Il était attendu ce mardi 6 août 2019. Comme à chaque veille de la célébration de l’anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le chef de l’Etat devait délivrer un message à la Nation. Cette année, le président de la République, Alassane Ouattara, a opté pour une formule plus interactive. Le chef de l’Etat ivoirien aura choisi de se prêter à un jeu de question-réponse avec un journaliste, en l’occurrence Pascal Brou Aka, le président du Conseil d’Administration de la Radio-télévision ivoirienne, média de service public. C’est à travers cette formule que le tenant du pouvoir en Côte d’Ivoire a tenu à passer son message aux populations.
Le premier élément de décryptage de cet entretien, c’est le timing consacré aux diverses problématiques abordées. L’interview aura duré, en effet, une cinquantaine de minutes dont la moitié consacrée à l’économie et au social. Un volet dans lequel le président ivoirien et son gouvernement s’investissent comme leur priorité. L’autre moitié du temps aura été consacrée à la vie politique de la nation. Un timing bien mesuré, et probablement à dessein vu le virage actuel dans lequel se trouve la Côte d’Ivoire à 14 mois des prochaines échéances présidentielles. Ces échéances suscitent beaucoup d’interrogations, à l’instar de celles de 2010 ayant entrainé une crise meurtrière. Il ne pouvait en être autrement, avant son tout dernier discours traditionnel de l’année prévu pour le 31 décembre prochain, que le président de la République réagisse sur les préparatifs qui font couler beaucoup d’encre et de salive déjà.
De la fermeté …
A propos, l’on aura beaucoup appris du chef de l’Etat qui permet de faire quelques projections sur la suite des débats, quand bien même son discours continue de laisser beaucoup de non-dits, sujets à supputation. Au nombre des questions à relent de clarifications, Alassane Ouattara a décidé de mettre fin aux débats sur la réforme de la Commission électorale indépendante (Cei). Alors que l’opposition continue de protester et de saisir toutes les voies de recours à sa disposition pour dénoncer la loi portant recomposition de cet organe, pour le tenant actuel du pouvoir en Côte d’Ivoire, le débat est clos. « Le dossier est bouclé », « Il n’y a plus de discussion », la loi ayant été votée par les deux chambres du Parlement. « Je vais promulguer la loi aujourd’hui, parce que tout le processus est bouclé. Les uns et les autres désigneront leurs représentants, et ils vont se mettre au travail. Parce que nous avons les élections en 2020. On ne peut pas se permettre de discuter ». Un point, un trait.
Toujours sur le même ton de la fermeté, le président de la République va adresser une sévère mise en garde contre tout ceux qui pourraient passer pour des fauteurs de troubles dans cette mouvance conduisant aux prochaines élections présidentielles. « Les Fds seront là pour protéger les Ivoiriens. Je n’accepterai pas de désordre. Je n’accepterai pas de déclaration qui divisent les Ivoiriens et qui mettent en péril l’unité nationale. (…). Les turpitudes du passé sont derrière nous. (…) Nous devons travailler dans une atmosphère sereine. Nous devons nous respecter les uns et les autres (…) Rien ne doit perturber cet objectif… ». Une adresse directe à ses opposants, dont les sorties de certains ces derniers temps, en l’occurrence Henri Konan Bédié ou Guillaume Soro, n’auront pas été du goût du pouvoir.
… et du clair-obscur
Autre point, la possible et probable candidature du président du Pdci-Rda, Henri Konan Bédié, à la présidentielle de 2020. « Le président Bédié a 10 ans de plus que moi, il n’a pas dit qu’il est candidat. Il ne faut pas lui mettre des choses dans la bouche. Moi, je lui ai parlé. Il n’a pas dit qu’il est candidat ». En toile de fond, Alassane Ouattara aimerait bien que le président du Pdci-Rda, du haut de ses 86 ans, ne se présente pas aux élections de 2020. Le président de la République n’est pas à sa première boutade sur le sujet, car, en d’autres mots, il réitère des propos qu’il a déjà tenus en d’autres circonstances. A savoir que le président Bédié et lui passeraient la main à une nouvelle génération. Forcerait-il la main au ‘’Sphinx’’ de Daoukro pour qu’il renonce à d’éventuelles ambitions ? Fort probablement. Mais, là aussi, le président de la République ne situe pas clairement l’opinion sur sa propre posture. Il laisse, au contraire, planer encore le doute sur son retrait de la vie politique. Comme si quelque chose l’y retenait. Quelque chose qui ressemble à un jeu de dupe entre son ex-allié aux aguets et lui. Même s’il feint de ne pas jouer à ce jeu en justifiant sa posture par d’autres arguments. « Je suis un homme politique. La Constitution me permet de faire deux autres mandats si je le souhaite. Mais, je vais prendre ma décision au moment opportun et sur la base de ce que mon parti me dira de faire aussi ». Ou bien : « Pour mon pays, je veux la stabilité, et je veux la sécurité des Ivoiriens. C’est ça mon objectif. Je prendrai cette décision en 2020 en fonction de tous ces éléments ». Et aussi : « Je vais faire un bilan à la fin de 2019 et à partir de là je prendrai ma décision en mon âme et conscience pour donner le meilleur à mon pays ». Partira, partira pas ? Le pensionnaire actuel du Palais d’Abidjan baigne tout le monde dans le clair obscur. Peut-être tranchera-t-il définitivement sur la question quand son rival du Pdci clarifiera sa position.
