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Économie Publié le mercredi 13 décembre 2017 | Abidjan.net

Interview/ Flan Oulaï, président de l’Ordre des experts comptables de Côte d’Ivoire: « L’expert comptable doit avoir son mot à dire dans l’élaboration des textes relatifs à la fiscalité des entreprises »

© Abidjan.net Par DR
M. Flan Oulaï dresse un bilan des actions menées tout en dégageant les perspectives pour accroitre davantage la notoriété de la profession comptable à l’orée 2020.
Flan Oulaï( Photo), président de l’Ordre des experts comptables de Côte d’Ivoire: « L’expert comptable doit avoir son mot à dire dans l’élaboration des textes relatifs à la fiscalité des entreprises »
Après trois années passées à la tête de l’Ordre des experts comptables de Côte d’Ivoire, M. Flan Oulaï dresse un bilan des actions menées tout en dégageant les perspectives pour accroître ,davantage la notoriété de la profession comptable à l’orée 2020.

M. le président, vous êtes depuis trois ans au contrôle des affaires des experts comptables ivoiriens. Faites-nous un bilan succinct ?

Ce bilan est focalisé autour de cinq principaux axes qui ont apporté des avancées notables à la profession comptable en Côte d’Ivoire. Il s’agit premièrement de la promotion de la profession de l’expertise comptable. Soulignons que ce métier est très mal connu sous nos tropiques et les experts comptables n’avaient pas toute leur place dans la gouvernance et l’évolution de l’économie nationale. Il était alors important que le nouveau bureau mette en œuvre des actions pour accroître la visibilité de cette profession. Et cela s’est fait à travers l’appel à des spécialistes de la communication, ainsi que des actions très pointues auprès des autorités ivoiriennes et des professionnels de la sous-région ouest africaine.

Le second axe a consisté à faire de la profession comptable un acteur clé de l’économie nationale. Il fallait pour cela que les experts comptables, eux-mêmes, apportent l’expertise nécessaire dans leur façon de travailler. Ce qui nous a permis d’orienter leurs actions vers la professionnalisation par l’accent mis sur la formation des experts comptables, leurs employés ainsi que l’amélioration de la qualité des prestations offertes aux clients. Les experts comptables ivoiriens ont alors été amenés à appliquer les normes internationales de la profession comptable dans leur travail.

Troisièmement, nous avons œuvré à améliorer les conditions de travail à travers notamment le recrutement de personnel additionnel, l’équipement et la rénovation du siège de l’Ordre des experts comptables de Côte d’Ivoire (OEC-CI)à Abidjan pour répondre aux exigences internationales.

Le quatrième point qui aussi important que les autres a trait aux actions entreprises pour faire en sorte que les revenus des experts comptables ivoiriens s’améliorent considérablement. Nous avons à cet effet travaillé avec l’administration publique ivoirienne pour la mise en place de l’attestation de visa des états financiers des entreprises en Côte d’Ivoire. Cette action a permis non seulement d’accroître les revenus de la Direction générale des impôts (DGI) mais aussi ceux des experts comptables (surtout les plus jeunes) en ayant plus de travail. Parce qu’ils devraient au bas mot viser plus de 30 000 états financiers chaque année. Le résultat est qu’on dispose maintenant des comptes plus fiables et une baisse des états financiers à deux ou trois vitesses réalisés par les chefs d’entreprise. Le visa des experts comptables est venu freiner cet élan.

Et enfin, le cinquième axe porte sur l’amélioration des textes réglementaires de la profession comptable en Côte d’Ivoire. Nous y avions travaillé avec des juristes extérieurs et cette action suit son cours…

Lors de ce mandat, vous aviez aussi relevé le défi de l’organisation du tout premier Congrès régional des experts comptables de l’UEMOA à Abidjan. Quel bilan faites-vous de cette activité majeure ?

L’Ordre des experts comptables de Côte d’Ivoire a 25 ans d’existence. Et nous avions, jusque là, organisé que deux congrès. Le Sénégal en a aussi organisé deux ou trois congrès sur la même période pratiquement. Mais, ces congrès n’avaient de très grandes portées puisqu’ils se limitaient à ces pays. Ce qui nous a motivés depuis 2015 de joindre nos forces pour organiser un congrès de plus grande envergure avec tous les huit (08) États membres de l’UEMOA. L’idée a fait son chemin, nous l’avons défendue et tous ces pays ont adhéré à notre initiative. Finalement, le Conseil permanent de la profession comptable (CPPP) a donné son quitus pour la tenue effective de ce grand congrès à Abidjan. L’opportunité a alors été laissée à la Côte d’Ivoire de tenter cette expérience inédite. Et nous pensons avoir réussi, comme vous le dites, cette grande messe au bord de la lagune Ebrié. Nous saisissons donc l’occasion pour adresser nos sincères remerciements aux autorités ivoiriennes qui nous ont vraiment aidé à réussir ce pari.

