Le tribunal de première instance d'Abidjan a condamné mercredi Kando Soumahoro, cadre d'un parti d'opposition dissous en 2021, à 24 mois de prison ferme pour "maintien illégal d'un parti politique", cinq jours après la condamnation d'un membre du même parti pour d'autres motifs.
La cour lui reproche d'avoir signé début août, au nom de Générations et peuples solidaires (GPS), mouvement politique de l'ancien chef rebelle et ex-Premier ministre Guillaume Soro, aujourd'hui en exil, une déclaration conjointe de partis d'opposition qui appellent à une refonte du système électoral, à la veille d'une année d'élection présidentielle.
Vendredi dernier, c'est Mamadou Traoré, un autre cadre du GPS, qui a écopé de deux ans de prison ferme pour des propos tenus sur sa page Facebook contre le président ivoirien Alassane Ouattara.
Le tribunal l'a reconnu coupable de "diffusion de nouvelles fausses de nature à porter atteinte au moral de la population" et d'"atteinte à l'ordre public".
Au cours de plus de quatre heures de débat mercredi, les avocats de Kando Soumahoro ont tenté, entre autres, de démontrer que la dissolution du GPS est suspendue à la suite de leur pourvoi en cassation, sans convaincre la cour, qui a rappelé que la décision de dissolution avait été confirmée par la cour d'appel d'Abidjan.
Le président du tribunal a expliqué en introduction du jugement que "ce procès n'est pas +forcément+ politique", comme l'avaient dénoncé plus tôt les avocats de M. Kando.
Ce dernier, qui se présente comme un "membre fondateur" du GPS, avait déjà effectué une peine de prison en 2019, avec d'autres cadres du parti, condamnés pour "diffusion de fausses nouvelles" et "troubles à l'ordre public".
A la sortie de l'audience, les avocats de M. Soumahoro ont dit vouloir interjeter appel et ont annulé la conférence de presse qu'ils avaient annoncée.
Des policiers ont dispersé sans violences les quelques dizaines de supporters et de curieux qui s'attardaient devant l'enceinte du tribunal.
En juin 2021, Guillaume Soro et 19 de ses partisans ont été accusés de "complot", "tentative d'atteinte à l'autorité de l'Etat" ainsi que de "diffusion et publication de nouvelles fausses jetant le discrédit sur les institutions et leur fonctionnement, ayant entraîné une atteinte au moral des populations".
La cour avait également ordonné la dissolution de son mouvement, Générations et peuples solidaires, accusé de se livrer à "des actes subversifs".
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