Placé en garde à vue depuis la semaine dernière au Pôle national économique et financier, l'ancien Premier ministre du Mali, Choguel Maïga a été inculpé et placé sous mandat de dépôt ce mardi après avoir été écouté par la Cour suprême.
La justice malienne l'accuse d'« atteinte aux biens publics, faux, usage de faux », selon l'AFP qui cite des sources judiciaires.
L'ancien Premier ministre, limogé en novembre dernier par la junte au pouvoir, « se dit serein et estime qu'un homme politique doit s'attendre à tout, y compris la prison et la mort », selon son avocat qui a fait un post sur sa page Facebook.
« Il se réjouit très fortement du fait que son ancien directeur de cabinet, le Professeur Issiaka Ahmadou Singaré, âgé de 80 ans, soit poursuivi non détenu dans le même dossier », ajoute Me Cheick Oumar Konaré.
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Détenu avec d'anciens collaborateurs
Choguel Maïga avait été auditionné pour la première fois le 1er août dernier. Il a été convoqué une deuxième fois le mardi 12 août dernier au Pôle national économique et financier où il a été mis en garde à vue pour, selon les enquêteurs, une séance de confrontation avec ses anciens collaborateurs.
« Ce placement en garde à vue survient dans le cadre d'une enquête sur les allégations d'atteinte aux biens publics par un rapport du Vérificateur général (…). Il est présumé innocent jusqu'à une éventuelle condamnation par les juridictions compétentes », avait déclaré son avocat, Me Cheick Oumar Konaré.
La mesure de garde à vue avait frappé aussi plusieurs de ses anciens collaborateurs, notamment son ancien Directeur de cabinet, le professeur Issiaka Ahmadou Singaré, et trois anciens directeurs administratifs et financiers de la Primature.
Un divorce consommé en novembre dernier
Choguel Maïga, qui avait été nommé en 2021 par Assimi Goita, le chef des militaires au pouvoir au Mali depuis 2020. Il a été limogé en novembre dernier.
L'ancien Premier ministre avait émis des critiques contre les autorités de la transition au Mali. Il a manifesté son mécontentement contre la junte qui, selon lui, prend des décisions pour le maintien des militaires à la tête du pays, alors que ces derniers avaient promis de rendre le pouvoir aux civils en mars 2024 à la suite d'élections transparentes.
M. Maïga a également dénoncé une « gestion clanique » du pouvoir et des atteintes aux libertés individuelles et collectives.
Un contexte fait d'arrestation d'officiers
L'inculpation et la détention de Choguel Maïga interviennent dans un contexte de tension où plusieurs militaires dont des officiers et généraux ont été récemment arrêtés à Bamako, soupçonnés de porter atteinte à la sûreté intérieure de l'État, selon la junte.
Au Mali, les partis politiques ont récemment été dissous et les syndicats réduits au silence.
En juillet dernier, le chef de la junte Assimi Goita a promulgué une loi qui lui permet de rester au pouvoir pendant longtemps, le temps de trouver, selon ces autorités militaires, une solution à l'insécurité qui gangrène le pays, avec les attaques des groupes armés contre les forces armées du Mali et ses alliés russes.
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