La CNPS avec son effectif de 1200 travailleurs répartis sur le territoire national est une des rares entreprises ivoiriennes parapubliques à être excédentaire. Quel est le secret de ce succès ? Entretien exclusif avec son directeur général, rencontré dans le cadre de notre numéro spécial et exceptionnel de l’Intelligent d’Abidjan.
Nous terminons une année assez faste pour la CNPS. Une année où vous avez eu assez d’activités. Pouvez-vous nous faire un bilan rapide ?
Je voudrais d’abord dire que la CNPS a un nouveau visage depuis la réforme de 2012. Cette réforme a projeté un équilibre de l’entreprise sur 25 ans. C’est inédit. C’est rare pour un organisme de sécurité sociale de se projeter sur un terme aussi long. Mais il faut dire que le projet que nous avons présenté au gouvernement à cette époque a été accrocheur et qu’il a été adopté. Nous sommes passés d’un déficit d’environ 30 milliards de FCFA en 2011 à un excédent de 8 milliards de F CFA, dès la mise en œuvre de cette réforme en 2012.
Comment cela s’est-il passé ?
Nous avons revu certains paramètres dont le taux de cotisation et l’âge de la retraite. Nous avons donc obtenu un résultat excédentaire dès 2012, avec le passage de -30 milliards de FCFA en 2011 à +8 milliards de FCFA en 2012. Cet excédent est passé à 33 milliards de FCFA en 2013, 45 milliards de FCFA en 2014, à 63 milliards de FCFA en 2015 et à 77 milliards de FCFA en 2016. En 2017, nous attendons un peu plus de 80 milliards de F CFA d’excédent. Lorsque nous cumulons tout ceci, nous rattrapons des déficits cumulés entre 2005 et 2011 qui s’élevaient à environ 200 milliards de FCFA. Avec tous les excédents réalisés depuis 2012, quand vous faites la somme en 2016, nous couvrons les 200 milliards de déficits que nous avons connus 6 années plutôt. C’est pour cela que je parlais de l’embellie et du nouveau visage que connait la CNPS. Et cette embellie va se poursuivre au cours des prochaines années, de sorte que le système que nous gérons aujourd’hui, qui est celui des salariés, soit un système totalement équilibré sur le long terme. Vous me demanderez certainement ce qu’on a fait de ces excédents. Nous avons fait des investissements financiers, immobiliers, y compris des acquisitions de terrains. Vous savez que les terrains sont rares à Abidjan et que bientôt, il n’y en aura pratiquement plus. Il fallait donc que la CNPS soit aussi présente dans ce secteur. Nous avons construit 32 immeubles de 364 appartements. Au niveau des investissements financiers, d’un portefeuille de 26 milliards en 2012, nous sommes passés progressivement à un renforcement jusqu’à dépasser les 200 milliards en 2016.
Peut-on dire que la CNPS est une exception en cette période ?
Je ne sais pas si c’est une exception. Mais, je dirai qu’au moment de la crise de 2002 à 2011, nous avons commencé à préparer la sortie de crise en réfléchissant à un projet de réforme. Vous savez que tous nos pays ont des marges de progression dans tous les secteurs d’activité. Mais il faut faire preuve d’imagination, inventer de nouvelles choses. C’est justement ce que nous avons fait. Nous avons pensé qu’il fallait une nouvelle manière de faire la sécurité sociale. Et c’est cette réforme qui a séduit le gouvernement. C’est même une ordonnance que le Président a eu à prendre.
Et ça l’est toujours ?
