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Politique Publié le dimanche 20 mars 2011 | Ivoire-Presse

Silence on tue: le conseil de sécurité des nations unies échoue en Côte d’Ivoire

© Ivoire-Presse Par DR
Crise post-électorale - Encore des morts à Abidjan: les casques bleus au secours de la population civile
Crise post-électorale : encore des morts à Abidjan - Reuters - [0] Mardi 11 janvier 2011. Abidjan. Affrontements meurtriers entre des éléments des Forces de défense et de sécurité et la population au quartier PK 18 de la commune d`Abobo. Photo: des casques bleus de l`Onuci arrivés sur le terrain
Jour après jour, les Nations Unies tiennent leur macabre comptabilité en Côte d’Ivoire mais ne font rien pour faire cesser les violences qui ensanglantent Abidjan depuis la fin du scrutin présidentiel. Le Conseil de sécurité multiplie les déclarations d’impuissance, la France ne fait plus peur et Obama parle désormais sans conviction ni émotion. La Chine et la Russie marchandent leur puissance en coulisse contre le sang de pauvres nègres. Le Conseil de sécurité laisse blanc-seing au couple Gbagbo pour massacrer à grande échelle et en toute impunité une partie du peuple dont le crime est d’avoir voté contre Laurent Gbagbo.

La responsabilité du Conseil est grande dans ce qui se passe en Côte d’Ivoire, les massacres se déroulent sous les canons de ses chars et les obus traversent le ciel d’Abidjan alors que l’ONUCI a été dotée d’hélicoptères MI-24 capables de neutraliser les canons au sol, sinon de dissuader les tireurs. L’ONUCI a le mandat sous chapitre VII de protéger les civils par tous les moyens et ses forces sont investies, par transfert, du droit à la légitime défense des civils non armés. En dépit des piles de cadavres, de l’exode massif en pleine capitale, Abidjan, de populations hagardes, de destructions d’objectifs non militaires, de distribution massive d’armes aux civils du camp de M. Gbagbo, le Conseil de sécurité ne s’alarme pas des conditions de mises en œuvre de son mandat.

Les grandes puissances démocratiques, France, USA, Grande-Bretagne sont déjà passées à une crise plus « lucrative », laissant en Côte d’Ivoire un sillon de mots et de déclarations vides. C’est normal, la Côte d’Ivoire n’est pas « à deux heures de Paris » au cœur de l’Europe, elle ne borde pas la méditerranée, elle n’est pas le pays d’en face avec 3% de la production mondial de pétrole haut de gamme.

Depuis le déclenchement des révolutions arabes, le Président Obama a mis plus de cœur à défendre le discours du Caire destiné au monde arabe, qu’à celui d’Accra destiné à l’Afrique noire. Et pourtant en Côte d’Ivoire le suffrage du peuple est pris en otage par un tyran et sa femme, un peuple est massacré pour s’être librement choisi un Président et un destin au terme d’un scrutin certifié par les Nations Unies, le Président élu reconnu aux quatre coins du globe vit reclus dans un hôtel certes protégé par des casques. Qui détaleront au premier assaut des gens de Gbagbo. Tous les critères légitimant une plus forte intervention de la communauté internationale sont réunis mais celle-ci, au-delà de sa première salve de sanctions, est tétanisée alors que la guerre dont on parle au futur est déjà au présent.

A propos de la Libye, le Président Sarkozy a déclaré « nous intervenons pour permettre au peuple libyen de choisir son destin. » En Côte d’Ivoire, M. Le Président, le peuple a déjà choisi son destin et l’homme qui le mettra en œuvre et les pays africains, proches ou éloignés, à l’exception de quelques imperturbables dictatures (Angola, Zimbabwe, Guinée équatoriale, Ouganda, Gambie) soutiennent le destin que s’est choisi le peuple de Côte d’Ivoire. Il est désormais temps de sortir de la litanie du verbe stérile, et de montrer qu’un homme seul ne saurait triompher des valeurs de notre humanité, ne saurait réduire à l’impuissance les nations et les hommes qui ont écrit le « plus jamais ça » de notre histoire collective.

