L'Ordre des Avocats de Côte d'Ivoire a fermement dénoncé les pratiques de certains cabinets étrangers qui s'installent illégalement sur le territoire sous l'appellation de « conseils juridiques ». Lors d'une conférence de presse tenue le lundi 16 juin 2025 à son siège d'Abidjan Cocody, la Bâtonnière, Me Florence Loan-Messan, a tiré la sonnette d'alarme face à cette situation qu'elle juge "dangereuse".
Ces structures, souvent non inscrites aux barreaux de l'espace UEMOA, communiquent ouvertement sur leur présence en Côte d'Ivoire, dissimulant mal un exercice de la profession d'avocat pourtant illégal. « La Côte d'Ivoire n'est pas un espace sans loi. Ce que l'on interdit aux avocats ivoiriens ailleurs, on ne peut l'accepter ici. La justice commence par l'équité », a martelé Me Loan-Messan, soulignant l'analogie avec d'autres professions réglementées, tel un médecin étranger ne pouvant ouvrir une clinique sans inscription à l'Ordre national.
Cette situation représente, selon la Bâtonnière, une atteinte directe à la souveraineté juridique nationale, à l'éthique professionnelle, et menace gravement l'équilibre du marché pour les jeunes avocats ivoiriens. Me Loan-Messan a également réfuté avec véhémence les arguments tentant de justifier ces pratiques par un prétendu manque de compétence des avocats ivoiriens pour les dossiers dits « de niveau international ». « C'est non seulement outrageusement méprisant, mais surtout faux », a-t-elle affirmé. Elle a rappelé les compétences avérées des membres du barreau national, qui ont accompagné avec succès l'État et de grandes entreprises dans des négociations complexes, des fusions internationales et des arbitrages majeurs. « Les avocats ivoiriens y étaient, et y sont encore », a-t-elle insisté.
Abordant les défis internes de la profession, Me Florence Loan-Messan a plaidé pour un accompagnement concret de l'État, notamment à travers le financement de la formation à l'École des avocats. « Ce n'est pas une faveur que nous demandons. C'est un investissement nécessaire pour le présent et l'avenir de notre justice », a-t-elle déclaré. Elle a salué l'écoute du ministre de la Justice et du Premier ministre, exprimant l'espoir d'un engagement effectif de l'État pour « mettre de l'ordre dans leur corporation ». Le Conseil de l'Ordre a par ailleurs réaffirmé qu'aucun individu ne peut exercer la profession d'avocat sans avoir obtenu le Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat (CAPA). Ce diplôme, issu d'une formation juridique rigoureuse, constitue le premier filtre de compétence et d'éthique, garantissant ainsi à la population un encadrement fiable et professionnel des dossiers sensibles.
Enfin, la conférence a mis en lumière le rôle fondamental de la Caisse Autonome de Règlement Pécuniaire des Avocats (CARPA). Cet outil, spécifique à la profession, assure la traçabilité et la sécurité des flux financiers traités par les avocats, renforçant la confiance du public et la transparence de l'exercice.
Cyprien K.