Non, ça été régularisé par une loi. C’est cette confiance qui nous a permis d’abattre ce travail. Ce qui est nouveau, ce sont les investissements financiers. Par le passé, nous faisions comme ce que beaucoup d’organismes de sécurité sociale font aujourd’hui. Ils font des DAT (les dépôts à termes) avec leurs excédents de trésorerie dans les banques. Quand j’ai été nommé, j’ai dit aux banques que je ne ferai pas que des DAT. Je préfère faire travailler l’argent de la CNPS et non le donner aux banques et les enrichir. Je fais travailler l’argent de la CNPS pour que la CNPS soit davantage solide. Nous avons donc pris des actions dans des grandes entreprises de référence. Nous prenons régulièrement des emprunts obligataires au niveau de l’État. C’est 30 milliards de FCFA d’emprunts obligataires par an depuis trois ans maintenant. Nous avons aussi accru notre participation au niveau des banques. Nous sommes aussi dans d’autres secteurs d’activités. L’institution est très présente dans l’économie et le sera encore davantage. Pour ce qui est des travailleurs que nous gérons, c’est-à-dire ceux du secteur privé et assimilé, nous avons fait des revalorisations régulières de retraite grâce à cette embellie. Nous avons fait 8% de revalorisation en 2014, 5% en 2016. Nous sommes l’un des rares pays à avoir fait deux revalorisations successives des pensions de retraite. Même dans les pays européens de référence, on n’a pas connu cela. Ensuite, nous avons triplé le montant des allocations familiales durant cette période passant dans un premier temps, de 1 500 à 2 500F puis à 5 000F par mois et par enfant. Cette année, nous avons revalorisé les rentes des accidents du travail. Vous savez que lorsqu’un travailleur est victime d’accident et qu’il a une incapacité permanente, cela donne lieu à un taux d’incapacité qui est transformé en rente. Cette année, nous avons revalorisé les rentes à hauteur de 8%. Jusque-là, nous n’avons géré que les travailleurs salariés. Maintenant, nous allons partir vers les indépendants et notre priorité aujourd’hui, c’est l’extension de la sécurité sociale à ces travailleurs indépendants et la mise en place d’une retraite complémentaire. Parce que, le système de retraite des salariés actuels remplace au maximum 50% du salaire d’activité, on veut atteindre 70%. Notre conseil d’administration a approuvé les textes de ces deux réformes. Ils ont été transmis à notre ministre de tutelle qui l’a soumis au gouvernement. Nous pensons qu’en 2018, nous aurons à mettre en œuvre ce gros chantier. Ça sera une véritable révolution. Car, les travailleurs indépendants, c’est environ 10 millions de personnes.
Il concerne surtout le secteur informel …
C’est ce que disent certaines personnes. Mais, nous n’appelons pas cela secteur informel. Je vous donne un exemple. Quand vous allez dans un marché, certains appellent cela informel. Mais ce n’est pas informel pour la mairie. Parce qu’elle y passe pour prélever des taxes. C’est pourquoi nous préférons les appeler travailleurs indépendants. Nous allons leur étendre la sécurité sociale. Nous aurons joué en ce moment notre rôle qui est de lutter contre la pauvreté. L’action sociale est un système de redistribution des richesses vers toutes les populations, notamment les plus démunies.
Vous vous occupez des travailleurs privés, bientôt des travailleurs indépendants. Mais on a remarqué que les questions de retraite au niveau des fonctionnaires d’État ont posé problème. Quel est le régime de cotisation dans le privé et les relations avec le public. Pourquoi vous n’avez pas été touchés par la grève ? Encore, est-ce-que ce n’est pas la réforme refusée par le public que vous appliquez depuis 2012 par ordonnance ?
Disons que chaque organisme avait sa réforme. Au niveau de la Cgrae, c’est une réforme qui avait été acceptée par toutes les parties et mise en application depuis 2012. C’est à la pratique, qu’il y’a eu quelques revendications au niveau des fonctionnaires. Ils ont revendiqué et ont eu gain de cause sur certains aspects. Sur d’autres aspects, ils ont compris le bien-fondé. Et je pense que tout se passe bien aujourd’hui. Je crois que l’État a pris récemment des décisions très favorables au niveau de la Cgrae. Donc aujourd’hui, elle devrait se porter bien comme la CNPS.
Vous avez poursuivi vos succès dans les actions que vous avez initiées aussi au niveau africain. Pouvez-vous nous témoigner cette expérience au cours de l’année ?
