Le rapport de Human Rights Watch a mis en lumière l’une des causes, sinon la première cause de la crise liée à la présidentielle du 31 octobre 2020. Cette cause qui a entrainé une levée de boucliers de l’opposition qui s’est donc dressée contre le 3ème mandat. « Réélu en 2015, Alassane Ouattara a déclaré plutôt le 5 mars 2020 qu’il ne prévoyait pas de briguer un troisième mandat et qu’il « transmettrait le pouvoir à une nouvelle génération ». Cependant, après le décès, le 8 juillet, du candidat de son parti, Alassane Ouattara a fait marche arrière le 6 août, affirmant que, bien que la constitution ivoirienne n’autorise que deux mandats. Mais lui et son camp ont estimé que l’adoption d’une nouvelle constitution en 2016 « avait remis le compteur à zéro et lui permettait de se représenter », rappelle le rapport. Avant de montrer les premières conséquences. A savoir : « Malgré les efforts du gouvernement pour imposer des restrictions à l’opposition, y compris une interdiction des rassemblements sur les voies publiques le 19 août, les partis de l’opposition ont organisé des manifestations contre le troisième mandat d’Alassane Ouattara. D’après les chiffres du gouvernement, les affrontements entre les manifestants de l’opposition et les partisans du gouvernement et entre les membres de l’opposition et les forces de sécurité ont entraîné 34 décès avant le jour de l’élection ». Ensuite, « le 15 octobre, les principaux partis d’opposition du pays ont appelé au « boycott actif » de l’élection, dénonçant la décision d’Alassane Ouattara de se présenter malgré la limite de deux mandats prévue par la constitution, les décisions judiciaires qui ont interdit à Laurent Gbagbo et à un ancien allié d’Alassane Ouattara, Guillaume Soro, de se présenter, et le manque d’indépendance de la commission électorale ». La situation allant de mal en pis, « dans les heures précédant l’annonce de la victoire d’Alassane Ouattara, le 2 novembre, l’opposition a déclaré qu’elle ne reconnaissait pas Alassane Ouattara en tant que président et a instauré un Conseil national de transition, dirigé par un ancien président et leader de parti d’opposition, Henri Konan Bédié, dans le but d’organiser de nouvelles élections. Le 3 novembre, les forces de sécurité ivoiriennes ont encerclé la maison d’Henri Konan Bédié à Abidjan, le plaçant de facto en résidence surveillée, et ont mis fin au périmètre de sécurité uniquement le 11 novembre ». Dans les jours qui ont suivi l’élection, note également Human Rights Watch « les tensions politiques et ethniques accrues ont conduit à de nouveaux affrontements entre manifestants de l’opposition et pro-gouvernement, y compris à Daoukro et M’Batto. Un leader de communauté à M’Batto a expliqué que le 9 novembre, une marche de l’opposition s’est terminée par des affrontements avec des partisans du gouvernement à coups de machettes, de bâtons et de fusils, faisant au moins cinq morts ». Le « 11 novembre, après 12 jours d’affrontements liés aux élections, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié se sont rencontrés pour essayer de calmer les tensions, s’engageant après la réunion à poursuivre le dialogue ». Tout ça pour un troisième mandat.
P.K.
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