À l'issue de la quatrième et dernière session de la réunion du Comité de politique monétaire au titre de l'année 2023, la BCEAO a décidé du relèvement de 25 points de base de ses principaux taux directeurs. Cette nouvelle hausse intervient après celle décidée en septembre dernier.
Le gouverneur de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), Jean-Claude Kassi Brou a expliqué les fondements de cette décision prise par le Comité de Politique monétaire.
Elle se justifie par "la situation économique, monétaire, financière dans l'Union, tenant compte des évolutions au plan international, et surtout de l'évolution de l'inflation (...) mais également les facteurs de risques notamment sur les prix des produits énergétiques et alimentaires", a fait savoir Jean-Claude Kassi Brou en conférence de presse au terme de la réunion du Comité de politique monétaire.
Aussi, il y a les facteurs de risques au niveau régional, notamment les questions de sécurité "qui jouent directement sur l'approvisionnement des marchés, donc un impact sur les prix", a-t-il admis. "Nous avons examiné le fait que dans la plupart des places financières au niveau international, les Banques Centrales ont maintenu pour le moment leurs taux directeurs à des niveaux élevés pour lutter contre l'inflation. Ces taux directeurs élevés sur les places financières internationales, dans les Banques Centrales partenaires, rendent notre zone moins attrayante. Quand on compare, les taux directeurs, là-bas, sont nettement plus élevés que chez nous".
Le troisième facteur qui a joué en faveur de la hausse des taux directeurs est l'importance pour la BCEAO de réduire la demande sur les transferts pour maintenir la stabilité des comptes extérieurs de la zone UEMOA. Ces facteurs combinés ont milité pour une hausse des taux directeurs par le Comité de Politique monétaire de la BCEAO.
"Donc, on a décidé d'augmenter le taux directeur de 3,25 à 3,50 %. C'est un taux qui est encore parmi les plus faibles que ce soit dans notre région, en Afrique de l'Ouest même sur le continent. Mais, c'est en lien avec l'évolution de la situation économique globale dans notre région", a rappelé Jean-Claude Kassi Brou.
Pour les taux de réserves obligatoires que les banques doivent appliquer, les coefficients sont maintenus inchangés.
Pour l'année 2023, même si la tendance est baissière, le taux d'inflation reste, dans la moyenne annuelle, à 3,7 %. Un taux qui est encore au-dessus de la cible de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). Pour le Gouverneur de la BCEAO, en comparaison avec les autres zones en Afrique, la Zone UEMOA est bien classée en termes de performances, admet-il, l'inflation reste encore un peu élevée.
Le Gouverneur de la BCEAO s'est aussi réjoui de la croissance qui reste soutenue au sein de l'UEMOA avec un taux annuel qui devrait se situer pour l'ensemble de l'année 2023 à 5,3 %. "Les banques financent l'activité économique. Quand on regarde bien, les crédits à l'économie devraient augmenter en 2023 autour de 13 %", a déclaré le Gouverneur Jean-Claude Kassi Brou pour se réjouir du niveau confortable de cet indicateur.
Pour ce qui est du secteur privé, les crédits qui sont faits ont augmenté de 15 % au troisième trimestre de l'année 2023. Concernant les crédits aux ménages qui accompagnent la consommation aux ménages, élément important pour la croissance économique, il y a une augmentation de 9,8 %.
"Globalement, toutes les composantes des crédits à l'économie, de financement de l'activité économique, augmentent. Ce qui permet d'avoir une croissance économique déjà acquise pour les 9 premiers mois de 2023 a plus de 5 %. La probabilité d'atteindre les 5,7 % est très forte", a noté le président du Comité de politique monétaire.
Makhtar C.