Nous avons eu la présidence de ce qu’on appelle l’IAPRP (l’Interafricaine de prévention des risques professionnels). Nous présidons donc cette instance. Nous avons un bon modèle ici. Notre modèle de prévention des risques professionnels est très apprécié par les autres. Nous profitons donc de la présidence pour les aider à mettre en place un système comme le nôtre.
Êtes-vous partie prenante du projet de la couverture maladie universelle (CMU) ?
Nous y jouons un rôle. Nous sommes un organisme de gestion déléguée. Parce que nous gérons les travailleurs du secteur privé. Nous prélevons leurs cotisations, au titre des branches que nous gérons déjà. Donc, pour optimiser l’ensemble du système, il était important de s’appuyer sur nous pour le prélèvement des cotisations de ces travailleurs pour la branche maladie. Cela évite que des charges soient créées au niveau de la CMU.
Cela donne une idée. Est-ce qu’on ne pourrait pas accroître les missions de la CNPS en lui permettant de gérer ce volet santé ?
La CNPS gère déjà 4 branches. Il y a la retraite, les accidents du travail, les allocations familiales et la maternité. Ça fait beaucoup.
Et je pense que c’est une belle initiative de créer un organisme spécial. Parce que, la santé est difficile à gérer, surtout quand cela touche toute la population. Cela n’empêche pas une coopération.
On peut sortir de la Côte d’Ivoire et faire un parallèle entre la France. La sécurité sociale qui est déficitaire mais qui a peut-être un régime unique avec des spécificités pour certains métiers. Le système américain où on parle de Social Security où tout le monde est peut-être pris en compte mais avec des problèmes d’assurances. Si on prend ces deux exemples et on revient à la Côte d’Ivoire où il y a le privé, le public et les indépendants qui n’étaient pas pris en compte, quel est le meilleur modèle selon vous?
La France a un système qu’on appelle le système général. Mais, elle a aussi des régimes spéciaux. Les nouveaux gouvernants sont en train de voir pour unifier tout ceci. Nous ici, nous avions les salariés. Bientôt nous prendrons les indépendants. Et cela va représenter un pan important de la population. Nous trouvons que nous couvrons un périmètre assez large. Nous travaillons à la réussite de cette nouvelle mission.
Quelles sont les grandes actions prévues pour 2018 ?
2018 sera un grand chantier au niveau de la sécurité sociale. Quand le gouvernement validera notre réforme concernant les indépendants, nous aurons à la mettre en œuvre. Il y a plusieurs couches de travailleurs indépendants. Il y en a qu’on cerne plus facilement que d’autres. Nous ne pourrons pas prendre en charge tous les 10 millions la même année. Mais, nous ferons tout pour prendre le maximum en 2018. Même dans ces conditions-là, l’enjeu principal reste le système d’information qu’on met en place. Parce que le système d’information qui gère les 700 milles travailleurs aujourd’hui, ne sera pas le même qui va gérer les 10 millions à venir. Le système qui prendra en charge ce groupe sera totalement digitalisé. C’est le défi pour 2018. Cela signifie qu’on va totalement abandonner le papier pour le numérique. Nous aurons donc nos applications sur les sites et les personnes concernées vont, elles-mêmes, faire leurs déclarations. Nous allons leur transmettre leurs situations régulières via des SMS. Même les paiements seront faits via les mobiles money. Tout sera donc digitalisé afin de gérer facilement toute cette population. 2018 ne sera donc pas de tout repos pour nous. Mais, l’ensemble de l’effectif de la CNPS est prêt à relever ce nouveau challenge.
Pour terminer, quels sont vos vœux pour la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens ?
Je souhaite la paix à notre pays la Côte d’Ivoire. Nos 15 dernières années ont été plus ou moins perturbées. Aujourd’hui, tout cela est derrière nous. Tous les ivoiriens apprécient la paix qui règne aujourd’hui. Je pense qu’avec les prières des uns et des autres, nous allons entrer en 2018 dans la paix et poursuivre les progrès économiques que nous avons commencés à engranger pour le bien de tout le monde. Je souhaite une année de santé de prospérité dans les affaires, de fraternité et de tout ce qu’il faut pour que les familles soient heureuses et pour que le pays se développe..