Quels sont les experts venus de l’étranger ayant participé à ce grand rendez-vous d’Abidjan ?

Nous avions pu faire venir en Côte d’Ivoire toute la sommité de la profession comptable au niveau international. Il s’agit notamment des délégués de l’IFAC (International federation of accountants), l’organisation qui définit les normes professionnelles du métier ; le président du Conseil supérieur de l’Ordre des experts comptables de France ; le président de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes de France ; etc. Ainsi que la participation effective d’experts et spécialistes venus du Ghana, Nigeria, Tunisie, Maroc, etc. Nous attendions 300 participants et nous nous sommes retrouvés avec plus de 500 délégués venus de l’Afrique et de l’Europe.



Quelles propositions concrètes aviez-vous faites sur cette épineuse question de la pression fiscale ?

Elles sont dans l’intérêt des uns et des autres. Il s’agit de faire en sorte que les experts comptables aient leur mot à dire et apportent leur contribution à l’adoption des textes relatifs à la fiscalité des entreprises en Côte d’Ivoire. Nous avons alors proposé que les experts comptables ivoiriens soient associés à la préparation de la loi des finances et l’annexe fiscale chaque année. Parce qu’on est souvent confronté à des difficultés dans l’application de certains textes une fois adoptés. C’est l’une des pistes proposées au gouvernement ivoirien. Notre implication à ces dispositions fiscales nous permettra de mieux expliquer à nos clients le fondement des textes pour faciliter leur application. En agissant ainsi nous pensons que l’impôt pourra être mieux perçu par le contribuable ivoirien.

Dites-nous alors l’appui que l’Ordre des experts comptables a apporté aux autorités ivoiriennes pendant les trois années écoulées ?

ll y a eu plusieurs actions posées mais nous allons parler qu’une seule. Depuis 2009, un texte régional a été pris qui impose d’avoir le visa des experts comptables sur les états financiers des entreprises avant de les acheminer au Guichet unique de dépôt des États financiers (GUDEF). A défaut d’une certification, ce visa permet de dire que ces états financiers respectent le minimum de principes de présentation et éradiquer les deux, trois ou quatre bilans réalisés par une seule entreprise. L’Ordre des experts comptables de Côte d’Ivoire (OEC-CI) a travaillé d’arrache pied avec le ministère en charge du Budget et celui de l’Économie et des Finances pour arriver à la mise en œuvre effective de cette disposition communautaire en Côte d’Ivoire.

Et les experts comptables ont aussi apporté leur contribution dans le cadre de l’inventaire sur les actifs de l’État.



Avec toutes les actions menées ces trois dernières années, comment voyez-vous le positionnement de l’Ordre des experts comptables dans le pays et la sous-région ?

Notre image s’est nettement améliorée au niveau national auprès des autorités étatiques (la Primature, le ministère de l’Économie et des Finances, le secrétariat d’État auprès du Premier ministre chargé du Budget et du Patrimoine de l’État, etc.). Ainsi qu’avec la Direction générale des impôts où la collaboration était parfois difficile par le passé. Les choses se sont nettement améliorées. Parce que nous avions réussi à engager une série de réunions et des séances de travail avec la DGI qui nous consulte systématiquement désormais. Idem pour le secrétariat d’État en charge du Budget de l’État.

Auprès des entreprises, nous avons aussi amélioré notre image et nos prestations grâce à la formation de nos confrères sur les techniques de travail dans leur métier. Ils ont ainsi eu les moyens pour répondre positivement aux sollicitations de leurs clients.

Au plan régional, nous faisons partie du Conseil permanent de la profession comptable (CPPC) et portons la voie de la Côte d’Ivoire au sein dudit conseil. Comme résultat, tous les confrères ont accepté que le premier Congrès régional des experts comptables se tienne à Abidjan. Ce succès à renforcer la confiance avec l’organisme sous-régional de la fonction comptable. Et nous sommes consultés par bon nombre de pays de l’UEMOA pour donner des conseils et des solutions expérimentées pour que l’Ordre des experts comptables de Côte d’Ivoire. Ces pays ont même demandé d’avoir des conseils de la structure de communication qui accompagne nos actions. Et déjà les Ordres des experts comptables du Sénégal et du Bénin bénéficient de l’expertise de cette agence de communication. Nous sommes aujourd’hui fiers de l’option prise de nous faire accompagner par des spécialistes en communication dans la mesure où cela a déjà des répercussions dans d’autres pays frères. Ils s’appuient sur ce canal pour mettre en place leurs sites Internet, magazines internes, conférences et séminaires, etc.

En ce qui concerne votre positionnement sur le plan local, certaines PME se plaignent encore que vos prestations ne sont pas accessibles à cause des honoraires à payer ?

