En marge des Assemblées annuelles de la Banque Africaine de Développement (BAD), un important Atelier Régional de mobilisation, de Capitalisation et de plaidoyer s’est tenu à Abidjan Plateau, réunissant des femmes issues de la société civile de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest.
Cet atelier, organisé les 26 et 27 mai, s’inscrit dans le cadre d’un projet mené par Lumière Synergie pour le Développement (LSD), avec l’appui de la Foundation for a Just Society (FJS). Il vise à amplifier la voix des femmes affectées par les projets financés par la BAD dans des pays comme le Sénégal, la Guinée, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.
À travers des formations, du renforcement de capacités et des actions de plaidoyer, LSD accompagne ces femmes dans la défense de leurs droits face aux nuisances engendrées par certains projets d’infrastructure.
Suite à une première réunion régionale tenue en novembre 2023 à Saly Portudal (Sénégal), un Mouvement des Femmes Affectées par les projets de la BAD a vu le jour. Cette initiative regroupe les communautés touchées dans les quatre pays susmentionnés et cherche à créer un espace de solidarité et d’expression.
'' Nous voulons influencer les politiques pour améliorer les conditions des femmes et des communautés concernées '', a affirmé Ndeye Fatou Sy, responsable des programmes chez LSD. Selon elle, les projets de développement ne doivent pas être un frein aux droits des populations, notamment des femmes. '' Il y a des impacts qui persistent malgré les mécanismes de recours, et ces doléances ne sont pas toujours entendues '', a-t-elle souligné.
L’atelier de mai 2025 coïncide avec un moment stratégique : les Assemblées annuelles de la BAD, organisées cette année à Abidjan avec en toile de fond l’élection d’un nouveau président pour les cinq prochaines années. LSD et ses partenaires, dont le Bank Information Center (BIC) et la Coalition Droits Humains dans le Développement, ont saisi cette opportunité pour faire porter les revendications des femmes affectées.
L’objectif est d'assurer une participation effective aux discussions, renforcer les capacités des femmes sur les mécanismes de sauvegarde sociale et environnementale de la BAD, et favoriser l’émergence de stratégies de plaidoyer efficaces. Au moins 15 femmes affectées et 10 organisations de la société civile (OSC) membres du Groupe de Travail sur la BAD participent à cet événement.
Parmi les sujets débattus figurent la politique Genre de la BAD, les abus sexuels sur les enfants liés aux projets, et les effets néfastes de certaines infrastructures. '' Il y a un décalage entre les ambitions des projets et leurs impacts réels sur le terrain '', a dénoncé Ndeye Sy, citant en exemple la centrale à charbon du Sénégal soutenue malgré les enjeux de transition énergétique.
Suite à ces revendications, les participantes ont appelé à des consultations communautaires en amont de tout projet, et à une prise en compte réelle des retombées sur les populations. '' Ce type de plaidoyer peine encore à se faire entendre. Mais avec de la détermination et des stratégies collectives, nous continuerons à porter ces voix '', a conclu Ndeye Sy.
EA