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Politique Publié le jeudi 18 juillet 2024 | Abidjan.net

Libre opinion : Houphouët-Boigny n’aurait pas aimé ça !

© Abidjan.net Par DR
Félix Houphouët-Boigny, premier Président de la Côte d’Ivoire

Quand j’ai parlé, pour la première et unique fois, avec le Président Félix Houphouët-Boigny, c’était un jour de fête de Tabaski. Un pur concours de circonstances ! C’était à Yamoussoukro. Nous étions à la grande mosquée pour la prière. Au moment où nous devrions remonter dans les cars pour retourner au lycée, le proviseur Assane Sarr vint nous demander un « service ». Nous devrions, dans nos tenues de fête, nous rendre à l’aéroport pour accueillir le Président Félix Houphouët-Boigny qui arrivait à Yamoussoukro avec une forte délégation de ceux qui nous ont été présentés, un peu plus tard, comme les Américains-Africains ! Il m’a fallu énormément de tact pour que les élèves et certains élèves-ingénieurs musulmans de l’ENSTP et de l’INSET (l’INP-HB n’était pas encore connu) acceptent de se rendre à l’aéroport…


C’était beau. Les élèves et étudiants, en bazin et boubous de fête entonnaient des cantiques. Ce n’était peut-être pas le lieu, mais, ces cantiques ont eu le mérite de donner une atmosphère joviale à l’aéroport qui était tristement vide de chefs coutumiers… Une page était en train de se tourner certainement.


Le Président de la République a interrogé Monsieur le Proviseur du lycée pour savoir qui avait mobilisé ce comité d’accueil. Il me désigna. Le Président Houphouët-Boigny s’est alors avancé vers moi, a posé sa main sur mon épaule gauche et m’a invité à marcher à ses côtés. Il m’a demandé comment j’avais réussi à mobiliser autant de jeunes personnes ce jour de fête. J’ai frissonné quand il m’a appelé « mon fils » ! Nous parlons du Président Félix Houphouët-Boigny ! « Mon fils, tu iras loin, très loin ! »

J’ai juste réussi à dire : « Merci Papa ! ». Les témoins s’en souviennent encore.


Trente-trois ans après, je regarde la Côte d’Ivoire avec grande tristesse. Certains d’entre nous, Ivoiriens, incitent à la création de groupes sur des bases politiques, qui se parlent avec haine, comme des ennemis. Trois camps hermétiquement opposés où chacun souhaite presque la disparition des deux autres !

La Côte d’Ivoire de la solidarité est confondue, sinon, a disparu au profit des actions de séduction des électeurs à la veille des élections.


Toute la classe politique ivoirienne se revendique pourtant d’Houphouët-Boigny. Le dialogue entre les leaders Ivoiriens est devenu un évènement quand il est amorcé. Dans un pays où l’hymne national est conclu par « la patrie de la vraie fraternité », chaque élection est attendue par les populations avec anxiété et la peur de voir des violences occasionnant des pertes en vies humaines. 


La méfiance et la défiance ont plombé les relations humaines. La Côte d’Ivoire a perdu de sa verve depuis des lustres. La caractéristique première d’un pays n’est peut-être pas de faire peur. Mais, la Côte d’Ivoire était crainte, respectée ou admirée. La profonde division entre les Ivoiriens est l’une des premières causes de l’effritement de la notoriété du pays. Des Ivoiriens expriment à profusion leur joie de voir la Côte d’Ivoire être surpassée par d’autres pays africains. L’adversité des clans politiques a dépassé la norme classique de divergence d’idées. Le pays a mal à sa cohésion sociale.


Certains de nos compatriotes deviennent agressifs dès que vous ne partagez pas leur point de vue sur certaines questions. Le pays est gagné par les incertitudes, et cela, depuis des décennies. Chaque Ivoirien est plongé dans une lutte du « chacun pour soi ». C’est clair, Houphouët-Boigny n’aurait pas aimé cela. Nous devons donc approfondir les réflexions.


Une contribution de Koné Satigui, Sociologue, Journaliste écrivain

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