Entretien réalisé par Wakili Alafé
Collaboration : Touré Abdoulaye
Nous terminons une année assez faste pour la CNPS. Une année où vous avez eu assez d’activités. Pouvez-vous nous faire un bilan rapide ?
Je voudrais d’abord dire que la CNPS a un nouveau visage depuis la réforme de 2012. Cette réforme a projeté un équilibre de l’entreprise sur 25 ans. C’est inédit. C’est rare pour un organisme de sécurité sociale de se projeter sur un terme aussi long. Mais il faut dire que le projet que nous avons présenté au gouvernement à cette époque a été accrocheur et qu’il a été adopté. Nous sommes passés d’un déficit d’environ 30 milliards de FCFA en 2011 à un excédent de 8 milliards de F CFA, dès la mise en œuvre de cette réforme en 2012.
Comment cela s’est-il passé ?
Nous avons revu certains paramètres dont le taux de cotisation et l’âge de la retraite. Nous avons donc obtenu un résultat excédentaire dès 2012, avec le passage de -30 milliards de FCFA en 2011 à +8 milliards de FCFA en 2012. Cet excédent est passé à 33 milliards de FCFA en 2013, 45 milliards de FCFA en 2014, à 63 milliards de FCFA en 2015 et à 77 milliards de FCFA en 2016. En 2017, nous attendons un peu plus de 80 milliards de F CFA d’excédent. Lorsque nous cumulons tout ceci, nous rattrapons des déficits cumulés entre 2005 et 2011 qui s’élevaient à environ 200 milliards de FCFA. Avec tous les excédents réalisés depuis 2012, quand vous faites la somme en 2016, nous couvrons les 200 milliards de déficits que nous avons connus 6 années plutôt. C’est pour cela que je parlais de l’embellie et du nouveau visage que connait la CNPS. Et cette embellie va se poursuivre au cours des prochaines années, de sorte que le système que nous gérons aujourd’hui, qui est celui des salariés, soit un système totalement équilibré sur le long terme. Vous me demanderez certainement ce qu’on a fait de ces excédents. Nous avons fait des investissements financiers, immobiliers, y compris des acquisitions de terrains. Vous savez que les terrains sont rares à Abidjan et que bientôt, il n’y en aura pratiquement plus. Il fallait donc que la CNPS soit aussi présente dans ce secteur. Nous avons construit 32 immeubles de 364 appartements. Au niveau des investissements financiers, d’un portefeuille de 26 milliards en 2012, nous sommes passés progressivement à un renforcement jusqu’à dépasser les 200 milliards en 2016.
Peut-on dire que la CNPS est une exception en cette période ?
Je ne sais pas si c’est une exception. Mais, je dirai qu’au moment de la crise de 2002 à 2011, nous avons commencé à préparer la sortie de crise en réfléchissant à un projet de réforme. Vous savez que tous nos pays ont des marges de progression dans tous les secteurs d’activité. Mais il faut faire preuve d’imagination, inventer de nouvelles choses. C’est justement ce que nous avons fait. Nous avons pensé qu’il fallait une nouvelle manière de faire la sécurité sociale. Et c’est cette réforme qui a séduit le gouvernement. C’est même une ordonnance que le Président a eu à prendre.
Et ça l’est toujours ?