Enfin, à propos de ces bruits sur d’éventuelles modifications de la Constitution. Le président de la République confirme ce qui était jusque-là une rumeur. Toutefois, « ce n’est pas dans une intention de ne pas avoir d’adversaire », précise le président de la République, qui lâche du lest : « Nous sommes un certain nombre à avoir un certain âge ? Peut-être qu’à un moment donné, nous devons réfléchir à ce que nous pouvons donner à notre pays…». Prépare-t-on ainsi, la fin. Bien malin, qui saura présager le juste.
F.D.BONY
Le premier élément de décryptage de cet entretien, c’est le timing consacré aux diverses problématiques abordées. L’interview aura duré, en effet, une cinquantaine de minutes dont la moitié consacrée à l’économie et au social. Un volet dans lequel le président ivoirien et son gouvernement s’investissent comme leur priorité. L’autre moitié du temps aura été consacrée à la vie politique de la nation. Un timing bien mesuré, et probablement à dessein vu le virage actuel dans lequel se trouve la Côte d’Ivoire à 14 mois des prochaines échéances présidentielles. Ces échéances suscitent beaucoup d’interrogations, à l’instar de celles de 2010 ayant entrainé une crise meurtrière. Il ne pouvait en être autrement, avant son tout dernier discours traditionnel de l’année prévu pour le 31 décembre prochain, que le président de la République réagisse sur les préparatifs qui font couler beaucoup d’encre et de salive déjà.
De la fermeté …
A propos, l’on aura beaucoup appris du chef de l’Etat qui permet de faire quelques projections sur la suite des débats, quand bien même son discours continue de laisser beaucoup de non-dits, sujets à supputation. Au nombre des questions à relent de clarifications, Alassane Ouattara a décidé de mettre fin aux débats sur la réforme de la Commission électorale indépendante (Cei). Alors que l’opposition continue de protester et de saisir toutes les voies de recours à sa disposition pour dénoncer la loi portant recomposition de cet organe, pour le tenant actuel du pouvoir en Côte d’Ivoire, le débat est clos. « Le dossier est bouclé », « Il n’y a plus de discussion », la loi ayant été votée par les deux chambres du Parlement. « Je vais promulguer la loi aujourd’hui, parce que tout le processus est bouclé. Les uns et les autres désigneront leurs représentants, et ils vont se mettre au travail. Parce que nous avons les élections en 2020. On ne peut pas se permettre de discuter ». Un point, un trait.
Toujours sur le même ton de la fermeté, le président de la République va adresser une sévère mise en garde contre tout ceux qui pourraient passer pour des fauteurs de troubles dans cette mouvance conduisant aux prochaines élections présidentielles. « Les Fds seront là pour protéger les Ivoiriens. Je n’accepterai pas de désordre. Je n’accepterai pas de déclaration qui divisent les Ivoiriens et qui mettent en péril l’unité nationale. (…). Les turpitudes du passé sont derrière nous. (…) Nous devons travailler dans une atmosphère sereine. Nous devons nous respecter les uns et les autres (…) Rien ne doit perturber cet objectif… ». Une adresse directe à ses opposants, dont les sorties de certains ces derniers temps, en l’occurrence Henri Konan Bédié ou Guillaume Soro, n’auront pas été du goût du pouvoir.
… et du clair-obscur
Autre point, la possible et probable candidature du président du Pdci-Rda, Henri Konan Bédié, à la présidentielle de 2020. « Le président Bédié a 10 ans de plus que moi, il n’a pas dit qu’il est candidat. Il ne faut pas lui mettre des choses dans la bouche. Moi, je lui ai parlé. Il n’a pas dit qu’il est candidat ». En toile de fond, Alassane Ouattara aimerait bien que le président du Pdci-Rda, du haut de ses 86 ans, ne se présente pas aux élections de 2020. Le président de la République n’est pas à sa première boutade sur le sujet, car, en d’autres mots, il réitère des propos qu’il a déjà tenus en d’autres circonstances. A savoir que le président Bédié et lui passeraient la main à une nouvelle génération. Forcerait-il la main au ‘’Sphinx’’ de Daoukro pour qu’il renonce à d’éventuelles ambitions ? Fort probablement. Mais, là aussi, le président de la République ne situe pas clairement l’opinion sur sa propre posture. Il laisse, au contraire, planer encore le doute sur son retrait de la vie politique. Comme si quelque chose l’y retenait. Quelque chose qui ressemble à un jeu de dupe entre son ex-allié aux aguets et lui. Même s’il feint de ne pas jouer à ce jeu en justifiant sa posture par d’autres arguments. « Je suis un homme politique. La Constitution me permet de faire deux autres mandats si je le souhaite. Mais, je vais prendre ma décision au moment opportun et sur la base de ce que mon parti me dira de faire aussi ». Ou bien : « Pour mon pays, je veux la stabilité, et je veux la sécurité des Ivoiriens. C’est ça mon objectif. Je prendrai cette décision en 2020 en fonction de tous ces éléments ». Et aussi : « Je vais faire un bilan à la fin de 2019 et à partir de là je prendrai ma décision en mon âme et conscience pour donner le meilleur à mon pays ». Partira, partira pas ? Le pensionnaire actuel du Palais d’Abidjan baigne tout le monde dans le clair obscur. Peut-être tranchera-t-il définitivement sur la question quand son rival du Pdci clarifiera sa position.
Enfin, à propos de ces bruits sur d’éventuelles modifications de la Constitution. Le président de la République confirme ce qui était jusque-là une rumeur. Toutefois, « ce n’est pas dans une intention de ne pas avoir d’adversaire », précise le président de la République, qui lâche du lest : « Nous sommes un certain nombre à avoir un certain âge ? Peut-être qu’à un moment donné, nous devons réfléchir à ce que nous pouvons donner à notre pays…». Prépare-t-on ainsi, la fin. Bien malin, qui saura présager le juste.
F.D.BONY
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