilise ces fonds pour financer ses investissements. Les Etats membres de l’UMOA tirent des avantages de leur appartenance à la zone franc, la réciprocité milite également en faveur d’un gain de la France.
Suppression de la zone franc
Quitter la zone franc est un argument qui fouette le nationalisme des africains, à juste titre. Mais la remplacer par quoi ? Malgré ses imperfections ou faiblesses, la zone franc a permis de construire une zone monétaire stable dotée d’une monnaie qui est fortement demandée dans la sous-région. Beaucoup de ressortissants de pays non membres de la zone ont une préférence pour le FCFA.
Le combat qui mérite d’être mené aujourd’hui est de faire pression sur les autorités politiques et monétaires de la CEDEAO pour l’avènement d’une monnaie CEDEAO. Depuis plus de 20 ans, la sous-région fait du surplace dans la voie de la création de cette monnaie. Tous les efforts doivent tendre vers cet objectif et le franc CFA mourra sans aucun doute de sa belle mort.
Une correspondance particulière de Youssouf DEMBELE