Abidjan - La pandémie de COVID-19 a largement contribué à ralentir les progrès vers un accès universel à l’énergie car à l’échelle mondiale, 733 millions de personnes, dont plus de 570 millions en Afrique subsaharienne, n’ont pas accès à l’électricité, rapporte la Banque mondiale dans un communiqué transmis à l'AIP, dimanche 5 juin 2022.
Au rythme actuel, 670 millions de personnes seront encore sans électricité d’ici 2030, soit 10 millions de plus que l’estimation établie l’an dernier, poursuit l'institution.
L’édition 2022 du "Tracking SDG 7: The Energy Progress Report " souligne les répercussions qu’a eues la pandémie, avec ses confinements, les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales et la réimputation de ressources fiscales visant à limiter la hausse des prix de l’alimentation et des carburants, sur le rythme de réalisation de l’Objectif de développement durable n° 7 (ODD 7) qui consiste à garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable d’ici 2030.
Ce sont les pays les vulnérables et ceux qui étaient déjà à la traîne en matière d’accès à l’énergie qui ont été les plus touchés. Près de 90 millions de personnes en Asie et en Afrique pour lesquels l’accès à l’électricité était devenu une réalité, se retrouvent dans l’impossibilité de payer leur consommation énergétique de base.
Aux effets de la crise du COVID-19 sur l’énergie est venue s’ajouter, ces derniers mois, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, source d’incertitude sur les marchés mondiaux du pétrole et du gaz, et donc d’une flambée des prix de l’énergie.
L’Afrique, où 568 millions d’habitants n’ont pas accès à l’électricité, est le continent le moins électrifié. L’Afrique sub-saharienne représentait 71 % de la population mondiale sans électricité en 2018, et 77 % en 2020. Dans la plupart des autres régions le déficit d’accès a en revanche diminué. Certes, à l’échelle mondiale, 70 millions de personnes supplémentaires peuvent désormais cuisiner avec des combustibles et technologies non polluants, mais il s’agit d’une avancée insuffisante compte tenu de la croissance de la population, en particulier en Afrique sub-saharienne.
Il ressort du rapport que les perturbations continues de l’activité économique et des chaînes d’approvisionnement qui ont caractérisé la pandémie ont eu des répercussions sur toutes les sources d’énergie, à l’exception des énergies renouvelables dont le développement s’est poursuivi. Cependant, bon nombre des pays qui ont les besoins en électricité les plus importants n’ont pas bénéficié de ces tendances positives au niveau mondial et régional enregistrées par les énergies renouvelables, d’autant que pour la deuxième année consécutive les flux financiers internationaux ont baissé, pour s’établir à 10,9 milliards de dollars en 2019.
Les cibles fixées par l’ODD 7 couvrent également l’efficacité énergétique. De 2010 à 2019, l’intensité énergétique s’est améliorée en moyenne de 1,9 % par an à l’échelle mondiale, soit une évolution très inférieure à celle nécessaire pour atteindre les cibles de l’ODD 7. Pour rattraper le temps perdu, l’amélioration moyenne devrait être de 3,2 %.
Il s’agit de la huitième édition de ce rapport, publié auparavant sous le titre Global Tracking Framework (GTF). Il a été préparé cette année sous la direction de la Banque mondiale.
cmas