Il s’agit d’un préjugé. Parce qu’on voit toujours l’Expert-comptable comme un personnage qu’on a du mal à approcher. C’est justement pour corriger cette mauvaise perception de la population que nous avons organisé sur deux années consécutives (2015 et 2016), les Journées de l’Expert-comptable qui a porté sur le thème : « L’expert comptable, coach des PME ». Deux journées durant, nous avons expliqué les prestations que nous offrons aux Petites et moyennes entreprises (PME) dans tous les domaines. L’OEC-CI a également organisé des consultations gratuites pour les gérants des PME en Côte d’Ivoire, leur avions expliqué que les coûts des prestations des Experts-comptables étaient négociables.

Nous avions aussi fait comprendre aux gestionnaires des PME les avantages et gains qu’ils gageraient. Ils ont la possibilité de faire des économies de coûts internes permettant d’accroître leurs résultats financiers de fin d’exercice comptable. L’un dans l’autre, ces PME sortent toujours gagnants en travaillant avec les Experts-comptables. Et ces derniers ont bien compris que l’Expert-comptable est à la portée de tous les opérateurs économiques. Ce qui fait partie des avancées réalisées sur ces trois dernières années.

Dites-nous maintenant les défis que vous voulez relever dans la profession comptable en Côte d’Ivoire ?

Une profession qui veut évoluer a toujours des défis à relever. Le premier axe est que nous voulons améliorer et renforcer davantage l’image de l’Expert-comptable ivoirien. Il s’agit d’un travail en continue auprès des autorités publiques. Le fait que nous soyons arrivés à nous positionner auprès de la Présidence, Primature, du secrétariat d’État auprès du Premier ministre chargé du Budget et du Patrimoine de l’État, le ministère de l’Économie et des Finances, constitue une source de motivation à aller plus loin.

Le second défi est d’apporter tous les outils pour que l’Expert-comptable d’aujourd’hui se hisse dans l’ère de l’économie numérique. Qu’ils aient les outils informatiques et moyens technologiques innovants en vue de satisfaire au mieux leurs clients. Il s’agit d’aider les nos Experts-comptables dans la mutation vers l’économie numérique.

Le troisième axe qui a d’ailleurs commencé à être traité porte sur l’accroissement des revenus des professionnels Experts-comptables. Et surtout les plus jeunes. Notre prochaine cible est que toutes les collectivités territoriales et locales fassent l’objet d’accompagnement en termes de conseils pour arriver à la maitrise des couts de fonctionnement et la protection des actifs de l’État.

Quatrièmement, nous avons le défi de la pérennisation à relever. Parce que notre profession a vieilli due au fait que la moyenne d’âge des Experts-comptables ivoiriens est de 55 ans. Nous voulons motiver et attirer les jeunes à embrasser cette carrière professionnelle qui est noble. Elle n’est pas difficile comme le croit beaucoup de personnes mais exigeante. Même s’il faut jusqu’à huit (08) années pour avoir le diplôme de l’expertise comptable, l’étudiant rentre en stage après la cinquième année. Il est en fait dans la vie active avec un salaire mensuel jusqu’à la fin de sa graduation. Dans cette optique, nous sommes disposés à aider les jeunes Experts-comptables qui s’installent en leur accordant des facilités en termes de cotisations, de négociations avec des fournisseurs pour avoir des réductions sur les matériels informatiques et bureautiques, logiciels, etc.

Et le cinquième axe qui est notre cheval de bataille, c’est de doter la profession comptable d’un cadre de travail à la hauteur de l’excellence de ce métier. Nous voulons nous battre pour doter l’Ordre des experts comptables de Côte d’Ivoire d’un nouveau siège social. Une maison de l’Expert-comptable ivoirien. Ce sera un édifice dans lequel l’OEC-CI aura bien sûr sa place mais aussi un Institut de formation des jeunes, un centre de documentation, de renforcement des capacités et de formation continue. Il s’agit de l’une de nos grandes préoccupations.



Et pour finir, quel est votre vision du métier de l’Expert-comptable à l’orée 2020, l’échéance fixée pour l’émergence de la Côte d’Ivoire ?

D’abord, l’unité de tous les acteurs de la profession comptable. C’est lorsque nous serons unis que l’autorité publique, nos clients et partenaires extérieurs verront la force que représente l’Ordre des experts comptables de Côte d’Ivoire. Et je reste persuadé qu’ils nous feront systématiquement confiance et appel pour les accompagner. Tel est le premier souhait que je formule pour la profession à l’horizon 2020.

Puis, j’ambitionne de voir des Experts-comptables très imprégnés de leur art offrant des prestations qui parlent d’eux-mêmes. Cela constituera le premier moyen de leur promotion. Ce qui passe par la formation, le respect des normes de la profession, la mise en place de contrôle qualité, etc.

Et enfin, mon rêve est de voir un corps où tous les membres, aussi bien pour les jeunes que les aînés, vivent aisément des fruits de leur métier d’Expert-comptable sur toute l’étendue du territoire ivoirien.

Réalisée par R. K
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