L’ONUCI et le Conseil de sécurité ne peuvent indéfiniment s’abriter derrière l’argument selon lequel « la responsabilité de protéger les civils incombe aux autorités nationales ». M. Ouattara n’ayant pas d’armée sous ses ordres pour remplir cette charge, elle incombe alors, comme prévue, aux forces internationales qui en ont clairement le mandat, l’équipement et la maîtrise de l’espace aérien. L’ONUCI et le Conseil de sécurité ne peuvent non plus s’abriter derrière le fallacieux argument de la proximité des lieux du massacre et de la présence des casques, la ville d’Abidjan étant désormais dans son ensemble, le champ d’opération des casques bleus en raison de la généralisation de la violence contre les civils. Il faut agir et vite.

Le Conseil de sécurité doit cesser de confirmer le sentiment que la mort, même de milliers d’africains ne compte que pour du beurre, que le massacre de plusieurs centaines de négros ivoiriens par l’ancien couple présidentiel n’émeut personne parce que la criminalité des dirigeants africains est légitimement génétique et que pleurer sur les morts libyens en plein désert ou sur le peuple meurtri du Japon victime de la nature est plus humanisant. En Côte d’Ivoire des hommes de chair et de sang meurent tous les jours dans l’indifférence des élites FPI et des grandes puissances. C’est un fait, il faudra en tirer les leçons à la fin de cet épisode douloureux écrit par Gbagbo sur les mares de sang de son peuple.

Gbagbo est un dictateur, ses agissements le confirment. Désormais, en Côte d’Ivoire sévit un couple infernal, avec Simone Gbagbo aux commandes des opérations de massacres de civils au nom de sa haine pour Ouattara et de son goût du pouvoir.

Passé le 24 mars, la Communauté internationale n’aura plus d’excuses, il faudra frapper Gbagbo :
• Le Président Ouattara qui a débuté la mise en œuvre des décisions de l’UA ne doit accepter aucune discussion avec Gbagbo avant son départ du palais et de la résidence présidentiels exigé au point 1 des décisions du panel de haut niveau de l’UA ;
• La CEDEAO et l’Union africaine mais surtout l’Afrique du sud et le Nigeria doivent exiger le retrait du soutien militaire de l’Angola à Gbagbo car l’Angola se rend responsable du massacre quotidien de civils ivoirien ;
• Le Président Ouattara doit exiger à l’Union africaine et à la CEDEAO l’envoi d’une mission aux Nations Unies pour pousser à l’adoption une résolution coercitive prévoyant l’extraction-exfiltration de Gbagbo de l’un quelconque des lieux de pouvoir, des sanctions contre Gbagbo, son épouse et le quarteron de généraux qui les soutiennent, le déploiement d’une force intérimaire robuste chargée de mettre en œuvre les mesures de l’UA, notamment la prise de fonction effective du gouvernement d’union et de réconciliation nationale prévu par l’UA.
• Gbagbo, en cas de refus doit être rendu pénalement responsable devant CPI des violences et destructions qui ravagent la Côte d’Ivoire et un mandat international lancé contre lui.

L’heure est grave et la Côte d’Ivoire est à un tournant majeur de son histoire, chacun doit jouer sa partition pour la paix. La démission des élites FPI face à la dérive meurtrière des Gbagbo est troublante mais pas surprenante, elles condamnent leur parti à la disparition et eux, à jamais au silence. La question n’est pas d’aimer Ouattara ou pas, le peuple a choisi et tout le monde le sait en dépit des turpitudes dégénératives du couple Gbagbo, pris de folie et coincé entre pasteurs et sorciers féticheurs. Et il convient de l’accepter pour lancer un cycle vertueux d’alternance politique.

Il revient au Conseil de sécurité et avec lui les USA, le Nigeria, l’Afrique du sud, la France et la Grande-Bretagne, parce que la situation en Côte d’Ivoire menace la paix et la sécurité internationale, d’intervenir fermement pour arrêter la destruction d’autant de vies humaines.

Au final, que des ivoiriens aient décidé, au terme d’une élection au verdict et pourtant clair et dans le silence de leurs alliés politiques apeurés, de massacrer massivement d’autres ivoiriens, nous interdit d’oublier à défaut de comprendre.

Christian Brazzin, spécialiste des organisations internationales.
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