x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Économie Publié le mardi 15 juin 2010 | Nuit & Jour

Pétrole – Infrastructures – Grandes entreprises… - Comment les multinationales pillent les ressources ivoiriennes

© Nuit & Jour Par DR
Poumon de l`économie ivoirienne - Le port autonome d`Abidjan
Photo: maquette du plan d`extension du port autonome d`Abidjan
« Renforcer les capacités du gouvernement en matière de négociation et de suivi des contrats pétroliers ». Tel était le thème d’un séminaire organisé récemment par le Don de gouvernance et de développement institutionnel (DGDI). Aujourd’hui, la noblesse de cette initiative refait surface au rappel de ce que la Côte d’Ivoire n’engrange pas à la faveur de l’exploitation de ses ressources.

Adopter le système d’attribution des contrats pétroliers par appel d’offres, en lieu et place du système qui consiste en un gré à gré. Tel était l’un des objectifs de l’important séminaire de formation organisé récemment par le Don de gouvernance et de développement institutionnel, DGDI. Destiné à l’inciter le gouvernement à une salutaire révision des contrats commerciaux régissant l’exploitation du pétrole ivoirien, ce conclave avait pour thème : « comment renforcer les capacités du gouvernement en matière de négociation et de suivi des contrats pétroliers ». Comment permettre à la Côte d’Ivoire de tirer profit de ses activités pétrolières, afin que les ressources générées soient porteuses d’un développement durablement ressenti par les populations ? Cette question est plus que d’actualité, à cause des bruits qui courent sur le pétrole ivoirien, qui semblent ne pas tenir compte de la réalité, toute chose qui remet au gout du jour, cette belle initiative du DGDI, et pour cause. 54.750.000.000 FCFA. C`est ce que la Côte d`Ivoire gagne par an dans l`exploitation de son pétrole. Si les données officiellement approuvées par la communauté internationale sont vraies. En effet, ce pays ne pompe que 50 mille barils / jour mais selon un contrat signé il y a une dizaine d`années avec ses partenaires étrangers, seulement 12% de cette production lui revient, c`est-à-dire 6000 barils / jours. A raison de 50 dollars en moyenne le baril, la Côte d`Ivoire cède donc tout aussi officiellement au consortium Global Ressources - Texaco - Exxon, plus de 400 milliards FCFA par an. Vu sous l`angle de la reconnaissance du mérite, l`émissaire des bailleurs de fonds n`a donc que bien fait de féliciter le ministre de l`Economie et des Finances Charles Diby pour la bonne gestion de ces ressources. Après avoir confirmé les chiffres fournis par le gouvernement sur le pétrole ivoirien, Arend Kouwenaar avait, on s`en souvient, félicité celui-ci " pour les efforts constatés en matière de bonne gouvernance ", selon ses propres termes. Vu néanmoins sous l`angle du bon sens, l`on ne peut que regretter que l`envoyé des bailleurs de fonds n`ait pas automatiquement mis sur la table, la question de la répartition des ressources générées par les richesses ivoiriennes. Si cela avait été fait avec insistance et consigné dans son rapport, la communauté internationale aurait alors un argument officiel permettant la révision des contrats de partage desdites ressources.

La politique du cheval et du cavalier

Le cas du pétrole ivoirien est donc un argument de taille, pour envisager la révision de certains contrats commerciaux liant les Etats africains aux multinationales occidentales, spécialisées dans l`exploitation des matières premières. Le premier avantage sera de mettre fin à la politique du cheval et du cavalier, qui caractérise les échanges commerciaux entre l`Afrique et le reste du monde. A quoi sert-il en effet de se proclamer producteur de tel ou telle richesse, alors qu`après partage, l`on n`y gagne que des miettes ? Cela permettra aux Etats d`avoir les moyens de leur collaboration ou de leur coopération avec le reste du monde, étant donné que l`on parlera désormais d`égal à égal. Le second avantage aurait été de mettre à un autre niveau de réflexion, ceux qui entretiennent cet inutile conjecture rien que sur la gestion des revenues du pétrole ivoirien, par soucis de voir la petite bête partout. Cela aurait surtout permis de convaincre les Ivoiriens qu`ils ne sont pas issus d`un pays pétrolier. Dans maints pays d`Afrique comme le Gabon, les citoyens ont ralenti leurs réflexions et leurs efforts avec l`illusion du pétrole salvateur, alors que seule, cette denrée ne pouvait en rien suffire à leur développement. Cette attitude crée la paresse, l`oisiveté, le manque d`ingéniosité et surtout les accusations mensongères et ridicules, et pourtant. Pendant toute sa gouvernance, Félix Houphouët-Boigny insistait sur le fait que le succès de la Côte d`Ivoire reposait sur l`Agriculture. Cette sagesse avait emmené les Ivoiriens à minimiser les ressources insignifiantes de leur pétrole, en les maintenant au travail et à l`effort diversifié. Il y a donc lieu de conjuguer les efforts pour obtenir du gouvernement, la révision des contrats commerciaux, au lieu de perdre du temps à conjecturer sur des ressources qui n`existent pratiquement que de nom.

Franck Boyo



Encadré : Assumer ensemble les erreurs du passé

A l`analyse, l`on est emmené à se demander ce qui revient finalement à l`Etat et au peuple, de tout ce que la Côte d`Ivoire produit comme ressources ou génère comme richesse. Du téléphone au pétrole, en passant par l`eau, l`électricité, le port, le gaz, l`aéroport internationale Houphouët-Boigny, etc… tout appartient aux multinationales occidentales, principalement françaises. Quant aux produits agricoles surtout le café et le cacao, ils sont achetés à vil prix, puis revendus ici à un prix presque quintuplé. Comment œuvrer à ce que la Côte d`Ivoire profite de ses richesses comme cela se doit ? Telle doit par conséquent être la préoccupation de chaque ivoirien, si toutefois l`on décide de sortir des débats inutiles et futiles. Pendant que les Ivoiriens s`accusent mutuellement de détourner ou de mal gérer ceci ou cela, les multinationales occidentales s`empiffrent officiellement mais en douce. Certes, il est légitime de s`interroger sur les raisons qui ont emmené l`Etat a signé ce genre de contrat. Certainement que cela était motivé par le souci de ne pas assumer les frais de production. N`empêche, le résultat est aujourd`hui là, implacable et regrettable. L`Etat étant une continuité et vu que les Ivoiriens sont condamnés à partager leurs joies et peines en vivant ensemble, il y a plutôt lieu d`assumer ensemble cette erreur d`appréciation. Tout étant dans la nécessité d`avancer vers de nouvelles perspectives basées sur la correction des erreurs du passé, afin de profiter largement de ce dont Dieu a dotée le sol ivoirien. Le jour où cela sera, il faudra alors continuer dans le sens de la bonne gouvernance, afin d`éviter les détournements de masse dont seuls les dirigeants d`entreprises africaines ont le secret.

F. B

Légende 2 : Selon la coordonatrice du DGDI Yao Madeleine, la révision des contrats liés au pétrole permettra à l’Etat de disposer de plus de fonds.


PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Économie

Toutes les vidéos Économie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