Non, ça été régularisé par une loi. C’est cette confiance qui nous a permis d’abattre ce travail. Ce qui est nouveau, ce sont les investissements financiers. Par le passé, nous faisions comme ce que beaucoup d’organismes de sécurité sociale font aujourd’hui. Ils font des DAT (les dépôts à termes) avec leurs excédents de trésorerie dans les banques. Quand j’ai été nommé, j’ai dit aux banques que je ne ferai pas que des DAT. Je préfère faire travailler l’argent de la CNPS et non le donner aux banques et les enrichir. Je fais travailler l’argent de la CNPS pour que la CNPS soit davantage solide. Nous avons donc pris des actions dans des grandes entreprises de référence. Nous prenons régulièrement des emprunts obligataires au niveau de l’État. C’est 30 milliards de FCFA d’emprunts obligataires par an depuis trois ans maintenant. Nous avons aussi accru notre participation au niveau des banques. Nous sommes aussi dans d’autres secteurs d’activités. L’institution est très présente dans l’économie et le sera encore davantage. Pour ce qui est des travailleurs que nous gérons, c’est-à-dire ceux du secteur privé et assimilé, nous avons fait des revalorisations régulières de retraite grâce à cette embellie. Nous avons fait 8% de revalorisation en 2014, 5% en 2016. Nous sommes l’un des rares pays à avoir fait deux revalorisations successives des pensions de retraite. Même dans les pays européens de référence, on n’a pas connu cela. Ensuite, nous avons triplé le montant des allocations familiales durant cette période passant dans un premier temps, de 1 500 à 2 500F puis à 5 000F par mois et par enfant. Cette année, nous avons revalorisé les rentes des accidents du travail. Vous savez que lorsqu’un travailleur est victime d’accident et qu’il a une incapacité permanente, cela donne lieu à un taux d’incapacité qui est transformé en rente. Cette année, nous avons revalorisé les rentes à hauteur de 8%. Jusque-là, nous n’avons géré que les travailleurs salariés. Maintenant, nous allons partir vers les indépendants et notre priorité aujourd’hui, c’est l’extension de la sécurité sociale à ces travailleurs indépendants et la mise en place d’une retraite complémentaire. Parce que, le système de retraite des salariés actuels remplace au maximum 50% du salaire d’activité, on veut atteindre 70%. Notre conseil d’administration a approuvé les textes de ces deux réformes. Ils ont été transmis à notre ministre de tutelle qui l’a soumis au gouvernement. Nous pensons qu’en 2018, nous aurons à mettre en œuvre ce gros chantier. Ça sera une véritable révolution. Car, les travailleurs indépendants, c’est environ 10 millions de personnes.
Il concerne surtout le secteur informel …
C’est ce que disent certaines personnes. Mais, nous n’appelons pas cela secteur informel. Je vous donne un exemple. Quand vous allez dans un marché, certains appellent cela informel. Mais ce n’est pas informel pour la mairie. Parce qu’elle y passe pour prélever des taxes. C’est pourquoi nous préférons les appeler travailleurs indépendants. Nous allons leur étendre la sécurité sociale. Nous aurons joué en ce moment notre rôle qui est de lutter contre la pauvreté. L’action sociale est un système de redistribution des richesses vers toutes les populations, notamment les plus démunies.
Vous vous occupez des travailleurs privés, bientôt des travailleurs indépendants. Mais on a remarqué que les questions de retraite au niveau des fonctionnaires d’État ont posé problème. Quel est le régime de cotisation dans le privé et les relations avec le public. Pourquoi vous n’avez pas été touchés par la grève ? Encore, est-ce-que ce n’est pas la réforme refusée par le public que vous appliquez depuis 2012 par ordonnance ?
Disons que chaque organisme avait sa réforme. Au niveau de la Cgrae, c’est une réforme qui avait été acceptée par toutes les parties et mise en application depuis 2012. C’est à la pratique, qu’il y’a eu quelques revendications au niveau des fonctionnaires. Ils ont revendiqué et ont eu gain de cause sur certains aspects. Sur d’autres aspects, ils ont compris le bien-fondé. Et je pense que tout se passe bien aujourd’hui. Je crois que l’État a pris récemment des décisions très favorables au niveau de la Cgrae. Donc aujourd’hui, elle devrait se porter bien comme la CNPS.
Vous avez poursuivi vos succès dans les actions que vous avez initiées aussi au niveau africain. Pouvez-vous nous témoigner cette expérience au cours de l’année ?
Nous avons eu la présidence de ce qu’on appelle l’IAPRP (l’Interafricaine de prévention des risques professionnels). Nous présidons donc cette instance. Nous avons un bon modèle ici. Notre modèle de prévention des risques professionnels est très apprécié par les autres. Nous profitons donc de la présidence pour les aider à mettre en place un système comme le nôtre.
