Abidjan- Dans de nombreuses régions du monde, les pouvoirs publics et les entreprises ont intensifié leurs investissements dans l’innovation face aux ravages humains et économiques de la pandémie de Covid-19, comme il ressort de l’Indice mondial de l’innovation 2021, qui fait apparaître une prise de conscience croissante de l’importance des nouvelles idées pour venir à bout de la pandémie et assurer la croissance économique une fois celle-ci terminée.
« L’Indice mondial de l’innovation de cette année fait apparaître que malgré les effets considérables de la pandémie de Covid-19 sur les conditions de vie et les moyens de subsistance, nombre de secteurs ont remarquablement bien résisté – en particulier ceux qui ont misé sur la numérisation, la technologie et l’innovation », a affirmé le Directeur général de l’OMPI, Daren Tang, lors de la publication de l’Indice.
Pour M. Tang, l'Indice mondial de l’innovation « est un outil exceptionnel pour aider les responsables politiques et les entreprises à concevoir des plans de nature à nous permettre de ressortir plus forts de la pandémie ».
Selon l’étude, les résultats scientifiques, les dépenses affectées à la recherche-développement (R-D), les demandes de titres de propriété intellectuelle et les opérations de capital-risque ont continué à progresser en 2020, dépassant même les niveaux déjà élevés enregistrés avant la crise.
Fait saillant, les dépenses de recherche-développement ont mieux résisté durant le ralentissement de l’économie lié à la pandémie que lors d’autres crises, rapporte ONU Info.
Cependant, les effets de la crise ont été très inégaux suivant les secteurs, comme le montre un nouvel instrument de l’Indice mondial de l’innovation, le tableau de suivi de l’innovation mondiale.
Les entreprises qui produisent des logiciels, des technologies de l’Internet et des outils de communication, du matériel informatique et électrique ou des produits pharmaceutiques ou biotechnologiques ont augmenté leurs investissements dans l’innovation et renforcé leurs activités de recherche-développement.
Inversement, les entreprises des secteurs durement touchés par les mesures de lutte contre la pandémie – à savoir les transports et les voyages – ont réduit leurs dépenses d’innovation, comme le montre le tableau de suivi.
Les avancées réalisées dans les technologies de pointe sont très prometteuses, le meilleur exemple étant la rapidité avec laquelle les vaccins contre la Covid-19 ont été mis au point.
Seules des économies à revenu élevé figurent aux premiers rangs
Il ressort du classement annuel des économies mondiales en fonction de leurs capacités et de leurs résultats en matière d’innovation que propose l’Indice mondial de l’innovation, que seules quelques économies, principalement à revenu élevé, figurent invariablement aux premiers rangs.
Néanmoins, certaines économies à revenu intermédiaire, à savoir la Chine, la Turquie, le Viet Nam, l’Inde et les Philippines, sont en train de les rattraper et de modifier le paysage de l’innovation.
La Suisse, la Suède, les États-Unis d’Amérique et le Royaume-Uni se maintiennent en haut du classement de l’innovation, dans les cinq premiers rangs, comme c’est déjà le cas depuis trois ans.
La République de Corée fait cette année son entrée parmi les cinq premières économies d’innovation, cependant que quatre autres économies asiatiques, à savoir Singapour (8), la Chine (12), le Japon (13) et Hong Kong, Chine (14), intègrent les 15 premiers rangs.
Selon l’un des coauteurs de l’Indice, Bruno Lanvin, les changements particulièrement notoires intervenus dans les économies qui figurent en tête de classement figurent parmi les éléments qui ressortent de l’Indice de l’innovation 2021.
« Outre le bond de la République de Corée (de la 10e à la 5e place), la France (11) et la Chine (12) poursuivent leur progression et sont en passe d’intégrer les 10 premiers rangs du classement. Ces trois exemples confirment l’importance de politiques publiques et d’incitations de nature à stimuler l’innovation », a fait valoir M. Lanvin.
La géographie de l’innovation mondiale évolue de manière inégale
L’Amérique du Nord et l’Europe continuent à dominer le paysage de l’innovation loin devant les autres régions. La région de l’Asie du Sud-Est, de l’Asie orientale et de l’Océanie a été la plus dynamique au cours de la dernière décennie. Elle est la seule à se rapprocher des chefs de file.
La Chine reste la seule économie à revenu intermédiaire parmi les 30 premières économies d’innovation. La Bulgarie (35), la Malaisie (36), la Turquie (41), la Thaïlande (43), le Viet Nam (44), la Fédération de Russie (45), l’Inde (46), l’Ukraine (49) et le Monténégro (50) entrent pour leur part dans les 50 premières selon le classement de l’Indice mondial de l’innovation.
Pour autant, la Turquie, le Viet Nam, l’Inde et les Philippines sont les seules à combler méthodiquement leur retard. Outre la Chine, ces grandes économies ont le potentiel de modifier pour de bon la carte mondiale de l’innovation.
« L’Indice mondial de l’innovation fait apparaître que s’il est souvent difficile pour les économies émergentes d’améliorer leurs systèmes d’innovation à un rythme constant, quelques économies à revenu intermédiaire parviennent néanmoins à faire aussi bien que les pays développés dans ce domaine », déclare l’ancien doyen et professeur de gestion à l’Université Cornell, Soumitra Dutta.
« Ces économies émergentes ont réussi, entre autres choses, à compléter l’innovation intérieure par des transferts de technologie internationaux, à concevoir des services technologiques dynamiques qui sont commercialisables à l’international et, in fine, à équilibrer leurs systèmes d’innovation », précise M. Dutta.
Nouvelles conclusions de l’Indice mondial de l’innovation 2021
Les investissements dans l’innovation avaient atteint un record absolu avant la pandémie, avec une croissance exceptionnelle de la recherche-développement de 8,5% en 2019.
Les subventions publiques des économies qui dépensent le plus en recherche-développement et pour lesquelles des données sont disponibles ont continué à afficher une augmentation en 2020. Parallèlement, 60% des entreprises très actives dans le domaine de la recherche-développement ont augmenté leurs dépenses dans ce domaine, pour une augmentation totale de l’ordre de 10% en 2020.
Le nombre d’opérations de capital-risque a augmenté de 5,8% en 2020, ce qui représente une augmentation supérieure à la moyenne des 10 dernières années. La forte augmentation dans la région Asie-Pacifique a plus que compensé les baisses enregistrées en Amérique du Nord et en Europe. L’Afrique et l’Amérique latine et les Caraïbes ont, elles aussi, enregistré des augmentations à deux chiffres du nombre d’opérations de ce genre. Les chiffres du premier trimestre de 2021 portent à croire que l’activité de capital-risque sera encore plus vigoureuse cette année.
La publication d’articles scientifiques dans le monde a augmenté de 7,6% en 2020.
« Globalement, la Covid-19 n’a pas bouleversé les tendances observées en 2019-2020, les financements (publics et privés) étant restés relativement abondants dans les entreprises innovantes, même dans les domaines autres que celui de la santé et des sciences biologiques », a indiqué M. Lanvin, membre honoraire de l’INSEAD et coauteur du rapport.
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