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Société Publié le vendredi 9 mai 2025 | BBC

Au Mali, pourquoi la coalition de l'opposition reporte sa manifestation prévue aujourd'hui

© BBC
Au Mali, pourquoi la coalition de l'opposition reporte sa manifestation prévue aujourd'hui
La manifestation prévue par la coalition des partis politiques et organisations de la société civile au Mali à Bamako pour ce vendredi 9 mai 2025, a été reportée.

La manifestation prévue par la coalition des partis politiques et organisations de la société civile au Mali à Bamako pour ce vendredi 9 mai 2025, a été reportée. Les organisateurs disent craindre des violences si elle est maintenue.

« Nous sommes légalistes. Nous n'allons pas faire la manifestation », a indiqué à BBC Afrique Nouhoum Togo, président de l'Union pour la sauvegarde de la République (USR), l'un des organisateurs de la manifestation.

Cette décision fait suite à la suspension, mercredi dernier, des activités des partis politiques par les autorités militaires du pays, jusqu'à nouvel ordre. Ceci afin de « préserver l'ordre public », selon le gouvernement.

« …Le projet de décret suspend jusqu'à nouvel ordre, pour raison d'ordre public, les activités des partis politiques, des associations à caractère politique et de toute autre organisation se réclamant d'un caractère politique sur toute l'étendue du territoire national », a indiqué le communiqué du Conseil des ministres lu à la télévision nationale.


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Dans une réaction écrite rendue publique, la coalition des partis « refuse de livrer ses militants à la violence planifiée par les partisans de la transition ».

Ainsi, elle sursoit à la manifestation afin d'éviter que « des affrontements violents entre Maliens ne se déclenchent lors de ce rassemblement prévu pour vendredi ».

Aucune autre date n'est pour le moment retenue pour la manifestation.

Des actions en justice contre l'interdiction

Le 3 mai dernier, une coalition de partis politiques et d'organisations de la société civile a tenté d'organiser une autre manifestation pour protester contre ces assises auxquelles, selon eux, les Maliens n'avaient pas été représentés. Mais la manifestation a été interdite.

« Nous avions donné des instructions fermes à nos militants de ne pas faire de la violence. Nous prenons des dispositions pour des actions en justice contre cette interdiction des activités politiques », souligne le président de l'USR, Nohoum Togo qui a ajouté qu'ils ont dû négocier avec la police pour qu'un jeune militant arrêté soit relâché après quelques heures.

Ces partis politiques et organisations de la société civile demandent depuis quelque temps le retour à l'ordre constitutionnel, la fin de la transition et l'organisation d'une élection pour remettre le pouvoir à un civil.

Selon le communiqué, le groupe des acteurs politiques de l'opposition reste « engagé dans la défense de la Constitution ».

Avec ses collègues de l'opposition, M. Togo confie qu'il y a des réflexions en cours pour agir en tant que Maliens et non en tant que militants pour contrecarrer cette suspension des activités des partis politiques.

Il ajoute que l'opposition affirme son soutien total à Mamadou Traoré, l'un des leaders qui a critiqué le gouvernement militaire, qui a été arrêté et dont le procès débutera le mois prochain.

« Il n'est pas normal qu'on demande aux partis politiques d'arrêter leurs activités », a-t-il ajouté.

Les arguments invoqués par le gouvernement militaire

Le gouvernement malien a déjà, le 30 avril 2025, adopté un projet de loi portant abrogation de la loi portant charte des partis politiques.

Cette décision, selon les autorités, s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations issues des concertations des forces vives de la nation et des Maliens établis à l'extérieur, tenues à Bamako les 28 et 29 avril 2025.

L'adoption de cette loi « permettra de juguler les manœuvres de déstabilisation par des poursuites judiciaires et des actions administratives de gestion de l'ordre public conformément aux textes en vigueur », justifie le gouvernement.

« Il faut préciser que cette mesure n'est pas éternelle. Elle est temporelle et sera levée dès que les conditions qui l'ont exigée ne seront plus là », a souligné Alhamdou Ag Ileyene, ministre de la Communication, de l'Economie numérique et de la Modernisation de l'administration au cours d'une rencontre avec la presse locale.

Selon le gouvernement, depuis l'annonce de la mesure sur l'abrogation de la loi portant charte des partis politiques, « il est constaté la multiplication des actions tendancieuses de la part de certains responsables politiques visant à saboter les actions du gouvernement et à porter atteinte à l'ordre public ».

Il faut, selon les autorités militaires, arrêter toutes ces velléités et rétablir l'ordre public.

Le ministre de la Communication, lors de la rencontre avec la presse, a évoqué l'article 39 de la Constitution qui décide de la réorganisation des partis politiques. Il indique qu'une loi sera votée bientôt pour cette réorganisation de la vie politique nationale au Mali.

« Le gouvernement est à pied d'œuvre pour que la vie politique soit plus appropriée et plus conforme aux intérêts du peuple malien », a précisé Alhamdou Ag Ileyene.

Que disent concrètement les recommandations de la conférence des forces vives du Mali ?

Ce forum de discussions lancé d'abord au niveau local, puis sur le plan national, a réuni des représentants d'organisations de la société civile et des partis politiques du Mali les 28 et 29 avril 2025. Les conclusions ont été remises au Général d'armée Assimi Goita qui, selon les délégués, est libre d'en faire ce qu'il veut.

L'une des recommandations, la première d'ailleurs, est de faire du Général Goita un président de la République de plein droit, pour un mandat de 5 ans.

Selon les explications données par la Primature concernant cette recommandation, il s'agira de « réviser la charte de la Transition en installant le général d'Armée Assimi Goïta comme président de la République pour un mandat de cinq ans à partir de 2025, renouvelable, à l'instar de ses pairs de l'AES ».

Les assises ont également recommandé la « relecture de la charte des partis politiques », demandant au passage la dissolution des partis politiques et le durcissement des conditions de création de nouveaux partis à l'avenir.

L'organisation d'une élection pour le retour à l'ordre constitutionnel et la fin de la transition tant réclamée par l'opposition ne sera pas de sitôt à l'ordre du jour. Puisque les délégués à cette conférence ont en outre recommandé la « suspension de toutes les questions électorales » jusqu'à la pacification du Mali.

Il faudrait donc « donner le temps nécessaire aux dirigeants actuels pour poursuivre la gestion de l'Etat », selon les participants aux assises. Il s'agit, ont-ils poursuivi, d'assainir la scène politique malienne.

L'opposition qui continue de condamner la décision de la junte de limiter ses activités, dénonce également le profil des acteurs ayant participé à ces assises. Ces derniers, selon elle, sont constitués de partis et organisations qui soutiennent la junte.

Les partis politiques de l'opposition au Mali devront aussi faire face à la Cour suprême du pays qui a annoncé entre-temps l'audit de leurs finances publiques au cours des 25 dernières années. La haute juridiction indiquant qu'il y a eu « l'utilisation abusive des fonds publics et le manque de transparence ».

Assimi Goita, une promesse non tenue

Arrivé au pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat en 2020, Assimi Goita a été nommé chef de la transition. Il s'est engagé à organiser les élections à la fin de la transition en février 2022. Mais il est revenu sur sa promesse à plusieurs reprises en repoussant ces élections.

Finalement, il s'est allié au Burkina Faso et au Niger, deux pays dirigés également par des juntes, avec qui il a formé l'Alliance des Etats du Sahel (AES), quittant le bloc ouest-africain, la CEDEAO qui appelle aussi au retour à l'ordre constitutionnel.


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