Êtes-vous partie prenante du projet de la couverture maladie universelle (CMU) ?
Nous y jouons un rôle. Nous sommes un organisme de gestion déléguée. Parce que nous gérons les travailleurs du secteur privé. Nous prélevons leurs cotisations, au titre des branches que nous gérons déjà. Donc, pour optimiser l’ensemble du système, il était important de s’appuyer sur nous pour le prélèvement des cotisations de ces travailleurs pour la branche maladie. Cela évite que des charges soient créées au niveau de la CMU.
Cela donne une idée. Est-ce qu’on ne pourrait pas accroître les missions de la CNPS en lui permettant de gérer ce volet santé ?
La CNPS gère déjà 4 branches. Il y a la retraite, les accidents du travail, les allocations familiales et la maternité. Ça fait beaucoup.
Et je pense que c’est une belle initiative de créer un organisme spécial. Parce que, la santé est difficile à gérer, surtout quand cela touche toute la population. Cela n’empêche pas une coopération.
On peut sortir de la Côte d’Ivoire et faire un parallèle entre la France. La sécurité sociale qui est déficitaire mais qui a peut-être un régime unique avec des spécificités pour certains métiers. Le système américain où on parle de Social Security où tout le monde est peut-être pris en compte mais avec des problèmes d’assurances. Si on prend ces deux exemples et on revient à la Côte d’Ivoire où il y a le privé, le public et les indépendants qui n’étaient pas pris en compte, quel est le meilleur modèle selon vous?
La France a un système qu’on appelle le système général. Mais, elle a aussi des régimes spéciaux. Les nouveaux gouvernants sont en train de voir pour unifier tout ceci. Nous ici, nous avions les salariés. Bientôt nous prendrons les indépendants. Et cela va représenter un pan important de la population. Nous trouvons que nous couvrons un périmètre assez large. Nous travaillons à la réussite de cette nouvelle mission.
Quelles sont les grandes actions prévues pour 2018 ?
2018 sera un grand chantier au niveau de la sécurité sociale. Quand le gouvernement validera notre réforme concernant les indépendants, nous aurons à la mettre en œuvre. Il y a plusieurs couches de travailleurs indépendants. Il y en a qu’on cerne plus facilement que d’autres. Nous ne pourrons pas prendre en charge tous les 10 millions la même année. Mais, nous ferons tout pour prendre le maximum en 2018. Même dans ces conditions-là, l’enjeu principal reste le système d’information qu’on met en place. Parce que le système d’information qui gère les 700 milles travailleurs aujourd’hui, ne sera pas le même qui va gérer les 10 millions à venir. Le système qui prendra en charge ce groupe sera totalement digitalisé. C’est le défi pour 2018. Cela signifie qu’on va totalement abandonner le papier pour le numérique. Nous aurons donc nos applications sur les sites et les personnes concernées vont, elles-mêmes, faire leurs déclarations. Nous allons leur transmettre leurs situations régulières via des SMS. Même les paiements seront faits via les mobiles money. Tout sera donc digitalisé afin de gérer facilement toute cette population. 2018 ne sera donc pas de tout repos pour nous. Mais, l’ensemble de l’effectif de la CNPS est prêt à relever ce nouveau challenge.
Pour terminer, quels sont vos vœux pour la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens ?
Je souhaite la paix à notre pays la Côte d’Ivoire. Nos 15 dernières années ont été plus ou moins perturbées. Aujourd’hui, tout cela est derrière nous. Tous les ivoiriens apprécient la paix qui règne aujourd’hui. Je pense qu’avec les prières des uns et des autres, nous allons entrer en 2018 dans la paix et poursuivre les progrès économiques que nous avons commencés à engranger pour le bien de tout le monde. Je souhaite une année de santé de prospérité dans les affaires, de fraternité et de tout ce qu’il faut pour que les familles soient heureuses et pour que le pays se développe..
Entretien réalisé par Wakili Alafé
Collaboration : Touré Abdoulaye