Une visite inhabituelle de 3 gendarmes, hier, dans les locaux du Conseil régional de la Nawa, à Soubré, suscite maintes interrogations. La nouvelle nous est parvenue dans la soirée, au moment où nous nous apprêtions à mettre sous presse. « Trois gendarmes lourdement armés ont fait une entrée remarquée dans cette Institution publique, suscitant surprise et interrogations parmi le personnel sur place. Cette intervention dont les motivations demeurent floues, soulève de nombreuses questions et alimente les spéculations, dans un contexte politique particulièrement sensible à quelques mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. L’arrivée impromptue de ces trois gendarmes a immédiatement attiré l’attention des employés du Conseil régional. Ces derniers ont observé que les militaires semblaient procéder à une reconnaissance minutieuse des lieux, n’hésitant pas à photographier de nombreux espaces, ce qui laisse supposer une opération de repérage. Une telle attitude, inhabituelle de la part d’une unité de gendarmerie en dehors d’un cadre officiel bien défini, a nourri les suspicions », nous a rapporté le Service de communication du Conseil. Quel pourrait-être le mobile d’une telle visite qui n’obéit à aucun cadre légal ? Pourquoi n’a-t-on pas pris le soin d’en informer les locataires du lieu, si cela s’inscrivait dans un cadre républicain ?
« Après avoir sillonné les couloirs et bureaux, les gendarmes ont demandé à rencontrer les responsables du Conseil régional. Lors de cet échange, ils ont avancé l’argument d’une initiative visant à se mettre au service de l’Institution. Une justification jugée peu crédible par certains observateurs, car la gendarmerie nationale, en tant que force militaire, ne peut entreprendre une telle démarche sans cadre légal précis et sans instruction formelle des autorités compétentes. Par ailleurs, plusieurs témoins rapportent que les gendarmes passaient de nombreux appels téléphoniques, depuis l’intérieur des locaux. Une attitude qui renforce les soupçons selon lesquels cette présence pourrait avoir d’autres objectifs que ceux officiellement déclarés » a poursuivi le Service de communication. Deux jours avant l’arrivée des éléments de la maréchaussée, un véhicule administratif d’immatriculation D, aurait fait un tour devant le siège du Conseil régional, puis s’est retourné sans y entrer.
Le Conseil régional de la Nawa est dirigé par M. Netro Tagbo René, député de Méagui, une figure emblématique du PDCI-RDA, principal parti d’opposition dont il est le haut représentant dans le District autonome du Bas-Sassandra. « Cette irruption inattendue n’est pas sans rappeler d’autres événements survenus par le passé, notamment le cas de Mangoua Jacques dans la Région du Gbêkê, où des actes similaires avaient été observés. Ces précédents nourrissent les inquiétudes, quant à d’éventuelles pressions exercées sur certains responsables politiques à l’approche des échéances électorales. Dans une Côte d’Ivoire où le climat politique demeure fragile, cette intervention des forces de l’ordre, sans explication officielle claire, suscite de vives réactions. Plusieurs observateurs s’interrogent sur cette intrusion et ses éventuelles implications politiques », a relevé notre interlocuteur. Certains éléments de l’Escadron de la gendarmerie de Soubré auraient été reconnus parmi les visiteurs impromptus. Le Conseil régional mentionne, à cet effet, que la hiérarchie de la gendarmerie de Soubré « est particulièrement attendue pour fournir des explications et rassurer l’opinion publique. » Dans un État de droit, dénonce-t-il, « l’usage des forces de sécurité doit s’inscrire dans un cadre strictement légal et impartial. » C’est pourquoi, conclut le Service de communication, « toute tentative d’instrumentalisation des Institutions sécuritaires à des fins politiques nuirait gravement à la stabilité du pays et à la confiance des citoyens envers les autorités. ».
JB KOUADIO
